Oui je vois complètement ce que tu ressens par là. Le plus dur c'est que le malaise est apparent et que je renvois une image de fille bizarre. Et lorsque que je sens que le malaise se ressent chez mon interlocuteur, je me mets à bégayer et je n'arrive pas à construire des phrases logiques, voire j'ai des soucis d'élocution. Pour pallier à cela, je prefère désormais me garder quelques secondes avant de me lancer dans une réponse, pour ordonner rapidement ma pensée et ne quitte pas mon interlocuteur des yeux pour rester concentrée sur ce qu'il dit (et puis pour que le "forcer" à avoir un intérêt pour ma réponse !)Harakiri a écrit :Est-ce que ça évoque quelque chose à quelqu'un, ce sentiment d'être "aveugle de la pensée" ? C'est surement pas le terme approprié mais je ne trouve pas mieux.
Et puis aussi, parfois c'est simplement parce que la personne en face de moi ne m'interesse pas. Il faut aussi accepter de trouver les autres chiants et ne pas se remettre en question systématiquement.
J'en ai marre d'être mal à l'aise socialement. Je me suis aperçue que c'est "l'autre" qui me mettait mal à l'aise alors quand je sens que la personne me déstabilise, j'essaie d'identifier rapidement pourquoi il me gêne. Avant de me remettre en question et de me torturer le cerveau à me dire que je ne suis pas normale, j'apprends à accepter que le malaise n'est pas forcément provoqué par moi mais simplement par la transaction en elle-même.
Parfois un mec/une fille trop sûr de lui, trop pédant, trop abrupte dans ses questions ou trop déplacé ne mérite pas de réponse. Parfois, j'ai juste pas envie de parler à certaines personnes. Je me suis déjà vu dire à des gens : "toi comme moi, on voit bien qu'il y a un malaise, ça ne sert à rien de continuer cette discussion car je n'en ai pas envie." C'est pas méchant, c'est juste de la pure sincérité. Je ne peux pas communiquer avec tout le monde, car souvent mes interlocuteurs me mettent mal à l'aise. J'ai plus envie de me forcer ni de passer des heures à me convaincre que le problème vient de moi. C'est comme ça. En attendant d'aller mieux à ce niveau là, je ne force pas et puis tant pis si je passe pour une fille chelou. Toutes manières, la personne en face aura oublié cette phase en moins de 24h alors bon ... et moi ça me permet de mieux dealer avec le souci et de trouver des parades pour y faire face. Et puis il y a un côté libérateur à rejoindre un groupe de personne en se disant : "soit je laisse ce blocage pourrir ma communication et l'issu sera un gros malaise, des sueurs, des bouffées de chaleur et surtout renvoyer une image bizarre de ma personne. L'issu sera donc fatalement négative. Soit je tente le tout pour le tout, je suis complètement moi-même et au moins je suis à l'aise dans ma culotte et en paix avec moi-même, et dans ce cas l'issu sera négative OU positive.". A la fin, je prefere que ce soit moi qui mette les gens mal à l'aise plutôt que l'inverse. Au moins, je suis OK avec moi-même. Et tant pis pour les autres. A la guerre comme à la guerre !
Oui, depuis peu, je m'impose aux autres. Je filtre moins mon discours, je rie à gorge déployée, je dis à l'autre quand il me gêne ou quand il me blesse. Il y a fatalement un interlocuteur dans une discussion, alors si je ressens un malaise, il en est au moins à 50% responsable. Et c'est sacrément libérateur d'accepter cela et d'accepter d'imposer ce que l'on est. Mon interlocuteur ne s'adapte pas à moi et ne me ménage pas. Pourquoi le ferais-je ? Et surtout, en suis-je réellement responsable ?
J'ai pris conscience de cela lorsqu'en cours, j'ai dû gérer 8 personnes sur un projet. Lors des réunions, personne ne s'écoutait parler. Alors je restais derrière l'ordinateur branché au rétroprojecteur en attendant que tout le monde se mette au travail. Ca m'a permis d'observer comment les gens se comportaient les uns avec les autres, qui plus est dans un cadre de travail. J'étais atterrée de voir l'irrespect qui se dégageait de ces comportements, et surtout atterrée de voir que ces comportements étaient complètement banalisés et validés par le groupe. Ca a du durer un bon quart d'heure. Bon, il faut aussi dire que je n'ai aucun leadership. Mais du coup, ce jour là, lors de la énième réunion bruyante et stérile, j'ai tout simplement quitté l'ordinateur et je me suis assise à une table, sur la même rangée qu'eux. Ca a forcément un peu surpris les gens... et rétablie l'ordre (temporairement ahaha)
D'une situation très difficile pour moi socialement (peur de l'échec, peur des autres, peur d'être "chef", peur de mes camarades de promo car j'ai toujours détesté l'école), j'ai pris conscience que... le problème ne venait pas de moi. Ca m'a bien aidé à temporiser mes stress par la suite.
Et quand je suis fatiguée, j'évite les rues trop fréquentées et les occasions de contacts. Quand c'est comme ça, je me dis : "ok, laisse toi 2/3 jours et réduit drastiquement tes rapports humains. Tu as le droit de ne pas avoir envie de communiquer." Et puis l'envie de reprendre contact avec l'extérieur revient au moment où la solitude se fait sentir. J'évite les lieux bruyants car j'entends mal et j'ai une toute petite voix que personne n'entend si la personne manque de concentration.
Par contre, ça ne soigne pas le vrai sentiment de solitude et les gros épisodes dépressifs. Il s'agit vraiment de parade au moment T, quand je suis avec du monde. Et malgré tout, parfois l'angoisse reprend le dessus. Mais je m'efforce de garder cette logique en tête.
Pour la prise de parole en public, ça vient avec l'expérience. Plus tu passeras d'oral, plus tout cela te paraîtra une histoire ancienne. Espace bien tes 2 pieds lorsque tu parles, la position n'est pas naturelle mais elle permet une certaine stabilité et personne ne la remarque. Ca évite de se balancer et de montrer qu'on stress. Parle lentement et écoute toi parler. Regarde le mur du fond si les visages te gênent ou balaie de gauche à droite et de droite à gauche l'auditoire. Libère tes mains et n'hésite pas à t'en servir quand tu parles, à l'italienne quoi. Et respire bien. C'est con, mais ça joue énormément.
La prise de parole en public sont des occasions en or pour travailler l'anxiété sociale (anxiété n'est pas phobie par contre). Il faut se forcer un peu. De toutes manières, tu ne joues jamais ta vie dans ces moments là. Au pire ... tu passes pour une conne, et puis alors ? Rigoles avec les autres de ton malaise, et tu auras leur soutien pour les prochaines prestations orales. Parole de scout !