Masochiste ou dépressive ? Ou les deux ?

[Audette]

Coucou et merci d'avance à ceux qui voudront bien répondre à mon message !

Alors voilà: j'ai 17 ans et depuis trois mois je suis diagnostiquée dépressive. J'avais envie de me suicider et puis j'ai commencé à me scarifier lorsque je n'en pouvais plus...aujourd'hui ça va mieux grâce à une thérapie et un traitement mais je ressens la sensation de NE PAS VOULOIR GUERIR !!! Au fond, je crois que je veux toujours aller mal et quand j'ai des petits moments de joie, je me sens mal à l'aise et je veux retourner dans mon état de mal de vivre.

J'ai toujours été très pessimiste, à voir le côté noir des choses. Quand je suis triste, je fais tout pour le rester et le soir j'essaie de me forcer à pleurer. Je tente de me trouver des problèmes pour que les autres compatissent. Je regarde sans cesse des reportages sur l'horreur du monde, les prisons, la mort, le suicide, les maladie, le cannibalisme... je ne peux même plus m'en passer !!! J'adore m'imaginer des évènements horribles comme la mort d'un proche ou la mienne. J'y éprouve un réel plaisir...mais dans la réalité je ne fais jamais rien pour me causer des ennuis, j'ai tendance à les éviter. Et quand même j'aime le malheur, MON malheur, car je déteste voir les autres souffrir ou les faire souffrir ! Dans tout ce que je vous ai dit, je le vis depuis longtemps. Je me suis toujours sentie ainsi même avant mes 10 ans. Je me complais dans le malheur...

Comme je l'ai dit, je me scarifie. Au départ je le faisais pour me défouler, dans des moments de désespoir et de profonde colère inexprimable. Mais plus le temps passe et plus j'y prends du plaisir, de la joie à voir ma peau se trancher et le sans couler. J'aime voir les cicatrices inscrites sur mon bras...je crois que je suis folle !!!

Votre avis ? Merci d'avance !!!

[incarmal]

Bonsoir Audette et tout d'abord bienvenue sur le forum.

je ressens la sensation de NE PAS VOULOIR GUERIR !!!

Quelle est ta crainte lorsque tu ne te trouves pas en état de tristesse?
C'est la sensation de tristesse qui est vraiment recherchée ou bien c'est la sensation de s'être "vidée" de tes émotions après avoir pleuré?
As-tu identifié le pourquoi de ton malaise lorsque tu ressens de la joie?

ça fait beaucoup de questions, mais c'est tout simplement parce que je pense que c'est en effectuant une réflexion sur toi même et sur tes ressentis que tu pourras au mieux comprendre ce qu'il t'arrive. Comprendre est primordial pour savoir contre quoi on se bat. Après je sais bien que c'est pas si facile.

Pour ce qui est des scarifications, je l'ai pratiqué par le passé et j'ai arrêté il y a plusieurs années déjà. J'y ressentais aussi du plaisir, le besoin d'extérioriser la souffrance que je sentais couler en moi. Avec du recul, je me rends compte que c'était parce qu'il y avait des choses que je n'arrivais pas à exprimer et que c'était ma façon d'extérioriser.

ça va te sembler bateau mais as-tu déjà pensé à écrire dans un journal par exemple tout ce que tu ressens. Moi ça m'a bien aidé à une période de ma vie à la fois à extérioriser et puis aussi à faire le tri dans ma tête de toutes ces pensées qui m'envahissaient.

Je te dis à bientôt, je te souhaite un bon week-end et surtout prends soins de toi.

[Audette]

Bonsoir Incarmal !

Merci pour ton accueil sur le forum et merci de me répondre !!!

Quand je ne suis pas en état de tristesse, j'ai l'impression de ne pas être moi, de ne pas avoir ma vraie nature. J'ai peur du bonheur parce que je ne le connaît pas bien. Je ne sais pas vraiment ce que je recherche quand je suis triste. Quand je pleure j'aime me vider de mes émotions et sentir les larmes couler mais pour les idées noires c'est différent. Je déteste sur le moment mais je ressens comme un manque une fois qu'elles sont passées. J'aime me dire que je vais mal, j'ai besoin de compassion en fait...

Quand j'éprouve de la joie, je suis heureuse à la fois et en même temps je trouve ça bizarre. Je n'arrive plus à me réjouir lors de gros évènements car ça me fait peur car j'ai alors l'impression que tout est possible, que j'aurai un bel avenir. Bref que c'est parfait ! Je pense que je veux être heureuse mais la vie ne m'intéresse pas et ne vaut pas la peine donc j'essaie de me convaincre de tout pour trouver des raisons valables de me suicider. Je crois que je m'enfonce dans la tristesse pour trouver le courage de mettre fin à mes jours.

Mais à cause des médicaments je redeviens plus joyeuse et ça me fait peur car j'ai de moins en moins envie de me tuer. Mais ça veut donc dire que je vais devoir face à la vie...

[Suricat]

Hello ! Bienvenue par ici !
Il me semble que quelque part sur le forum on a parlé des "bénéfices secondaires" de la dépression et par là justement de cette envie de ne pas guérir. C'est un sujet qui peut être tabou pour certains...
Je pense que tu es en plein dedans, et tu en as déjà en partie conscience ce qui est un premier pas
Si je te cite :

Je tente de me trouver des problèmes pour que les autres compatissent.

Ce petit passage est très parlant non ?
Si je me risquais à faire de la psycho de comptoir je te dirais que tu cherches à être entourée/aimée ? Que les gens soient présents pour toi ? Et si justement ils se montrent plus présents depuis que tu vas mal alors il est tout à fait logique que tu ne veuilles pas sortir de ton mal-être.

Ceci dit, si tu es venue ici, ça doit être que ce raisonnement ou cette façon de penser/d'agir ne te convient finalement pas tant que ça (c'est un peu logique : à qui ça conviendrait à 100% d'être toujours mal ? ). Si tu veux tenter un changement tu peux te poser ce genre de questions :
- Les gens s'intéresse-t-il à moi ou à mon mal-être ?
- Sont-ils présents parce qu'ils m'aiment ou par pitié ?
- Ont-ils envie d'être avec moi ou le font-ils parce qu'ils en ressente l'obligation morale ?
Et ainsi de suite.

Pour les scarifications je pense qu'il s'agit maintenant d'une sorte d'addiction. Je suis en train de lire "the power of habit" où il est question entre autres des addictions, plus particulièrement de l'alcoolisme. Nous sommes d'accord que l'alcoolisme détruit la personne, tout comme les scarifications. Dans les habitudes il y a 3 phases : le déclencheur, l'habitude (routine), la récompense. Pour l'alcoolisme ça donne : je me sens mal > je bois > je me sens bien. Le bouquin explique qu'en réponse à ce déclencheur (dès qu'on l'identifie) il faut trouver une nouvelle routine à la place de la mauvaise mais il faut absolument que la récompense soit la même. Dans le cas de l'alcoolisme, les personnes qui en souffrent sont souvent isolées, et le fait de voir du monde et de discuter permet d'obtenir l'état "je me sens bien", et c'est sur ça que se baserait (je ne sais pas si j'ai bien saisi, et je ne sais pas si c'est comme ça en France aussi) le programme des alcooliques anonymes : 90 rencontres durant 90 jours. Du coup la boucle devient : je me sens mal > je vais voir des gens/je discute/je me resociabilise > je me sens bien.
Remarque je te cite cet exemple parce qu'il est très détaillé dans le bouquin mais il est aussi question à un moment d'une femme qui se ronge les ongles à en saigner ou perdre les ongles, son déclencheur est une sensation physique (picotements dans les doigts) ils ont donc cherché une autre routine qui soit aussi un stimulus physique et l'action "ronger les ongles" est donc modifiée en frotter ses mains ensembles ou ses genoux.
Après il faut réussir à trouver ce "truc" qui va avoir le même effet de bien-être, ce n'est pas forcément voir du monde ou se frotter des mains, ça peut être faire des pompes, manger un michoco, écrire un sms à quelqu'un ou faire la vaisselle (euh... je ne suis pas sûre pour le dernier )

En tous cas bon courage
Et non, tu n'es pas maso

PS: oups, il y a eu d'autres réponses entre temps, je suis peut-être à côté de la plaque...