Ma mère s'inquiète pour ma dépression

[Nove]

Bonjour à tous.
Ma mère s'inquiète beaucoup à mon sujet, notamment par rapport à ma dépression. Elle me voit mal, elle connait les grandes lignes du pourquoi( mon départ de chez elle + le décès de ma grand mère). Alors que je lui parlais de l'ALD, pour avoir son avis, voilà ce qu'elle m'a répondu, par la suite :

" Là, tu parles de troubles lourds, très lourds, qui n'ont rien à voir avec ce que tu vis. L'ALD, effectivement, remboursée, est liée à un arrêt de travail prolongé et très peu rémunéré. Elle regroupe les cancers et certains pathologies psychiatriques, type ce que tu as pu voir lors de ton stage en psychiatrie. Je pense que tu en es loin, non ? Tu veux mon avis clair et sincère : tu vis une vie qui ne te convient pas. Il faut juste que tu admettes t'être trompée, et, je sais, c'est pas facile. Te connaissant, on en est surement loin, mais du coup, tu t'enfermes dans ton angoisse, tu perds du temps, tu te fatigues ... La première chose qu'il faut que tu admettes, c'est : tout le monde se trompe. Mais tout se rattrape, il ne faut juste pas s'obstiner. Tu vis mal dans ta ville : tu déménages. Tu vis mal dans ton boulot : tu changes de taf. C'est moyen, ta vie à deux : n'insiste pas. Et surtout, vis pour toi, pas en fonction des autres. Là, tu fais une bonne grosse dépression, ça c'est sûr. Tu te replies sur toi-même, tu t'inquiètes, etc .... Il va vraiment falloir que tu réfléchisses à ce que tu veux vraiment raisonnablement. Les plans sur la comète, c'est aussi casse-gueule. Il faut préserver l'essentiel, c'est-à-dire un quotidien tranquille, serein, avec un salaire qui te permet de te loger, manger et d'avoir qq loisirs. La vraie vie, c'est juste ça. Et avoir ça, c'est déjà super, crois-moi. Tout le reste c'est du bonus. On est nombreux à ne pas vivre où on veut comme on veut ... mais une fois que le principal est assuré, le reste suit, tout roule. Déjà, pose-toi ces questions là et ensuite tes soucis de santé s'estomperont même s'il te faut quand même un peu d'aide type légère psychothérapie ... Si tu souhaites continuer ta vie de maintenant qui ne te convient pas, il faudra faire avec tes troubles ou tu t'exposes à une aggravation des symptômes. Je sais, je fais vieux con, mais tant pis, je savais dès le départ que ça te ferait souffrir, ces décisions là. Même si je comprends qu'à un certain moment tu les ai prises, pas de problème avec ça. Ca m'attriste de te voir comme ça parce que toi seule peux réagir. Tu es jeune, et tu crois encore en des vies exceptionnelles, passionnantes, etc ... mais ça n'existe pas. La vraie vie ce sont des conditions matérielles acceptables pour que ça passe tout seul, sereinement. (...) Je sais exactement de quoi tu parles, vu que j'ai vécu exactement la même chose au même âge. J'ai divorcé, passé un concours pour changer de métier ... et enfin vécu. Je te jure, je ne te raconte pas de conneries. Je sais quelles souffrances tu endures, et ça ne m'amuse pas du tout. "


Je ne sais pas comment réagir. Pourquoi s'imagine t'elle que c'est ma vie qui me fait souffrir et non mon passé ? Pourquoi devrais je accepter une vie moyenne plutôt qu'essayer de réussir dans ce que je souhaite. Je n'ai pas de réels plans sur la comète, elle n'a jamais accepté mon départ sur Paris, c'est un peu pour elle la ville piège, belle de l'extérieur mais une fois à y vivre c'est l'enfer. Elle ne sait pas où va me mener mon histoire d'amour car mon chéri n'a pas de boulot stable, pas de diplôme au delà du bac, je sais que ça la gène.

Minime t'elle ma dépression pour me dire que je ne suis pas de ces grands malades qui nécessitent l'ALD ? Et à côté elle me dit reconnaitre que je souffre beaucoup...

J'ai pas l'impression d'être mal dans ma vie. J'ai pas l'impression que c'est ca qui me met mal. J'ai l'impression que c'est l'inverse, que c'est la dépression qui entraine le fait que ça n'aille pas dans le reste. Je ne vois pas du tout ce qu'elle décrit, mais si ça se trouve, elle a raison ?...

[incarmal]

Bonsoir Nove.

Tu souhaitais avoir l'avis de ta mère pour ce qui est de l'ALD, elle te l'a donné mais tu es effectivement la personne la plus à même de pouvoir évaluer si tu dois faire les démarches d'une telle demande.
Tu peux aussi poser la question à ton médecin généraliste ou psychiatre pour avoir des avis professionnels. ça te permettrait de te faire une meilleure idée. Ils sont plus à même de te dire si cette demande leur paraît justifiée ou non.

Là, tu parles de troubles lourds, très lourds, qui n'ont rien à voir avec ce que tu vis

Encore une fois c'est toi qui vit la dépression et je sais que les parents ont tendance à minimiser l'impact d'une telle maladie. Maintenant ce que je dis là est une idée générale et l'important serait de savoir ce que toi tu en penses.

Ta mère semble dire que tous tes soucis proviennent du fait que ta vie ne te convient pas et que tu te rends malade de ne rien vouloir changer. Qu'est-ce que tu te dis quand tu entends ces propos? Tu en es où de ta vie? Tu te demandes à la fin de ton message que si ça se trouve elle a raison...Je pense qu'elle est là la première étape à franchir : te poser la question. Que penses-tu de chacun des points qu'elle soulève : Comment vis-tu d'être partie de chez elle?, ton travail?, ton couple? C'est une fois que tu auras dissipé ces questions que tu pourras y voir plus clair sur ce que tu traverses.

Il va vraiment falloir que tu réfléchisses à ce que tu veux vraiment raisonnablement. Les plans sur la comète, c'est aussi casse-gueule. Il faut préserver l'essentiel, c'est-à-dire un quotidien tranquille, serein, avec un salaire qui te permet de te loger, manger et d'avoir qq loisirs. La vraie vie, c'est juste ça. Et avoir ça, c'est déjà super, crois-moi. Tout le reste c'est du bonus.

C'est vrai que c'est un peu ma vision de la vie...et pourtant! cette vie que j'ai choisi a tendance justement à manquer de mordant. Se contenter de "vivoter" comme j'ai choisi de le faire est un choix très personnel et je vois par exemple que mon petit frère a lui fait le choix de vivre d'aventures et de choix osés et je ne trouve pas ça déconnant : C'est son choix de vie. On ne peut pas adopter le choix de vie de quelqu'un d'autre mais faut essayer de trouver le rythme de vie dans lequel on veut s'engager. puis après tout si un jour on veut changer de rythme bah il ne sera pas trop tard pour le faire.

Tu es jeune, et tu crois encore en des vies exceptionnelles, passionnantes, etc ... mais ça n'existe pas. La vraie vie ce sont des conditions matérielles acceptables pour que ça passe tout seul, sereinement. (...

On sent bien que là elle parle de ses propres espoirs déçus et qu'elle a peur que tu vives la même chose mais je ne suis absolument pas d'accord avec ses propos. Toi tu peux parvenir à mener une vie faite de bonheurs et de passions. Ce n'est peut être malheureusement pas son cas mais des tas de personnes arrivées à la fin de leur vie estiment que leur vie a été bien remplie. Il faut que tu mettes de la distances avec ces propos qu'elle tient.

Tu sais, je suis considéré comme quelqu'un qui a une vision plutôt négative de la vie, mais pour autant si je l'applique à moi même, je ne me permettrais pas de vouloir imposer ce point de vu à d'autres personnes qui elles peuvent prendre plaisir à la leur.

Pourquoi s'imagine t'elle que c'est ma vie qui me fait souffrir et non mon passé ?

J'avoue ne pas encore avoir pris le temps de lire ton histoire mais si apparemment il parait important pour toi que ta mère puisse prendre en compte que ton passé à contribué à ta maladie actuelle, il faut garder à l'esprit que c'est d'abord ce que toi tu en penses qui est le plus important.

J'ai pas l'impression d'être mal dans ma vie.

Tout est là. Du coup la question que je me pose est : Qu'est ce qui dans les paroles de ta mère te fait douter au point de dire "si ça se trouve elle a raison"...Quoiqu'il en soit, cet échange que vous avez te permet de te poser des questions et de te positionner mentalement. toutes ces introspections ne sont pas vaines et ce sont elles qui te permettront par la suite de pouvoir réfléchir sur des bases plus solides.

Désolé d'avoir écrit un pavé. j'espère que j'ai été à peu près compréhensible.

Je te souhaite beaucoup de courage et de sérénité dans tes réflexion.

[Nove]

Bonsoir Incarmal, merci de ta réponse !

Tu souhaitais avoir l'avis de ta mère pour ce qui est de l'ALD, elle te l'a donné mais tu es effectivement la personne la plus à même de pouvoir évaluer si tu dois faire les démarches d'une telle demande. Tu peux aussi poser la question à ton médecin généraliste ou psychiatre pour avoir des avis professionnels. ça te permettrait de te faire une meilleure idée. Ils sont plus à même de te dire si cette demande leur paraît justifiée ou non.

J'ai finalement décidé de ne pas faire cette démarche, pas à cause de ces propos mais je me suis renseignée et je pense que ça ne va rien m'apporter.

Ta mère semble dire que tous tes soucis proviennent du fait que ta vie ne te convient pas et que tu te rends malade de ne rien vouloir changer. Qu'est-ce que tu te dis quand tu entends ces propos? Tu en es où de ta vie? Tu te demandes à la fin de ton message que si ça se trouve elle a raison...Je pense qu'elle est là la première étape à franchir : te poser la question. Que penses-tu de chacun des points qu'elle soulève : Comment vis-tu d'être partie de chez elle?, ton travail?, ton couple? C'est une fois que tu auras dissipé ces questions que tu pourras y voir plus clair sur ce que tu traverses.

Quand j'entends ces propos, je ne lui dit rien à elle, car je ne veux pas partir en guerre : nous ne sommes et ne serons jamais d'accord sur mes choix de vie, c'est un acquis. J'estime qu'elle a tort. La seule chose que j'ai envie de changer, c'est mon lieu de vie : je veux un appart plus grand mais ce n'est pas quelques m² en plus qui soignerons ma dépression. Un déménagement n'est pas à l'ordre du jour pour le moment car Paris m'offre pas mal de belles éventualités, de beaux services à conquérir et mettre sur mon CV et ça, j'y tiens. Je n'ai pas perdu mon ambition professionnelle Pour mon couple, c'est ma dépression qui entraîne les difficultés que nous rencontrons, et elles restent moindres : problèmes sexuels, manque de confiance en moi, peur d'être délaissée à cause de mon état. La situation financière dans laquelle nous sommes n'est ni à plaindre ni à envier, mon ami cherche un meilleur boulot et l'idée qu'il n'ai pas de super diplôme ne me dérange pas, hors c'est quelque chose de très important pour ma mère, d'où son ressenti et sa probable inconsciente envie que je trouve quelqu'un d'autre. Être partie de chez elle a entraîné beaucoup de choses, surtout de la douleur, ça a été à l'origine de ma première dépression (du moins : les raisons qui m'ont poussé à partir). Ce n'est plus d'actualité, je lui rend visite avec joie maintenant, et on évite ce sujet facheux car le dessus non plus nous ne sommes jamais d'accord.

C'est vrai que c'est un peu ma vision de la vie...et pourtant! cette vie que j'ai choisi a tendance justement à manquer de mordant. Se contenter de "vivoter" comme j'ai choisi de le faire est un choix très personnel et je vois par exemple que mon petit frère a lui fait le choix de vivre d'aventures et de choix osés et je ne trouve pas ça déconnant : C'est son choix de vie. On ne peut pas adopter le choix de vie de quelqu'un d'autre mais faut essayer de trouver le rythme de vie dans lequel on veut s'engager. puis après tout si un jour on veut changer de rythme bah il ne sera pas trop tard pour le faire.

Tout à fait ce que je pense. Je ne suis pas quelqu'un qui veut "vivoter" comme tu dis, même si c'est ce que je fais en ce moment à cause de ma santé, je garde mes ambitions qui ne sont pas des trucs de fou non plus, tout est largement réalisable, et rejoignent les buts de vie de tout un chacun : un boulot épanouissant, un lieux de vie qui me ressemble, une ville où je me sens ben, une famille, des amis, des loisirs. Je n'en demande pas plus !

On sent bien que là elle parle de ses propres espoirs déçus et qu'elle a peur que tu vives la même chose mais je ne suis absolument pas d'accord avec ses propos. Toi tu peux parvenir à mener une vie faite de bonheurs et de passions. Ce n'est peut être malheureusement pas son cas mais des tas de personnes arrivées à la fin de leur vie estiment que leur vie a été bien remplie. Il faut que tu mettes de la distances avec ces propos qu'elle tient.

Espoirs déçus, tu as mis le doigt dessus. Car elle se ment à elle même, elle dit avoir "divorcé, changé de boulot et revécu" ... J'ai été la première spectatrice de son fameux changement de boulot qui n'a eu lieu que parce qu'elle devait me nourrir, elle a choisi de passer un concours de fonctionnaire car sa grand mère, son père, et sa mère y bossaient, c'était simple et bien payé, mais JAMAIS elle ne s'est sentie épanouie et j'ai en mémoire de nombreuses discussions entre elle et mon beau père qui vont dans ce sens. Elle se ment à elle même si elle ose dire qu'elle voulait faire ça.

Pourquoi s'imagine t'elle que c'est ma vie qui me fait souffrir et non mon passé ?

J'avoue ne pas encore avoir pris le temps de lire ton histoire mais si apparemment il parait important pour toi que ta mère puisse prendre en compte que ton passé à contribué à ta maladie actuelle, il faut garder à l'esprit que c'est d'abord ce que toi tu en penses qui est le plus important.

Je t'invite à lire ma galerie, peut être que ça te renseignera. Pour moi, ma dépression découle du décès de ma grand mère et du fait que je n'ai pas accepté sa maladie et n'ai pas souhaité la voir. Je pense beaucoup m'en vouloir à cause de ça et je pense réellement que c'est la cause de mes maux.

[quote="Incarmal]

J'ai pas l'impression d'être mal dans ma vie.

Tout est là. Du coup la question que je me pose est : Qu'est ce qui dans les paroles de ta mère te fait douter au point de dire "si ça se trouve elle a raison"...Quoiqu'il en soit, cet échange que vous avez te permet de te poser des questions et de te positionner mentalement. toutes ces introspections ne sont pas vaines et ce sont elles qui te permettront par la suite de pouvoir réfléchir sur des bases plus solides.[/quote]

En fait, ce qui me donne cet impression, c'est le fait que la dépression ai changé ce que je suis : je suis passée d'une fille survoltée, ayant très confiance en elle, à cette loque sans nom qui a du mal à se traîner, et cette fille là, que je suis pour le moment, ne correspond pas aux ambitions et à la vie dont j'ai toujours envie. Le doute que je peux avoir en me demandant si elle n'a pas raison trahit ce manque de confiance en moi...