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Pacey117
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Message par Pacey117 »

Il pleure dans mon coeur
de Paul Verlaine

Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine !
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Débonnaire
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Message par Débonnaire »

Elsa au miroir

C’était au beau milieu de notre tragédie
Et pendant un long jour assise à son miroir
Elle peignait ses cheveux d’or Je croyais voir
Ses patientes mains calmer un incendie
C’était au beau milieu de notre tragédie

Et pendant un long jour assise à son miroir
Elle peignait ses cheveux d’or et j’aurais dit
C’était au beau milieu de notre tragédie
Qu’elle jouait un air de harpe sans y croire
Pendant tout ce long jour assise à son miroir

Elle peignait ses cheveux d’or et j’aurais dit
Qu’elle martyrisait à plaisir sa mémoire
Pendant tout ce long jour assise à son miroir
À ranimer les fleurs sans fin de l’incendie
Sans dire ce qu’une autre à sa place aurait dit

Elle martyrisait à plaisir sa mémoire
C’était au beau milieu de notre tragédie
Le monde ressemblait à ce miroir maudit
Le peigne partageait les feux de cette moire
Et ces feux éclairaient des coins de ma mémoire

C’était un beau milieu de notre tragédie
Comme dans la semaine est assis le jeudi

Et pendant un long jour assise à sa mémoire
Elle voyait au loin mourir dans son miroir

Un à un les acteurs de notre tragédie
Et qui sont les meilleurs de ce monde maudit

Et vous savez leurs noms sans que je les aie dits
Et ce que signifient les flammes des longs soirs

Et ses cheveux dorés quand elle vient s’asseoir
Et peigner sans rien dire un reflet d’incendie

Louis Aragon, La Diane française, 1945

J'aime le jeu des répétitions et variations, l'image de la femme se peignant devant sa coiffeuse, la confusion des images.
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hop3
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Message par hop3 »

invictus

Dans les ténèbres qui m’enserrent,
Noires comme un puits où l’on se noie,
Je rends grâce aux dieux quels qu’ils soient,
Pour mon âme invincible et fière,

Dans de cruelles circonstances,
Je n’ai ni gémi ni pleuré,
Meurtri par cette existence,
Je suis debout bien que blessé,

En ce lieu de colère et de pleurs,
Se profile l’ombre de la mort,
Et je ne sais ce que me réserve le sort,
Mais je suis et je resterai sans peur,

Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.
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Alexia311
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Message par Alexia311 »

Baudelaire "Les Fleurs de Mal"

Recueillement

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens toi tranquille
Tu réclamais le Soir; il descend; le voici:
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le soucis.

Pendant que les mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fêtes servile,
Ma Douleur, donne moi la main; viens par ici,

Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées,
Surgir du fond des eaux le Regret souriant;

Le soleil moribond s'endormir sous une arche
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entend la douce Nuit qui qui Marche.
J'ai pu découvrir les rayons du soleil,
J'ai joué avec les ténèbres,
Je me suis assise dans les limbes,
Ce que j'ai préféré...Ton réveil.

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Joy of life
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Message par Joy of life »

Marianne Cohn est née à Mannheim en 1922, dans une famille d’universitaires de gauche d’origine juive mais plutôt détachée de la tradition juive et fortement assimilée. Cette famille est bouleversée par l’irruption du nazisme. Entre 1934 et 1944, elle connaît plusieurs exils : la famille part pour l’Espagne, Marianne et sa sœur sont envoyées à Paris.
Dès 1941, la jeune Marianne entre en résistance puis participe à la construction du MJS (mouvement de la jeunesse sioniste). De septembre 1942 à janvier 1944, sous le pseudonyme de Colin, elle a pour tâche de faire passer des enfants juifs vers la Suisse. Arrêtée en 1943, elle est relâchée au bout de trois mois. C’est de cette période que l’on date – sans en être absolument sûr – la composition du poème « Je trahirai demain ».
Le 31 mai 1944, elle est à nouveau arrêtée à Annemasse (probablement dénoncée) alors qu’elle a en charge une trentaine d’enfants et que seulement 200 mètres les séparent de la frontière suisse. Malgré la torture, elle ne livre aucune information à la Gestapo et refuse la proposition d’évasion de son réseau par crainte des représailles sur les enfants.
Emmenée dans la nuit du 7 au 8 juillet 1944 par la Gestapo, elle est assassinée à coups de bottes et de pelles.


« Je trahirai demain »

Je trahirai demain pas aujourd’hui.
Aujourd’hui, arrachez-moi les ongles,
Je ne trahirai pas.

Vous ne savez pas le bout de mon courage.
Moi je sais.
Vous êtes cinq mains dures avec des bagues.
Vous avez aux pieds des chaussures
Avec des clous.

Je trahirai demain, pas aujourd’hui,
Demain.
Il me faut la nuit pour me résoudre,
Il ne faut pas moins d’une nuit
Pour renier, pour abjurer, pour trahir.

Pour renier mes amis,
Pour abjurer le pain et le vin,
Pour trahir la vie,
Pour mourir.

Je trahirai demain, pas aujourd’hui.
La lime est sous le carreau,
La lime n’est pas pour le barreau,
La lime n’est pas pour le bourreau,
La lime est pour mon poignet.

Aujourd’hui je n’ai rien à dire,
Je trahirai demain.

Marianne Cohn, 1943
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La liberté, c'est toujours la liberté de celui qui pense autrement. (Rosa Luxemburg)
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Aphora
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Message par Aphora »

En voilà un choix d'exception. Sois béni pour ce choix de poème et le soin que tu as pris à expliquer les circonstances de son écriture. :ravi:
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Joy of life
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Message par Joy of life »

Merci, j'eime les poemes des gens qui sont contre toutes formes d'expoitation/totalitarisme.
Encore un, d'une personne d'exception, celle que j'admire le plus au monde

Joyeux anniversaire Rosa Luxemburg, où que tu sois, tu incarneras toujours la revolutionnaire internationaliste, les socialo-communards qui se relevent de Jaures et de ces humanistes sont tres loin d'etre à votre niveau..

Je ne peux que me souvenir de ces poemes si beaux que les hommes devraient en prendre conscience
Une rose ouverte à vos pieds, par Rosa Luxemburg.


Aujourd’hui, nous avons encore eu une journée d’une beauté inconcevable. D’habitude, je regagne ma tanière à 10 heures du matin pour travailler, aujourd’hui je n’ai pas pu. J’étais étendue dans mon fauteuil en osier, la tête renversée en arrière, et, sans bouger, j’ai regardé le ciel des heures durant. D’immenses nuages aux formes fantastiques recouvraient le bleu tendre du ciel qui çà et là apparaissait entre leurs pourtours déchiquetés. La lumière du soleil ourlait ces nuages d’un blanc d’écume éclatant, et au cœur, ils étaient gris, d’un gris très expressif, passant par toutes les nuances, du voile argenté le plus doux au ton orageux le plus sombre. Avez-vous déjà déjà remarqué la beauté et la richesse du gris? Il y a quelque chose de si distingué et pudique, il offre tant de possibles. Quelle merveille, tous ces tons gris sur le fond bleu tendre du ciel! Comme une robe grise va bien aux yeux bleu profond.

Pendant ce temps, devant moi, le grand peuplier de mon jardin bruissait, ses feuilles tremblaient comme dans un frisson voluptueux et étincelaient au soleil. Pendant ces quelques heures où j’étais tout entière plongée dans des rêves gris et bleus, j’avais le sentiment de vivre des millénaires. Kipling raconte, dans une de ses histoires indiennes, que chaque jour vers midi, un troupeau de buffles est emmené loin du village. Ces bêtes gigantesques, qui en quelques minutes pourraient écraser sous leurs sabots un village tout entier, suivent docilement la baguette de deux petits paysans à la peau sombre, vêtus d’un simple tricot, qui les conduisent d’un pas décidé au lointain marécage. Là, les bêtes, dans un énorme bruit, se laissent glisser dans la boue, s’y vautrent avec délice et s’y enfoncent jusqu’aux naseaux, pendant que les enfants se protègent des rayons impitoyables du soleil à l’ombre d’un maigre acacia, mangent lentement une galette de riz qu’ils ont emportée avec eux, observent les lézards endormis au soleil et, en silence, regardent vibrer l’espace… « Un après-midi comme celui-là leur semblait plus long qu’à bien des hommes une vie entière », lit-on chez Kipling, si je me souviens bien. Comme cela est bien dit, n’est-ce pas? Moi aussi, je me sens comme ces enfants indiens, quand je vis une matinée comme aujourd’hui.

Une seule chose me fait souffrir: devoir profiter seule de tant de beauté. Je voudrais crier par-dessus le mur: je vous en prie, faites attention à ce jour somptueux! N’oubliez pas, même si vous êtes occupés, même si vous traversez la cour à la hâte, absorbés par vos tâches urgentes, n’oubliez pas de lever la tête un instant et de jeter un œil à ces immenses nuages argentés et au paisible océan bleu dans lequel ils nagent. Faites attention à cet air plein de la respiration passionnée des dernières fleurs de tilleul, à l’éclat et la splendeur de cette journée, parce que ce jour ne reviendra jamais, jamais! Il vous est donné comme une rose ouverte à vos pieds, qui attend que vous la preniez, et la pressiez contre vos lèvres.
Rosa, lachement assassinée à sa sortie de prison en 1919 parce qu'elle defendait les interets du proletariat
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In-Dark-Heaven

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Message par In-Dark-Heaven »

Complainte d’une fée…

Un frisson imperceptible parcourt la Terre…
Le blanc manteau du bel hiver s’évanouit
Libérant des glaces les Ondines réjouies
De retourner abreuver la sève printanière.

De cette sève renaissent frêles Sylphes,
Gardiennes du sanctuaire des plantes.
Sous la rosée matinale, cadeau des Nymphes,
Pointent dès lors feuilles et fleurs éclatantes.

Çà et là s’activent Lutins et Fées
A parer la forêt de ses plus beaux atours…
Mais le vois-tu ? L’entends-tu ce splendide ballet ?
Non…Tes sens et ton cœur pervertis sont sourds !

Là où tu poses ton pied misérable humain,
La Terre s’étouffe, se fane et devient stérile.
Les prairies s’écrasent sous le béton des villes,
Et tes poubelles jonchent rivières et chemins.

Les Sylphes agonisent sous tes pesticides,
Les Ondines se noient dans tes lessives.
Bientôt ce sera ton teint qui deviendra livide !

Réveille toi, ouvre ton cœur pauvre mortel !
Laisseras-tu ta propre vie partir à la dérive ?
Sois pour Gaïa un ami et protecteur fidèle…

(Tiré du Petit Monde d'Hélégia ) :love1:
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incarmal
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Message par incarmal »

"Le génie de la foule"

Il y a assez de traîtrise, de haine, de violence,
D’absurdité dans l’être humain moyen
Pour approvisionner à tout moment n’importe quelle armée
Et les plus doués pour le meurtre sont ceux qui prêchent contre
Et les plus doués pour la haine sont ceux qui prêchent l’amour
Et les plus doués pour la guerre – finalement – sont ceux qui prêchent la paix

Méfiez-vous de l’homme moyen
De la femme moyenne
Méfiez-vous de leur amour

Leur amour est moyen, recherche la médiocrité
Mais il y a du génie dans leur haine
Il y a assez de génie dans leur haine pour vous tuer, pour tuer n’importe qui

Ne voulant pas de la solitude
Ne comprenant pas la solitude
Ils essaient de détruire
Tout ce qui diffère d’eux

Étant incapables de créer de l’art
Ils ne comprennent pas l’art

Ils ne voient dans leur échec
En tant que créateurs
Qu’un échec du monde

Étant incapables d’aimer pleinement
Ils croient votre amour incomplet
Du coup, ils vous détestent

Et leur haine est parfaite
Comme un diamant qui brille
Comme un couteau
Comme une montagne
Comme un tigre
Comme la ciguë
Leur plus grand art.

Charles Bukowski.
C'est pas parce que les gens sont plus nombreux à avoir torts qu'ils ont forcément raison.
Ma Galerie
Mon salon
Détachement

Poêmes que vous aimez

Message par Détachement »

Bonjour,


C'est à la base une chanson mais pour moi c'est un beau poème dont j'aime beaucoup les paroles et les métaphores :





Little light shining,
Little light will guide them to me.
My face is all lit up,
My face is all lit up.
If they find me racing white horses,
They'll not take me for a buoy.

Let me be weak,
Let me sleep
And dream of sheep.


Oh, I'll wake up
To any sound of engines,
Ev'ry gull a seeking craft.
I can't keep my eyes open-
Wish I had my radio.

I tune in to some friendly voices
Talking 'bout stupid things.
I can't be left to my imagination.

Let me be weak,
Let me sleep
And dream of sheep.

Ooh, their breath is warm
And they smell like sleep,
And they say they take me home.
Like poppies heavy with seed
They take me deeper and deeper.




Kate Bush (que j'apprécie beaucoup)
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Vincent un autre
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Poêmes que vous aimez

Message par Vincent un autre »

J'offre au regard de n'importe qui,
Appellé, plus gentiment, le monde,
Quelques débris de vers (mon maquis).
D'abord flacon d'un liquide immonde
Nommé, plus sèchement, désespoir,
Vidé par le pratique cynisme,
Je me surprends à apercevoir,
Dans mes larmes subitement prismes,
Un pétale aux couleurs reconnues :
L'énième aurore toujours têtue.

Je l'ai écrit.
Il est sur le site "Je suis poésie".
Mon pseudo : Romantimide.
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Vincent un autre
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Poêmes que vous aimez

Message par Vincent un autre »

incarmal a écrit :
"Le génie de la foule"

Il y a assez de traîtrise, de haine, de violence,
D’absurdité dans l’être humain moyen
Pour approvisionner à tout moment n’importe quelle armée
Et les plus doués pour le meurtre sont ceux qui prêchent contre
Et les plus doués pour la haine sont ceux qui prêchent l’amour
Et les plus doués pour la guerre – finalement – sont ceux qui prêchent la paix

Méfiez-vous de l’homme moyen
De la femme moyenne
Méfiez-vous de leur amour

Leur amour est moyen, recherche la médiocrité
Mais il y a du génie dans leur haine
Il y a assez de génie dans leur haine pour vous tuer, pour tuer n’importe qui

Ne voulant pas de la solitude
Ne comprenant pas la solitude
Ils essaient de détruire
Tout ce qui diffère d’eux

Étant incapables de créer de l’art
Ils ne comprennent pas l’art

Ils ne voient dans leur échec
En tant que créateurs
Qu’un échec du monde

Étant incapables d’aimer pleinement
Ils croient votre amour incomplet
Du coup, ils vous détestent

Et leur haine est parfaite
Comme un diamant qui brille
Comme un couteau
Comme une montagne
Comme un tigre
Comme la ciguë
Leur plus grand art.

Charles Bukowski.
Merci. Merci de m'offrir la énième lecture de cet auteur avec qui je me sens si bien...
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Idunn
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Poêmes que vous aimez

Message par Idunn »

J'aime beaucoup Bukowski aussi, même si je n'ai pas eu l'occasion de lire beaucoup de ses oeuvres.

Venus Anadyomène, d'Arthur Rimbaud

Comme d'un cercueil vert en fer blanc, une tête
De femme à cheveux bruns fortement pommadés
D'une vieille baignoire émerge, lente et bête,
Avec des déficits assez mal ravaudés ;

Puis le col gras et gris, les larges omoplates
Qui saillent ; le dos court qui rentre et qui ressort ;
Puis les rondeurs des reins semblent prendre l'essor ;
La graisse sous la peau paraît en feuilles plates ;

L'échine est un peu rouge, et le tout sent un goût
Horrible étrangement ; on remarque surtout
Des singularités qu'il faut voir à la loupe...

Les reins portent deux mots gravés : Clara Venus ;
– Et tout ce corps remue et tend sa large croupe
Belle hideusement d'un ulcère à l'anus.


:love1:
"Salut frère, prends soin de toi." Fernand Tuil -

Ma Galerie : L'Histoire Sans Fin
Mon Salon : Le Boudoir
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hopehearts-11
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Poêmes que vous aimez

Message par hopehearts-11 »

Demain dés l'aube , de Victor Hugo
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur
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Ostinato
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Poêmes que vous aimez

Message par Ostinato »

hopehearts-11 a écrit :
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
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Bilirubine
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Re: Poêmes que vous aimez

Message par Bilirubine »

J’ai tant rêvé de toi
Robert DESNOS
Recueil : "À la mystérieuse"

J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant
et de baiser sur cette bouche la naissance
de la voix qui m’est chère ?
J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre
à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante
et me gouverne depuis des jours et des années
je deviendrais une ombre sans doute,
Ô balances sentimentales.
J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille.
Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie
et de l’amour et toi, la seule qui compte aujourd’hui pour moi,
je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.
J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme
qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant,
qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois
que l’ombre qui se promène et se promènera allègrement
sur le cadran solaire de ta vie.

Image
Je ne sais plus où j'en suis
De mes jours et de mes nuits
Aplati dans la poussière
Je balbutie: Terre, ma terre…


Claude Nougaro
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Ostinato
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Poêmes que vous aimez

Message par Ostinato »

L’Asile
Robert DESNOS
Recueil : "Contrée"

Celui-là que trahit les rages de son ventre
Et que tel pâle éclair de ses nuits a, souvent,
Humilié, s’humilie. Il se soumet, il entre
À l’asile de fous comme on entre au couvent.

Puissé-je rester libre et garder ma raison
Comme un sextant précis à travers les tempêtes,
Lieux d’asile mon cœur, ma tête et ma maison
Et le droit de fixer en face hommes et bêtes.

Vertu tu n’es qu’un mot, mais le seul mot de passe
Qui m’ouvre l’horizon, déchire le décor
Et soumet à mes vœux l’espéré Val-de-Grâce

Où le sage s’éveille, où le héros s’endort.
Que le rêve de l’un et la réalité
De l’autre soient présents bientôt dans la cité.

*****************************************************

Les messagers de la poésie frénétique
René CHAR
Recueil : "Artine"

Les soleils fainéants se nourrissent
de méningite
Ils descendent les fleuves du moyen
âge
Dorment dans les crevasses des
rochers
sur un lit de copeaux et de loupe
Ils ne s’écartent pas de la zone des
tenailles pourries
comme les aérostats de l’enfer.
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Bilirubine
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Poêmes que vous aimez

Message par Bilirubine »

Très beau le poème de Robert :oui:
J'aime beaucoup René Char aussi, ils sont assez proches dans leur forme poétique d'ailleurs non ??
Mon trio de tête ce serait : Robert Desnos, Jacques Prévert et Henri Michaux :ravi:
D'ailleurs je recommande de lire Henri Michaux (le grand) pour les déprimés chroniques, car lui en était un, et il a sublimé son malaise, avec humour, dans ses multiples poèmes-aventures ( par ex. il était plutôt chétif et a entreprit un voyage en Amérique du Sud ... il a relaté son aventure dans un bouquin Ecuador :autop: )
Je ne sais plus où j'en suis
De mes jours et de mes nuits
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Claude Nougaro
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Poêmes que vous aimez

Message par Ostinato »

Robert Desnos, Jacques Prévert et Henri Michaux
Ah oui Michaux, avec ses très beaux dessins sous mescaline comme un prolongement de son écriture.

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Bilirubine
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Message par Bilirubine »

Ouais, superbes et complémentaires ses dessins....

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Au Pays de la Magie, I

J'ai vu l'eau qui se retient de couler.
Si l'eau est bien habituée, si c'est votre eau, elle ne se répand pas, quand même la carafe se casserait en quatre morceaux.

Simplement, elle attend qu'on lui en mette une autre.
Elle ne cherche pas à se répandre au-dehors.

Est-ce la forme du
Mage qui agit ?

Oui et non, apparemment non, le
Mage pouvant n'être pas au courant de la rupture de la carafe et du mal que se donne l'eau pour se maintenir sur place.

Mais il ne doit pas faire attendre l'eau pendant trop de temps, car cette attitude lui est inconfortable et pénible à garder et, sans exactement se perdre, elle pourrait
s'étaler pas mal.

Naturellement, il faut que ce soit votre eau et pas une eau d'il y a cinq minutes, une eau qu'on vient précisément de renouveler.
Celle-là s'écoulerait tout de suite.
Qu'est-ce qui la retiendrait ?

L'enfant, l'enfant du chef, l'enfant du malade, l'enfant du laboureur, l'enfant du sot, l'enfant du
Mage, l'enfant naît avec vingt-deux plis.
Il s'agit de les déplier.
La vie de l'homme alors est complète.
Sous cette forme il meurt.
Il ne lui reste aucun pli à défaire.

Rarement un homme meurt sans avoir encore quelques plis à défaire.
Mais c'est arrivé.
Parallèlement à cette opération l'homme forme un noyau.
Les races inférieures, comme la race blanche, voient plus le noyau que le dépli.
Le
Mage voit plutôt le dépli.

Le dépli seul est important.
Le reste n'est qu'épiphénomène.
Je ne sais plus où j'en suis
De mes jours et de mes nuits
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Claude Nougaro
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