Comment préparer le premier rendez-vous chez le psychiatre?

[Knokke-le-Zoute]

Bonjour.

Je suis nouvelle ici.

Pour faire court, je suis soue AD, somnifères et anxiolytiques depuis 3 semaines sur prescription de ma généraliste qui a diagnostiqué une dépression sévère.

J'ai après demain rendez-vous chez le psychiatre qu'elle m'a conseillé.
Il m'a déjà informé par téléphone qu'il ne pourrait me prendre en charge d'un point de vue psychologique et qu'il faudrait qu'il travaille conjointement avec le cmp pour moi car il est débordé.

Je ressens le besoin de préparer ce premier rendez-vous car, d'une part, j'ai du mal à me confier, sauf en situation de crise (et le traitement actuel m'aide bien à éviter d'exploser), d'autre part, j'ai l'impression qu'il y a tant de sujets à aborder (traitement, symptômes, sommeil, troubles alimentaires, idées suicidaires), que je crains d'en oublier (ma mémoire me joue des tours en ce moment) et de ne pas avoir un discours très structuré.

A votre avis, puis-je m'aider d'une liste, voire écrire ce que je crains de ne pouvoir dire?

[Diana]

Je pense en effet que tu le peux, il n'y a pas de mal et il le comprendra très bien. En plus, les psy savent que le premier rendez-vous est toujours assez long.

[Mélina]

Bonjour,

Ce n'est pas un conseil que je veux te donner, simplement témoigner de la façon dont je procède et dont ça se passe pour moi, anxieuse que je suis de ne pas dire en séance "ce qu'il faut dire" (pour moi? pour aller mieux? parce que j'ai peur du jugement de mes psy? Tout ça à la fois...)

D'abord, j'écris tout. Toutes mes pensées, ressentis, tous mes "vagabondages intérieurs". Avant chaque séance, et à plus forte raison pour la première, je relis et je choisis ce qu'il me semble important de dire. Les premières séances, je voulais tout contrôler, et tous les sujets que j'abordais, je les avais préparés. Jusqu'à faire une synthèse écrite que j'ai quasiment reprise mot pour mot lors de la première rencontre: besoin de contrôler.
Et puis c'était aussi comme un "argumentaire" pour prouver que je n'allais pas bien. J'avais peur qu'on me dise: "vous n'êtes pas malade, ce n'est pas la peine de vous soigner, vous faîtes juste un caprice". J'avais peur qu'au sortir de la séance, on me laisse "repartir dans la nature", alors que je pensais être dangereuse pour moi-même.
Je me suis rendue compte au sortir de ma séance que ce regard que j'avais peur qu'on pose sur moi avait finalement peu de conséquences: c'était d'abord à moi à m'autoriser de dire et de penser que j'étais malade, c'était à moi d'accepter que je voulais de l'aide, c'était à moi d'accepter que mes peurs et mes souffrances étaient réelles, même si je ne savais pas exactement ce qui me faisait souffrir et de quoi j'avais peur.

Aujourd'hui, je me suis un peu détendue. Je continue de me relire avant chaque séance, mais je ne choisis plus que la première chose dont je vais parler de façon obligatoire. Le reste, je laisse émerger en fonction du hasard ou de l'échange. Parfois, les sujets abordés font partie de ceux que j'ai relus avant d'aller à la séance. Parfois non.

A chaque fois que je sors d'une séance, je m'en veux. Parce que j'ai oublié de dire ceci ou cela, parce que j'ai répondu à côté et j'ai honte, j'ai l'impression d'avoir "menti" ou caché quelque chose, parce que j'ai commencé sur un sujet, et puis je me suis arrêtée, je suis partie sur complètement autre chose, ou bien j'ai eu un silence. Parfois, j'ai peur si j'ai oublié de dire quelque chose de ne plus avoir le courage d'en parler.

Pourtant, je crois que ces oublis, silences, "mensonges" sont inéluctables et que c'est grâce à eux que les psys voient ce qui coincent en chacun de nous, ce qui grincent, ce qui fait mal.

Aujourd'hui, malgré ma frustration et ma honte au sortir des séances, j'essaie de me dire: "c'est pas grave, je pourrais en parler la prochaine fois" ou alors: "si c'est vraiment important, le sujet ressurgira de lui-même, sans même que je le prévois". J'essaie de me dire que j'ai le temps, le temps d'errer, de contourner, de fuir, de revenir, avant que de parvenir à mettre des mots sur mes ressentis passés et présents. Et puis j'essaie de faire confiance à mes psys: si ils ont vu un point de frottement, ou un point aveugle dans mes ressentis, ils sauront m'y amener, c'est leur métier.

Et puis, au sortir des séances, je me "repasse le film": qu'est-ce que j'ai évoqué, comment je l'ai évoqué, quelles émotions ça a fait naître en moi vis à vis du psy, vis à vis de moi-même. A quel moment me suis-je arrêtée? Pourquoi? Quelles ont été mes pensées au moment où je me suis tue?
Là encore, je note tout. Ca me donne des pistes à creuser jusqu'à la séance d'après. Et ça me rassure.

Voilà, ce témoignage pour te dire que le plus important est que tu le fasses comme tu le sens, comme tu as envie de le faire, en fonction de ta personnalité. Pour dire aussi que la façon de faire, les objectifs qu'on se fixe, les peurs et les désirs qui gouvernent, souvent malgré nous, notre approche de la thérapie révèlent déjà nos points de frottement. Et pour ne pas que tu t'inquiètes si tu ne dis pas tout à la première séance, il y en aura d'autres, tu pourras "ajuster", compléter, etc. aux suivantes.

J'espère que mettre ce témoignage "en miroir" de tes objectifs, de tes interrogations et de tes ressentis pourra t'apporter des pistes.

[Diana]

Qu'est-ce que ça me parle, Melina, ce que tu dis, qu'est-ce que c'est vrai

[Knokke-le-Zoute]

Merci pour vos réponses.

Moi aussi, Melina, ce que tu as écris me parle et m'a beaucoup aidé à préparer cette première visite.
Finalement, j'avais fait une liste de sujets qu'il me semblait utiles d'aborder, mais le psychiatre m'a beaucoup facilité la tâche en me questionnant.

Je voyais ce rv comme un "état des lieux" et c'est grosso modo ainsi que je l"ai ressenti, je le ressentais aussi comme un besoin de confirmation puisque le diagnostique de dépression sévère avait été posé par ma généraliste.

Il m'a effectivement confirmé que j'étais malade (et pas seulement que je me laissais aller et que j'étais faible, ce qu'il m'arrive encore parfois de penser), que j'avais besoin d'un traitement médical et d'une thérapie.

Il pensait passer le relais à ma généraliste et au psychologue lorsque je l'avais eu au tél, mais à la fin de la séance, il m'a dit qu'il lui semblait nécessaire qu'il me suive régulièrement lui même, j'ai un rendez vous dans un mois et je vais voir entre temps s'il y a possibilité de voir quelqu'un au cmp jusqu'à ce qu'il me trouve un créneau avec des visites plus rapprochées.

Mes doses d'AD ont été multipliées par 2 (gasp!), les anxio par 1,5 et je continue les somnifères.
Il m' aussi donné des conseils pour que les effets secondaires soient moins invalidants.

En revanche, j'ai vu avec ma généraliste pour "auto réguler" un peu mon traitement pour la tension (j'ai un appareil pour la contrôler), car j'ai fais quelques chutes de tension assez flippantes.


Merci encore.

[Diana]

Coucou à toi

Super, cette première rencontre!

Je me doutais aussi que tu n'étais pas faible et que tu ne te laissais pas aller, comme tu le dis. Tu ne m'as pas l'air ainsi...Donc, oui, je me doutais un peu.

C'est bien, ça te permettra d'avoir quelqu'un qui s'occupe un peu de toi aussi.

Comment ça se passe justement ces effets secondaires? N'hésite pas à ouvrir un fil dans le salon, si tu souhaites en parler ou te raconter un peu au jour le jour. Je sais, sans doute que tu n'en as pas l'habitude, mais on les vit mieux quand on partage

J'espère que ça va se régler pour ta tension....

Courage, n'hésite vraiment pas à "te plaindre un peu", c'est aussi fait pour ça ici

[Mélina]

Heureuse de lire que ta première séance semble s'être bien passée et t'as a priori quelque peu rassuré. C'est vrai que c'est déjà un premier apaisement que de voir qu'on est pris en charge, que la maladie est reconnue, une première façon de canaliser l'angoisse que de constater qu'il y a des personnes dont c'est le métier et qui sont à nos côtés.
Il me semble que cette première "reconnaissance" de la maladie est fondamentale pour le suivi, même si chacun de nous sait que le chemin sera long jusqu'à la guérison.

[Diana]

Coucou, Knokke
Comme tu n'as pas laissé de salon, je te laisse un message ici. J'espère que les "vacances" se passent bien pour toi, que tu tiens le coup.
Je voulais juste te laisser un mot, un encouragement, un je ne sais quoi, au cas où. Je t'embrasse