Je pensais à moi, à la vie, à l'humanité, comme d'hab', et, comme souvent en ce moment, je me suis arrêtée sur la honte.
M'est donc venue l'idée de venir voir s'il y avait quelque chose à ce propos ici. Ce topic me paraît donc pas mal !
Il me semble que, dans la dépression, c'est souvent récurrent, comme émotion/sentiment, non ?
Ca m'a vaguement étonnée de voir qu'il y avait si peu de réponses à ce post en autant de temps d'existence, mais en même temps, bien sûr, cela va de soi... Quel honteux voudrait parler publiquement de sa honte, de la honte ?
A part un honteux qui a une sorte de confiance malgré tout, confiance en lui et/ou en l'autre, pour avancer vers un but autour de ce sujet.
J'aimerais bien savoir quelle proportion nous sommes (car oui, j'en suis), mais, un sondage pareil serait probablement l'un des plus complexes à réaliser avec pertinence, touchant précisément ce que l'on voudrait cacher, consciemment ou non
J'ai donc d'abord souhaité lire (enfin, depuis quelque temps je me suis plutôt mise à une sorte de diagonalisation flexible) ce qui s'est dit, et je vais de ce fait commencer par réagir à cela !
christelle a écrit : ↑lundi 03 mars 2008 18:34
Pire que la vanité, la gourmandise, le mensonge, c'est l'inaction.
Je me sens comme une imposture vivante.
J'ai trouvé très inspirant ce propos ! En effet, je trouve aussi que l'inaction est l'une des hontes les plus honteuses (socialement) qui existent, si ce n'est la pire. J'en ai souffert, et j'en souffre régulièrement. Chaque jour j'y pense, je réfléchis à comment canaliser ce besoin de me sentir moi d'une façon simplifiée, "optimisée", et de faire simplement des choses.
Et effectivement, je n'avais pas encore vraiment remarqué que, sans qu'on se le dise (justement !), la société considère l'inaction comme l'une des pires engeances... si tant est qu'elle soit obligée de la considérer en y étant confrontée, car, bien sûr, le reste du temps, ce n'est même pas quelque chose d'envisageable dans sa conception de la vie.
Sacrée tyrannie que nous subissons, n'est-ce pas ? Ce non-dit, ce dédain sur lequel ils ne veulent même pas mettre de mots, de peur que cela les salisse, les empoisonne peut-être ?
Car, après tout, je pense qu'ils ont peur ou sont incapables de voir la dépression, l'inaction, car beaucoup ne vont pas si bien que cela, et que dès lors qu'ils sont confrontés à des phénomènes psycho-émotionnels d'autres personnes qui leur évoquent certaines réalités non-assimilées, cela active une alarme de survie. Celle-ci permettant de ne pas "tomber" dans la conscience de ces choses, de peur de ne pouvoir directement y faire face, ou faire face aux conséquences pratiques que cela induit.
Petite précision : si j'emploie le mot de tyrannie, ce n'est pas pour viser les personnes qui ont ce mécanisme de survie (car nous pouvons tous avoir/subir des sortes d'automatismes toxiques pour autrui), mais pour viser certaines malveillances existantes à divers degrés qui permettent à ce genre de situations de se généraliser, à notre grand désarroi.
Bref, les mauvaises énergies entraînent les mauvaises énergies, et il faut savoir trouver des solutions à tout cela. Car après tout, qu'avons-nous de mieux à faire, lorsque cela nous bloque ?
En ce sens, il y aurait tant à dire sur l'inaction, sa nécessité, son droit intrinsèque à.
Je trouve qu'il peut souvent être utile de se référer au comportement d'un bébé, lorsqu'on aborde les différents comportements/sentiments/émotions se manifestant de base chez un être humain. En effet, l'inactivité est un comportement possible de base. On peut le constater, sur un bébé.
Bon, malheureusement, cette référence n'est certainement pas aussi frappante qu'elle le devrait peut-être, étant donné le statut qu'ont les enfants d'entités inférieures ou inachevées, bien trop souvent à mon goût. (A mon sens, ils sont trop souvent déshumanisés, dévitalisés... au même titre que les adultes, bien évidemment. Mais pour les adultes, c'est admis Misère...)
En ce qui concerne la sensation d'imposture vivante, je n'avais jamais vraiment ressenti cela, jusqu'à il y a peu...
Maintenant, je vois à peu près ce que ça fait, hormis le fait que cette sensation puisse aller jusqu'aux tréfonds de notre solitude.
Normalement, la solitude ne peut pas permettre cette sensation d'imposture, tout du moins vis-à-vis de ce que nous faisons à l'instant T.
Alors, "imposture vivante" ou "je suis une imposture" m'a toujours fait buguer, car j'ai toujours lu des propos absolus à ce sujet. Je n'ai encore jamais croisé de propos qui circonstancient ce sentiment
On ne peut être intégralement une imposture. Hormis, peut-être, si l'on est absolument constamment confronté à quelqu'un.
Et comme c'est un cas extrême difficilement envisageable pour moi dans notre société où l'on ne vit plus à 15 dans 2 pièces, j'ai du mal à cerner que ce sentiment puisse être vraiment intégral.
Par contre, j'envisage bien mieux que l'on se sente constamment, même lorsque nous sommes seuls, sous une autorité, ce qui induit une comparaison perpétuelle à l'idéal que ses exigences représentent.
Par exemple, si l'on fait allégeance intégrale à quelqu'un, ou tout du moins à la conception qu'on a de cette personne, et donc à ses exigences (ou là encore, tout du moins les exigences que l'on croit qu'elle a), et si ces exigences touchent à comment l'on devrait être, alors oui, à chaque instant, l'on peut se sentir une imposture sur pattes, car nous ressentons certainement une forme de dissonance constante entre qui on est et la nécessité de notre individuation pour fonctionner sereinement, et ce à quoi on a fait allégeance.
Bon, pour en arriver là, il faut bien sûr soit être très jeune et avoir un référent affectif troublé, soit être soi-même troublé et en manque de repères.
Vous comprenez pourquoi ? Vous êtes d'accord ?
Bref, le sentiment d'imposture N'EST PAS UNE FATALITE
Ne nous sentons pas découragés face à cela et continuons à chercher à nous comprendre autant que possible, et continuons tranquillement (ou radicalement ) à mettre en œuvre les moyens qui nous permettront de nous (re)trouver.
Genre trouver la solitude, la vraie, c'est cool, déjà.
[Edit :
La solitude c'est après - Claude François
D'un coup j'ai pensé à cette chanson, que je n'aime pas spécialement, mais j'ai trouvé qu'elle faisait plutôt sens à cet endroit, ce qui m'a donné l'opportunité de l'apprécier spécialement ^^]
Bon, j'ai déjà beaucoup écrit, et je voulais écrire encore beaucoup, mais, ça fait long pour tout de suite.
Donc, je me dis que c'est pas forcément le mieux d'attendre de terminer mon message pour vous l'envoyer tout d'un bloc, alors je vous envoie déjà ça.
En cherchant pour l'occas' des infos sur la honte, j'ai croisé un article que j'ai trouvé très sympathique qui explique pas mal de choses sur celle-ci.
Tenez :
https://www.psychonaut.fr/Thread-Il-est ... sans-honte