Je culpabilise face à mon ami car je suis en dépression

[scorpionne]

Bonjour,

juste le besoin de parler parce que ce sentiment de solitude est écrasant .... et de culpabilité comme je l'écris dans mon titre.

Hier matin, j'ai fais une crise d'angoisse (j'en fais de plus en plus) en présence de mon copain (nous sommes ensemble depuis 3 mois). Pourtant nous étions bien, dans un contexte normalement sécurisant, mais j'ai commencé à trembler, et la peur de trembler m'a fait craquer. J'ai quitté la table au petit-déjeuner en transe, me suis isolée dans la chambre.

Là j'aurais eu besoin de parler, qu'il vienne me réconforter mais il n'a pas le réflexe. Il a besoin d'une femme solide. Souriante, heureuse de vivre.
J'étais morte de honte en revenant à la cuisine. Je me sentais encore plus mal.

Il ne comprenait rien à mon attitude et je n'ai pas su trouver les mots pour l'éclairer, ne me sentant pas "comprise" (en fait c'est un cercle vicieux).

J'aurais voulu effacer cet incident terrible.
Mais il faut ensuite assumer
Je le sens vraiment désemparé face à mon problème, et cela le rend triste au point qu'il a pleuré hier, j'étais totalement démunie.

Et le pire c'est ce matin. Il m'envoie un mail, pas très démonstratif, simplement il me dit qu'il n'a pas bien dormi, qu'il a beaucoup cogité
Je me sens coupable, avec la peur grandissante à présent, de le perdre.
Que faire ??? il est mon seul secours mais je ne peux pas être un poids pour lui
Alors ne plus le voir ? le préserver ? quel choix se présente à moi maintenant ? j'ai l'impression d'être un "monstre" malsain.

[beauaime]

Tu n'as aucune raison de culpabiliser ...je vais te confier une chose.... j'ai fini par penser finalement que les gens qui ne l'étaient pas "dépressifs ou dépressives" étaient des personnes tout simplement insensibles à tout ... voire froides ... donc j'ai fini par considérer que les personnes dites "dépressives" étaient en définitive bien plus humaines que toutes les autres... et le sensible est pour moi proche du beau....du pur .. DU COEUR...mais tu n'as pas à culpabiliser ...vous vous aimez .. parlez vous... en espérant cependant qu'il y ai un émetteur et un récepteur..

[scorpionne]

Bonsoir, merci pour ton mot, ça fait du bien de se sentir comprise.

Disons que justement, je n'ai aucunement l'impression qu'il y a entre nous un récepteur. Émetteur oui (moi) mais récepteur, non.

Pour lui, je pense que les "maladies de l'âme" relèvent plus de la faiblesse et du laisser-aller, qu'autre chose. Je me sens très seule et inconsidérée dans ma dépression, et jugée.

Il m'en demande beaucoup, je fais tout pour donner le change. Il voulait absolument aller faire du vélo ce soir, je me suis efforcée de venir malgré ma fatigue, mon manque d'envie, pour lui faire plaisir. Mais j'ai toujours l'impression que c'est moi qui me force pour faire plaisir, mais à l'inverse il n'y a rien. Je ne fais que suivre ... et en prime je culpabilise quand, parfois, je craque.

J'apprécie ta façon de considérer les gens dépressifs. C'est certain que nous sommes des gens émotifs et ultra sensibles, par la force des choses. Les gens qui ne mesurent pas, ni ne comprennent pas la dépression, pire, qui la jugent, me font l'effet de cette imbécilité heureuse que, j'avoue, parfois j'envie ....

[Charlie1]

Bonsoir scorpionne,
Mon ami a mis des mois pour m'avouer qu'il était bipolaire. Même son meilleur ami ne le sait pas. Je prends donc cet aveu comme une preuve d'amour, ou tout du moins de confiance.
On en parle parfois, j'ai besoin de comprendre alors je pose des questions et surtout je m'informe (livres, internet...) Malgré celà je commet parfois des maladresses mais j'y met tout mon coeur.
Je n'ai plus de nouvelles depuis 11 jours maintenant mais je continu à apprendre, parce que je l'aime...
Pour comprendre un depressif il faut s'informer beaucoup et n'hésite pas à lui parler de ce que tu ressens...
Moi, il me parlait même de ces hallucinations.
Courage et merci pour tes témoignages.

[scorpionne]

Merci à toi. Je pense que tu aimes très fort ton ami.

Je ne ressens hélas pas cet amour de la part de mon ami. Est-ce par pudeur, mais je n'ai jamais senti qu'il s'intéressait à ce que je pouvais ressentir, je ne l'imagine pas du tout se documenter, renseigner. Il me trouve simplement bizarre et instable.
J'ai eu mon ex ami, qui lui se souciait beaucoup plus de cela, et je me sentais vraiment soutenue, écoutée. Il avait connu la dépression, donc il me comprenait parfaitement. Je pouvais me tourner vers lui en permanence.

C'est là la différence, même si la vie a fait qu'on s'est perdus. Mais avec mon ami actuel, même les discussions sont délicates, et puis je sais qu'il ne veut pas d'histoire compliquée, dans la mesure où sa précédente femme est décédée, il aspire à du calme, quelque chose de simple et je peux tout à fait le comprendre.

J'ai trouvé sur le forum, beaucoup de jeunes femmes comme toi, très courageuses, très amoureuses et très patientes envers leur ami. C'est un grand service pour eux, et ils ne vous lâcheront pas. Mais courage, car c'est beaucoup de patience et d'ouverture, comme tu le montres si justement.

[jessie]

Bonjour Scorpionne!

Tout d'abord, tu n'as absolument pas à culpabiliser vis-à-vis de ton ami! En effet, il veut une femme forte, stable, etc... comme nous tous! Mais être en dépression est une maladie, pas un état d'âme et encore moins un laisser-aller!!!
Si tu avais les deux jambes cassées par exemple, il ne te demanderait pas de faire un 100m, et il ne te quitterait pas parce que tu ne peux pas. Il ne se poserait pas la question!
Donc, tu n'as pas à culpabiliser, ni à te "sacrifier" pour lui. Les efforts doivent venir des deux côtés, pour une relation stable et équilibrée.

De ce fait, tu peux peut-être lui expliquer que la dépression est une maladie, qui n'est pas contagieuse, et que tu as besoin de son soutien et de son réconfort, au même titre que si tu avais n'importe quelle autre maladie, qui nécessite un suivi et un traitement. Ne pas hésiter à lui dire qu'on en guérit, mais que ça prend du temps. La dépression est aussi une épreuve pour grandir, pour devenir plus mûre et mature. Ce n'est pas un drame d'être en dépression.

Enfin, tu dois te ménager, te préserver, prendre soin de toi. Guérir et mener une vie normale sont très difficile. Il ne faut pas "t'oublier" dans cette reconstruction personnelle. Entoure-toi de gens positifs, qui t'aideront à traverser cette épreuve, plutôt que de gens qui te prennent toute ton énergie!

Voilà. J'espère ne pas avoir été trop brusque et impérative. Ce n'est pas facile pour moi de m'exprimer, alors prends ce qui t'aide et jette le reste!

[scorpionne]

Bonjour Jessie,

je viens de voir ton message, merci

Je ne t'en veux pas de ta fanchise et de ce que tu peux me dire. Tout est vrai.

Je pense que le "vrai" souci c'est mon ami qui, aussi gentil soit-il, ne supporte pas "la maladie" et encore plus les défaillances mentales et psychiques. Pour dire, ses parents vieillissants, commencent à perdre la mémoire, sa mère a Alzheimer : au lieu de tenter de comprendre et de prendre du recul, il la houspille, s'énerve et veut la secouer.
Cela le rend nerveux et agressif sans doute parce que cela l'effraie, lui échappe.

Enfin, tu dois te ménager, te préserver, prendre soin de toi. Guérir et mener une vie normale sont très difficile. Il ne faut pas "t'oublier" dans cette reconstruction personnelle. Entoure-toi de gens positifs, qui t'aideront à traverser cette épreuve, plutôt que de gens qui te prennent toute ton énergie!

Le souci c'est que je n'y arrive pas je passe "ma vie" au travail (je fais en + de la route pour aller travailler ...) et le reste du temps je suis au garde à vous pour lui. Ce we on a encore fait 500 km aller-retour en moto, j'étais épuisée, j'ai failli m'endormir à l'arrière et là ça doit faire mal quand ça chute

Il me prend énormément d'énergie, et encore que j'arrive à éviter les situations intolérables pour moi qu'il veut souvent m'imposer. Par exemple du sport ou faire des courses après le boulot
Mais j'aurais juste besoin de dormir. Vendredi je n'ai même pas pu aller travailler (j'ai passé la matinée à dormir et j'étais quand même fatiguée ....).

Que c'est dur ....

[noella]

bonjour scorpionne

en lisant ton histoire, j'ai bien l'impression que ton ami te "force" à bouger car il pense que c'est la solution pour toi..quand je te lis, je pense qu'il n'a pas compris que "forcer" un dépressif à se bouger, ne sert à rien (enfin dans mon cas, c'est comme çà).

ce que tu pourrais faire, c'est trouver un truc bien écrit sur ce qu'est la dépression, qui explique bien cette maladie, sans la noircir afin que ton ami comprenne que tu as besoin de te reposer plus que lui !!! ...qu'il prenne conscience de ce qui est bon pour toi...trouve un truc écrit par un spécialiste afin que ce soit crédible à ses yeux.

et puis, boulot et trajet, c'est bien normal que tu fatigues ...pense à toi ! prends soin de toi ; et de cette façon, tu pourras quand tu iras mieux prendre soin de lui...

quant au regard des gens non dépressifs sur les dépressifs, il est énervant mais bien compréhensible ...vraiment, je crois que tant que l'on n'est pas passé par là, on ne comprendra jamais vraiment...pour moi, la dépression est une maladie et on peut avoir une immense volonté, être un battant et tomber en dépression ...je connais bcp de dépressives qui sont aussi de vraies battantes et puis, chaque dépression est unique ; chacun d'entre nous, humains, sommes suceptibles un jour de tomber en dépression...il suffit qu'un évènement raisonne dans notre faille ...nous sommes TOUS faillibles.

plein de courage à toi