Les tocs mentaux : on en sort ! mon histoire...

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Alive86
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Enregistré le : jeudi 16 avril 2015 22:14

Les tocs mentaux : on en sort ! mon histoire...

Message par Alive86 »

Je décide de vous écrire, vous que je n’ai cessé de lire entre décembre 2012 et février 2013. Mon témoignage n’en est qu’un parmi tant d’autres, mais j’espère que les personnes atteintes de cette maladie sauront y puiser du réconfort. J’ai donc été plongée dans l’enfer des tocs mentaux…Cela a duré 3 mois. 3 long mois passés dans un lit à pleurer et à ruminer. Le toc mental, vous le savez, c’est comme une tic qui serait fixée à notre cerveau, et qui vous envoie ces flashs désagréables (Non, bien que cela y ressemble, ce n’est pas de la possession démoniaque) On n’arrive pas à s’en défaire ! Et lorsqu’il laisse un peu de répit, ce n’est jamais pour très longtemps. Aussi incontrôlable que la météo ! Mon toc était sexuel. Je vous passe les détails, parce que je n’aime pas trop me les remémorer, mais ils étaient liés aux paraphilies. J’étais envahie à longueur de journée par des pensées intrusives des plus morbides, avec la sensation d’être excitée sexuellement par elles.

Comment en suis-je arrivée là ? Il faut remonter quelques années en arrière. J’étais en terminale, j’avais 17 ans. J’ai fait la rencontre d’un garçon avec qui j’ai passé 4 ans de ma vie. Ce fut une relation destructrice : c’était quelqu’un de sadique et dominateur, et moi j’étais une ado sensible et naïve, qui pleurait lorsqu’elle écrasait un insecte !

Il y a eu des coups, des insultes et des humiliations en tout genre…assez grave pour que mes parents m’envoient chez un psychiatre…qui m’a diagnostiqué un stress post-traumatique. C’est là que les tocs mentaux et les sensations qui vont avec ont fait leur apparition. J’avais l’impression de cauchemarder éveillée, et ce que je voyais / ressentais m’effrayait au plus haut point. J’ai été contrainte d’arrêter mes études et j’ai fini par rompre avec lui. J’avais 21 ans… Déboussolée, j’ai pris des anti-depresseurs et ai débuté une thérapie à laquelle j’ai mis fin au bout de quelques semaines, convaincue que j’allais mieux. Mon refuge ? La reprise de mes études, le sport, la fête et la liberté ! Dont il m’avait privée ! Malheureusement, même si j’étais persuadée d’avoir remonté la pente, ce n’était qu’en apparence. J’étais de plus en plus sujette aux crises d’angoisse : il suffisait que je sois seule chez moi, sois confrontée à une personne autoritaire (me rappelant alors mon ex) ou une situation de stress au travail pour suffoquer, fondre en larmes, bref craquer... Le traumatisme ne m’avait pas quitté…

4 ans plus tard, un soir de décembre 2012, je recevais comme un coup de massue sur la tête. Mes tocs sont revenus sans crier gare alors que je regardais une série policière américaine. L’histoire de la victime m’était étrangement familière et m’a ramené quelques années en arrière. Je me suis souvenue de mon ex et de certaines scènes de notre quotidien… notamment une dispute marquante, durant laquelle il m’avait frappée, enfermé dans la salle de bain et coupé l’électricité pour me plonger dans l’obscurité (choix de torture stratégique : il savait que l’obscurité m’angoissait), il s’était également assis à califourchon sur mon ventre et avait sauté, pour me faire du mal. Il m’avait donnait des coups sur la poitrine et traité de tous les noms d’oiseaux. Il y a eu cette fois aussi, où il m'avait balancé des limaces trouvés dans son jardin, sachant que c'était ma phobie, hors dispute, parce qu'il trouvait cela drôle. Tout m'est revenu en mémoire assez violemment...C’est alors que je me suis posée la fameuse question « Et si j’étais quelqu’un de mauvais moi aussi, comme ce monstre qui abuse sexuellement de sa jeune victime ». J’ai appelé ma mère en panique, et lui tenais des propos totalement irrationnelles au téléphone : « j’ai peur, je me fais peur, penses-tu que je sois un monstre…j’ai des pensées bizarres, malsaines, aides-moi »

J’ai été rapidement prise en charge par un psychiatre (pour les médicaments et le suivi du traitement) et une psychologue pour la thérapie. Le temps que ceux-ci fassent effet, j’ai eu le temps de me transformer en légume, je voulais tout simplement mourir. Je ne m’alimentais plus, je restais au lit, je ne parlais à personne. Je ne trouvais pas la paix, le toc était de plus en plus envahissant, jusqu’à me prendre mes journées, mes soirées, mes nuits...J'en ai eu d'autres...comme celui de faire du mal à mon entourage, aux gens que j'aimais.. Les seules choses qui me réconfortaient étaient la mutilation, car la douleur physique me faisait oublier un instant la douleur psychique…et l’idée de mourir, que je percevais comme mon seul échappatoire. J’ai compris que mon cas était grave que ma psy a commencé à parler de Freud et ses théories, le ça, le surmoi, etc, les différents stades du plaisir. « Ma pauvre, tu es devenue folle » ai-je pensé ! D’ailleurs, j’éprouvais bon nombre de réticences à échanger avec elle. Mon état ne s’améliorant pas, on a parlé d’hospitalisation. J’ai eu la force de dire NON, je pense que dans mon cas, cela aurait aggravé les choses. J’avais peur de m’y complaire et de prolonger malgré moi le temps de guérison. On a donc changé mon traitement, et doublé les doses. J’ai eu droit à tous les effets secondaires possibles et imaginables : troubles de la mixtion, difficultés motrices, malaise vagale, hallucinations visuelles et auditives…

Le point positif c’est que le toc s’en allait peu à peu. Il survolait mon esprit tel un oiseau au dessus d’un champs, jusqu’à disparaître complètement. Les sensations disparaissaient elles aussi. Je n’étais pas mieux pour autant, j’éprouvais à vrai dire une tristesse infinie. Au cours d’une de nos séances, Ma psy a parlé d’identification à l’agresseur…C’est là que j’ai fini par comprendre ce qui m’arrivait. Je me suis remise officiellement sur pied un matin de février 2015. Il était 11h, j’étais au lit, pétrie d’angoisse à l’idée que mes tocs, de moins en moins fréquents, ne resurgissent.
Je me suis alors donnée l’ordre de me lever. J’ai pris une douche, ai enfilé mes plus beaux vêtements, me suis maquillée et suis sortie de chez moi pour prendre un bol d’air frais. Je n’en avais pas envie…Mais je l’ai fait. Pour mon bien. Ma priorité : retrouver une hygiène de vie et ne plus me laisser parasiter par mes propres ruminations. Je me suis inscrite à la danse, ai fait du bénévolat à temps partiel auprès d’une association, multiplié les activités culturelles, tout cela dans le but de me nourrir d’images positives et chasser cette période dark. J’évitais les comédies dramatiques et autres films d'horreurs et privilégiais les films comiques. Ce ne sont que des petits détails, mais qui avaient de l'importance dans ma reconstruction...Fini également les grasses matinées et les siestes, je tâchais de me coucher tôt. J’ai finalement accepté d’échanger avec ma thérapeute, et on a fouillé, fouillé dans les moindres recoins de mon esprit, de mon passé…Ce fut à la fois douloureux…mais soulageant.

Aujourd’hui, 2 ans me séparent de cette épisode douloureux, et je vais beaucoup mieux. Qu’on se le dise, ma reconstruction n’a pas été sans embûches, et j’ai encore du chemin à parcourir. Mais je suis de plus en plus sereine. J’apprends à me connaître, et à gérer cette émotivité au quotidien pour faire en sorte qu’elle ne me desserve plus.

Je tenais à dire à toutes les personnes qui sont en souffrance que le toc n’est pas une fatalité. Il est possible de s’en débarrasser de façon définitive. Vous n’êtes pas nés avec ! C’est une manifestation de votre inconscient qui vous envoie un SOS. Voyez le comme une énigme à résoudre, une plaie à panser. Ces images aussi angoissantes soient-elles ne font pas de vous une mauvaise personne et ne sont SURTOUT pas à prendre au premier degré!

Dans mon cas, la psychothérapie analytique m’a sauvée. J’ai eu la chance de tomber sur une personne profondément compétente et patiente. Il y a aussi une grande part d’auto détermination ! L’un ne peut pas aller sans l’autre. Que dire des médicaments ? Dans mon cas, ils m’en ont fait voir de toutes les couleurs, mais étaient indispensables. Il ne faut pas totalement reposer sur eux, ils ne doivent être qu’une béquille. Et si on peut s’en passer, c’est encore mieux !

Les origines du toc vont dépendre du vécu et de la personnalité de chacun, donc je ne peux en parler que de façon générale. Mais pour y mettre fin, il est important de ne pas ruminer dans son coin. Ne passez pas trop de temps à vous ronger les sangs sur internet, notamment sur les forums. Bien qu’utiles au premier abord, ils vous font développer une sorte addiction pas très saine et qui au final vous coupe un peu plus du monde réel. Faites vous violence et sortez, bougez, vivez ! Et surtout, pas de nuits blanches. Le respect des cycles du sommeil est indispensable à votre reconstruction.

Mettez votre sensibilité et votre imagination à contribution d’une activité artistique (ou autre, celle qui vous plaira !). Apprenez à dire NON, et à mettre de la distance face à des situations ou des personnes potentiellement dangereuses. Protégez-vous. Apprenez également à vous faire confiance.

Levez-vous chaque matin en vous posant la question suivante : « alors, que vais-je faire pour rendre cette journée la plus douce et agréable possible ? » et tachez d’y apporter plusieurs réponses ☺ ! Et surtout, lorsque ça ne va pas, PARLEZ EN ! Dirigez-vous vers des personnes aptes à comprendre et à vous aider !

Bien à vous tous!

Ps: je suis à votre dispo si vous souhaitez échanger à ce sujet! :up2:
L.
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Archaos
Fondateur/Administrateur
Messages : 17817
Enregistré le : mardi 06 juin 2006 21:20

Les tocs mentaux : on en sort ! mon histoire...

Message par Archaos »

Merci pour ton témoignage Alive86 :mercipoli:
Accueillez de temps en temps les nouveaux membres qui prennent la peine de se présenter dans le topic unique de présentation.
Une question ? La réponse se trouve probablement ici : Charte , FAQ, Guide du forum.
Pour un forum agréable à lire, ne faites pas de citations inutiles !
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LunaLovegood
Messages : 119
Enregistré le : dimanche 13 juillet 2014 9:59

Les tocs mentaux : on en sort ! mon histoire...

Message par LunaLovegood »

Merci pour ton témoignage :) Juste une petite question pourquoi ne voulais tu pas te faire hospitaliser ?
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Alive86
Messages : 2
Enregistré le : jeudi 16 avril 2015 22:14

Les tocs mentaux : on en sort ! mon histoire...

Message par Alive86 »

LunaLovegood a écrit :
Merci pour ton témoignage :) Juste une petite question pourquoi ne voulais tu pas te faire hospitaliser ?
Bonjour!
Je ne voulais pas me faire hospitaliser car je ne me serais pas sentie bien dans ce cadre. Me connaissant, le fait d'être alitée tout en étant bourrée d'anti-dépresseurs, ça m'aurait tiré vers le bas, et ralenti mon temps de guérison. Après, cela dépend des individus! Cela fera le plus grand bien à certains, à d'autres moins :).
Du coup, je me suis requinquée à travers tout un tas de choses :box: (sport, sorties, dessin, et surtout la psychothérapie), et j'ai entrepris de faire travailler mon cerveau, parce que les médicaments ça a tendance à ramollir ! :oreiller:
Vois-tu où je veux en venir?
A ta dispo si tu as d'autres questions :)
Bonne journée!
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LunaLovegood
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Enregistré le : dimanche 13 juillet 2014 9:59

Les tocs mentaux : on en sort ! mon histoire...

Message par LunaLovegood »

Oui je comprends :)
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