Le 7 mai 2010 à 2 ARTE : "Sainte-Anne, hôpital psychiatrique

Règles du forum

:fle: Avant d'ouvrir un nouveau sujet dans cette partie du forum, pensez à utiliser Les moteurs de recherche du forum.
:fle: Un point bleu s’affiche devant les messages sans réponse Image
Avatar du membre
Rainbow
Membre d'honneur
Messages : 1492
Enregistré le : mercredi 15 février 2012 17:56

Le 7 mai 2010 à 2 ARTE : "Sainte-Anne, hôpital psychiatrique

Message par Rainbow »

Bonsoir Oiseau

Je passe très rapidement et je ferais mon maximum afin de ne pas donner mon avis sur la discussion que vous tenez avec Incarmal, car ici ça n'est pas mon rôle.

Je venais simplement te dire que j'étais peinée de voir que ces mots avaient pu te mettre dans un tel état
Je le comprend très bien rassure toi, tu as vécu une expérience qui t'a laissé une grande souffrance et toute cette discussion autour est éprouvante pour toi.
Mais il ne faut pas que tu prennes ce qu'il dit comme une atteinte à ce que tu as vécu justement,
Je ne me permettrais pas de m'exprimer à sa place mais la manière dont je l'interprète c'est simplement qu'il ne faut pas généraliser ton expérience à ce qu'est la psychiatrie.

Si tu veux, c'est comme lorsque l'on se fait tatouer. Pour certains c'est horriblement douloureux, je connais même des gens qui sont tombés dans les pommes pendant le tatouage tant la douleur était insupportable. Personnellement je suis tatouée, le travail a durée 1h45 et pourtant j'ai trouvé ça très largement supportable.

Nous vivons tous les choses sous notre point de vue, il y a un contexte, une personnalité derrière l'expérience.

Pour certaines personnes ce que tu as vécu aurait été tout à fait adapté et dans l'urgence le personnel ne peut pas prendre le temps de cerner la personne,
Il faut comme le disait Incarmal palier à l'urgence. Je sais que c'est impossible pour toi de te dire ça mais c'est une procédure et le personnel hospitalier en règle général chercher à aider au mieux tout en appliquant la procédure..

A la base cette intervention était véritablement " pour ton bien " puisqu'elle se voulait de t'empêcher de mettre fin à tes jours, c'était pour te protéger. Je dis bien à la base, la manière dont ça s'est passé après et dont tu l'as vécu c'est complètement autre chose et c'est tout à fait compréhensible que tu sois traumatisée par l'expérience que tu as vécu et que tu relates ici.

Je tenais à te laisser quelques mots en attendant qu'Incarmal voit ce message et qu'il puisse t'y répondre de manière beaucoup plus posée et construite que je l'ai fait.
Je vois que tu te sens blessée, que tu parles de ne pas rester sur le forum et que tu vis mal l'intention qu'il avait en t'adressant ce message.

Je suis sûre de pouvoir qu'il ne pensait pas du tout à mal ou à remettre en cause ton vécu et ton ressentis vis à vis de celui ci.

J'espère qu'en attendant, ces quelques mots auront réussi à t'apaiser un peu.

Je t'embrasse et j'espère vraiment sincèrement que ce traumatisme s'apaisera avec le temps ma grande
« And I wonder, how long it'll take them to notice that i'm gone ?
Chase the rainbow in my mind and I will try to stay alive.. »


Mon salon
Avatar du membre
incarmal
Modérateur
Messages : 2882
Enregistré le : mercredi 27 mai 2009 0:40
Localisation : Savoie

Le 7 mai 2010 à 2 ARTE : "Sainte-Anne, hôpital psychiatrique

Message par incarmal »

terrefroide a écrit :
moi, je continue à penser que ce n'est pas en attachant les gens qu'on les rassure.Sauf cas exeptionnels(patient qui se cogne la tête contre les murs). Et c'est à cause de ce genre de service que les patients ne veulent plus se faire soigner.
Et c'est bien le souci.
J'ai travaillé dans le passé dans un hôpital où j'ai trouvé la prise en charge des patients très mauvaise. J'ai dénoncé ces agissements et c'est pour ça que je n'avais pas été repris.
Actuellement je travaille dans une autre région et j'ai découvert que tous les hôpitaux ne se ressemblent pas. Dans celui où je travaille actuellement les patients sont bien plus respectés.
Dans le service où je suis, il y a deux chambres d'isolement et les gens qui s'y retrouvent c'est parce qu'ils se font du mal ou parce qu'ils risquent de faire du mal aux autres. On ne met vraiment pas n'importe qui.

En fait je vous assure que je ne nie pas que vous ayez pu vivre ces expériences traumatisantes et que ça s'est mal passé pour vous, je voulais juste apporter une nuance pour dire que ce n'est pas toujours le cas. Certains patients sont très satisfaits des soins qui leur ont été prodigués.
Je suis quelqu'un pour qui le respect des patients est primordial. Je ne vais pas développer mon histoire ici mais ma mère était internée en psy et je sais comme ça a pu être difficile.

Oiseau-de-pluie je m'excuse de t'avoir blessée. Ce n'était réellement pas le but. J'ai probablement été maladroit.
Oiseau-de-Pluie a écrit :
Cette expérience me TRAUMATISERA A VIE, et toi tu dis que c'est pour mon bien ???!!
Je ne dis pas que tu as été traumatisée pour ton bien.
Je dis seulement qu'il y a une question de perception dans le fait que tu ais été traumatisée. On réagit tous différemment aux situations. Toi ça t'a fait beaucoup de mal et j'en suis désolé. Il y a d'autres personnes avec qui ce genre de prise en charge se montre efficace.
A la base le but de l'hospitalisation n'est pas de faire du mal.

Pour ce qui est de la HDT, je n'ai fait qu'émettre une hypothèse mais en précisant que je ne pouvais être sûr.
Oiseau-de-Pluie a écrit :
Mais de toute façon, puisque tu es infirmier en psychiatrie, tu es de leur côté, c'est sûr.
Ce n'est pas le cas. Actuellement je ne suis qu'un ASH. Je suis sur ce forum car je me bat contre la dépression. (D'ailleurs lors de mon inscription j'étais postier ce qui n'a rien à voir :sue: )
Il est vrai que maintenant je compte préparer le diplôme d'infirmier pour bosser en psy mais ça ne veut pas dire que je suis d'accord avec les mauvaises prises en charge.
Comme je l'ai évoqué plus haut, je le dis quand quelque chose me semble anormal. J'essaye toujours de défendre les droits des patients.
Oiseau-de-Pluie a écrit :
Désolée si je suis agressive mais cette expérience m'a tellement détruite qu'il m'est insupportable de lire : "ils ont eu raison de traiter ainsi" !
Ton agressivité est due au fait que mes propos t'aient blessés. A la limite je préfère que ça sorte et que tu puisse l'exprimer ici.
Tu sais, j'ai essayé d'être franc et je n'ai pas plussoyé tout ce qu'ils t'ont fait. Je n'ai pas pour vocation de les défendre et j'ai souligné qu'il y a vraiment des choses à revoir selon moi dans la façon dont les patients sont parfois traités.
Oiseau-de-Pluie a écrit :
Mais cette expérience là, non elle n'a pas été difficile. Elle a été horrible, atroce, immonde, pire que traumatisante...
En fait si j'emploie ce mot c'est que comme je le disais c'est une question de perception.
Certaines personnes qui connaissent une situation semblable ne sont pas autant traumatisées par une telle prise en charge.
Pour la plupart des patients c'est "difficile", mais j'ai conscience que pour toi cela à généré un traumatisme.

Je ne sais que dire de plus mais je voudrais juste t'assurer que je n'avais pas pour but de te remuer autant et je m'en excuse sincèrement.
Oiseau-de-Pluie a écrit :
Je n'ai même plus envie de venir sur ce forum, si c'est pour lire ça. J'ai eu assez mal comme ça.
Je ne compte pas insister plus sur cette histoire Oiseau-de-Pluie car je vois comme ça te fait souffrir et ce n'est clairement pas le but du forum ni de mon intervention.
Je n'évoquerais donc plus ton histoire, sauf si tu as des questions à me poser ou des choses que tu souhaiterais que je clarifie.

Je te souhaite de tout cœur de te relever au mieux de cette souffrance.
C'est pas parce que les gens sont plus nombreux à avoir torts qu'ils ont forcément raison.
Ma Galerie
Mon salon
Avatar du membre
Oiseau-de-Pluie
Messages : 41
Enregistré le : mardi 21 mai 2013 18:52

Le 7 mai 2010 à 2 ARTE : "Sainte-Anne, hôpital psychiatrique

Message par Oiseau-de-Pluie »

J'ai cru que tu allais t'énerver à cause de mes propos agressifs. Je vois que ce n'est pas le cas, que tu sembles plutôt comprendre, alors je t'en remercie.
Est-ce que tu as regardé le reportage ?
Avatar du membre
incarmal
Modérateur
Messages : 2882
Enregistré le : mercredi 27 mai 2009 0:40
Localisation : Savoie

Le 7 mai 2010 à 2 ARTE : "Sainte-Anne, hôpital psychiatrique

Message par incarmal »

Non pas encore mais je compte le faire prochainement.
Là je pars au travail cet après-midi.

Bon courage oiseau-de-Pluie.
C'est pas parce que les gens sont plus nombreux à avoir torts qu'ils ont forcément raison.
Ma Galerie
Mon salon
Avatar du membre
Oiseau-de-Pluie
Messages : 41
Enregistré le : mardi 21 mai 2013 18:52

Le 7 mai 2010 à 2 ARTE : "Sainte-Anne, hôpital psychiatrique

Message par Oiseau-de-Pluie »

Merci, mais ce soir ça ne va pas du tout :'(

Je repense à ce séjour atroce et je n'arrête pas de pleurer :'(

Ils m'ont complètement détruite.
Avatar du membre
terrefroide
Messages : 15
Enregistré le : mardi 14 mai 2013 21:08

Le 7 mai 2010 à 2 ARTE : "Sainte-Anne, hôpital psychiatrique

Message par terrefroide »

Cher oiseau de pluie,

tu as une réaction humaine car tu as subi un stress post traumatique. C'est une réaction saine d'être en colère. Tu n'aurais eu aucune émotion que cela semblerait bizzare. Moi aussi je rêve encore de l'hospitalisation de mon père deux fois par semaine au moins et de ce que j'ai vu même si c'est loin d'être au même niveau que ton hospitalisation. Mais,voir mon père dans cet état (il a quand même sorti un couteau pour la pêche devant l'interne des urgences ! ). Heureusement, l'interne étant sympa j'ai peu sauvé le coup !!! et éviter le pire !!! De toute façon il aurait dû me passer sur le corps avant de mettre mon père en service fermé et en isolation !!!! J'ai quant même fait la leçon à mon père après mais bon il était en phase maniaque !! Allez courage cela va passer et je pense qu'il faut que tout cela sorte !!!!
Avatar du membre
Oiseau-de-Pluie
Messages : 41
Enregistré le : mardi 21 mai 2013 18:52

Le 7 mai 2010 à 2 ARTE : "Sainte-Anne, hôpital psychiatrique

Message par Oiseau-de-Pluie »

Je suis désolée pour ce qu'a vécu ton père, j'espère qu'il va mieux :(

J'aimerais faire comme Valérie Valère, écrire une autobiographie pour me défouler, et être publiée. Mais ça va être dur... j'ai si mal que j'ai à peine le courage d'écrire. Ecrire ce témoignage a déjà été extrêmement éprouvant :/

Et je vis dans l'angoisse permanente d'y être internée de nouveau ! :'(

Souvent, je cache même mon mal-être, car si j'ose dire que ça ne va pas, j'ai peur qu'on m'enferme à nouveau dans cet enfer...

Il y a quelques jours, je suis tombée sur un article avec pour titre "Une jeune fille de 18 ans se pend dans l'enceinte de son lycée". Et dans l'article, il y avait écrit "elle était suivie pour des troubles psychologiques."

Je n'ai pu m'empêcher d'écrire : "Elle était suivie ? Reste à savoir si ce suivi l'aidait ou l'enfonçait, parce que si on lui a fait subir les mêmes horreurs que moi, ce n'est pas étonnant. Si vous voulez vraiment que les gens cessent de se suicider, il faut dénoncer les abus psychiatriques".
Avatar du membre
Oiseau-de-Pluie
Messages : 41
Enregistré le : mardi 21 mai 2013 18:52

Le 7 mai 2010 à 2 ARTE : "Sainte-Anne, hôpital psychiatrique

Message par Oiseau-de-Pluie »

Avant, j'étais suivie et hospitalisée à la Maison de Solenn, c'était un endroit beaucoup mieux. Mais j'avais justement arrêté d'y aller, le jour où ma psychiatre m'avait menacé de m'interner dans l'hôpital de ma ville (celui où j'ai été internée en décembre et où j'ai vécu l'enfer...)

Seulement voilà, ils m'ont laissé sortir de cet horrible hôpital sous contrainte de voir une psychiatre. Seulement, je n'en vois pas. Le seul endroit qui peut me mettre un minimum en confiance, c'est la Maison de Solenn. Mais vont-ils accepter de me reprendre si j'ai arrêté le suivi depuis le mois de septembre dernier ?
Et j'ai un peu peur de cette psychiatre...
Avatar du membre
terrefroide
Messages : 15
Enregistré le : mardi 14 mai 2013 21:08

Le 7 mai 2010 à 2 ARTE : "Sainte-Anne, hôpital psychiatrique

Message par terrefroide »

la psychiatre exerce t-elle à la maison de solenn ?
Avatar du membre
Oiseau-de-Pluie
Messages : 41
Enregistré le : mardi 21 mai 2013 18:52

Le 7 mai 2010 à 2 ARTE : "Sainte-Anne, hôpital psychiatrique

Message par Oiseau-de-Pluie »

Non, pas celle du CMP...

Mais comme je te l'ai dit, celle qui me suivait (bien avant cet horrible internement) à la Maison de Solenn m'avait menacé de m'y interner, alors j'ai peur d'elle. :(

Et peur à cause de mon âge. Normalement, ils prennent les adolescents jusqu'à 19 ans inclus je crois (et même si ce n'est pas inclus, j'ai toujours 18 ans), mais une fille me dit qu'ils ne me reprendront pas "à cause de mon âge". Je ne comprends pas, et ça me rend mal.
Avatar du membre
Envie d'ailleurs
Messages : 20
Enregistré le : vendredi 23 août 2013 12:46
Localisation : Là ou l'herbe est plus verte...

Le 7 mai 2010 à 2 ARTE : "Sainte-Anne, hôpital psychiatrique

Message par Envie d'ailleurs »

Chère Oiseau de Pluie,

j'ai lu ton post et ton témoignage m'a particulièrement touchée, entre autre parce-que je me suis retrouvée dans tes mots.
J'espère que tu as réussi à te remettre un peu depuis.
Je sais que c'est long...

Je réagis à ton post surtout vis à vis de ton interrogation sur ton mode d'hospitalisation.
J'ai été moi-même mise en HO ce qui me fait dire que cela n'a pas été ton cas. J'aurais plus tendance à dire, selon ton récit, que tu as été mise en HDT.
En effet, si tu avais été placée en HO, jamais ton père n'aurait pu t'en faire sortir et encore moins au bout de 4 jours "seulement".
Je vais prendre pour exemple ma propre situation. J'ai été mise en HO suite à une TS, je suis donc dépressive. (Aujourd'hui je vais mieux) Ma mise en HP a été violente moralement, mais pas physiquement comme la tienne, j'ai réussi à éviter cela. Mon hospitalisation a débutée le 28 Décembre 2012 et a été terminée le 23 Janvier 2013... Et en HO, même mon mari n'a rien pu faire pour me sortir de là. Aucun proche ne peut sortir une personne mise sous HO. Et lorsque tu es hospitalisé(e) en HO tu y reste au minimum 15 jours (sauf si me semble-t-il le psychiatre décide de faire la demande de la levée de la mesure plus tôt, mais je ne suis pas sûre à 100% sur ce point), car au bout des 15 jours tu as une audience (ou un proche s'y rend à ta place si l'hôpital t'interdit d'y aller) devant le juge des libertés afin de statuer sur ta mesure d'hospitalisation.
En étant placée en HO tu aurais dû voir des psychiatres extérieurs à l'établissement afin d'établir des certificats afin de justifier la nécessité de garder le patient à l'hôpital. Il y a 3 certificats en tout et si mes souvenirs sont bons, le premier est établi 24h après ton admission puis un 48h après l'admission et enfin le dernier 72h après l'admission.

Si tu n'as vu aucun de ces psychiatres c'est qu'alors tu n'était pas en HO mais bien en HDT.
Je ne dis pas cela pour te blesser, mais cela me semble être une différence importante. En tout cas, pour moi elle l'a été.

Bon courage pour la suite
Avatar du membre
Oiseau-de-Pluie
Messages : 41
Enregistré le : mardi 21 mai 2013 18:52

Le 7 mai 2010 à 2 ARTE : "Sainte-Anne, hôpital psychiatrique

Message par Oiseau-de-Pluie »

Bonjour Envie d'ailleurs,

Merci de ta réponse.
Mais une HDT, n'est-ce pas une "Hospitalisation à la Demande d'un Tiers" ? Une HDT, n'est-ce pas obligatoirement un membre de la famille qui la signe ?
Car si c'est le cas, non je n'ai jamais été mise en HDT : mon père n'aurait jamais pu signer ceci, il était très mal de me savoir là-bas et pleurait tous les jours. Même qu'une fois, en venant me rendre visite, il est allé se cacher dans la salle de bains pour pleurer, et en revenant, j'ai vu que ses yeux étaient humides... :/
Mes proches m'ont tous dit qu'ils m'ont internée sans absolument rien leur demander...
En fait, ce n'est pas vraiment mon père qui m'a fait sortir de l'hôpital, mais c'est "grâce à mon père" que j'ai pu en sortir, si tu vois ce que je veux dire ?
C'est le médecin qui me suivait qui m'a fait sortir (car seul lui détenait ce pouvoir, comme tu dis, et non mon père). Il m'a fait sortir car mon père s'est entretenu avec lui pendant énormément de temps.
Et il parait que ce médecin a reconnu que cet hôpital n'était pas "un endroit pour moi".
D'ailleurs, mes parents m'ont dit que j'ai eu énormément de chance de tomber sur un médecin compréhensif, sinon mon calvaire aurait pu durer bien plus longtemps et peut-être serais-je devenue folle :/

Avant que mon père ne s'entretienne avec lui, ce médecin avait effectivement dit que si j'étais encore là dans 15 jours, ce serait au Juge des Libertés de décider pour moi.
(J'avais failli m'effondrer ce jour là... 15 jours ? ça faisait à peine deux jours que j'y étais et c'était déjà atrocement horrible... 15 jours, pour moi, c'était l'éternité, l'éternel supplice (alors qu'en temps réel,quand je suis chez moi avec ma famille, je trouve que ça passe très vite...))
Et en plus, j'avais très peur que le Juge des Libertés ne me laisse jamais sortir. Peur de finir ma vie dans cet espèce d'asile de fous...
(à propos, c'est un peu hors-sujet mais j'aimerais savoir quelque chose : il parait que si un jeune majeur (entre 18 et 21 ans) commet une infraction et peut faire de la prison, le Juge des enfants peut encore intervenir. Est-ce aussi le cas lors d'un internement psychiatrique ?)


Bref, donc voilà, si c'était bel et bien une HO, car aucun des membres de ma famille ne supportaient de me voir là-bas (eux-mêmes, alors qu'ils vont très bien et n'ont pas de problèmes, ne supportaient même pas d'y aller, ça les déprimait... Et les horrifiait de me savoir là-bas :/ )
C'est donc grâce à mon père ET au médecin que j'ai pu sortir (car mon père a réussi à le convaincre, après je ne sais pas tout ce qu'il lui a dit, je n'étais pas là).


Aujourd'hui, ça va un peu mieux mais j'ai toujours très peur...
Je suis retournée à la Maison de Solenn, je suis suivie là-bas maintenant et ils ont accepté de me reprendre, alors ça me rassure un peu.
Mais c'est un traumatisme qui me laissera des séquelles à vie...

Et toi, est-ce que tu as vécu l'enfer aussi ? :/
Je suis contente que tu ailles mieux maintenant en tout cas.

Biz

Oiseau-de-Pluie
Avatar du membre
Envie d'ailleurs
Messages : 20
Enregistré le : vendredi 23 août 2013 12:46
Localisation : Là ou l'herbe est plus verte...

Le 7 mai 2010 à 2 ARTE : "Sainte-Anne, hôpital psychiatrique

Message par Envie d'ailleurs »

Bonsoir Oiseau de Pluie,

Excuse moi, alors, tu as raison, si effectivement le médecin t'a parlé du juge des libertés, alors oui tu étais en HO. Sans cette info très importante, cela ressemblait fort à une HDT.
Mon mari également ne supportait pas de me voir là-bas...

Une fois entré dans une de ces institutions, ils font ce qu'ils veulent car la loi leur permet certaines largesses... :poing:

Tu as eu beaucoup de chance d'avoir un médecin compréhensif... Le psychiatre qui m'a mise en HO n'a rien voulu savoir... Alors que je suis maman d'un jeune garçon... Il s'en fichait. Tout ce qui l'inquiétait était sa fichue responsabilité...
Oui, seul le médecin et le juge et le préfet détiennent le pouvoir de lever une HO.

Je n'en suis pas sûre à 100% mais il semblerait que non, entre 18 et 21ans cela ne change rien, c'est quand même le juge des libertés "pour adultes".

Ne disais-tu pas que cette maison était pour les mineurs? Comment cela se passe-t-il là-bas? Y es-tu hospitalisée à 100%?
J'espère que tu arrivera à atténuer ta peur avec le temps, même si je ne suis pas sûre que cela marche.

Oui, moi j'ai vécu l'enfer au cour de cette hospitalisation... Le temps ne passait pas, l'injustice de cette HO me révoltait. le système de punition me dégoûtait et me dégoûte toujours encore quand j'y pense, parce-que oui, ce n'est pas quelque chose qu'on oublie comme ça... On m'a mise en cellule d'isolement pendant 24h alors que ça faisait à peine 24h que j'étais en HO. La pire expérience de ma vie... J'en ai encore peur maintenant alors que j'ai retrouvée ma vie et mes libertés.
Je me suis retrouvée privée de mon fils et de mon mari, cela a été une horreur. Je n'ai pas eu le droit de sortir pendant plus de 15jours et interdiction de me promener dans le parc avec mon fils et mon mari lors de leurs visites quotidiennes.
On nous traite là-bas d'une manière dont on oserait même pas traiter un animal et j'ai honte de penser que notre gouvernement et ses lois cautionnent ce genre de choses, que rien est fait et que le sujet n'est pas approfondi afin de débusquer les vices de procédures, les abus de pouvoir des médecins car il y en a tellement.
Je préférerais mourir que de retourner là-bas...

Biz
J'espère m'en remettre un jour, je suis jeune encore, j'ai 24ans, mais cela m'a marqué à vie et j'en garderai la peur.
Avatar du membre
Oiseau-de-Pluie
Messages : 41
Enregistré le : mardi 21 mai 2013 18:52

Le 7 mai 2010 à 2 ARTE : "Sainte-Anne, hôpital psychiatrique

Message par Oiseau-de-Pluie »

En cellule d'isolement, mais pour quelle raison ? Ma pauvre :(
J'ai une amie qui habite dans le Sud de la France, récemment sa mère a signé une HDT et elle a passé 25 h en chambre d'isolement, un enfer pour elle...
Je n'ai jamais vécu l'isolement mais ayant déjà vécu l'enfer ne serait-ce que dans cet hôpital psychiatrique, j'imagine l'horreur que ça doit être :/

La Maison de Solenn, oui beaucoup de mineurs y sont suivis, mais pas "que". Normalement, c'est de 11 à 19 ans (non inclus apparemment d'après la psychiatre qui me suit là-bas), mais je crois que quand on est déjà suivie là-bas, on peut y être suivie jusqu'à 20/21 ans.
Là-bas, ça n'a absolument rien à voir avec un hôpital psychiatrique (tu peux regarder sur Google). Déjà, l'hôpital psychiatrique où j'étais était très glauque... La Maison de Solenn, c'est un lieu très ouvert, chaleureux, qui ne ressemble même pas à un hôpital. Là-bas, on y fait plein d'activités de toutes sortes. Et en plus, je serais avec des jeunes de mon âge ou à peu près, et non pas avec des personnes 10 fois plus âgés que moi (je me sens plus à l'aise avec une fille de 14 ans qu'une femme de 30 ans, oui, parce que je me considère encore comme une adolescente). Et puis, ils n'ont pas de pathologies extrêmement lourdes comme à l'hôpital psychiatrique où les gens me faisaient parfois très peur !
Et là-bas, l'isolement a été banni, droit aux visites chaque jour, droit au téléphone portable 2 heures par jour si on est hospitalisé, etc.
En ce moment, non je ne suis pas hospitalisée là-bas, mais j'y suis suivie, et en septembre j'irai en hôpital de jour.
C'est dommage que des lieux comme celui-ci soient si rares, et qu'il y ait des limites d'âge hélas...

On t'as totalement interdit de voir ton mari et ton fils durant toute ton hospitalisation ? :/ :(
Moi, on ne me l'interdisait pas, ils pouvaient venir me voir chaque jour, et pourtant c'était l'enfer... Alors j'imagine :(
Je comprends très bien que même si actuellement, tu as retrouvé ta liberté, tu as toujours peur. Moi-même, dès que l'interphone sonne, je commence à paniquer, je commence à me dire que ça y est, ce sont les pompiers et qu'ils vont m'embarquer à l'hôpital...
Je ne supporte pas de voir un camion de pompiers ou une voiture de police près de chez moi, j'ai toujours peur qu'ils viennent me chercher et parfois je fonds en larmes :'(

Moi aussi, je préfère mourir plutôt que de retourner là-bas.
On nous traite là-bas d'une manière dont on oserait même pas traiter un animal et j'ai honte de penser que notre gouvernement et ses lois cautionnent ce genre de choses, que rien est fait et que le sujet n'est pas approfondi afin de débusquer les vices de procédures, les abus de pouvoir des médecins car il y en a tellement.
Ah, pour ce qui est des animaux, hélas il y en a beaucoup qui sont torturés (enfin ça, c'est un autre sujet...)

Le pire, c'est que la plupart des gens pensent que ces méthodes sont abolies... Moi-même, avant de vivre l'enfer psychiatrique, jamais je ne me serais imaginé que ce genre de choses existaient toujours. Jamais.
Quand je raconte mon expérience de l'HP ou celle de mon amie, il y a parfois des gens qui ne me croient pas et qui me répondent : "On est plus au Moyen-âge !"
Eh bien malheureusement, il faut croire que si... :(

Et j'ai très peur que ça ne change jamais :/

J'espère que tu arriveras à te reconstruire... En tout cas, je comprends ce que tu as vécu et je te soutiens.
Avatar du membre
Envie d'ailleurs
Messages : 20
Enregistré le : vendredi 23 août 2013 12:46
Localisation : Là ou l'herbe est plus verte...

Le 7 mai 2010 à 2 ARTE : "Sainte-Anne, hôpital psychiatrique

Message par Envie d'ailleurs »

On m'a mise en cellule d'isolement parce-que je me suis énervée lorsqu'ils m'ont privée de toutes mes affaires ainsi que de mon téléphone portable. Mon téléphone étant comme pour tout le monde dans ce genre d'institutions, mon dernier lien vers le monde extérieur et aussi mon dernier lien vers mon fils et mon mari. Et donc pour me punir parce-que je me suis énervée et parce-que j'étais réticente à continuer leur traitement qui m'abrutissait ils m'ont mise en isolement. Eux prétendaient que c'était à titre thérapeutique!! :vue0: Ce n'est rien de thérapeutique! C'est une punition, ni + ni -! C'est juste qu'ils veulent que tu ailles dans leur sens, tu n'as plus le droit d'avoir ta propre opinion enfait. Tu deviens juste une marionnette entre leurs mains...

Je comprends ce qu'a vécu ton amie et je compatis

Sois contente de n'avoir jamais vécu l'isolement et je te souhaite de ne jamais le vivre. Il faut que tu fasse tout pour absolument ne jamais retourner là-bas.

Oui, dans l'HO ou j'étais, j'étais à 24ans la plus jeune... Donc j'imagine parfaitement ce que tu ressens vis à vis de l'âge des patients et aussi je suis contre le fait qu'on mette des dépressifs avec des personnes souffrant de pathologies mentales lourdes. On ne s'y sent vraiment pas à sa place et en complet décalage. Parce-qu'on a l'impression d'être "normal" comparé à eux. Même si la normalité n'existe pas :smile2: . Je pensais devenir complètement timbrée à leur contact et plus le temps passait et plus j'avais l'impression d'avoir atteint un point de non-retour et que jamais les médecins ne me laisseraient sortir alors j'ai joué leur jeux. Je suis allée dans leur sens et ai fais semblant d'aller mieux dès ma sortir d'isolement et j'ai maintenu ce comportement jusqu'à la fin et c'est ce qui m'a sauvée je pense ainsi que mon courrier au juge des libertés.

Donc à la maison de Solenn c'est uniquement des dépressifs qui y sont pris en charge? Tu sais combien de temps tu sera en hôpital de jour? Je suis contente pour toi que tu aies pu retourner là-bas
Il doit exister plus d'endroits comme cela mais je pense que les psychiatres sont des sadiques qui préfèrent garder les patients plutôt que de reconnaître qu'un patient n'a rien à faire là et de l'envoyer dans la bonne structure qui serait plus appropriée.

Non, mon fils et mon mari avaient le droit de venir presque tous les jours mais le problème c'est que j'étais enfermée, donc je n'avais pas le droit de mettre un seul pied dehors et mon fils à ce moment là n'avait pas encore 4ans donc je trouve qu'il était trop jeune pour venir me voir là-bas mais j'avais besoin de le voir alors ils venaient tous les deux mais des fois c'est moi qui disait à mon mari de ne pas venir parce-que mon mari me disait à quel point mon fils allait mal quand il sortait du réfectoire ou j'avais droit de les voir. Mon fils pleurait et était très triste. Il percevait que quelque chose ne tournait pas rond. Et ça me faisait mal au cœur alors parfois j'ai refusé qu'ils viennent pour épargner mon petit ange. J'avais demandé l'autorisation à sortir quand mon mari et mon fils étaient là afin de pouvoir se promener dans le parc de l'HP et d'aller à la cafétéria mais je crois que ma demande n'est jamais allée jusqu'au chef de l'hôpital donc pendant plus de 15jours, jusqu'à ma première permission ordonnée par le juge, je n'ai pas eu le droit de sortir du bâtiment...
Les visites de mon mari et mon fils étaient les seules choses qui me faisaient tenir tellement c'était horrible là-bas. Tout ce que je voulais c'était sortir afin de les retrouver et m'occuper de mon fils comme je l'ai toujours fais.

C'est une peur horrible que celle d'avoir peur qu'on nous emmène et peu de gens là comprennent...

Les gens qui n'ont jamais mit les pieds dans un HP ne peuvent se douter de ce qui s'y passe. C'est un monde encore trop tabou.
J'ai raconté mon histoire à très peu de gens et déjà eux ont été choqué par ce qui s'est passé. Personne ne peut concevoir qu'un tel truc existe encore au 21ème siècle.
Si on ne fait rien, non ça ne changera jamais :-(

Je te soutiens également et j'espère que tu arrivera à t'en remettre et à réduire tes peurs car je sais qu'il est très dur de vivre avec une peur au ventre constante.
Avatar du membre
Oiseau-de-Pluie
Messages : 41
Enregistré le : mardi 21 mai 2013 18:52

Le 7 mai 2010 à 2 ARTE : "Sainte-Anne, hôpital psychiatrique

Message par Oiseau-de-Pluie »

Qu'est-ce qu'ils te donnaient comme traitement ? Toi aussi, ils t'ont abrutie jusqu'à ce que tu t'évanouisses dans les couloirs ? :/
La chambre d'isolement, en fait, c'est juste un matelas par terre, tu dois faire tes besoins dans un seau, et tu n'as pas le droit de sortir, avec le droit à RIEN ?
Franchement, c'est pire que la prison... C'est complètement barbare !
Comment peut-on prétendre soigner une personne en la traitant ainsi ?! Non mais tu sais, ils te diront que tout est thérapeutique. Moi, ils me disaient que les 50 gouttes de Tercian allaient me calmer et m'apaiser.
Des maux de têtes intenses, des vertiges hallucinants, une vision extrêmement floue, 2 écroulements dans les couloirs, impossible de me lever du lit ne serait-ce que pour aller aux toilettes sans m'écrouler à terre : voilà ce qu'ils appellent "apaiser".

Le téléphone portable, moi aussi, c'était la seule chose qui me restait, j'ai cru mourir quand le médecin me l'a retiré.
Comme toi, j'ai souvent eu envie de me débattre, de me défendre, et même de les insulter. Mais je savais que cela n'aurait fait qu'aggraver les choses.
Si j'avais osé dire quelque chose ou refuser les médicaments, ils me l'auraient injecté de force dans les fesses et sûrement mise en chambre d'isolement aussi (il y en a une dans le service).
Comme toi, j'ai fait semblant d'aller bien pour sortir.
D'ailleurs, quand j'avais demandé au médecin quand est-ce que je pourrais sortir, il m'avait répondu : "Tout dépend de vous, de votre évolution."
(traduction : pour sortir, il faut faire sourire, rire, faire comme si tout allait bien...)
Parce qu'aller mieux dans un endroit pareil, c'est tout simplement impossible. Même une personne qui va très bien peut vite sombrer dans la dépression si on la met là-dedans (exemple : mes parents).
Alors, je souriais. J'étais très mal. Si j'avais envie de pleurer, je me retenais et me cachais dans la salle de bains pour fondre en larmes. S'ils me voyaient pleurer, j'étais fichue : ils auraient sûrement doublé la dose de médicaments et m'auraient forcé à rester très longtemps... Jusqu'à ce que je devienne folle peut-être...
Parfois, je n'arrivais même plus à pleurer, mon visage avait vidé toutes mes larmes, mais ma souffrance intérieure était atroce.

J'ai 18 ans, et je ne supportais pas d'être dans un tel endroit, c'était un pur enfer (toi, c'est pareil, et tu en as 24). Mes parents ne supportaient pas non plus, mon père pleurait même alors qu'il a 58 ans... Donc, qu'est-ce que ça doit être pour un petit garçon de 4 ans ! :/
On a besoin de ses parents à tout âge, mais à son âge, encore plus, quelle honte de ne pas t'avoir laissé sortir dans le parc pour passer un peu temps avec lui...

Tu me rappelles quelque chose. Il y a quelques mois, ma grand-mère qui a des problèmes de santé a été hospitalisée à la Pitié Sâle-Pétrière (problème cardiaques).
Dans le service où elle était hospitalisée, il y avait écrit : "Visites interdites aux enfants de moins de 15 ans".
J'ai demandé à une infirmière quelle en était la raison, elle m'a répondu : "Parce qu'il y a des enfants qui ne supportent pas de voir la famille malade, les lieux d'hôpital comme ça, y'en a qui sont tombés dans les pommes, même à 16 / 17 ans..."

Alors là, les visites sont interdites aux enfants, mais par contre, dans un hôpital psychiatrique (qui est selon moi encore mille fois plus horrible), on laisse un petit garçon de 4 ans entrer... Et on y enferme des gens contre leur gré, enfants ou adultes d'ailleurs (car il y a aussi des enfants qui vont en HP et parfois même en chambre d'isolement, oui), on les force, peu importe qu'ils supportent ou non, c'est la règle.
Je suis complètement révoltée...

La Maison de Solenn, non il n'y a pas uniquement des dépressifs qui sont pris en charge. D'ailleurs, cette maison est surtout spécialisée dans les problèmes alimentaires (anorexie/boulimie).
(Elle a été crée en hommage à Solenn, la fille de Patrick Poivre d'Arvor, qui souffrait d'anorexie/boulimie et qui s'est suicidée à l'âge de 19 ans. Elle aussi, elle avait vécu deux mois d'isolement... :/ )

Pour en revenir à ce que je disais, la Maison de Solenn prend aussi en charge d'autres pathologies comme la dépression, les phobies, les TOC etc.
L'hôpital de jour, c'est un ou deux jours par semaine, mais je verrais ça en septembre.

J'aimerais faire quelque chose pour que cela change, mais que peut-on faire ?
Ecrire ? Oui, j'aime beaucoup ça. Mais une fois mon témoignage écrit, encore faudrait-il qu'un éditeur m'accepte (ce qui est très difficile...)
Connais-tu le livre "Le Pavillon des enfants fous" de Valérie Valère ? (regarde mon image perso).
C'est une jeune fille anorexique, malheureusement décédée à l'âge de 21 ans, qui raconte l'enfer de ses quatre mois d'internement dans ce livre. Accepté par les éditions Stock (une grande maison d'édition) en 1978, ce roman était à l'époque devenu un best-seller. Elle avait même gagné l'indépendance financière avec ses droits d'auteurs (et avait finie par devenir une écrivaine célèbre).

Mais quand je pense que malgré son immense succès, les méthodes barbares sont toujours d'actualité, je me dis : à quoi ça sert ? Est-ce que même si je parviens à être publiée, les méthodes vont changer ? J'en doute...

C'est pour ça que je me sens parfois complètement découragée.
C'est tellement horrible de se sentir totalement impuissante face à toutes ces tortures, de devoir subir sans RIEN pouvoir faire, sans n'avoir droit à AUCUNE défense, d'être traitée comme un cobaye de laboratoire... Les psychiatres ont tout pouvoir sur nous et dans ces institutions, ils peuvent faire de nous ce que bon leur semble, et nous, nous n'avons AUCUN mot à dire.
Et même si on leur dit qu'on a vécu le pire traumatisme de notre vie à l'hôpital, tu parles, ils s'en foutent bien.
Je me souviens, quand la psychiatre voulait m'interner, je pleurais et n'arrêtais pas de dire qu'ils m'avaient enfoncé et que j'avais déjà vécu l'enfer dans cet hôpital (car j'avais été hospitalisée dans le service des adolescents en 2008. C'était moins pire que chez les adultes, mais j'en garde un mauvais souvenir quand même. Et puis, comme j'avais déjà vu le reportage de l'hôpital psychiatrique "adultes", je savais qu'ils allaient m'amener là-bas et me conduire en enfer...)
J'avais beau dire ça à cette psychiatre, j'avais beau pleurer, elle haussait le ton et me hurlait dessus : "On vous laisse pas le choix Mademoiselle, sinon j'appelle la Préfecture de Police et le Maire !", puis elle a ordonné aux infirmiers de m'attacher.

Je la hais, j'ai encore une haine effroyable contre elle, c'est dégueulasse, affreux, monstrueux de traiter les gens ainsi.
Quand on voit une adolescente pleurer, généralement on a envie de lui venir en aide, de la sortir de sa tristesse, non ? (moi en tout cas, je suis très sensible et voir les gens pleurer, ça me fait parfois pleurer...)
Eh bien non, elle, elle me criait dessus encore plus. Elle n'a aucun coeur, aucune compassion, aucune empathie (enfin elle et tous les autres...)

Je peux te dire que maintenant, quand je me sens très mal, je n'en parle à personne et je préfère cacher mes souffrances, je suppose que pour toi, c'est la même chose ?
(Et il m'arrive fréquemment de me sentir mal en repensant à cette horrible expérience...)

Ma phrase perso sur Skype demeure : "Etre malheureux(se) est un crime puni d'enfermement, de contention, de bourrage de médicaments jusqu'aux malaises, et parfois d'isolement. Si vous allez mal, faites attention avant de consulter..."

Et sinon, c'était la première fois que tu étais hospitalisée dans un service de ce genre ? Moi, je savais à l'avance que j'allais vivre un enfer car je savais déjà comment étaient ce genre de milieux, mais toi ?

Sur certains forums, il y a même des personnes qui disent avoir préféré la prison à l'hôpital psychiatrique ! (et en plus, en prison, on a le droit à un avocat pour se défendre. En hôpital psychiatrique ? Je ne sais même pas si on le droit !!!)
Et puis la prison, on sait pourquoi on y est : parce qu'on a fait des conneries / des trucs graves. C'est une sanction, une punition oui.
Mais il faut croire qu'une tentative de suicide est plus sévèrement sanctionnée que quelque chose de bien plus grave...

En tout cas, si jamais tu te sens mal, confie-toi à des gens en qui tu as confiance. Et évite de raconter tes problèmes sur Internet (c'est à cause de ça que je me suis retrouvée en HP... Il a juste fallu que j'écrive "je veux mourir" sur un forum pour que je me retrouve dans cet affreux hôpital psychiatrique...)
C'est très simple de se faire enfermer, alors il faut faire très attention :/
Avatar du membre
Envie d'ailleurs
Messages : 20
Enregistré le : vendredi 23 août 2013 12:46
Localisation : Là ou l'herbe est plus verte...

Le 7 mai 2010 à 2 ARTE : "Sainte-Anne, hôpital psychiatrique

Message par Envie d'ailleurs »

Alors j'avais du tercian et un anti-dépresseur qui s'appelait "mayancérine" si je me souviens bien ou un truc de ce genre.
Oui le tercian a un effet malsain sur les gens. Déjà il provoque des malaises, j'en avais 80 gouttes par jour... Et quand je leur disais que c'est leur médicament qui me rendait malade on me disait que c'était pas vrai et que ça allait passer. Ensuite ce médicament te désinhibe complètement ce qui fait que c'est comme si tu n'étais pas toi-même. Si tu veux t'énerver tu ne peux plus, tu n'es plus maître des tes émotions, tu as la bouche pâteuse, tu réfléchis, parle et marche au ralenti, tu ne peux plus te concentrer. Moi qui lis énormément en temps normal, là-bas je n'ai pas réussi à lire car la concentration me faisait défaut. Je bavais car ce médicament augmente la production salivaire. J'ai pris ce traitement pendant un mois... Une horreur. Au bout d'un moment tu ne fais plus de malaise et les vertiges partent mais la sensation d'être au ralenti reste, la fatigue aussi.

La chambre d'isolement est l'une des pires expériences de ma vie. Rien que d'y penser, j'en ai la chair de poule, mon cœur s'accélère et l'angoisse remonte. Dans le pavillon ou j'étais il y en avait une mais ils y avaient déjà mit quelqu'un alors ils m'ont transférer dans un autre pavillon qui possède un couloir avec 4 chambres d'isolement (ou 3? j'ai un trou de mémoire). Ce couloir est bien sûr fermé à clef, dans ce couloir il y a une table de jardin et deux chaises (tu sais les meubles en plastique blanc qu'on utilise dehors) et derrière une porte il y a un petit sas ou il y a un wc et une douche. Et quand tu y vas tu n'as pas le droit de fermer la porte et de toute façon tu ne peux pas y aller comme bon te semble. Donc les chambres d'isolement se suivent, elles ont des portes sans poignées et elles ont une petite lucarne qui se referme avec une planche en bois coulissante dans la partie supérieure de la porte.
Quand ils veulent t'y mettre, déjà ils t’emmènent attachée. J'avais mes mains attachées dans le dos avec des liens de sécurité qu'ils ont, comme si j'avais des menottes aux poignets. Une fois dans la salle ils te prennent tout, tes lunettes si tu en as (si tu les as pas déjà perdu en te défendant comme moi), ils te prennent tous tes bijoux et piercings et boucles d'oreilles, ils m'avaient même prit mon alliance et couper en 2 le bracelet brésilien que j'avais fais avec mon fils :ohnon: donc en gros même les bracelet qui sont pas en matière dures. Ils te prennent tout! Et ensuite ils te prennent tes vêtements, tu n'as pas le droit de les garder "sur ordre du médecin". Et ça c'est très humiliant. Dans cette chambre il y a un matelas à même le sol sur lequel il y a une couverture. dans un coin de cette petite pièce il y a bassin (comme quand tu es à l'hôpital et que tu as subi une chirurgie et que tu ne peux te déplacer) pour faire tes besoins et bien sûr pas de papiers toilettes, rien. Il y a une fenêtre en verre très épais, floutée, ben oui puisque ça donne dans le parc ou les gens se promènent, donc faut pas qu'ils puissent voir dedans et toi faut pas que tu puisse voir. Et derrière ces vitres il y a des barreaux, comme en prison. J'ai réussi à obtenir une seconde couverture afin d'avoir de quoi "m'habiller" en plus d'avoir de quoi me couvrir, mais ils m'ont l'ont pas laissée longtemps... Lors de ma mise en isolement ils voulaient me donner un médicament (du prozac si je me souviens bien), j'ai refusé, ils ont voulu me l'injecter alors j'ai accepté de le prendre en pensant pouvoir les berner et le recracher mais ils sont restés jusqu'à ce que je l'avale... Ensuite ils sont partis en me disant que je ne resterais pas longtemps là et que je verrai bientôt le médecin. Plus de deux heures après (il y avait une horloge analogique dans le couloir en face de la porte de ma chambre, mais je ne l'ai pas vu de suite, et sans lentilles ou lunettes j'avais beaucoup de mal à lire l'heure car trop loin pour mes yeux de myope) je les ai entendu commencer à apporter le repas aux autres qui étaient dans les chambre d'isolement à côté de la mienne et en même temps ils regardaient (les soignants) à l’intérieur de ma chambre pour voir comment j'allais et alors je leur ai demandé pour le repas et on m'a dit que je l'aurais plus tard, quand l'équipe de sécurité sera disponible parce-qu'ils n'avaient pas le droit de me donner le repas sans la sécurité donc j'ai encore attendu puis ils sont arrivés plus d'une demi heure après que les autres avaient déjà rejoint leurs chambres respectives. Le repas était pas bon, servi dans une assiette en plastique et on devait manger avec des couverts en plastique et boire dans un gobelet. Pour le repas, c'était dans le couloir, sur les meubles de jardin. A ce moment j'ai pu demander à aller aux toilettes mais interdiction de fermer la porte....
Ils venaient toutes les 2heures pour regarder comment ça allait. Et entre temps on avait aucun moyen de les joindre, on aurait pu faire un malaise qu'ils s'en seraient rendu compte trop tard. Et voilà comment se sont déroulées les 24h en chambre d'isolement. Pour le repas du soir c'était pareil que pour le repas précédent. Je n'ai vu le médecin que en milieu d'après-midi et c'est là qu'elle m'a annoncé que je resterai au minimum jusqu'au lendemain matin pour que ça fasse 24h et que ensuite si j'allais en sortir ou pas dépendrait de moi. Là-bas en HP ils te disent tout le temps ça.... Le lendemain matin, j'ai eu droit au petit-déjeuner à 8h et on m'a dit que je pourrais sortir bientôt, à 10h les soignants sont venus, sans la sécurité et j'ai eu le droit de prendre ma douche, toujours interdiction de fermer la porte vraiment et j'ai pu récupérer mes vêtements. Ils avaient rien pour que je puisse me brosser les cheveux après mon shampoing alors je ressemblait vraiment à une sorcière. J'étais entrée en isolement à 10h du matin la veille en j'en suis complètement sortie, à presque 11h.
Donc oui, c'est pire que la prison, c'est plus que barbare, c'est inhumain, c'est humiliant, honteux et inacceptable. Mais tu le vois, que certains soignants ont du mal avec cette mesure. Une des soignantes qui s'est occupée de moi avait particulièrement des difficultés et c'est la seule qui a essayer de me comprendre. Durant ce temps en isolement je n'ai pas eu droit au temps de parole auquel on a droit et pourtant c'est une clause régit par la loi. De même qu'à ma sortir d'isolement je ne l'ai pas eu non plus alors que c'est également la loi. Donc rien est respecté...
Je ne sais pas si tu voulais que je te détaille ces horreurs mais pour être honnête c'est la première fois que j'en parle avec autant de détails et cela me fait du bien d'extérioriser.
Je souffre encore aujourd'hui d'avoir vécu cela.

Je savais qu'ils n'apprécieraient pas que je me révolte mais je ne pensais pas qu'ils iraient si loin et moi je suis impulsive et je ne supporte pas ce qui me semble injuste, je n'ai pas la langue dans ma poche et les épreuves de la vie ont fait que je ne me laisse plus faire ou plus autant et c'est pour cela que je me suis débattue à l'hôpital mais si j'avais su, honnêtement je ne sais pas si je l'aurais quand même fais, je ne peux me prononcer là-dessus.
Là ou j'étais également ils menaçaient d'injecter les médicaments si on refusait de les prendre...

Je demandais tous les jours au médecin quand je pourrais sortir et lui aussi, sa phrase fétiche était "cela dépend de vous uniquement, je ne sais pas quand vous sortirez". Alors je lui disais que j'allais mieux et alors il me répondait que ce n'était pas suffisant! Et je ne comprenais pas vu qu'il ne me connaissait pas en tant que personne, il ne peut juger si je vais suffisamment mieux ou pas, et par rapport à quoi?! :vue0: Et alors l'autre psychiatre me répétait inlassablement "je vois encore de la tristesse dans vos yeux donc vous ne sortirez pas". Mais ces "docteurs" ne me connaissaient même pas! Ils haussaient tous les deux le ton avec moi et c'est eux qui décidaient quand nos entretiens étaient terminés, quand je posais des questions je n'obtenais aucunes réponses. Ils modifiaient la posologie de mes médicaments sans même m'en avertir!
Là-bas il faut être docile et c'est tout et ça c'est quelque chose que je ne suis pas alors me soumettre à leur jeu à été humiliant pour moi mais la liberté coûte cher visiblement....
Pareil jamais je ne leur laissait percevoir quand j'avais des baisses de moral alors ils me l'ont reproché! Alors je suis rentrée dans leur jeu en leur disant parfois que j'étais un peu triste au vu de ce qui m'étais arrivée et que mon fils me manquait terriblement et j'ai dû jouer l'hypocrite en leur disant que leur traitement finalement m'aidait un peu au bout de 2semaines. Beurk!!!!!!!! On est prêt à tout pour rentrer chez soi!

Je crois que peu importe l'âge qu'on a, on ne peut supporter un endroit comme celui-là.
Effectivement, normalement mon fils n'aurait pas eu le droit de venir me voir parce-que c'était interdit au moins de 15ans mais les soignants, certains étaient gentils, faisaient l'exception pour moi et pour un autre patient, on était presque les plus jeunes, les autres étaient plus âgés et leurs enfants déjà adultes. Donc ils laissaient mon fils venir, mais seulement au réfectoire en passant par dehors, mon fils ne voyait pas les autres patients mais il sentait qu'il y avait quelque chose. Quand il venait on était toujours enfermé et par sécurité, la porte du réfectoire était fermée à clef, comme toutes les portes dans ce genre d'institution....

Oui je connais ce livre mais je ne l'ai encore jamais lu, je ne sais pas si je supporterai de lire cela. Il doit être horrible et criant de vérité.

Je sais que malheureusement il est très dur de faire quelque chose et voir impossible. :poing:

J'ai également une haine incommensurable envers ce médecin qui m'a mise en HO et tous les autres qui ont cautionné cette décision.

Enfait, je n'ai jamais partagé mes souffrances, sauf avec mon mari à qui j'ai appris à me confier.
Lorsque je suis allée demander de l'aide à mon généraliste c'était la première fois de ma vie que je demandais de l'aide et ce qu'il s'est passé ensuite m'a prouvé que pendant toutes ces années j'avais eu raison de ne jamais vouloir d'aide.
Quand je vois des gens autour de moi qui commencent à aller mal je les mets en garde et leur dis de ne surtout pas aller voir un médecin parce-qu'on ne sait jamais ce qu'ils vont faire de nous et qu'ils ont bien trop de pouvoir.

Ta phrase sur skype est malheureusement vraie et je suis d'accord avec.

Oui, en prison ils ont plus de droits.
Le truc c'est qu'en HP ils ne t'informent pas de tes droits, en tout cas c'est ce qui s'est passé pour moi. Parce-que normalement oui, tu as le droit d'avoir un avocat et de demander une séance auprès du juge mais tout cela ils ne le disent pas.
Oui, en prison ils sont mieux lotis et ont plus de liberté. Je dis toujours qu'en HP on est traité comme si on était pire que des criminels. C'est une honte. Et je ne comprends pas pourquoi c'est comme cela alors que j'estime que chacun doit pouvoir agir sur sa vie comme il l'entend, dans le sens ou s'il veut se suicider alors oui c'est triste mais il ne fait pas de mal aux autres, uniquement à lui-même si l'on considère que le suicide est un mal.

Je n'ai jamais écris mes soucis sur internet, je ne parlais jamais de mes soucis auparavant. Je suis sur ce forum parce-que j'ai réussis à prendre du recul et que j'ai besoin de raconter ce qu'il s'est passé et aussi parce-que je voudrais essayer d'aider ceux qui en ont besoin.
Mais il est vrai que malheureusement c'est comme si, quand on est mal, on a le droit de ne rien dire et c'est pas normal.
Oui, tu as raison, il faut faire très attention à ce que l'on dit ou fait :-(

--edit--

Non, jamais de ma vie je n'était aller dans un HP ou un autre endroit y ressemblant avec cette hospitalisation.
Une fois me suffit amplement, jamais plus je n'y retournerais.
Avatar du membre
Oiseau-de-Pluie
Messages : 41
Enregistré le : mardi 21 mai 2013 18:52

Le 7 mai 2010 à 2 ARTE : "Sainte-Anne, hôpital psychiatrique

Message par Oiseau-de-Pluie »

J'ai tout lu... Je ne sais pas quoi répondre... Je suis en larmes :'(
Ton message me fait pleurer, c'est atroce, affreux, barbare... Combien de temps va-t-on encore maltraiter les gens ainsi ?

80 gouttes de Tercian... Moi, avec 50, je tombais déjà dans les pommes et j'ai fait les pires malaises de ma vie (et ils trouvaient encore le moyen de me dire que c'était soit-disant parce que je "mangeais pas assez". Je peux jeûner un jour entier sans faire le moindre malaise...)
Et pendant toutes ces heures d'isolement, que faisais-tu ? Moi, je ressassais sans cesse, ma souffrance a atteint son paroxysme dans cet hôpital, je me demandais quand est-ce qu'allait finir ce calvaire et le temps me semblait éternel : une minute me semblait être une heure, un jour une semaine...

Ce sont des monstres, c'est tout.

"Et alors l'autre psychiatre me répétait inlassablement "je vois encore de la tristesse dans vos yeux donc vous ne sortirez pas". --> Parce qu'ils croient sans doute que c'est en te séparant des gens que tu aimes, en te retirant tout ce que tu aimes, en t'enfermant en chambre d'isolement, en t'attachant et en te droguant de médicaments que tu vas aller mieux, ne plus ressentir aucune tristesse et rayonner de bonheur ?
Je crois que même la personne la plus abrutie de la Terre saurait que ce genre de méthodes ne peut qu'enfoncer une personne. Les psychiatres disent que "c'est pour notre bien", mais il m'est impossible de croire qu'ils le pensent réellement. A mon avis, ils savent qu'ils nous torturent mais ils s'en fichent (sauf deux ou trois qui ont un peu de compassion, comme tu le dis...)
C'est tout simplement impossible de croire qu'on peut rendre heureuse une personne en la traitant d'une manière aussi infâme, aussi humiliante. Ou alors il faut être pire que complètement timbré...
Ils font ceci dans le seul et unique but d'empêcher la personne de se suicider, même si ça la traumatise à vie, car ils ont peur que cela se retourne contre eux (mon médecin me l'avait dit : "S'il vous arrive quelque chose, j'en serai responsable" et cela est passible de prison pour "non-assistance à personne en danger" (perso je dirais plutôt : pour "non torture à personne en danger"...
Alors, pour éviter l'amende et la prison, ils nous torturent...

Il y a peu de temps, j'ai lu sur un site que quelqu'un a écrit quelque chose comme : "On commémore la Shoah, on dit qu'on ne doit jamais oublier les victimes et faire en sorte qu'une telle barbarie ne se produise plus jamais, mais qu'en est-il des victimes de la psychiatrie ? Tant de gens sont torturés dans ces institutions mais très peu de personne le savent, ils sont ignorés, dans le silence total, la solitude..."


"Lorsque je suis allée demander de l'aide à mon généraliste c'était la première fois de ma vie que je demandais de l'aide et ce qu'il s'est passé ensuite m'a prouvé que pendant toutes ces années j'avais eu raison de ne jamais vouloir d'aide.
Quand je vois des gens autour de moi qui commencent à aller mal je les mets en garde et leur dis de ne surtout pas aller voir un médecin parce-qu'on ne sait jamais ce qu'ils vont faire de nous et qu'ils ont bien trop de pouvoir."

--> C'est ton généraliste qui t'as envoyé en HO ? :(
A propos de généraliste, sais-tu ce qu'a fait mon propre médecin généraliste ? Eh bien, déjà, je ne lui ai jamais parlé de mes problèmes. Il ne sait même pas de quoi je souffre. Mes parents lui ont simplement dit que j'étais déprimée (en novembre-décembre dernier, il m'avait parfois vue assise par terre dans la rue).
Alors, il a dit à mes parents que je devais être internée dans un centre psychiatrique et m'a prescrit du Zyprexa, un des pires neuroleptiques qui existent (destiné aux schizophrènes et aux personnes souffrant de troubles psychotiques, mais tu sais bien qu'ils en prescrivent à N'IMPORTE QUI...)
Je ne suis ni schizophrène, ni psychotique, il ne connait ABSOLUMENT RIEN de mes problèmes, mais il a prescrit cette horreur (c'était avant mon internement en enfer, oui, j'appelle ça l'enfer maintenant).
Moi, mon problème de base, c'est la dépendance affective, qui vient d'une carence affective durant l'enfance. (je suis très accro à une personne : elle est gentille avec moi et je suis au paradis, elle est méchante avec moi et c'est l'enfer...)
En décembre dernier, elle m'avait rejetée, c'est pour ça que j'allais très mal et que j'avais voulu me suicider. Et c'est à cause de ça que je m'étais retrouvée en HP.
Au fil du temps, je suis allée mieux car elle est redevenue très gentille avec moi. Mais... Mais je reste totalement traumatisée par l'expérience que j'ai vécu à l'HP, j'en pleure encore. Et en lisant ton témoignage, mes larmes ont redoublés. Je crois que je n'arriverais jamais à m'en remettre.

La liste des effets indésirables du "Zyprexa" contient au moins une page entière... Et on peut y lire : "Mort soudaine inexpliquée".
Ah, c'est un effet indésirable ça ?...

C'est mon médecin généraliste depuis ma naissance, je le croyais gentil, j'avais confiance en lui, mais maintenant, je le déteste, je le hais. Il est comme les psychiatres : "Une personne dépressive ? Il faut la droguer et l'enfermer dans un centre psychiatrique" (voir pire encore...)

Et le pire, c'est que mes parents font confiance à ce médecin et voulaient me forcer à avaler cette drogue qu'est le Zyprexa ! Mais j'ai refusé.
Mon père disait que je "refusais de me soigner".
Bien sûr, je vais avaler une drogue psychiatrique et ça va me soigner, je ne serais plus accro à cette personne et je vais éclater de joie... Pff, j'ai parfois la rage que même ma propre famille ne comprenne pas ça.
Mais heureusement, je n'ai jamais pris ces médicaments. Les psys peuvent peut-être me forcer à les prendre, pas ma famille. On m'avait laissé sortir sous contraintes de l'hôpital (toi aussi ou pas ?) : "prendre le traitement et être suivi".
Je l'ai pris un moment (c'était du Séroplex), mais j'ai fini par l'arrêter. De toute façon, comment peuvent-ils savoir si je le prends ou non ? Ils n'en ont aucun moyen.
On m'a souvent dit : "Si, ils peuvent le voir dans ton comportement..."
Mon comportement ? C'est toujours le même. Je suis heureuse quand la personne dont j'ai précédemment parlé est gentille avec moi, je suis très malheureuse si elle est méchante avec moi, point final, même si on me bourre de 10 millions de cachets...
(D'ailleurs, elle est redevenue gentille avec moi vers le mois de février. Je ne prenais plus aucun médicament, et d'un coup, grâce à sa gentillesse, toutes mes envies suicidaires se sont envolées, je me suis sentie à nouveau mieux... sauf à propos d'une chose : le traumatisme de l'hôpital psychiatrique, qui hélas était, est et restera toujours en moi).

La psychiatre du CMP (qu'on m'avait forcé à voir après mon internement) me disait "pour que la thérapie marche, il faut que vous me fassiez confiance".
Comment pouvais-je lui faire confiance alors qu'elle travaille pour le service affreux où ils m'ont envoyé ? C'est comme si on me demandait de faire confiance à un violeur : "soyez tranquille, j'ai déjà violé des centaines de filles mais si vous n'attentez pas à votre vie, si vous coopérez, je ne vous violerai pas" !

Ma comparaison peut sembler absurde, mais en réalité, c'est exactement la même chose. Comme je sais que tu as toi aussi vécu l'enfer (même pire que moi), je pense que tu comprendras très bien :'(


Elle m'avait également dit qu'il fallait que je prenne mon antidépresseur pendant DEUX ANS pour soit-disant "éviter les risques de rechute". Avant, c'était six mois... Tu verras, bientôt, ils diront que pour éviter les risques de rechutes, il faut les prendre pendant trois ans, puis cinq, puis dix, puis même parfois à vie !
Maintenant, si on envoie un enfant d'à peine 5 ans (ou même moins) chez un médecin car il est un peu agressif, allez hop on lui prescrit un médicament psychotrope ou un neuroleptique...
Et ça peut détruire complètement le cerveau (encore plus chez les enfants et les adolescents, dont le cerveau n'est pas entièrement développé, d'ailleurs je crois qu'il n'est pas entièrement développé jusqu'à l'âge de 24 ans...)
Mais ils doivent sûrement prescrire des médicaments à tout va, même s'ils causent des dommages irréversibles, pour l'argent (je crois que cela rapporte énormément d'argent à l'industrie pharmaceutique...)

Et tu as raison, il y a sûrement des criminels qui sont mieux traités que nous, comme si tuer quelqu'un était beaucoup moins grave que d'attenter à sa propre vie.
Mais je suis d'accord avec toi, pour moi, le suicide est un droit, de quel droit empêcherait-t-on quelqu'un de se suicider et l'obligerait-t-on à vivre ? Pour moi, chacun fait ce qu'il veut de sa propre vie.
Si encore ils voulaient AIDER une personne qui veut se suicider (car généralement, une personne qui veut se suicider est une personne très malheureuse), oui je comprendrais. Mais enfermer, attacher, droguer etc, est-ce de l'aide ?
Leur seul but, c'est tout simplement d'empêcher un suicide. Les tentatives de suicide sont punies par la loi, il s'agit même de l'acte le plus sanctionné, puisque comme tu le dis, en prison, les criminels sont mieux traités...

Parfois, quand je pense à Solenn Poivre d'Arvor ou à Valérie Valère qui ont toutes les deux vécus l'enfer de la psychiatrie et qui se sont toutes les deux suicidées, je pense : "Elles ont tellement de chance, aucun psychiatre ne peut plus leur faire de mal maintenant..."
Dans "Le Pavillon des enfants fous", Valérie écrit sans cesse : "Ils ne m'auront pas !"
Le fait d'être vivante m'effraie, car tant que je suis vivante, ils peuvent m'avoir. Même s'il n'y a aucune raison qu'ils viennent me chercher, j'ai peur qu'ils viennent quand même. Je ne veux plus jamais qu'ils "m'aient".

C'est terrible de penser qu'à chaque fois qu'une personne voit qu'on va mal (ou si on lui dit qu'on va mal), sa première réaction est "il faut consulter / va voir un psy", comme si c'était la seule et unique solution qui pouvait résoudre tous nos problèmes, alors qu'en réalité, cela peut nous enfoncer mille fois plus dans notre malheur...
Je parle en connaissance de cause, car j'ai 18 ans mais je souffre d'un mal-être depuis l'âge de 13 ans, et dès l'âge de 13 ans, j'ai été droguée de toutes sortes de psychotropes, vu énormément de psys etc.

La seule expérience qui m'a été positive, c'était à la Maison de Solenn... Le reste, un pur enfer.

Si ça te fait du bien d'écrire, continue à écrire alors (et même si personne ne lie, tu peux avoir un journal intime...Tu vas peut-être me dire que ça, ce n'est que pour les ados, mais non, moi je pense qu'on peut en avoir un à tout âge ^^)
Il ne faut pas garder toute ta douleur cloîtrée, il faut la faire sortir.


Même si je sais que ça n'effacera malheureusement pas le traumatisme, je te souhaite beaucoup de courage...
Modifié en dernier par Oiseau-de-Pluie le samedi 24 août 2013 20:54, modifié 1 fois.
Avatar du membre
Envie d'ailleurs
Messages : 20
Enregistré le : vendredi 23 août 2013 12:46
Localisation : Là ou l'herbe est plus verte...

Le 7 mai 2010 à 2 ARTE : "Sainte-Anne, hôpital psychiatrique

Message par Envie d'ailleurs »

Si rien est fait, je pense que ça durera encore très longtemps, vu que cette maltraitance existe depuis un bail maintenant... La loi initiale sur l'HO remonte à 1838!! C'est pour dire!

Je sais rester deux ou trois jours consécutifs sans manger et jamais cela ne m'a rendue malade comme le tercian m'a rendue malade.
En chambre d'isolement il n'y avait vraiment rien à faire puisqu'on y est nu et sans distraction, on a comme affaire, uniquement cette couverture et ce matelas, puisque cette chambre est sensée être là pour ne plus stimuler et "agresser" notre cerveau... Donc pendant ces fameuses 24h je n'ai fais que dormir, pleurer, réfléchir, essayer d'élaborer des plans minables pour sortir de là parce-que même si je savais que c'était impossible cela me maintenait lucide.
Et sinon pendant la HO je dormais, j'essayais de parler avec les autres patients et on faisait des jeux de sociétés. Le temps ne passait pas. Rien à faire. Et tu le résume très bien, une minute était comme une heure et une journée comme une semaine.

Les psychiatres exerçants dans ce genre d'institution, sont, comme je l'ai mentionné sur le forum, je ne sais plus où, tellement obnubilé par leur fameuse responsabilité à l'égard de notre vie qu'ils ne prennent plus le patient en compte dans son intégralité. Cela en fait de mauvais médecins. Le système est vraiment mal fait. Si une personne veut se suicider ben c'est son droit! C'est sa vie, c'est un "cadeau" de chaque parent. Chacun peut en disposer comme il le veut!
A quoi cela sert-il de garder des gens en vie si c'est pour les torturer???

Il est vrai que jamais on parle des victimes des HP.... Ce sont les oubliés de l'histoire...

Mon généraliste m'a envoyé tout droit chez le psy en HP qui m'a mise en HO. Mon généraliste a appeler l'HP tout de suite après que lui ai parlé de ma TS, alors que je lui faisais confiance! pour m'obtenir un rdv et j'ai refusé, elle l'a fait quand même. Elle m'a ensuite dit que j'étais obligée d'y aller, le rdv était pour le lendemain matin, car si je n'y allais pas la police serait venue me chercher! J'ai voulu protéger mon fils alors je suis allée à ce rdv, je ne voulais surtout pas qu'il voit la police débarquer chez nous pour me chercher, cela l'aurait traumatisé à vie. Mon pauvre petit ange...
Elle s'est bien gardée de me dire qu'elle savait que le psy allait m'hospitaliser, donc pour moi, oui elle est directement responsable de mon HO...

Ton généraliste est pas mal dans le genre aussi.... (c'est ironique bien sûr)
Comment a-t-il pu te prescrire un tel médicament alors qu'il te suivait depuis toujours???
Il y a des médicaments ou on se demande vraiment pourquoi ils ont été élaborés!
Oui, l'industrie pharmaceutique gagne beaucoup d'argent avec les médicaments psychiatriques, c'est une vraie usine.

Comment arrive-tu à gérer ta dépendance affective? Arrive-tu désormais à l'atténuer?

Moi on m'a dit, je pense que c'était pour me faire peur lorsque j'ai pu rentrer chez moi en permission, que si je ne prenais pas mes médicaments ils le verraient en me faisant une prise de sang et alors je me suis dis que s'ils peuvent s'en rendre compte alors ils vont de nouveau me remettre en chambre d'isolement, alors quand j'étais en permission (au bout de plus de 15 jours de HO) ben j'ai continué à prendre les médicaments car j'avais peur.

Non, à ma sortie définitive je n'avais aucunes contraintes de l'hôpital puisque le juge me rendait toutes mes libertés. J'ai dû, pour la forme, leur dire aux médecins à l'HP que je continuerai à me faire suivre. Mais après si je le fais ou non, ils ne peuvent le savoir et ce n'est plus de leur ressort, je fais ce que je veux et c'est tout.

Je comprends tout à fait ta comparaison. Et même si elle est rude, oui c'est pareil.

A l'HP lors de ma sortie ils m'ont dit que je devrais probablement suivre le traitement pendant minimum un an!
Mais quand j'ai vu le psy en libéral il m'a dit que non mais de toute façon ensuite je les ai arrêté de moi-même. Je ne supporte pas l'idée d'être droguée comme cela.

Tu as eu de tels médicaments si tôt? Ma pauvre :-(
Es-tu encore sous traitement?

Je pense qu'il y a beaucoup plus de patients d'HP qui se suicident suite à l'hospitalisation qu'on ne le pense.

Oui, il est déjà bien ancré dans le cerveau des gens que soit-disant les psychiatres sont la seule solution, c'est n'importe quoi.

Je ne peux tenir un journal intime, je ne peux me parler à moi-même, j'ai besoin que l'échange écrit soit constructif et qu'il m'amène à la réflexion.
Mais l'idée peut être bien pour pas mal de gens
Avatar du membre
terrefroide
Messages : 15
Enregistré le : mardi 14 mai 2013 21:08

Le 7 mai 2010 à 2 ARTE : "Sainte-Anne, hôpital psychiatrique

Message par terrefroide »

Nue en chambre d'isolement ?. En principe, ils mettent le pyjama de l'hôpital. C'est de la mal traitance et en plus il me semble que vous pourriez porter plainte car cela ne rentre pas dans le protocole de mettre une personne nue en chambre d'isolement. Au pire, ils peuvent sangler et médicamenter à bloc mais pour mettre nue, là il me semble qu'il y a manquement à la loi.

J'ai vu beaucoup de chose lorsque mon père était hospitalisé en hospitalisation libre dans l'hôpital de ma ville mais là !!!!! Moi, je passais tous les jours pour contrôler ce que faisait le psychiatre et je demandais même à le voir avec mon père pour faire le point. Je ne leur laissais pas le choix. Même si je n'étais pas hospitalisée, lors des visites à mon père j'ai vu des choses que me hante encore. Je croix vraiment qu'il ne faut pas tomber malade ! Mon père a la schizophrénie psycho affective et résultat à cause de médecin incompétent , j'ai du mal à le faire soigner correctement. En plus les psy ont l'air aussi malade que lui ce qui craint !!! C'est pour cela que je lui ai fait arrêté le CMP et il ne voit plus qu'un seul psy en libéral même si c'est pas le top. Moi je suis pour le libéral car on choisit le médecin que l'on veut. Les CMP et l'HP il ne faut pas y aller car c'est la loterie.
Répondre