La dépression vous éloigne t-elle de la réalité de la vie?

[Sero26]

Bonsoir ,

J'expérimente l'état déprimé depuis maintenant 3 ans et le découragement couplé au sentiment fort d'incurabilité présent chez moi qu'occasionne la maladie me rend peu réactif et sérieux dans ma prise en charge médicamenteuse pourtant essentielle vu l'état de fatigue , d'incapacité et de déprime dans lequel je suis ... Bref c'est pas pour ça que je viens à vous ce soir .

Depuis que je suis tombé dans le piège de la dépression , j'ai un douloureux sentiment de vie en suspend , que les jours passent et se ressemblent dans leur monotonie et leur tristesse/fadeur même si je me bouge comme quelqu'un de "normal" . J'en viens à ma question : Est ce qu'avez vous ces sentiments et la dépression éloigne t-elle la personne de lui même et de la réalité de la vie en général ?

[Prisoner]

Oui c'est tout à fait vrai.

[Philosss]

Absolument.
La vie devient suspendue dans le vide d'où l'importance de maintenir la base, c'est-à-dire une hygiène de vie


Hygiène de vie

Se nourrir adéquatement au quotidien avec de bons aliments en quantité et qualité suffisante (pas uniquement se nourrir de pizza du congélo par exemple)
Prendre sa médication à heure fixe et tous les jours exactement comme le médecin le prescrit
Dormir la nuit, rester éveiller le jour (pas de sieste le jour si difficulté de sommeil)
Sortir au quotidien prendre l'air, idéalement faire de l'exercice
Faire des activités donnant du plaisir (bonne chance si vous en avez ou si vous en trouvez)
Ne pas se saboter
Ne pas entrer dans la rumination et se développer des automatismes pour se parler à soi-même et dire STOP (déviation de pensées)
Éviter tout ce qui nourrit la nostalgie
etc

Facile à dire, pas facile à faire j en conviens (dormir, alimentation, auto-sabotage, rumination menant à la crise de panique etc. sont mes zones les plus délicates et depuis le temps que j'ai le diagnostic, ces éléments sont très très variables et au moindre petit choc, je replonge sec)



On sait comment débute une dépression, on la vit, on la subit mais quand on en sort assez pour être fonctionnel et retrouver un minimum d'attrait pour vivre, seulement vivre et respirer sans se sentir perpétuellement au bord du gouffre...c'est pas mal une autre histoire.

As-tu un suivi psychiatrique et thérapeutique/psychologique?
Bon courage même si vivre est décourageant bien souvent.

[Sero26]

En fait tout ce dont tu parles je le maintiens mais je n'en tire aucun bénéfice et de remarquer la décalage entre avant la dépression et en plein dedans , de voir à quel point cette maladie fait perdre le fondement et la notion de vivre , je t'avoue que tout les jours ça me choque et me fait froid dans le dos ... Cette impression de néant et de passer à côté de sa vie alors que tous les éléments qui devraient faire que je suis heureux (une famille qui m'aime , une situation financière confortable , des résultats très correctes en cours même si je n'ai pas la tête aux études , des amis qui sont toujours à me proposer un truc à faire et qui m'apprécient beaucoup ... ) sont devant moi . En fait faisons nous semblant de vivre quand on est en dépression ? Nous sommes nous arrétés en cours de route dans notre évolution à cause des déceptions et des souffrances ? Comment expliquer et comprendre qu'on ait perdu tout goût et tout plaisir à vivre ? C'est dingue , on essaie de se remettre dans des situations qu'on maitrisait et qui nous apportaient que du bonheur mais même ces ptites choses du quotidien ne font plus partie de notre vie et sont devenues complètement fades , vides et sans intérêt .

Pour repondre à tes questions , oui je suis suivi mais je songe à changer de psychiatre car je le trouve pas assez disponible et il est pas mal loin de chez moi , obligé de prendre le train . tu vois j'avais commencé le prozac , j'ai vu qu'au bout de 3 semaines j'avais encore des idées noires et que ça ne me faisait rien , je me disais que ça faisait court comme délai et que vu la gravité et l'ancienneté de ma dépression il faudrait surement augmenter encore le dosage mais mon découragement et mon désespoir m'ont fait tout arréter alors que j'avais besoin d'être rassurer et qu'on me pousse à patienter , ce que mon psychiatre n'a pas pu faire étant donné que c'est très difficile de l'avoir au téléphone . donc me voilà sans traitement avec ma dépression bien installée et là j'attends lundi et mon rdv pour savoir quoi faire : reprendre le prozac ou un autre mais je pense lui demander de me mettre direct à forte dose parce que j'en peux plus , quitte à avoir des effets secondaires , de toute façon ça ne pourra pas être pire que ma situation actuelle .

[Moinou]

Bonsoir Sero !

donc me voilà sans traitement avec ma dépression bien installée et là j'attends lundi et mon rdv pour savoir quoi faire : reprendre le prozac ou un autre mais je pense lui demander de me mettre direct à forte dose parce que j'en peux plus , quitte à avoir des effets secondaires , de toute façon ça ne pourra pas être pire que ma situation actuelle .

Mais il faudra quand -même que tu patientes au moins 4 à 5 semaines avant de déduire que l'ad ne marche pas.
Les médecins disent 2 à 3 semaines mais selon les personnes c'est plus ou moins long.
Pour moi, c'est très long.

[Sero26]

Oui je sais que c'est long mais justement du fait de la maladie le rapport au temps est très déformé et un jour parait une éternité alors quand je vois qu'au bout de 3 semaines rien n'a un minimum changé , j'arrète tout parce que j'ai l'impression que ça fait 1 an que je le prends , bref c'est compliqué et puis c'est toujours très frustrant de sentir que l'ad marche pas et qu'on a attendu pour rien .

[Moinou]

Oui mais si tu arrêtes au bout de 3 semaines alors que l'ad aurait fait effet au bout de 5, tu as perdu du temps pour rien !
Là, ton psy va peut-être te prescrire un autre ad et tu vas repartir pour plusieurs semaines d'attente alors que si tu avais continué le prozac, peut-être qu'aujourd'hui, ça irait mieux.
Peut-être ou pas. On ne peut pas savoir. C'est pourquoi il faut être patient.

[doloplus]

Oui c'est dur d'attendre un éventuel salut du traitement. Tu as parfaitement raison losrque tu dis que le temps n'est plus le même dans cette maladie. Je connais bien ce sentiment d'incurabilité face à un traitement qui ne fait pas ses preuves (8 AD en 2,5 ans ).
Je te souhaite beaucoup de courage dans cette attente.
Doloplus.

[Sero26]

Courage à toi aussi ... Je ne connais pas ton parcours avec les ADs mais moi je n'ai vraiment pas été bien suivi car conseillé par un généraliste qui atteint vite ses limites avec les maladies psychologiques alors que s'y prendre efficacement tôt est primordial . Bref j'ai ma part de responsabilités mais les médecins aussi (psychiatres et généralistes confondus ) , je trouve qu'il y a plus de mauvais que de bons , pas assez à l'écoute du patient ce qui nous culpabilise encore plus .