Assumer la dépression, ça veut dire y rester?

[camikaze8]

Bonjour à tous, je suis nouvelle ici. J'ai déjà lu pas mal de messages, qui m'ont souvent beaucoup touchée, bouleversée même.
Il me semble qu'à chaque moment, je dois me concentrer pour me souvenir de ce pour quoi je suis en train d'écrire ici.
Aujourd'hui, pour la première fois, j'ai réussi à dire "je suis dépressive" à haute voix, après quelques verres. Et ça m'a fait flipper.
Je suis une psychothérapie depuis plus d'un an, principalement à causes d'angoisses profondes qui m'empêchaient de vivre normalement. Sauf que pendant ce temps là, il s'est passé d'autres choses relativement traumatisantes dans ma vie, et, aujourd'hui, ces choses là me barrent la route pour avancer. Je n'arrive pas à en parler, à qui que ce soit. Depuis quelques semaines, j'ai des envies, des pensées, qui non seulement me traversent l'esprit mais en plus y restent, et augmentent au lieu de s'en aller; des idées de suicide, principalement. Pourtant, je n'ai pas envie de mourir. La différence n'est pas facile à expliquer, je le sais, et j'ai mis du temps à le comprendre. Je n'ai pas envie de mourir. De laisser, d'abandonner des gens. De les faire culpabiliser à mon sujet, alors que ça ne concerne que moi. C'est la raison principale qui me fait vivre, d'ailleurs, les autres. Je connais personnellement la douleur que l'on ressent après un suicide d'un proche, et je me suis promis à moi-même, il y a longtemps, de ne la faire vivre à personne.
Sauf que voilà, depuis quelques temps, par moment, je ne pense qu'à moi, et qu'à ce que je veux vraiment, en essayant de ne penser à personne d'autre. Ce sont des pensées à la fois égoïstes et égocentriques, j'en ai conscience, mais quand elles sont là je me dis qu'en même temps, je suis seule dans ma tête, à devoir ressentir ce que je ressens. Et dans ces moments là, où il n'y a que moi qui compte, je ne pense qu'à arrêter de vivre. Et ça m'effraie.

Mon psy a commencé à parler de dépression il y a quelques mois, et ça ne m'a évidemment pas surpris. Étudiante, j'avais laissé tomber les cours depuis longtemps, et j'avais du mal, beaucoup de mal, à accomplir les taches du quotidien, comme me faire à manger par exemple. Et puis c'est passé, j'ai trouvé une nouvelle voie qui me plaisait énormément (la musique). J'ai fait des projets, je me suis investie. Et puis mon enthousiasme est retombé, tout d'un coup, comme ça, sans prévenir. Au départ, je me souviens m'être dit quelques chose du genre "bah, ce n'est qu'une baisse de moral, ça va passer, je vais bien maintenant". Sauf que rien n'est passé, ça a empiré. En comparant ma situation actuelle à celle d'il y a quelques mois, quand ça n'allait pas, je commence souvent par me dire que c'est la même chose. Et puis je nuance. Le côté positif c'est que je suis encore assez active, quand ça ne me regarde pas. Le côté négatif, évidemment, c'est que dès que je dois faire quelques chose pour moi (consolider des projets d'avenir, m'amuser en sortie, voire me reposer ou même me nourrir), je fuis. Je trouve autre chose à faire, qui soit soit "plus utile" pour qqun d'autre, soit utile pour personne, surtout pas pour moi. Et le problème, enfin je pense, c'est que cette fois, je n'arrive pas à l'assumer. Je n'arrive pas à en parler clairement à mon psy (que j'ai recontacté, ce qui me prouve que je tiens probablement à aller mieux), je n'arrive pas à être franche avec mes amis ou ma famille, à qui j’avais pourtant parlé auparavant.
Je m'enferme, au quotidien, dans ce cercle vicieux. Et, visiblement, j'ai peur d'aller mieux, mais je ne sais pas pourquoi. Est-ce que c'est juste parce que j'ai peur d'aller mieux? Peur de ce que je pourrais trouver, et donc de ce que je risquerais de perdre, si je recommençais à m'attacher aux choses, aux gens?

Je suis désolée, mon post n'a sûrement rien à faire ici, c'est juste que je ne sais pas où écrire tout ça. Je laisse le soin aux modérateurs de déplacer/supprimer mon message, je ne me vexerai pas.

Je ne suis même pas sure de chercher ici un quelconque réconfort, ni des conseils. Je suis juste morte de trouille, et je me demande encore comment on peut être "dépressive", à 21ans, avec toutes les composantes du bonheur à portée de main...

[katesurf59]

Bonsoir et sois la bienvenu au saint du forum

[decibella]

Bienvenue camikaze8

Déjà je trouve que tu exprimes très bien ce que tu ressens, tu analyses clairement la situation et je pense que ça ne peut t'aider

Je ne pense pas que l'acceptation de sa dépression nous condamne mais plutôt l'inverse.
Le fait d'être honnête envers soi, envers les autres me paraît plutôt bénéfique. Tout comme engager les démarches pour soigner son mal de vivre.
Après, quand on considère qu'on n'a pas de raisons d'être dépressive comparé à d'autres personnes, c'est difficile d'accepter qu'on l'est et apparemment c'est ton cas.
Il y a aussi l'entourage, qu'on veut ménager ou qu'on sait insensible à notre cause qui peut nous freiner.

Peut-être as-tu peur d'aller mieux car c'est un retour de responsabilités ou tu as peur d'être "dénaturée" ou encore peut-être que tu n'as pas peur d'aller mieux mais plutôt tu n'en as pas la volonté.
C'est dur d'avoir cette volonté quand on sombre, l'espoir nous est étranger, la confiance en nous inexistante, et l'envie de vivre plus que fuyante.

Je suis sûre que tu peux trouver au fond de toi les réponses et les questions qui démêleront la toile de tes tourments

Je suis en mode poétique ce soir me d'mande pas pourquoi

Prends soin de toi camikaze et j'espère que mon message t'aura un peu servi à quelque-chose :]

[Moinou]

Bonsoir Camikase8
et bienvenue

Concernant le titre de ton message, je ne dirais pas "assumer sa dépression" mais plutôt "accepter sa dépression".
D'autre part, accepter sa dépression, ça ne veut pas dire y rester, bien au contraire.
C'est depuis que j'ai accepté que je suis dépressive, que j'ai commencé à me soigner (=médicaments+psychothérapie).

Quant à ta dernière phrase "je me demande encore comment on peut être "dépressive", à 21ans, avec toutes les composantes du bonheur à portée de main", eh bien sache que tu n'es pas la seule à te poser cette question.
Moi-même, j'ai beaucoup de composantes du bonheur à portée de main et je ne suis actuellement pas capable d'apprécier la vie, ma vie.
Et c'est justement ce que je recherche quand je vais voir ma psychologue, comprendre ce qui ne va pas caché au fond de moi.

A bientôt.

[decibella]

Au fait, ici au moins y'a vraiment pas de quoi avoir la trouille
Personne ne te jugera

[choupette]

Bonjour

Tu pense que si tu avais 40 ans du assumerais mieux d'être dépressive ?
Tu sais on peut "tout avoir" et être dépressif.

C'est juste qu'on ne vois pas les choses de la même façon que les autres.
Tout est plus compliqué dans notre tête.

Tu peux te satisfaire avec un tout petit truc anodin que personne ne remarque.
Par exemple moi j'adore regarder l'évolution d'un arbre aux fils des jours ,des semaines et des saisons.
Mais personne ne fait ça. J'imagine que chaque arbre est une personne.
Celui là ressemble à un tel et celui ci à une tel.

Mais à coté de ça je suis dépressive, et d'avoir une maison ,un mari des enfants ,un travail, de l'argent...N'empêche pas ce fait.

Bienvenue à toi.

[rabeete]

Je m'enferme, au quotidien, dans ce cercle vicieux. Et, visiblement, j'ai peur d'aller mieux, mais je ne sais pas pourquoi. Est-ce que c'est juste parce que j'ai peur d'aller mieux? Peur de ce que je pourrais trouver, et donc de ce que je risquerais de perdre, si je recommençais à m'attacher aux choses, aux gens?

comme tu dis : la trouille, la peur.. pour moi, c'est la peur de l'inconnu ! la nouveauté, le changement implique de prendre des risques. Prendre des risques, c'est s'exposer à l'erreur et au jugement extérieur. Et ça.. c'est l'angoisse !
Honnêtement, se comprendre, savoir s'analyser justement soit même.. ça n'aide pas à aller mieux. Ou en tout cas pas toujours. De mon côté, je pense avoir retourné dans tout les sens ma vie, mon passé, mes choix, et comprendre pourquoi je suis déprimé et comment m'en sortir. Ce n'est pas pour autant que j'y arrive. Un peu comme une personne paralysé qui voudrait marcher..

au plaisir de te lire encore, je me suis reconnu dans tout ce que tu as écrit (mais comme beaucoup d'autres, peut être ?)

[camikaze8]

Merci pour vos réponses, je les ai lues très vite, mais j'ai bien tardé à vous remercier...
Depuis mon message, il y a eu beaucoup de changements dans ma vie, mais pourtant, j'ai l'impression d'être la même. C'est paradoxal, et difficile à expliquer.
Rabeete, je suis complètement d'accord avec toi : se comprendre soi-même n'aide pas forcément, et dans mon cas, c'est même le contraire.
J'ai l'impression d'arriver au bout du rouleau, j'ai tiré sur toutes les ficelles et j'ai même cru que j'allais mieux, pendant quelques jours, voire semaines. Comme à chaque fois, le retour en est d'autant plus violent et difficile à assumer.

[harryjr]

Salut. Je pense que la dépression est un travail de sape. Elle lamine. Tu aimes la musique. Tu vas voir ton goût s'éroder au fil du temps. C'est là tout le travail de la dépression. La seule chose que tu peux faire, c'est tenter de résister.