Un cheminement thérapeutique : mon évolution avec la psy

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Mélina
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Un cheminement thérapeutique : mon évolution avec la psy

Message par Mélina »

Envie ce matin de faire un point sur le chemin parcouru au fil des 11 premières séances psy. Une sorte de synthèse des premiers temps de celles-ci, parce que j'ai l'impression aujourd'hui qu'un cycle vient de s'achever.
J'ai hésité entre mettre ce récit dans ma galerie, mon salon et ici. Il me semble que, malgré la particularité de mon histoire, il y a un processus commun à tous ceux qui suivent une thérapie, et c'est à ce titre que j'ai finalement opté pour cette partie-là du site, espérant, je l'avoue, susciter d'autres récits qui se concentreraient sur ce processus.

Je précise que ma thérapie est d'orientation analytique.

Début décembre: je vis depuis 6 mois avec une sensation d'effondrement intérieur, un sommeil déstructuré, l'impression d'avoir des milliards de choses à faire, l'incapacité à classer ces choses, de nombreux moments de panique, l'incapacité à me concentrer sur des choses très simples, des changements d'humeur violents, un comportement agressif, à fleur de peau, une incapacité à communiquer sans tension émotionnelle. Derrière moi de la violence, devant le trou noir.
Décision de prendre des anti-dépresseurs. Décision de commencer une thérapie.

Janvier: première prise en charge par un psychiatre. Deux rendez-vous. Beaucoup de choses frottent, sonnent faux, ton très ironique dans mes récits, et comme un accent de défi dans mes paroles. Je fais le récit de mon histoire, je commence à la déposer. Sensation d'allègement: enfin je ne suis plus seule à la porter cette histoire, et je me rends compte à quel point je l'ai trouvé lourde. Sensation que pour la première fois depuis très longtemps j'intègre un cadre. C'est un cadre extérieur, mais cela contribue à me rassurer.

Deux premiers rendez-vous avec la psychologue: j'exprime la crainte constante d'une catastrophe. Pourtant, des chocs, j'en ai déjà vécu, et je me suis relevée. Je ne devrais donc pas craindre une nouvelle catastrophe.
Elle: c'est quoi ces chocs?
Plusieurs séances à égrener la liste des "chocs", une liste qui n'en finit pas de ne pas finir...


Je me rends compte que cette histoire est trop lourde et trop violente, et qu'il va falloir du temps et de l'énergie avant d'espérer en émerger.
Je me rends compte que je suis au bout de mes forces. Je n'ai pas le choix: j'arrête toute mes activités, j'arrête de chercher à chercher du travail. Je comprends qu'il faut que j'enlève de ma vie tout ce qui m'angoisse et me contraint, parce que je n'ai pas les moyens de lutter, et que j'ai l'impression que mon cerveau implose, tandis que ma personnalité me semble en plein éclatement.

J'ai deux séances par semaine, d'un jour sur l'autre. Mon récit est d'abord constitué de l'avis que je donne sur les autres, des réflexions que j'ai sur moi-même. Mais quand je parle d'un ressenti, je parle du ressenti d'autres personnes, pas de moi.
Par contre, une fois qu'un événement est évoqué, aussi froidement, maladroitement et faussement que ce soit, je n'ai pas le temps entre deux séances de monter des murs et des défenses. Je me rends compte que, naturellement, lors de la seconde séance, je m'engouffre dans l'une des brèches ouvertes lors de la première séance.

La brèche la plus importante de ce "cycle" concerne la fratrie, ma place dans la fratrie, mes représentations d'enfant quant à ma place dans cette fratrie.
Une fois cette brèche ouverte, la part émotionnelle dans mon récit devient de plus en plus importante. Sensation de retrouver quelqu'un, une proche, très proche, que je n'ai pas vu depuis longtemps, comme si je lui disais: "Tu m'as tellement manqué".
Je suis bouleversée et heureuse. Epuisée aussi. Je ressens une immense fragilité, comme si j'étais redevenue la petite fille que j'étais, sans aucune défense.
Mais je me rends compte que la sensation d'effondrement, de ruines intérieures, s'est dissoute, que je suis bien moins agressive, et que je n'ai plus de changements d'humeur. Je me sens étonnamment calme. Sensation d'avoir retrouver un "centre" intérieur, le "coeur" (dans les deux sens du terme) de la personne que je suis.

Une fois que cette émotion s'est "déroulée" en moi, est arrivée en bout de course, a vécu son temps, je me rends compte que mes sentiments sont les mêmes qu'au début de ma thérapie, sauf que je n'ai plus cette sensation d'être hors monde, oppressée, enfermée dans un bloc de béton, consumée par un volcan qui me détruit. Mes émotions me semblent canalisées: elles ne partent plus dans tous les sens, et elles sont moins violentes. Je me bien plus fragile, mais paradoxalement bien moins perdue.

Dans le même temps, retour des comportements addictifs: hyperphagie et alcool. La peur dans un premier temps. Et puis je me dis d'une certaine façon je recommence à "exprimer" des choses. Ce n'est pas la "bonne" façon de le faire. Mais je suis malade de me taire depuis des années.

Au terme de ce premier cycle de 11 séances donc, deux choses auxquelles je suis parvenue me semblent importantes: je commence à renouer avec certaines émotions, je commence à les exprimer, même maladroitement, retrouvant un "centre" en moi, et j'ai lâché prise par rapport au présent.
Diana

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Message par Diana »

Je n'ai pas aujourd'hui, ce matin même, pour des raisons que peut-être tu comprends, des mots utiles sur ce que tu racontes de ta thérapie.
Ce que je peux partager, en espérant que tu ne le prennes pas pour de l'égocentrisme de ma part, est mon point de vue et mon expérience.
j'exprime la crainte constante d'une catastrophe
C'est vrai que ça a l'air insensé quand on voit d'où on s'en est sorti, toi comme moi.
j'arrête toute mes activités, j'arrête de chercher à chercher du travail. Je comprends qu'il faut que j'enlève de ma vie tout ce qui m'angoisse et me contraint, parce que je n'ai pas les moyens de lutter, et que j'ai l'impression que mon cerveau implose, tandis que ma personnalité me semble en plein éclatement.
Je pense que c'est nécessaire, tu as raison.


Je me rends compte que cette histoire est trop lourde et trop violente, et qu'il va falloir du temps et de l'énergie avant d'espérer en émerger
.

Oui. Très longtemps. Au delà même de ta dépression sans doute. Moi j'en suis encore loin. Mais bonne nouvelle: c'est la bonne route pour éviter la rechute je pense.
Je suis bouleversée et heureuse. Epuisée aussi. Je ressens une immense fragilité, comme si j'étais redevenue la petite fille que j'étais, sans aucune défense.
Une fois que cette émotion s'est "déroulée" en moi, est arrivée en bout de course, a vécu son temps, je me rends compte que mes sentiments sont les mêmes qu'au début de ma thérapie, sauf que je n'ai plus cette sensation d'être hors monde, oppressée, enfermée dans un bloc de béton, consumée par un volcan qui me détruit. Mes émotions me semblent canalisées: elles ne partent plus dans tous les sens, et elles sont moins violentes. Je me bien plus fragile, mais paradoxalement bien moins perdue.
C'est ce qui m'arrive aussi. Jamais je n'ai été aussi fragile dans ma vie et à la fois aussi "calme". C'est sans doute ce qui me permet de travailler et d'affronter des choses qui sont somme toute énormes en ce moment dans ma vie, sans m'effondrer à nouveau pour l'instant. Je ne sais pas si je suis "canalisée", pas suffisamment sans doute, mais je ne m'autodétruis plus. C'est énorme. J'ai tilté sur ton image du "bloc de béton", parce que ça a été mon pire ennemi pendant tellement d'années....

Dans le même temps, retour des comportements addictifs: hyperphagie et alcool. La peur dans un premier temps. Et puis je me dis d'une certaine façon je recommence à "exprimer" des choses. Ce n'est pas la "bonne" façon de le faire. Mais je suis malade de me taire depuis des années.


Il y a là sans doute l'effet des émotions soulevées par la thérapie, ce n'est peut-être plus le même comportement qui était à l'origine.
j'ai lâché prise par rapport au présent.
Que ça fait du bien....


Plein de courage, Melina, toutes mes pensées
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Mélina
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Un cheminement thérapeutique

Message par Mélina »

Diana,

Juste un petit mot en passant, vite fait, pour te dire que j'espère bien voir de l'égocentrisme chez toi, comme chez moi, chez nous tous ici présents sur ce site à vrai dire.

Egocentrisme, mais au bon sens du terme, car il y en a un pour moi. Et peut-être nous a-t-on trop répété que l'égocentrisme c'était "pas bien"... ou peut-être l'avons-nous trop intériorisé...

Etre "équilibré" finalement, c'est quoi? C'est juste avoir trouvé-retrouvé son point d'équilibre, son centre personnel. Alors, oui, cet égocentrisme-là, je vote pour et j'espère le voir chez chacun d'entre nous.
Diana

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Message par Diana »

Melina,
tout à fait d'accord avec toi....je soigne depuis un an cet égocentrisme et je me suis même rendue compte qu'il ne se forme pas forcement aux dépens des autres d'ailleurs...

Bon courage
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Mélina
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Message par Mélina »

Je continue mon "compte-rendu".

J'en suis maintenant à 21 séances.
Un second cycle semble s'être achevé.

Le premier "cycle" m'avait permis de retrouver la petite fille que j'ai été, de me recentrer, et de canaliser mes émotions quotidiennes, malgré une sensation de fragilité extrême, mais faisant apparaître des comportements compulsifs ou addictifs (hyperphagie, alcool).

Ce second cycle m'a permis de sortir un souvenir d'enfance lié aux menaces de mort de ma mère, un souvenir d'enfance lié également au sentiment de honte.
L'expression de ce souvenir et la "libération" des émotions liées à celui-ci ont entraîné une période de très forte émotivité, avec des "sur-réactions" face aux événements du quotidien et des perceptions faussées de l'extérieur: hypocondrie, impression de condamnation, de "damnation" presque, des femmes dans ma famille, paranoïa par rapport à des choses exprimées par des proches.
Une sorte de phénomène de "décompensation" en fait, qu'une vérification quasi systématique des faits m'a permis de canaliser et d'apaiser. Bien que la vérification de mon état de santé ne soit pas terminée: je reste fragile par rapport à ça.

Mes difficultés à exister dans une fratrie uniquement composée de filles, et dont l'aînée est une figure forte, "solaire", mon incapacité à définir et assumer mes émotions, conjuguées à une image de la femme et de la féminité ambivalente, ambiguë, transmise par l'éducation que m'a donnée ma mère, les frustrations et les blessures de ma mère, et celles de ma grand-mère maternelle: tout cela, ajouté à la très grande fragilité psychique de ma mère, m'a conduit à construire un personnage qui tente de cacher mes blessures et mes manques, mais qui entre en dissonance avec certains de mes désirs.

Ce second cycle s'ouvre sur la mise au jour d'un élément qui est venu encore davantage brouiller ma perception de moi-même et des autres.
Que ce soit du côté de mon père ou du côté de ma mère, pour des raisons très différentes, tous les récits, tous les souvenirs sont entachés d'un doute quant à leur "vérité", il y a toujours un "faux" quelque part, une dimension mensongère.
Aucun récit, aucun souvenir n'est jamais raconté de la même façon, les versions chez une même personne changent, voire sont contradictoires, d'un moment à l'autre, avec un refus d'admettre, ou "l'oubli" qu'une tout autre version ait été précédemment racontée.
Il semble en tout cas que j'ai fini par percevoir les repères, références émotionnels et moraux donnés par mes parents comme "mouvants". Je pense que cette expérience est commune à tous les enfants, mais l'enfant que j'étais semble avoir très mal vécu la découverte de cette instabilité.
J'ai à partir de ce moment-là conçu mes repères émotionnels et moraux comme illusoires et mensongers. Mais je n'ai pas su en définir d'autres, qui me soient propres, parce qu'au moment où j'ai pris conscience de cela, mon "faux" personnage était déjà construit, et je ne parvenais pas à m'en détacher. Je n'avais déjà plus accès à mes émotions.
Ce qui fait qu'aujourd'hui, je n'ai pas confiance en mes propres émotions et je soupçonne toujours les autres lorsqu'ils expriment une émotion de me cacher quelque chose. Je n'ai pas confiance en la parole de l'autre.

Les comportements compulsifs et addictifs à l'issue de ce second cycle semblent en voie d'atténuation.

Paradoxalement, malgré ma "décompensation", j'ai eu des moments où je me sentais suffisamment bien d'une part pour arrêter les AD, d'autre part, pour commencer à penser à chercher du travail.
Et j'ai commencé à agir à l'extérieur avec une reprise des cours de danse.

Le psychiatre m'a donné son accord pour arrêter les AD, au moment où je le juge opportun.
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Mélina
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Message par Mélina »

35 séances.

Arrêt effectif des AD. Hyperphagie remplacée par hypocondrie, qui s'est dissoute assez vite.

J'ai trié le bon grain de l'ivraie: fait la part des choses entre ce qui appartient à l'histoire et aux légendes familiales et ce qui m'appartient en propre.
Ce qui me permet aujourd'hui, enfin, d'aborder en séance mon histoire personnelle, propre. Mes choix, mes peurs, mes désirs personnels. C'est maintenant de moi et uniquement de moi dont il s'agit dans les séances et pas d'un être hanté par les fantômes familiaux.

Mon "enveloppe psychique" est reconstituée: j'ai retrouvé la sensation de cette zone d'interpénétration entre l'extérieur et moi, je ne les ressens plus comme indifférenciés. J'arrive à filtrer les informations émotionnelles qui viennent de l'extérieur et je choisis davantage celles que j'exprime. J'ai acquis de la souplesse et de la fermeté dans mon rapport à l'extérieur. Je me sens à nouveau une, unique, indivisée. Individu.

Maintenant, il s'agit de dire les émotions récentes. Et d'affronter le présent, jusque-là mis de côté.
J'ai commencé à chercher du travail: envoi de CV et de lettres de motivation. Je vais lentement. Je manque de "décision", d'aplomb dans mes actes. Je me suis épargné jusque-là les doutes et les angoisses liés au retour à une vie sociale, à la tentative de retourner dans la "communauté des actifs". Encore incertaine quant à mes "ambitions"... Qu'est-ce que je veux? De quoi suis-je capable? Avec cette peur de ne pas être à la hauteur, mais aussi cette peur d'aller au-delà des compromis que je veux et peux faire.

J'espère ne pas perdre de vue qu'à tout moment, je peux changer mon fusil d'épaule, et retourner à l'étape précédente. Et puis continuer à prendre le temps, aussi, de faire une chose après l'autre.

Virage délicat à négocier: aujourd'hui, mes psy considèrent que la majorité des symptômes de la dépression réactionnelle ou du "stress post-traumatique" ont disparu, c'est la période de convalescence. Je suis d'accord avec eux. Maintenant, il me faut créer les conditions pour que la réalité fasse sa part: être embauchée quelque part, toucher un salaire, et, enfin, avoir un "chez moi".

Je me sens fragile, des mois d'inactivité derrière moi et d'absence de vie sociale: par moment je me demande si je retournerai un jour à la vie "normale". Auparavant, la solitude m'était nécessaire et elle me protégeait. Aujourd'hui, c'est une sensation d'isolement que je ressens. C'est sans doute une histoire de patience. Je l'espère. Ou plutôt j'essaie de ne pas en désespérer.
Diana

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Message par Diana »

Cette sensation d'isolement a duré en ce qui me concerne plusieurs mois dans ma convalescence. On est seul avec ce qu'on vient de vivre et avec ce qu'il faut faire pour redémarrer. Mais après ça paye. Soit confiante....
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Mélina
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Message par Mélina »

45 séances.

Après la dernière amélioration que j'ai signalé dans mon message précédent, j'ai eu un temps de flottement. Les séances perdaient de leur efficacité. Je me suis demandée à un moment si finalement ce n'était pas le moment d'arrêter et le reste, la reprise de confiance en soi notamment, viendrait d'elle-même. Je me disais que globalement j'avais compris le problème, qu'il s'agissait d'appliquer et que parler du passé me faisait tourner en rond.
Aujourd'hui, je vois cette période de "flottement" comme un temps de récupération par rapport à tous les pas accomplis précédemment. Mon cerveau trop sollicitée pour délivrer ses ressentis avait besoin d'une pause, d'un moment pour se replier un peu sur lui-même après tous ces bouleversements et toutes ces remises en question.

Je n'avais jamais parlé de mes rêves en séance. Parce que globalement, je les comprends bien, je sais rapidement à quel ressenti, ils sont liés. J'ai cependant commencé à en parler parce que pour la première fois, je ne les comprenais pas. Ces récits ont ouvert de nouvelles pistes d'exploration.

Je croyais que j'allais chez un psy pour digérer mon dernier choc. J'ai trouvé aujourd'hui l'objet de ma thérapie: faire davantage confiance à mes désirs, sur l'instant. Même si ces désirs me font a priori peur, pour pleins de raison. La première étant que je les trouve trop "gonflés" pour moi, trop "gros", trop "ambitieux" et que je n'ai pas l'âme d'une guerrière. C'est bête que ça en peut plus. Et ça fait tellement d'années que je me le répète.

Matériellement, rien n'a changé. Mais le vécu quotidien est globalement plus serein, j'ai repris mon aplomb naturel.

La sensation d'isolement revient moins souvent. Je suis à nouveau "habitée" par mes projets, mes désirs: je me sens moins seule.

J'ai gagné en patience aussi. L'idée de vivre à nouveau normalement ne me fait plus aussi peur, mais j'ai conscience de mes fragilités. Je m'y tiens: je n'irais pas au-delà de mes moyens.

Les souffrances et colères des derniers mois reviennent par moments, mais elles sont moins violentes, plus fugaces.

L'impatience de retourner à la vie normale me conduit à dormir bien moins. Mais je dois dire aussi que je suis naturellement quelqu'un qui déploie, use beaucoup d'énergie. Le mode "endormi" et inactif de cette dernière année n'est pas mon mode habituel.

J'ai encore quelques atermoiements quant aux passages à l'action, mais petit à petit, ce temps d'hésitation, d'errance, de doute se réduit.
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Mélina
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Un cheminement thérapeutique

Message par Mélina »

J'ai balayé devant ma porte.

Parfois le vent souffle par ma fenêtre, il porte avec lui une vieille chanson triste: "Tiens voilà, c'est ma détresse, tiens voilà, c'est ma vérité. Je n'ai jamais eu d'adresse, rien qu'une fausse identité" (Catherine Ribeiro). Une chanson si triste, et si bouleversante. Je verse quelques larmes. Et le vent emporte ma chanson, mes larmes et ma tristesse.

J'ai balayé devant ma porte.
Parfois le vent souffle par ma fenêtre, il porte avec des lui des poussières d'amour qui me piquent les yeux et la peau, des poussières d'amour tu, d'amour étouffé. Poussières du passé.

J'ai balayé devant ma porte.
Et je n'ai pas vraiment de porte. Je n'ai pas de chez moi, je n'ai pas de travail. Je ne possède rien. Rien que le vent qui souffle.

J'ai balayé devant ma porte. Et le soleil entre par la fenêtre. Je n'ai pas de chez moi, que ce lieu inconnu qu'on appelle "moi" et que je commence à apercevoir. Parfois ce moi sourit, parce que le vent caresse sa joue, et le présent devient désir et apaisement.

Je n'ai rien, rien que cette vie qui est mienne, enfin, aujourd'hui. Il aura fallu aller jusqu'à l'abandon le plus total de tout ce qui faisait apparemment ma vie pour découvrir la seule chose qui compte, qui peut compter, qui comptera toujours. La seule chose à aimer, à protéger, à nourrir, à accompagner dans le souci constant de la pardonner et de la chérir. La seule chose qui compte: ma vie, moi.

Faire ces pas dans le vide, dans l'inconnu, avec cette certitude: il y aura toujours de l'amour. Il ne tombera pas du ciel, et pour qu'il émerge, il faut être patient. Il ne peut venir que de moi. Moi, quand je refuse d'obéir pour qu'on me fasse une place, moi, quand je prends un chemin plutôt qu'un autre, parce que c'est celui-là que je désire, moi, quand je regarde ce qui me fait du bien, moi, quand j'accepte de prendre le risque de blesser peut-être plutôt que d'agir pour le bien-être des autres, mais en dépit de mon propre bien-être.

Ma place où est-elle? Je n'en sais rien. Elle n'existe pas. Elle n'existe que dans la mesure où je la conçois, la projette, la crée, en fonction de mes désirs et de mes capacités, aussi restreintes soient-elles. C'est la seule place possible. Une autre ne serait que mensonge, mascarade, pantomime, frustration, douleur, et solitude.

J'ai balayé devant ma porte. Je n'ai pas de porte. Tout n'était qu'illusion, mensonge. Tout n'était que douleur et solitude. Aujourd'hui, je n'ai rien. Mais je revis.
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Mélina
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Message par Mélina »

Premier temps: évacuer l'ensemble des émotions, celles du présent qui rouvrent les plaies du passé, et font résonner douleur, culpabilité au-delà de toute perception chronologique de mon existence. Dire une à une chaque émotion passées comme présentes, comme on déplie un papier froissé, roulé en boule.
Dans le même temps, faire la distinction entre ce qui relève du fantasme, de la peur imaginaire, de la culpabilité et des faits, de ma responsabilité, concernant le passé et le présent.
Sortir du déterminisme imaginaire inconscient qui règlerait mon existence, ce déterminisme n'est que la représentation, figuration de désirs que je ne veux pas voir, mais qui ne sont en aucun cas dangereux. Le sentiment de dangerosité n'est que l'angoisse de voir mon intégrité menacée, mon lien avec autrui rompu.
Sortir aussi, à l'autre extrémité, de son antonyme: la Loi qui m'obligerait, contraintes morales imaginaires, à agir d'une certaine façon en dépit de mes désirs. Cette Loi n'est qu'une représentation, une figuration de mon sentiment de culpabilité.
Second temps: Une fois que ce bazar a été nettoyé, c'est là qu'est venue la sensation retrouvée d'avoir une enveloppe, un contenant, et non plus de n'être à la fois qu'une personne enfermée à laquelle je n'ai pas accès et qu'une entité traversée par des émotions qui ne m'appartiennent pas.
Troisième temps: La sensation de l'enveloppe m'a permis de voir, de comprendre concrètement dans des situations données ce qui me fait du mal et ce qui me fait du bien. C'est à partir de là que j'ai réussi à agir pour me protéger. Mon enveloppe est devenue plus souple et plus ferme, et c'est à ce moment aussi, à partir de la façon dont j'ai agi, que j'ai commencé à ressentir qu'il y avait "quelque chose à l'intérieur" de cette enveloppe. Protéger l'intégrité de ce "quelque chose" est aujourd'hui mon guide pour agir, faire des choix.
Entre désirs et contraintes, les uns indissociablement liés aux autres, ces dernières n'étant finalement que les conditions d'existence des premiers. A juste distance émotionnelle de l'un et de l'autre, dans un aller-retour constant de l'un à l'autre, introduire du "jeu" entre les deux. Du "je".
Tout ça prend du temps, à chaque fois, pour chaque vécu, le premier temps c'est l'émergence de l'émotion, toujours mêlée, ambigüe, ambivalente. Il faut la vivre, la subir d'une certaine façon, vivre aussi les fantasmes qu'elle fait émerger. Ce n'est qu'après que je peux la lire, la comprendre et agir pour revenir à une certaine constance émotionnelle.

Ces temps définis ici sont des tendances générales, des stades vécus de façon diffuses depuis le mois de janvier, mais dans les faits, je "navigue" entre les différents plans durant les séances de thérapie, au fil de mes expériences diverses.
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Mélina
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Message par Mélina »

Maintenant que "l'enveloppe" est là, et que l'intérieur n'est plus ressenti comme vide, j'apprends à donner une consistance à mon enveloppe en fonction de mes besoins et de mes désirs.

Les tous premiers mois de ma thérapie ont surtout été consacrés aux fantasmes fondamentaux, aux "histoires de croquemitaine" de mon enfance restée tapie dans mon cerveau mais qui me jouent des tours aujourd'hui, et cherchent à se dire, tout cela croisant des thèmes tels que la vie, la mort, la naissance, l'agressivité fondamentale, les désirs de fusion, etc.

Le travail s'est durant ce temps également beaucoup concentré aussi sur ma relation présente avec ma mère, la juste distance à adopter, les limites à marquer. De quoi également renforcer mon "enveloppe".

La "zone de conflits" s'est aujourd'hui déplacée vis à vis des amis très proches, qui me sont une seconde famille, et vis à vis des relations amoureuses. A la fois pour identifier les failles de mon enveloppe, mais aussi pour identifier ce qui se "joue" de mes fantasmes fondamentaux dans mes relations avec ceux-ci.
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