Je suis tomber sur cet article dans Le Devoir que je trouve assez pertinent.
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D’après le chercheur Scott Barry Kaufman, lorsqu’on dit à un enfant qu’il souffre du TDAH, donc d’impulsivité, d’inattention et d’hyperactivité, on lui colle une étiquette qui le stigmatise tout au long de son parcours scolaire. « Je sympathise avec les individus qui ont des difficultés d’apprentissage », dit M. Kaufman, qui a lui-même reçu un diagnostic de trouble auditif lorsqu’il était enfant. « On dit à ces enfants-là qu’ils ne réussiront pas », ajoute le chercheur, qui a terminé son doctorat en psychologie cognitive à l’Université Yale en 2009. Il s’était fait dire que son trouble d’apprentissage ne lui permettrait pas de poursuivre des études universitaires.
M. Kaufman déplore que trop souvent, à l’école, on condamne la créativité et l’imagination, au lieu de les valoriser. À tort, car avoir un TDAH n’empêche pas d’être extrêmement intelligent et talentueux. Le chercheur C. Matthew Fugate et ses collègues de l’Université Purdue, en Indiana, ont remarqué que malgré une difficulté à stocker en mémoire plusieurs éléments d’information (mémoire fluide), les enfants TDAH surdoués avaient une capacité nettement supérieure à identifier des motifs et à faire des liens (intelligence fluide), et une créativité plus grande que leurs pairs surdoués mais non TDAH. En fait, plus la mémoire de travail des TDAH était petite, plus grande était leur créativité !
Ils s’ennuient à l’école
Si les étudiants atteints du TDAH redoublent et finissent par décrocher en grand nombre, ce n’est pas parce qu’ils sont incapables d’apprendre, mais parce que leur manière d’assimiler l’information est différente de la plupart des autres enfants, comme l’indique la recherche sur le TDAH des 20 dernières années.
Face à un système standardisé, axé sur la conformité, M. Fugate et ses collègues prônent « un environnement dans lequel la créativité est mise de l’avant en tant que voie d’apprentissage et en tant que résultat de l’apprentissage ». Scott Barry Kaufman suggère quant à lui l’encadrement et une diversité de ressources, et surtout des méthodes d’enseignement basées sur l’exploration et l’expérimentation — une forme d’apprentissage inquisitif.
Puisque les enfants TDAH tendent à préférer la production d’idées créatives à la clarification de problèmes et au développement d’idées, un enseignement magistral où on leur demande de retenir de l’information et de se tenir tranquille pose nécessairement problème. « L’école, c’est ennuyant. Je pense que tout le monde s’ennuie à l’école, surtout ceux qui veulent découvrir le monde et ne pas se borner à être des étudiants passifs. Faites-en des élèves actifs ! » insiste Scott Barry Kaufman. Le chercheur voit ces élèves comme des explorateurs pris au piège à qui l’on dit : « Écoute et surtout, n’explore pas. »
En outre, nous n’utilisons pas les bons outils pour détecter la créativité et l’intelligence chez les personnes atteintes du TDAH. Selon M. Kaufman, « les tests de QI sont des tests d’exclusion qui ne mesurent ni la pensée critique, ni la réflexion profonde, ni la créativité — soit exactement ce pour quoi les TDAH sont doués. » Dès le début des années 60, Ellis Paul Torrance, père du Torrance Test of Creative Thinking qui mesure la créativité de ses participants, affirmait que nos tests d’intelligence classiques, comme le test de QI, laissent de côté la grande majorité (70 %) des 20 % d’individus les plus créatifs. Plus encore, les traits de caractère qui influencent de façon négative la performance à des tests de QI et à des tests scolaires augmentent, au contraire, les chances de réalisations créatives.
Catalyser le potentiel créatif du TDAH
Le TDAH n’est pas de tout repos pour les parents et les proches d’un enfant atteint. Mais, croit M. Kaufman, les caractéristiques négatives qu’on associe au TDAH, comme l’impulsivité et l’inattention, peuvent devenir des attributs positifs et même des dons créatifs, pourvu qu’on laisse aux enfants la possibilité de s’exprimer, qu’on cultive leur créativité et qu’on les encadre adéquatement. « Les enfants TDAH ont une incroyable capacité de concentration s’ils sont actifs vis-à-vis de leur apprentissage », ajoute-t-il.
Virginie Lachance, résidante de Mirabel, est mère de deux enfants diagnostiqués avec le TDAH. C’est dans les activités créatives et sportives, justement, que ses enfants trouvent un
« exutoire » à leur énergie débordante. Lorsque sa fille de 11 ans, Victoria, qui vient de s’inscrire dans un programme d’art et multimédia, se plonge dans le dessin ou la peinture, « elle part », « rien d’autre n’existe », affirme sa mère. « À un moment donné, elle a pris un carnet et elle s’est mise à composer des chansons ! » se réjouit sa mère.
Au-delà des activités artistiques, Mme Lachance encourage également sa fille dans la pratique du karaté, un sport qui, selon elle, aide sa « petite sauterelle » à avoir une certaine discipline, tout en lui permettant de se défouler dans un environnement contrôlé.
Ethan, neuf ans, le fils de Mme Lachance, s’ennuyait dans son école de quartier jusqu’à ce qu’il découvre le piano. Il suit maintenant un programme accéléré à l’école primaire à vocation musicale Arthur-Vaillancourt, où sept heures de musique hebdomadaires et des répétitions quotidiennes viennent s’ajouter au cursus classique. « Hein, un TDAH qui va dans une école qui roule vite ? Ben oui ! », plaisante Mme Lachance, expliquant que sans les temps morts et les distractions, son garçon est beaucoup plus stimulé et absorbé par l’école.
Un exemple qui confirme les déclarations du chercheur Scott Barry Kaufman, selon qui « les qualités créatives peuvent donner des résultats extraordinaires, à condition d’être bien cultivées ».
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