Lettre d'hiver : Un temps à faire de la photographie.

Répondre
Avatar du membre
Novembre
Messages : 18
Enregistré le : mercredi 24 octobre 2012 15:06

Lettre d'hiver : Un temps à faire de la photographie.

Message par Novembre »

Je me lance à partager un écrit, c'est vrai que ca me manque de pas partager d'écriture, j'espère que ça vous plaira :

Ce qu'il y a de dure c'est l'hiver. Est-ce donc aussi ce qu'il y a de beau ? Un temps à faire de la photographie.
C'est tout comme si on y était, dans la rue, dans le vide de la rue, sur la rosée gelée, et entre les temps morts de l'ambiance qui se fixe.

J'ai le temps de me rendre compte de ma solitude dans chaque poussière de brume blanche qui s'échappe indéniablement de ma bouche. Les bruits de ma respiration se décuplent. Tout le décors est cassé à jamais, paraît embaumé de gel et de vide, l'espace libre tout autour semble endeuillé de sa propre décadence.

En fait, quand l'hiver arrive on se confronte a la mort, au temps, et sur notre dernier souffle à la mort du temps. Si des malheureux aiment cette saison, si comme eux j'aime cette ambiance de fin du monde, c'est parce que la, enfin, l'univers nous transcende. Jadis si petit, il apparaît comme vérité absolue maintenant. Enfin on sent la faiblesse de l'humanité. On voit que cela peu finir d'un anecdotique battement d'aile, que les gens peuvent disparaître de la rue. On ne voit que froid et silence. La nature morte et l’hibernation de la vie animale, nous soufflent dans les bronches.

Ici je perd toute les notions d'appartenance à la tribu humaine. Ici je pense à toi.

Je ne suis plus dans un groupe social, je n'ai pas de travail et d'argent. Je n'ai pas non plus d'objet. Quand je marche dans ces nouvelles rues grisâtres, je redeviens à la fois victime de ce monstre agonisant, et le libéré de l'engrenage infernal. Par le pire on voit le meilleur.

Et à ce point précis, au delà des obligations, je pense a toi. A toi, qui a sûrement les mêmes questionnements, les mêmes paradoxes, et sûrement la même fascination pour ces milliers de petites choses belles et tristes. A notre relation qui aurait pu connaître des flux invisibles au goût de début d'hiver. Je pense à toi qui peut être a déjà regardé cette saison de travers, ces temps nouveaux qui font perdre toute envie de se battre face a tout, ainsi que toute envie de cracher de la haine autour de ce qui ne tourne pas rond. Cet hiver vient geler les articulations, il force pour nous accroupir malgré nous au milieu des villes mises a nues, des rues vides et tordues.

Et si rien ne bouge, je veux que nous nous transformions en fantômes. Que nous allions mains dans la main hanter le vide de ce monde à tout jamais, ensorceler ce silence magnifique dans lequel personne ne bouge, mourant a petit feu devant la cheminée. Je souhaite, au bord du gouffre, pour la dernière fois, que nous puissions contempler chaque paysage urbain morbide, et que l'on se détachent complètement de l'humanité qu'il nous reste et que l'on c'est forcé à bouffer. J'aimerais par la grâce de Dieu que l'on ne se sentent pas concerné par leur appocalypse.
Répondre