Dépression sans raisons ?

[Deoxys]

Bonjour à tous,

Je viens avec ce titre bizarre (et qui rime) car je me pose une question.

En effet, je suis actuellement en état dépressif mais il n'y a pas vraiment de raison, dû moins pas un flagrant. Pas de deuil, de déception amoureuse ou autre. Actuellement, le seul vrai problème que j'ai dans ma vie, c'est la dépression et ses conséquences (baisse d'énergie, problème de sommeil, etc.). Sans elle, je pense avoir toute les cartes en main pour être heureux.

Tout cela a été d'autant plus culpabilisant, avant de reconnaître ma dépression, car je ne voyais pas d'où venais ce manque de volonté, d’énergie et de motivation .Je me prenais vraiment pour un minable.

Bref, pensez vous que la dépression puisse tomber sur quelqu'un sans raison comme une mauvaise grippe où il y a t'il toujours une cause ?

PS : Ma vie n'est pas parfaite, j'ai aussi des démons. Principalement mon père qui a toujours été dur avec moi. Mais qui n'a pas de problème.

PS2 : Désolé, si j'ai mis dans ce message des stéréotypes stupides sur la dépression.

[Clopinnette]

je suis actuellement en état dépressif mais il n'y a pas vraiment de raison, dû moins pas un flagrant.

Peut-être pas flagrant. Mais ceux qui ne sont pas en état dépressif, ont-ils donc besoin d'en indiquer les raisons ? Alors quoi nous ?

c'est la dépression et ses conséquences (baisse d'énergie, problème de sommeil, etc.). Sans elle, je pense avoir toute les cartes en main pour être heureux.

Cela ne sont pas les conséquences de la dépression, mais la dépression elle-même.

pensez vous que la dépression puisse tomber sur quelqu'un sans raison comme une mauvaise grippe où il y a t'il toujours une cause ?

Je pense que c'est comme avec la grippe: Il y a toujours une raison.

Ma vie n'est pas parfaite, j'ai aussi des démons.

Cela m'étonnerait beaucoup que quelqu'un ait une vie parfaite.

Principalement mon père qui a toujours été dur avec moi. Mais qui n'a pas de problème.

Il n'a pas de problème, lui ! Coup classique !

[Mélina]

Bonjour Deoxis,

Je réponds un peu tardivement à ta question mais j'espère pouvoir t'apporter quelques billes.

Pas besoin de faits manifestes, violents, évidents, anormaux, exceptionnels pour vivre une dépression.
Une mésentente, un désamour, un étouffement quelconque dans les relations familiales dans l'enfance et l'adolescence, ou dans les relations amoureuses, amicales, suffisent à faire "plonger" dans la dépression. La plupart du temps, les sources sont multiples, et très souvent, elles sont affreusement banales. Mais notre vécu de ces choses si banales peut être très douloureux.
Cette douleur peut être étouffée longtemps, parce qu'elle menace d'autres sentiments: la fidélité, l'amour que l'on porte à nos proches, le désir de nous conformer à ce que nous croyons qu'ils attendent de nous, etc. Et puis un jour elle demande à se faire entendre, à être vécue, elle absorbe l'énergie psychique, nous rendant indisponible à l'existence: c'est la dépression.

Au final, une dépression, qu'est-ce que c'est?
Un fonctionnement du cerveau qui provoque de la souffrance.
Si le cerveau s'est mis à fonctionner de cette façon-là, c'est parce qu'il n'a pas trouvé d'autres façons de fonctionner, qu'il s'est protégé de quelque chose.

L'histoire d'une dépression, c'est souvent l'histoire d'une douleur étouffée qui finit par se frayer un chemin pour s'exprimer malgré nous. Parce qu'en étouffant la douleur, on s'use, on se fatigue, on se blesse. Alors, en gros, le cerveau abaisse son régime de fonctionnement et c'est là que survient le retrait, la sensation de ne plus avoir d'envie.
C'est une parole de souffrance souvent qui demande à sortir du silence. Quand bien même les sources, les origines de cette souffrance dans ce que l'on a vécu peuvent paraître très anodines. Le ressenti n'est jamais anodin.

J'ai beaucoup aimé ta réaction, Archaos, pleine de justesse à mes yeux.
Oui, ton père n'a peut-être pas de problème personnel, Deoxis. Mais cela ne signifie pas que son comportement ne puisse pas provoquer de la souffrance chez autrui. Cela ne signifie pas que son comportement est juste envers ses proches, cela ne signifie que ce serait un tort que de remettre en question les relations que tu as pu entretenir avec lui, cela ne signifie qu'il ait eu raison.

Je ne suis pas en train de le juger, je te dis juste que le fait que tu penses qu'il va bien n'a rien à voir avec ce que toi tu ressens, ni avec le fait que ta souffrance soit légitime et fondée.
Je dis cela parce que tu as parlé de la dureté de ton père, mais rien ne dit que l'origine ou les origines de ton mal-être résident dans les relations que tu entretiens avec lui.

De la même façon, le cerveau est bel et bien une partie de notre corps. Ses dysfonctionnements sont réels, ils ont un ancrage physique. Ils n'apparaissent pas par l'opération du Saint-Esprit. Il y a toujours une cause à une maladie. Une maladie ne s'invente pas toute seule pour le plaisir de s'inventer. Elle a toujours une raison d'avoir lieu.

De façon générale, une maladie est une adaptation douloureuse à une situation dangereuse pour le corps et son intégrité. Qu'il s'agisse d'une angine ou d'une dépression, qu'il s'agisse de l'estomac ou du cerveau, c'est le même problème au final.
La dimension psychique, et sa complexité, notre conscience des choses, notre rapport moral au monde nous font souvent perdre cet aspect de vue.
Pourtant, du point de vue du corps, une dépression et une angine sont au départ exactement la même chose: des dysfonctionnements organiques.

Voilà, j'espère avoir un peu répondu à tes questions. Et ne pas t'avoir blessé ou outrepassé une certaine limite en évoquant tes relations avec ton père, car ce n'est vraiment pas mon intention.

[amand]

Normal de ne pas savoir la cause de ma dépression?

Moi, j'ai l'impression que c'est ma dépression qui fait que j'arrive pas à me sentir capable de travailler, que j'ai du mal à parler, que j'ai une vision triste sur tout et que j'ai changé complètement de personnalité. Mais je ne sais pas pourquoi je suis devenue l'antithèse de moi-même. Votre dépression à vous est-elle aussi intervenue sans raison?

[Jeupapier]

Bonsoir,
Lorsque tu décris les symptômes de ta dépression je pense que beaucoup se reconnaitront dedans ...
Cependant dans mon cas ce n'est pas venu "comme ça" sans aucune raison, je sais pourquoi aujourd'hui je ne me sens pas bien ...
Je pense que pour toi aussi il doit y en avoir une, mais que tu ne l'as pas trouvé (ou pas encore)
Si ce n'est pas d'ordre affectif cela est peut-être dûe à un truc physique (je ne m'y connaît pas beaucoup sur le sujet ).
En tout cas, c'est ce que je pense, je ne suis pas du tout un connaisseur sur la question donc ne me prend mon pavé que pour un avis comme un autre ^^.

[amand]

Bonsoir,

J'avais peur depuis longtemps de rentrer dans la vie active car ces idées "d'infini", de "pas de vacances", de "peu de temps avec mon ami" me faisaient peur. J'avais aussi peur de ne pas trouver un travail qui me plaise. Mais là, je pars du principe qu'aucun travail ne peut m'enthousiasmer. Mais j'ai l'impression que c'est la conséquence de la dépression et non son origine. Merci beaucoup de ton avis en tout cas.

[Jean-François]

Tout d'abord bonsoir à tous.

Je me présente je m'appelle Jean-François, j'ai 23ans et je suis étudiant.

Voilà depuis 6 mois déjà il m'arrive des choses qui ne m'étaient jamais arrivées.

Du mois de septembre à fin octobre j'ai sombré dans un état dépressif. Quand j'étais sur le chemin pour aller à l'école je stressais sans aucune raison. Une fois arrivé à l'école je m'isolais sans savoir pourquoi ou alors j'étais vraiment négatif quand je parlais à mes amis. Une fois rentré chez moi le soir j'allais directement dans mon lit après avoir mangé , la tv ne m’intéressait plus. Ce qui m'étonne c'est qu'aucun élément ne justifie ce qui s'est passé. J'aurai dû plutôt être heureux car j'avais réussi mes examens de seconde session.

En novembre, j'ai eu un mois normal sans problème, j'étais en pleine forme. Mais depuis fin décembre il m'arrive de nouveau d'être assez bizarre. Des jour je me lève et je me demande pourquoi je suis en vie. Il m'est arrivé une fois de sortir faire des courses et j'étais incapable de regarder les gens en face. Vendredi et samedi passé, j'ai été triste toute la journée sans raison apparente et je n'avais aucune motivation. Ce qui est grave c'est qu'à cause de ça j'ai pas su étudier correctement pour un examen car j'étais ailleurs et donc je l'ai raté.

Je ne sais pas comment réagir car je n'ai pas envie de rater mon année à cause de ça car si ça se répète ça sera tous mes examens que je vais rater. Au delà de ça je me demande ce qu'il m'arrive car j'ai pas envie que ça recommence de manière aussi grave que durant les deux mois de dépressions.

Vous pensez quoi de mon cas? Vous avez déjà vécu ça? Comment dois-je faire pour que tout cela soit du passé?

Merci d'avance
J-F

[béance]

Bonjour Jean-François et bienvenue à toi

Ce que tu décris a l'air assez inquiétant, surtout si cet état te tombe dessus comme ça sans que tu saches pourquoi.

Peut-être pourrais-tu dans un premier temps parler de tout ça à ton médecin traitant ? Qu'en penses-tu ?

[Jean-François]

Merci Béance pour ta réponse. J'ai déjà songé d'aller chez le médecin, mais à chaque fois je rebute car je ne saurai pas lui expliquer ce que j'ai dit plus haut sans être gêné. j'en ai parlé à mon meilleur ami une fois et je lui avais dit que j'allais aller voir mon médecin et il a insinué que bon j’exagérais car pour lui tout le monde a des passages à vide et donc je ne suis pas allé.

[béance]

Qu'est ce qui te gène par rapport à lui ?

[Jean-François]

Je sais que ça peut paraitre ridicule mais parler de ses problèmes en face à face j'ai vraiment du mal. Quand j'en ai parler à mon meilleur ami j'ai eu l'impression de me rabaisser devant lui. Mais bon je pense que je n'y couperai pas si ça recommence je suivrai ton conseil et j'irai consulter mon médecin

[béance]

Non ce n'est pas ridicule, ce n'est pas facile du tout de se livrer, comme ça...

Et tu as l'impression d'être un peu sorti de ce passage à vide ou pas encore ?

[Jean-François]

Tout de suite oui mais comme je l'ai dit dans le premier message ça part et ça revient sans raison apparente. Je peux être bien tout de suite et au soir sombrer.

[Philosss]

Je ne répondrai qu'à ton titre même si j'ai lu l'entièreté des échanges et commentaires des autres incluant ton copain qui semble minimiser ta révélation.


Mettons les choses au clair:

tu es un jeune homme de 23 ans
tu ressens des assauts de malaise inexplicable et des regains de mieux être comme si rien ne s'était produit
manifestement, cela t'inquiète suffisamment pour faire une recherche personnelle sur l'objet de tes malaises puisque tu débarques ici sur un forum-dépression
tes up and down reviennent périodiquement et parfois te prennent par surprise

ce que je retiens, c'est que ton malaise revient

C'est suffisant à mon avis pour faire la liste de tes malaises par écrit sans te censurer et apporter ton papier chez le médecin.

Consulter le médecin d'une part te rassurera et d'autre part, si ces périodes de malaise sont des signaux d'alarmes que quelque chose ne va pas bien, tu seras au meilleur endroit pour débuter ton investigation médicale avec l'accompagnement d'un médecin.

l'idée principale étant de ne pas te censurer toi-même en expliquant tes symptômes au médecin.

Ceci dit, personne n'a le droit ni la compétence autre qu'un médecin pour vraiment t'aider au sens que tu le demandes.

Évidemment, tu pourras recevoir divers hypothèses, moi-même j'en ai à la lumière des infos que tu transmets, mais seul un médecin (ou psy) pourra vraiment t'aider.

Courage! Tu as 23 ans. C'est jeune et ce serait vraiment malheureux que tu traînes le fardeau de tes malaises répétitifs durant plusieurs années comme plusieurs personnes le font. Courage et oui je t'encourage à aller voir un médecin et te dénuder l'âme pour te faire aider. Là dessus, il n'y a que toi qui pourra agir et savoir une bonne fois pour toute pourquoi tu vis ces variations qui manifestement t'empoisonnent la vie.

Donne des nouvelles

[béance]

Tout de suite oui mais comme je l'ai dit dans le premier message ça part et ça revient sans raison apparente. Je peux être bien tout de suite et au soir sombrer.

C'est donc susceptible de revenir...
Il serait peut-être judicieux de prendre ton courage à deux mains et d'y aller au moment où tu vivras un nouveau down.
Et puis comme ça ton médecin se rendra compte de l'étendue des dégâts...

[Jean-François]

Merci beaucoup pour votre soutien et vos conseils.