Trouble bipolaire/maniaco-dépression: la phase maniaque

[Cereza]

Bonjour,
En ce moment je suis en dépression et je culpabilise parce que je revoie en boucle les derniers mois en arrière, où il me semblait "être bien", alors que j'étais vraisemblablement en phase maniaque.
Quand j'étais ado, on m'a diagnostiquée "maniaco-dépressive", mais le contexte dans lequel je vivais ne m'ont pas permis de l'accepter et j'ai toujours été dans le déni (voir ma galerie). J'ai toujours chercher à me défendre de ce diagnostic, seulement, je dois me rendre à l'évidence qu'il est plausible, bien que j'aimerai affiner un peu les choses.

Ce qui me trouble à l'heure actuelle (et me fait culpabiliser surtout), c'est que lorsque je tombe en dépression, je me rends compte que j'ai pu avoir plusieurs mois avant, certains comportements inadaptés ou je doute sur certains comportements que j'ai pu avoir... je ne sais pas trop comment exprimer cela... mais je crois que ça me hante en ce moment. Ca m'empêche d'avancer et je ressens beaucoup de honte aussi... Qui suis-je dans tout ça? Comment avoir une vie stable et agréable? Comment devenir une adulte responsable?

Je me demandais si on pouvait confronter nos témoignages concernant la phase maniaque, qui détruit, bien qu'elle procure aussi sur le moment, un sentiment de bien-être intense. Si vous avez vécu des phases maniaques comment réparez-vous vos vies, votre amour propre par la suite?
(j'espère que je suis claire... je n'ai pas l'esprit très net en ce moment...)
Je vous remercie pour vos réponses

[tatoo]

je me reconnais trop la dans ta description, je fait que des conneries en phase maniaque et je me sens comme une M.... en phase depressive c'est trop galere de stabiliser tout ca
t'as quoi comme traitement?

[Cereza]

Pour le moment rien de précis... j'hésite encore à aller voir un psychiatre... j'en ai trop vu depuis mes premières phases dépressive/maniaque. Je suis assez blasée de tout ça.
Ma généraliste m'a prescrit des anxio à la demande, de l'homéopathie et du magnésium.
J'ai testé tellement de médocs depuis tout ce temps... ça n'a jamais vraiment marché. Je me suis toujours reposée sur le fait d'avoir un amour dans ma vie. Ca me stabilisait, sans doute parce que j'avais assez d'affection pour assumer mes conneries et reprendre courage lors des descentes. Mais aujourd'hui, je suis seule et je n'ai plus de motivation pour remonter. Ca m'inquiète. Je dois compter sur moi-même, panser mes blessures et trouver un projet de vie avant de voir plus loin. J'aimerai trouver un groupe de paroles, mais il n'y en a pas à près de chez moi... l'avenir me semble bien sombre.

Peux-tu me parler "des conneries en phase maniaque" que tu as faites Tatoo?
... je te parlerai des miennes après

[Louise]

Bonjour

Pour ma part, je ne sais pas non plus ce qui aura été le plus révélateur des phases dites maniaques.

- Une endurance, un "déterminisme", une exaltation qui font dire de vous que vous êtes une "passionnée" ?
- Le zèle ? Jusqu'à épuisement ?
- Les "emportements" qu'on va gentiment appeler "crises de colère" ?
- Les beuveries ? Les lendemains de fêtes que l'on a animées ? D'autres consommations interdites ?

Ce qui s'est toujours confirmé, c'est qu' à l'instar de ces "autres consommations", chacune des périodes
d'hyperactivité (et de projets, d'entreprises, de réussite professionnelle ou d'épanouissement affectif, d'un début de commencement de prospérité,...)
a rapidement laissé la place à une "descente".
Un spleen, un mécontentement, un mal-être, un désespoir,... un état qui nous fait bien comprendre que
l'euphorie, l'excitation, le sentiment de "bonheur" précédemment ressenti et si fugace,ben...
c'était pas de la sérénité, mais plutôt une montée d'adrénaline qui nous aura trompé ?

[Cereza]

Pour ma part, ces derniers mois, j'étais bien. Je sortais d'une thérapie. Ca m'avait fait du bien parce que ma psy avait trouvé ce qui me perturbait depuis toutes ses années et pourquoi je m'accrochais à des hommes toxiques pour moi. Je me sentais libre. Je me disais que mes dépressions ne reviendraient plus et qu'il ne serait plus question d'analyser mon comportement... je pourrais être enfin moi-même librement!
Seulement, je vois avec le recul que la phase maniaque a démarré de façon abrupte mais sans que je puisse m'en rendre vraiment compte parce que je fréquentais des gens instables, ce qui m'a encouragée encore plus.

Quelques exemples: une femme qui a voulu me vendre son fond de commerce et qui était "voyante". Elle m'a dit que j'étais comme elle. J'ai fini par adhérer à ses dires sans trop m'en rendre compte, parce que jusqu'à présent mon entourage se composait de gens qui étaient assez croyants et ne trouvaient pas cette révélation bizarre.
Une fille de mon ancienne promo qui m'a invitée chez elle pour me dire que je n'avais pas à m'en faire pour ma famille, que j'étais protégée et qu'elle faisait partie des services secrets fr. Que je ne devais plus aller aux manifestations parce que ça pouvait m'attirer des ennuies. Après j'ai du la courser en pleine nuit dans la ville où nous étions. En plus de ça, elle a drogué ma nourriture, ce qui m'a rendu paranoïaque pendant environ deux semaines.
Un homme que j'avais rencontré sur internet et qui est cyclothymique qui m'a encouragée à penser que j'étais une écrivain née. J'ai coupé court à la relation de manière brutale parce qu'il avait un comportement bizarre à mon égard, mais l'idée que j'étais une super auteure c'était déjà inscrite en moi. Par la suite j'ai tenté par des moyens divers et variés de reprendre contact avec lui sans succès. Mais je me rends compte que mon attitude était harcelante. En plus, je ne voulais pas réellement le revoir.

>< Je ne comprends pas mon attitude.
Je me sens comme ma propre ennemie. J'ai honte et en même temps je ne ressens plus rien hormis de l'angoisse.
Mon entourage n'est pas assez investit dans mon parcours de santé (surtout ma mère qui s'en fout carrément).

... Je suis désespérée par tout ça. Je n'ai plus la force de surmonter ça. Je ne veux pas me faire hospitaliser, j'ai peur d'aller voir un psy et de devoir prendre un traitement lourd.
J'ai l'impression que ma vie s'arrête parce qu'autour de moi personne ne semble comprendre ce que je ressens et ne s'occupe de moi.
Je suis paralysée par l'angoisse et la honte. Le matin j'ai envie de mourir

[tatoo]

je te comprend , on m'a diagnostiqué bipolaire et je ressent la même chose que toi et quand je suis en phase maniaque je fait que des connerries que je me rend compte que dans la phase depressiv c'est vraiment galere de vivre avec cette maladie, j'ai perdu pratiquement tous mes amies personne me comprends
je suis suivis d'une psy c'est la seul chose que je peut te conseiller parceque on peut pas vivre avec cette maladie sans traitement deja avec c'est dur
courage!

[tatoo]

mes connerries c'est de prendre un appart et quitter mon conjoint , j'ai meme pas vecu dans cet appart parceque finalement je l'ai pas quitté et tout ca m'as mit dans l'interdit banquaire , et j'ai trompé mon conjoint.... apres je me sens sale et je regrette

[Cereza]

Pour ma part, j'ai l'impression d'avoir renié mes principes et de ne plus savoir qui je suis à part une folle...
Sans compter que j'ai passé 3 ans de relation avec un manipulateur... je me sens complètement larguée maintenant.
J'ai beaucoup de regrets... c'est sans doute ça qui me tue à l'intérieur.

Tu as choisi quoi comme thérapie Tatoo?
Ca fait longtemps que tu as un traitement? ... Si on comparait nos expériences je pense que ça me soulagerait beaucoup

[tatoo]

J'ai vu une psy qui m'as traité la bipolarité mais elle n'a pas trouvé le bon traitement alors je change la psy, à la fin du mois j'ai rdv avec la nouvelle on verra le traitement.
en ce moment je lutte surtout avec la dépression et ll'anxiété et l'ennuie
tout qui m'ennuie rien qui m'intéresse
presque ça me manque la phase maniaque malgré ses conséquences, mais presque
tu a aussi des insomnie en phase maniaque?
combien de temps entre les phases?
Moi je suis en dépression depuis octobre

[Cereza]

Je suis dans la même situation: dépression, anxiété, ennuie, culpabilité... Je me dis que je n'aurai pas du ignorer tout ça. Mais c'est trop tard... il faut faire avec ce qui est là en ce moment. Peu de choses...
Pour ma dernière phase maniaque je dormais très bien mais peu. J'avais un excès de confiance en moi aussi (ce qui me fait culpabiliser en ce moment... ça m"a vraisemblablement entraînée dans un délire).
Je n'étais pas fatiguée, je bougeais bcp toute la journée. Je reconnais que ce coté là des phases maniaques me manquent. L'énergie que l'on peut avoir. Comparée à maintenant, c'est assez déstabilisant.

[Louise]

ça c'est tout à fait le genre de choses que je suis capable de faire. J'ai été infidèle moi aussi.
Mon mari a voulu pardonner. Pas moi. Moi je voulais qu'on aille consulter ensemble. Je voulais savoir pourquoi. Il n'a pas voulu.

Je n'en pouvais plus de ce que je lui faisais subir. Mes grosses crises de dépression dont il ne se plaignait jamais comme mes crises de colère que je lui faisais subir ou encore mes excentricités qu'il condamnait. Je sortais d'une très grave dépression. Mon mari avait dû appeler le samu pour me sortir de ma torpeur. Je consultais un psychanalyste, j'essayais d'y croire encore. Mais... Je le détestais et je détestais la personne que j'étais avec lui.
J'ai demandé le divorce et lui ai cédé ma part de la maison que nous avions achetée ensemble ainsi que ma bagnole. Je suis partie avec de quoi me changer et une brosse à dents. Pas un sou en poche. Sure de moi, de ma décision, de mes perspectives. sans travail, sans logement !...
Je ne me souviens plus du nom des A.D. qui m'étaient prescrits à cette époque. Je me souviens du commentaire du psychiatre que je consultais quelques temps plus tard alors que j'étais de nouveau coincée dans ce que j'appelais le couloir de la mort.
- "pfff, le truc à ne pas donner à un bipolaire"
C'était il y a un peu plus de 10 ans et la 1ère fois que j'entendais le terme de bipolaire. Peu de temps après, je le trouvais partout dans la presse.
En 2014, un psychanalyste que je consultais depuis quelques semaines m'a demandé de bien vouloir lui raconter l'histoire de ma mélancolie.
Les chapitres de son histoire sont clairs, nets et précis : 5 grosses dépressions (T.S. ou vives pulsions), 4 épisodes maniaques et depuis 2012 évitement.
Le mal de vivre et la mélancolie eux au moins sont constants, c'est plus rassurant.

[tatoo]

Wow je me sens moin seul du coup
vos histoires sont les miennes c dingue ça
Et ma psy ma dit que dépassé la 40ainne ça s'empire

[Louise]

Je comprends tellement de quoi tu parles, Cereza !
Parmi mes troubles du comportement, il y a le workaholisme.
Je peux travailler 12 heures sans interruption. Sans manger. Et pour le coup... presque sans fumer ! C'est à dire que je te descends un paquet de clops dans la journée si je suis oisive. Quand je me noie dans le travail, je tiens facilement 4 heures sans besoin de fumer.
Je sors. Je picole. Et avant de me coucher, je prépare un gâteau à apporter le lendemain au bureau.
Dans ces périodes, je peux toujours fumer du cannabis ça ne m'empêchera pas de grimper au rideaux.
Pareil, je savais parfaitement comment ça allait se terminer en 2012.
Je re-consultais depuis 18 mois quand je me suis écroulée. Mais ce serait trop facile d'accabler la thérapeute qui m'accompagnait. Même si je nourris aujourd'hui beaucoup de réserve envers les psychanalystes qui ouvrent cabinet nourris de leur seule propre expérience de la psychanalyse. Mais je dévie. Je n'arrivais pas à lever le pied. Je ne voulais pas que ça s'arrête. Je savais. Mais je voulais en profiter au max. Culpa mia.

[Cereza]

En ce moment, c'est terrible, parce que je dois compter sur moi-même pour m'en sortir.
Mon père n'est pas très motivant, même si il essaie, ma mère indifférente. Je ne sais pas à qui parler autour de moi parce que je me rends compte que les fréquentations que j'ai ne m'aideront pas à me sentir bien (pb de drogue, alcool... d'ailleurs ça me faisait rire en phase maniaque, le côté rock'n'roll, maintenant plus du tout... c'est juste pathétique).
Je ne peux pas y arriver seule en ce moment et en même temps je ne sais plus vers qui me tourner.
J'ai l'impression qu'il n'y a pas que la bipolarité qui cloche chez moi. >< un espèce de sac de nœuds dans la tête... Je suis épuisée de me battre, parce que je me rends compte que je ne brasse que de l'air même en phase maniaque. Je me sens complètement larguée et j'ai envie que tout s'arrête parce que dans ces conditions je n'arrive pas à espérer une vie normale.
Comment faites vous pour vivre normalement? Pour vous accrochez?
Personnellement, je n'y arrive plus

[tatoo]

C'est dur tous les jours. ...
mais moi j'ai un traitement et je vais voir une nouvelle psy
à part ça je peut parler à personne non plus sur ma maladie
mon conjoint a juste peur que je refasse une tentative de suicide ou que je redevient "zombie" avec les traitement
ma fille il faut que je lui cache je fait de mon mieux...
mais j'ai des peurs tous les jours et je suis jamais tranquil sauf quand je dorm...

[Louise]

Je tiens le coup pour ma soeur et pour ses 2 enfants. Jusqu'à ce qu'ils soient assez grands pour veiller sur elle. Et parce que je serais incapable de leur faire endurer ça. Mon absence leur pèse et les perturbe, je me raccroche à ça. Ils me réclament, je les néglige. Pour eux, je dois m'en sortir.

[tatoo]

T'as raison Louise
il nous faut de quoi s'y accrocher
et côté travail ça va comment?
Moi j'ai pas envie d'y penser ça m'angoisse