Je ne supporte plus d'être un travailleur social

[Envol_toi]

Voilà je suis moi. Avec mon image a gérer. Mes problémes ingérables, et je suis travailleur social. C'est à dire que je fais le boulot d'une assistante sociale.
Seulement voila.....je ne peux plus. je ne supporte plus cette image qui m'est renvoyée. Un peu comme si je me regardais dans un miroir.
une personne qui vient demander de l'aide pour l'enterrement d'un proche..;c'est moi. Un dossier de surendettement.......mon nom y est inscrit.
Comment aider les autres quand on ne peut pas s'aider soi même ?
Je tourne en rond.
Je bosse loin de chez moi. Pour l'instant je suis en longue maladie, je devrais reprendre le 9 février..........Mon Dieu, faites que cette échéance soit repportée. Que je trouve ma voix
A bientot 40 ans, je n'ai jamais rien accompli.
Pouvoir s'accomplir, s'épanouir et faire ce que l'on aime.........
Le probléme, c'est quand on aime plus rien !

[KKouette]

Je ne sais pas exactement ce qu'est un travailleur social, enfin ce qu'il fait, mais je suppose que les gens que tu reçois ont "besoin" de toi !
Ce n'est pas rien, j'en sais quelque chose pour avoir eu une super aide d'une assistante sociale il n'y a pas longtemps !!!

Tu en accomplis des choses...

[Envol_toi]

A un moment..........tu peux plus rien faire...........
j'ai vu mes larmes couler en face de gens qui avaient besoin de moi.
Je me suis vue sortir un billet de 20€ pour le donner à une femme enceinte.
Quand ça prend ces proportions, ça devient dangereux !

[Archaos]

Bonjour Envol_toi

C'est vrai que d'être confronté à la misère sociale quand on est rendu hypersensible par la dépression n'est pas évident.
Tu dois voir un médecin conseil avant le 9 février? tu sais ce ne sont pas des bourreaux, il t e prolongera sans doute ton arrêt

[Diana]

Tu fais un sacré boulot....chapeau.

J'ai souvent entendu parler de personnes faisant ton boulot et tombant en dépression. Je pense que déjà, il faut une sacrée sensibilité, pour faire ce travail. Et puis, que ce que tu vis au quotidien est loin d'être simple.

Courage,
Diana

[Envol_toi]

Merci à vous deux ! C'est vrai que de retourner travailler dans ce secteur me fait de plus en plus peur. je me sens plus fragile encore que lorsque je l'ai quitté en août 2005.
Je travaille dans la fonction publique (un CCAS), ce qui fait que si je demande à changer de service, on rique de me "balancer" dans un service bato, où je me plairais encore moins.
Certains penseront peut être que je suis exigeante, mais je ne peux m'empêcher de me dire qu'à 40 ans, on a enfin le droit de faire le metier qu'on aime, s'épanouir.......
Encore faut il savoir ce que l'on a envie de faire, être motivé.........
Pour l'instant je suis dans la phase du chat qui se mort la queue !

[bennou]

Bonjour Envol_toi,
j'ai lu que tu travaillais dans un CCAS (fonction publique), es tu titulaire ou contractuelle ?
Etant titulaire tu peux demander une mutation si tu le désires ou un détachement. Dans ce cas tu peux aller dans un mairie, une communauté d'agglomération (ou de communes), au conseil général ou régional etc.
Il y a plein de métiers. As tu déjà essayé de voir sur http://www.cnfpt.fr ?
Pour ce qui est des services bateaux (ou voies de garages) il y en a plein, je connais.

[Envol_toi]

Oui, merci Bennou, j'ai envisagé tout cela. le problème, c'est que je suis en longue maladie, dur dur de se faire recruter dans ces conditions........
qu'elle commune voudrait de qq en arrêt depuis 1 an et demi.....?
J'aimerai éventuellement faire une formation, mais quoi? Par quel biais ? La question financière ?.........en tant que fonctionnaire, comme tu dois le savoir, on ne peut bénéficier des formations anpe. Quant aux formations employeur, toujours pareil ....;ils vont pas me payer une formation alors que je suis en arrêt ! En plus il faudrait qu'elle soit en rapport avec ce que je fais, je peux pas demander une formation de décorateur d'intérieur par exemple.......!
Bref, ça me bourre le crâne tout ça !

[bennou]

Oui je sais, c'est pas évident.
Mais en as-tu parlé au médecin du travail pour voir ce qu'il en pense.
Il doit siéger au Comité d'Hygiène et de Sécurité etc.
Il est là aussi pour "aménager le poste de travail" et éventuellement pour te guider vers autre chose.
Je sais que chez nous, il y a des gens qui ont carrément arrêté les boulots administratifs pour se consacrer à autre chose : espaces verts, ateliers etc.

[Envol_toi]

J'en ai parlé à l'expert (je ne sais pas si c'est la même chose que la medecine du travail....je ne crois pas....mais c'et la seule personne que j'ai vu). Et ce gentil monsieur m'a répondu que ce n'était pas son problème........
D'ailleurs, j'ai l'impression que tout le monde, même mon psy, je suis sûre qu'il croit que je tire au flanc !

[bennou]

En effet, ce n'est pas son problème (quoique), non c'est le médecin du travail qui s'occupe de cela. Tu passais des visites médicales tous les ans non ?

[Diana]

Bennou a raison, je suis dans la même situation que toi (SNCF), avec un boulot cela dit moins glorieux que le tien... Le médecin du travail m'a bien expliqué qu'à mon retour, il faudra que son service de medecine 'aménage' un poste pour moi, qu'il s'assure que mes conditions de rentrée respectent mon état etc etc etc.... donc comme le dit Bennou c'est au médecin du travail de t'assurer cela. Si un suivi de ta longue maladie n'est pas fait où tu travailles (moi j'ai des RDV tous les 4 mois), contacte le Médecin du travail de secteur (le chef quoi).

[claudine]

Je constate que rien n'est fait pour aider un dépressif, dans le monde du travail. Si on se casse une jambe, là cela se voit, donc s'est reconnu par l'employeur.On sait qu'il faut un certain temps pour consolider sa fracture et tout rentrera dans l'ordre.
Mais le mal-être d'un salarié cela ne se mesure pas. On sait quand cela commence mais on ne sait jamais quand la tête sera "consolidée". Les arrêts maladie se poursuivent et on passe vite pour un feignant. Je ne parle pas pour moi car j'ai "tenu le coup" des années sans m'arrêter mais le jour où j'ai craqué je n'ai plus pu remettre les pieds au lycée où je bossais. Je suis restée 6 mois en maladie et j'ai démissionné car je n'avais pas le courage de porter plainte contre mon patron.... et toute la procédure qui en aurait découlé. J'étais cassée, démolie. J'ai perdu tous mes droits.
Aussi, Envol Toi, si tu n'as pas le courage de reprendre, ne reprends pas
car tu serais sure d'aller directement dans un mur. Tu es trop mal encore. Laisse toi du temps. Pense à toi !

[Diana]

Pareil que toi (même si avec une histoire différente), Claudine.
J'ai voulu tenir, tenir, etc, accepter....5 ans....pis bon, quand j'ai craqué....j'ai craqué pour deux ans et je ne suis pas près d'y retourner. Malheureusement, oui, on passe pour des fainéants, mais j'avoue que dans mon état, je n'arrive même pas à me préoccuper de ce que pensent mes collègues qui reçoivent mes arrêts....tant pis. Je me bats chaque jour pour ne pas sombrer à mes idées noires et à la douleur intérieure, alors bon...qu'on me croie ou pas, je dois déjà survivre.

Pourquoi tu as porté plainte?

[claudine]

Non, Diana, je n'ai pas eu le courage de porter plainte contre mon patron.
C'était un pervers qui m'a fait subir un harcèlement sexuel tout d'abord. Pour avoir la paix, je faisais celle qui ne comprenait pas ses allusions mais quand il a été plus précis je lui ai dit qu'il me dégoutait... Et à partir de ce moment là c'est devenu un harcèlement moral (une tonne de travail, mes vacances supprimées au dernier moment.... j'en passe).
Le problème en plus c'est que nous étions dans le même bureau, face à face. J'ai cru devenir folle. Mais comment prouver les mots, les allusions déplacées, toujours quand nous étions seuls. Les autres collègues savaient mais personne n'a voulu témoigner, alors j'ai laissé tomber. Vive l'entraide au travail !
Tu sais, c'est du passé, même si pratiquement toutes les nuits je me retrouve au boulot et après je me dispute avec ma mère. Le plus étonnant c'est que je ne rêve jamais de mon fils alors que je voudrais tant rêver de lui et non pas à ces deux monstres qui ont pourri ma vie (mon ex patron et ma mère).

[Diana]

Tu sais, l'inconscient est fait à sa façon. Il gère les "urgences" et il les gère d'une façon irrationnelle. Ceci peut expliquer que tu rêves de cela plus que de ton fils. C'est ptet incroyable, mais tes confits intérieurs, sans vouloir me la jouer la psy à deux balles, doivent "primer" en ce moment pour plusieurs raisons.
Ptet même que tu ne vois pas exactement le rapport justement entre ces deux images: le boulot et ta mère. Ptet même que la liaison avec ton enfant y est, mais elle n'est pas si évidente que tu la souhaiterais en rêvant simplement de lui.
Ta mère, au final, a un lien avec ta propre façon d'être mère, ptet? Nous avons toutes quelque chose de notre relation avec notre mère dans la façon où nous abordons notre maternité?

Bref....que dire....je digresse, mais je pense que les rêves de ton enfant viendront quand ton esprit aura trouvé plus de calme pour lui laisser cette place.

[Envol_toi]

Merci à tous pour vos réponses. Vous avez raison, je vais prendre contact avec mon employeur pour obtenir un rdv à la medecine du travail.

Tu as raison Claudine, les depressifs sont souvent considérés comme des fainéants à qui il faudrait mettre un bon coup de pied aux fesses !
On sait tous que si ça marchait, la vente d'AD diminuerait largement !
C'est tellement dur d'entendre "remues" toi........
Moi c'est ce que j'entends en ce moment. pour être franche, je pense même à me faire hospitalisée de nouveau.
C'est ma fille qui m'en retient.

pour ce qui es de tes rêves, je comprends que cela puisse être frustrant que ton fils ne se manifeste pas. mais tu sais, mon père est mort en 2002, ma mère est partie elle aussi en 2005, et je rêve d'eux pratiquement toutes les nuits depuis toutes ces années. Des rêves reccurents. Pendant plusieurs mois, j'ai fais exactement le même toutes les nuits. Je t'assure.....c'est fatigant, c'est destabilisant, et je suis à peut près sûre que c'est ce qui m'empêche de faire leur deuil.........