Dépressions chroniques, récurrentes, résistantes : vos témoignages

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Zooey
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Dépressions chroniques, récurrentes, résistantes : vos témoignages

Message par Zooey »

J'avoue que je ne me reconnais jamais dans les descriptions parce que tout le monde parle d'un avant et d'un après.

Moi y'a pas d'avant. Certes, j'étais moins "abîmée" plus jeune, parce que j'avais pas encore eu les obstacles à surmonter sur lesquels je me suis échouée, parce que j'avais pas encore conscience de mes limites. Mais aussi loin que je me souvienne de mon état de conscience, j'ai cette noirceur qui me poursuit. L'angoisse, oui, je peux dire qu'elle était moins là voir pas là dans l'enfance, mais déjà enfant j'avais des pensées assez noires, il y avait quelque chose de gluant et de glauque, de méfiant et de secret en moi.
Et à l'adolescence, passé une petit phase très optimiste quand j'ai cru que j'allais rentrer dans le grand monde excitant des ados, ça a été la dégringolade avec idées suicidaires, honte profonde de moi, désinvestissement scolaire, léthargie... et puis après j'ai eu des hauts et des bas, avec apparition de l'angoisse, des tocs, le comportement phobique qui s'est accentué au fil des ans. Bref, j'ai toujours été comme ça.
C'est juste devenu pire avec ce qu'on attend d'un adulte, et avec la répétition d'échecs, avec l'âge où on se dit qu'on est de plus en plus en retard par rapport aux autres dans ses accomplissements, normal quoi.

Je regrette souvent d'avoir coupé court à ma thérapie avec une psy quand j'étais ado. J'aurais peut être été mieux armée arrivée à l'âge adulte si j'avais été soignée alors. Les comportements sont pas ancrés à cet âge, le cerveau est pas fini (même s'il reste plastique à vie). Plus jeune on se fait soigner, mieux ça vaut.

Pour moi, je ne vois pas de guérison. Au sens devenir quelqu'un pour qui la vie est plus légère. Par contre, j'apprends à accepter mes limites, j'ai fait petit à petit le deuil de certains idéaux sur le parcours que j'aurais aimé avoir (qui touchent au narcissisme donc), j'essaie de faire le tri entre ce que j'ai toujours souhaité au fond de moi, ce qui aurait été une orientation naturelle pour moi, et les injonctions paternelles ou maternelles qui ont sans doute brouillé le signal. Mon vœu le plus cher est de devenir autonome, c'est à dire sortir du rsa. A part ça, et à part dans les moments de crise, je trouve que la vie peut tout à fait être belle, mais faut dire aussi que j'ai fait un sacré parcours pour faire doucement taire mon surmoi tyrannique.

Puis je sais pas, c'est peut être une forme de maturité qui s'installe, ça devient plus facile quand on se donne moins d'importance, quand on réalise que c'est le tour des enfants, de la génération suivante d'avoir de grands espoirs. J'ai toujours été tellement ambivalente avec ça, la "réalisation" de soi, ça m'a pas aidé. D'un côté, l'impression de devoir venger quelque chose en réussissant dans un domaine ; de l'autre, le fait que j'ai toujours su apprécier les petites choses du quotidien et que finalement, il me faut pas grand chose pour être contente. Il y a quelque chose de serein dans le fait de reconnaître ses limites, c'est un peu comme se reconnaître soi, presque comme un père reconnaît un enfant si vous voyez ce que je veux dire. C'est pas un sentiment que j'ai tous les jours, parce que même sous médoc, des fois les tourments reviennent. Mais tant qu'il y a des jours "avec" ça va...

Il y a fort à parier que j'aurais toujours du mal à faire les choses, que je serais toujours fatiguée même quand je dors beaucoup, que je serais toujours quelqu'un d'anxieux, de lente, que je manquerais toujours de confiance en moi, et qu'il faudra toujours que je fasse très attention à quoi je m'expose pour ne pas re-sombrer dans la dépression. Là je suis sous médoc, mais je n'ai pas l'intention de les prendre à vie. On apprend à vivre avec la dépression, on apprend qui on est. On apprend à reconnaître les symptômes quand ça dégringole. On apprend à tirer profit des moments plus lumineux.
cyruella
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Message par cyruella »

"un avant..un après pour les autres.." dis tu dans lequel tu ne te reconnais pas ...mais moi je me reconnais dans ce que tu dis j'ai toujours été mal parceque ça se passait mal dès ma naissance avec mes parents , je me suis sentie à part, triste etc..j'ai voulu me suicider à 7 ans etc..MAIS quand on parle d'avant et d'après c'est par rapport, (enfin en ce qui me concerne), la depression grave où tu n'es plus qu'une amibe incapable de te lever, laver de manger de quoique ce soit donc il y a AVANT cela où tu ne peux plus rien assumer et après oùà nouveau tu t'assumes tant bien que mal, où tu ne souffres plus atrocement où tu peux voir à nouveau la lumière etc.. avec je le sais toute ma vie des cicatrices qui se réouvrent, ou qui continuent à faire mal toujours des effort à faire, c'est vrai aussi toujours fatiguée ..des rapports jamais faciles même si , pour moi,je fais tout pour que ça se passe au mieux donc beaucoup de solitude...je pense que toutes les personnes qui connaissent le depression grave vivent cela, plus ou moins fort, mais ,c'est en nous avant la depression "c'est notre histoire"..ça nous tombe pas dessus "par hasard"
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Juno
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Message par Juno »

Pour moi c'est similaire que pour toi, Cyruella. J'ai eu des soucis depuis l'enfance, mais il y a eu un moment où je me suis dit "là, c'est vraiment le plus bas que je suis tombée" et depuis je me suis dite qu'à partir de là ça ne pourrait qu'aller mieux (et c'est le cas, pour l'instant, je crois les doigts :newblush: )

Je me souviens de la première fois qu'on m'a diagnostiqué la dépression, vers 17 - 18 ans, mon médecin m'a dit que mes problèmes n'étaient pas physiques, que je déprimais. Je suis rentrée à la maison, je l'ai dit à ma mère qui a éclaté de rire et m'a dit "ahh bon!! et puis quoi encore??" et je me suis tue pendant 8 ans. Après une grosse chute où j'étais une amibe comme cyruella le dit, j'ai commencé le traitement AD et le suivi psy. Mon psy ne parlait pas du tout!! très frustrant au début, mais finalement c'est ce qui me convenait le mieux. Une des seules phrases qu'il m'a dit, vers la fin du suivi c'était: C'est en reconnaissant ta fragilité que tu deviens forte

En ces moments je vis à nouveau des symptômes qui m'inquiètent, irritabilité, troubles de sommeil, mais au moins maintenant je sais quelle bataille je suis en train de livrer, avant je ne le savais pas, maintenant oui.
C'est en découvrant ta fragilité, que tu deviens fort.

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cyruella
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Message par cyruella »

ce qui est très dur en fait c'est que ça se joue vraiment au niveau de l'inconscient
car j'ai eu après ma grave dépression des années d'épreuves non stop
j'ai passé ma vie dans les hôpitaux et les cimetières perdu presque tout le monde avec des maladies horribles : Alzheimer, cancer, avc, etc..plus mes problèmes: de santé (infarctus)..d'argent plutot la misère ...et je ne suis pas retombée ce qui confirmait ce que j'avais toujours pensé que(souvent pour ne pas dire tout le temps) ça n'a rien à voir avec les problèmes que l'on vit
d'ailleurs, en psychiatrie aux urgences où j'avais séjourné j'avais discuté avec une femme à l'époque elle devait avoir 70 ans moi 50
elle m'a dit "écoutez je viens ici régulièrement pourtant j'ai un mari adorable, une belle maison, des enfants extra, j'ai tout alors pourquoi?????"

mais ça a à voir avec avant ..et par moment ça resurgit

meme maintenant cette année après 15 ans sans depression ni état dépressif cette année au printemps c'est toujours à ce moment là pour moi ,j'ai senti que ça revenait et ,pourtant ,maintenant je SAIS j'ai pu mettre des mots sur l'origine de "ma , mes dépressions "
certes, je ne suis pas trop descendue heureusement car, maintenant je suis cardiaque et beaucoup d'incompatibilités avec les antidépresseurs et les problèmes cardiaques je ne tenais pas debout je titubais, tombais bref ma cardio voulait que j'arrete tout ou hospitalisation

est ce que ça a été "léger" parceque depuis plus de 15 ans je connais l'origine ??je pense j'espère... sinon ,à chaque fois que dans ma vie qq chose va se rejouer qui a à voir avec cette origine, je vais replonger.....
de toutes manières toute la vie il faut composer avec son histoire on ne la change pas...
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Zooey
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Message par Zooey »

cyruella a écrit :
"un avant..un après pour les autres.." dis tu dans lequel tu ne te reconnais pas ...mais moi je me reconnais dans ce que tu dis j'ai toujours été mal parceque ça se passait mal dès ma naissance avec mes parents , je me suis sentie à part, triste etc..j'ai voulu me suicider à 7 ans etc..MAIS quand on parle d'avant et d'après c'est par rapport, (enfin en ce qui me concerne), la depression grave où tu n'es plus qu'une amibe incapable de te lever, laver de manger de quoique ce soit donc il y a AVANT cela où tu ne peux plus rien assumer et après oùà nouveau tu t'assumes tant bien que mal, où tu ne souffres plus atrocement où tu peux voir à nouveau la lumière etc.. avec je le sais toute ma vie des cicatrices qui se réouvrent, ou qui continuent à faire mal toujours des effort à faire, c'est vrai aussi toujours fatiguée ..des rapports jamais faciles même si , pour moi,je fais tout pour que ça se passe au mieux donc beaucoup de solitude...je pense que toutes les personnes qui connaissent le dépression grave vivent cela, plus ou moins fort, mais ,c'est en nous avant la dépression "c'est notre histoire"..ça nous tombe pas dessus "par hasard"
Oui ok, je vois ce que tu veux dire, entre maintenant sous médoc, et l'hiver passé où j'étais au plus bas, oui la différence est nette. Donc de ce point de vue je peux parler d'un avant après. :intero: M'enfin "le pire" de ça, les médocs le modifient assez vite je trouve (en tout cas pour ma part), c'en est même assez spectaculaire.

Mais en effet, l'aspect histoire... Comme des montagnes russes qui montent jamais tellement haut et redescendent trop vite pour que j'ai le temps de mettre des choses en place. Mon histoire c'est ça. Mon histoire c'est que j'ai rien pu construire à cause de ça. Quelque soit l'idéal de moi que j'avais, il était de toute façon puéril, à côté de la plaque à la base; mon récit de moi, mon historicité, c'était une construction bancale trouée de partout, cela avait quelque chose de factice. La dépression elle est pas hors de moi. Elle est en moi, elle fait partie de moi. Je suis construite avec. J'ai développé ma personnalité avec. Même si je peux reconnaître que certains symptômes, en particulier la manière dont ma subjectivité est affectée, certaines formes d'angoisses aussi, sont clairement - comment dire - de la maladie, quelque chose qui s'impose à moi, tout l'aspect ralentissement psychomoteur, même s'il varie, je ressens cela comme constitutif de ma personne. J'ai tout simplement toujours été comme ça.

Sinon, tu dis "ça n'a rien à voir avec ce qu'on vit". Je suis d'accord. Si je suis en descente, je prends mal les choses, je les vis mal; si je vais mieux, je suis moins sensible, moins irritable, moins soupe au lait, moins honteuse. En fait, depuis quelques années, là où je dis que ça fait partie de moi, j'ai l'impression que c'est génétique. Que c'est dans mon code génétique. Que mon cerveau fonctionne comme ça un point c'est tout. Et d'un côté, ça me désespère, d'un autre, ça a quelque chose d'apaisant, je me dis que je vois enfin qui je suis et que je dois faire des choix en fonction de cela. Ce qui est, au moins, une BASE à partir de laquelle construire quelque chose!!!!

@Juno: oui l'incrédulité des proches, à mon avis, c'est une des choses qui empêche de se soigner en temps et en heure et correctement. Cette moquerie de ta mère, ça t'a fait perdre 8 ans. 8 ans, c'est le temps d'une bonne thérapie pour consolider deux trois choses et avancer dans la vie. Ca arrive trop souvent que les proches nous prennent pas au sérieux, c'est franchement difficile à vivre. En tout cas ça aide pas.
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Juno
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Message par Juno »

Zooey a écrit :
Sinon, tu dis "ça n'a rien à voir avec ce qu'on vit". Je suis d'accord. Si je suis en descente, je prends mal les choses, je les vis mal; si je vais mieux, je suis moins sensible, moins irritable, moins soupe au lait, moins honteuse. En fait, depuis quelques années, là où je dis que ça fait partie de moi, j'ai l'impression que c'est génétique. Que c'est dans mon code génétique. Que mon cerveau fonctionne comme ça un point c'est tout. Et d'un côté, ça me désespère, d'un autre, ça a quelque chose d'apaisant, je me dis que je vois enfin qui je suis et que je dois faire des choix en fonction de cela. Ce qui est, au moins, une BASE à partir de laquelle construire quelque chose!!!!

@Juno: oui l'incrédulité des proches, à mon avis, c'est une des choses qui empêche de se soigner en temps et en heure et correctement. Cette moquerie de ta mère, ça t'a fait perdre 8 ans. 8 ans, c'est le temps d'une bonne thérapie pour consolider deux trois choses et avancer dans la vie. Ca arrive trop souvent que les proches nous prennent pas au sérieux, c'est franchement difficile à vivre. En tout cas ça aide pas.

Et oui!! c'est peut-être dans notre code génétique. Il m'arrive la même chose que toi, quand je suis en descente je ne vois pas les choses de la même façon. Un jour, si je suis bien et ma collègue me fait pas la bise, je remarque même pas, où je vais la voir tout simplement pour lui faire la bise moi, mais si je suis en descente, ce simple geste devient un signe du fait qu'elle me déteste et qu'elle ne veut pas être à côté de moi

mais du coup, comment différencier les choses?? comment savoir si ce que je pense c'est vraiment moi qui le pense ou si c'est mon moi déprimé qui me le dit à l'oreille?? je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire
C'est en découvrant ta fragilité, que tu deviens fort.

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Zooey
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Message par Zooey »

Je sais pas trop, l'habitude aide quand même, y'a un moment où ça devient assez évident que c'est des pensées dépressives, parano. ca empêche pas de se sentir mal et d'y croire d'une certaine manière, et d'être émotive et tout ça, mais... au moins tu sais que c'est ça. Bon je sais pas par contre si c'est une bonne idée de disqualifier ses émotions "dépressives" comme telles, comme si du coup, elles étaient fausses. Parce que, ce qu'on ressent, on le ressent pour de vrai, c'est pas comme si c'était un cancer ou je sais pas quoi, une excroissance qui a rien à faire là. C'est là, c'est notre ressenti, c'est nous, donc c'est vrai. Je pense que se rendre compte que c'est "typique" de quand on va plus mal, ça permet peut être de prendre du recul, de se rappeler qu'il faut s'occuper de soi, dormir plus tôt et tout le tralala hygiène de vie... ça peut servir à ça. Et à pas réagir trop vivement quand on prend la mouche. Mais la blessure elle est là quand même, faut bien la regarder pour la soigner. Enfin je sais pas...
cyruella
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Message par cyruella »

mais plein de gens qui n'ont jamais connu la dépression sont eux aussi parfois plus susceptibles, nerveux, de moins bonne humeur voire mauvaise humeur , tristes etc.. rien n'est tout blanc rien n'est tout noir même hors la depression ..sauf certaines "natures exceptionnelles" tout le monde a des bas et des hauts aussi
comme disait Léo Ferré "le bonheur c'est du chagrin qui se repose.."
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Zooey
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Message par Zooey »

Oui et comme ils ont jamais été à ce point là et à la rigueur c'est parce qu'ils connaissent ça de façon plus "légère" qu'ils ont tendance à avoir des commentaires genre "moi quand je me sens angoissé je vais faire du sport". Donc au final, cette empathie possible, qui fait de nous des "normaux" c'est finalement plutôt chiant.
M'enfin ça fait pas de la dépression un truc génétique auquel on peut rien. Je suis tentée par ça aussi, et je suis tout le temps à me dire "forcée de constater", mais y'a un moment ou ça sert à rien de constater, faut essayer d'avancer quoi...

Bon mais alors voilà, la dépression, ce n'est pas une maladie. Une maladie a une cause (un virus, une infection, etc).
Les troubles psychiatriques en ont plusieurs, et on ne les connaît pas toutes, voir on ne les connaît pas du tout.

Par contre, en réunissant un certain nombre de symptômes qui coïncident, on arrive à un syndrome. Donc la dépression est un syndrome.
Le syndrome dépressif. Pour être médicalement correct donc.

Le fait de considérer des expressions de soi, des comportements, ou des douleurs, ou des idées, comme extérieures à soi, cela s'appelle un clivage.
Ça peut aider, mais faut pas en abuser, c'est comme avec toutes les bonnes choses. Extérioriser tout ce qui est considéré comme symptôme dépressif comme étranger à soi, c'est le museler, alors qu'en termes psychologiques, un symptôme, c'est ce qui parle à la place de soi.
Cela peut être un symptôme somatique (on parle alors de conversion et/ou d'hypocondrie), ou un symptôme type trouble obsessionnel ou tca, ou autre encore.

Bien sûr qu'il est pas question de laisser quiconque souffrir des mois et des années de ses symptômes, bien sûr que passé une certaine intensité et certaines répercussion sur l'existence il faut médicaliser et apaiser, mais il faut quand même leur donner du sens à ces symptômes pour arriver à s'en sortir par la suite, à ne pas retomber, ou retomber moins bas.

Voilà pourquoi je dis qu'il faut sans doute pas traiter ses symptômes dépressifs comme des éléments étrangers. Ca fait + peur des objets non identifiés que des objets identifiés non ?
cyruella
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Message par cyruella »

Ah ça oui il est INDISPENSABLE de mettre des mots sur ses maux sans cela moi je restais au fond du trou à jamais je mourais même...et là je dois dire qu'en 30 ans de psy
2 sur 2 ( car je ne compte pas les psychiatres , les psychologues en hospitalisation) sont passés à côté alors que j'ai ressassé cet évènement qui m'a traumatisée comme d'autres mais lui était lié à la dépression et, en même pas une minute, quand j'ai pu formulé qq chose de simple en fait auquel aucun des psy n'avait pensé je suis sortie du fin fond du trou légère légère avec une envie de vivre incroyable
certes, ce n'était pas à eux à le formuler mais s'ils avaient entendu ils 'auraient recentrer là dessus au lieu de me laisser tourner dans le vide
pourtant le 2e était bon
ça ait peur quand même des psy qui passent à côté de qq chose d'aussi gros d'aussi constituant de mon histoire!
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Chat perdu
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Message par Chat perdu »

Dans ma dépression, si il y a une chose que j'ai compris récemment, c'est cette image négative que je traine derrière moi depuis de nombreuses années. Cela transparait au point de me coller à la peau et j'en souffre beaucoup. Pour autant, je n'en suis pas responsable car ma famille m'a beaucoup entretenu dans cet état sans que je m'en rende compte: à savoir que j'étais le vilain petit canard. Le plus terrible est que c'est devenu chronique et il m'arrive de me faire piéger dans mon discours tout simplement parce que je ne suis pas assez positif et ceci explique en partie ma dépression et mes échecs sentimentaux, relationnels ou professionnels.
cyruella
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Message par cyruella »

Tu sais après un séjour en psychiatrie suite à la plus grave dépression que j'ai faite je suis sortie de là dans un sale état car ça c'était EN PLUS très mal passé avec eux d'un autre coté j'etais en phase maniaque ils ne s'en étaient même pas rendu compte d'ailleurs ,c'est moi pas les psychiatres ,qui à force de chercher sur internet ai trouvé cela
donc en phase maniaque c'était super j'y suis restée 6 mois !!6 mois sans non seulement dormir mais m'allonger jamais fatiguée , mille choses à faire, un punch une joie de vivre etc..EXTRAORDINAIRE!!!!!
hélas le soufflé est retombé!!j'ai voulu changer de psychanalyste car entre le lacanien qui m'avait enmenée dans le néant , les psychiatres psy à la noix..là je suis très mal
tombée déjà que je n'aime pas du tout les psychiatres
bref je suis arrivée chez un psychanalyste qui m'a dit "vous allez me parler QUE de positif sur vous" = silence total!!!!!!! et incompréhension même
mais pendant un an il a voulu que je parle de positif exclusivement , et ça m'a vraiment aidée à me renarcississer parceque avec la dépression plus l'hospitalisation en psychiatrie plus l'attitude de ma famille enfant et ado et même aprèsj'en avais bien besoin ..certes ça ne m'a pas donné ce que je n'ai pas eu et qui me manquera à vie mais ça m'a beaucoup aidée
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Message par Chat perdu »

Oui mais comme je dis, je ne crois pas qu'on soit totalement ou directement responsable sauf que notre image nous colle à la peau et on est obligé de trainer ça avec nous. Aux yeux des autres, ça n'est pas vraiment beau et on ne s'en rend pas compte mais j'ai mon excuse pour avoir souffert de mille maux (et mots) sans avoir compris pourquoi et là subitement ça ressort, la marmite ayant débordé, à un moment clé de mon existence. Et je regarde derrière moi en me disant "quel gâchis", la dépression prenant à nouveau une autre dimension. Que j'aurais aimer avoir une autre existence comme tout le monde mais ça n'est plus possible, ma vie étant en partie gâchée, je dois faire avec.
Mais comme tu dis il faut à présent penser positif en chassant le négatif
cyruella
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Message par cyruella »

C est vrai que c'est douloureux tout ce gâchis mais que faire? on ne peut rien effacer, ni acheter dans un magasin l'amour , la reconnaissance la valorisation etc..que l'on n'a pas eu de ses parents etc..Mais lefait d'avoir souffert de souffrir apporte aussi une sensibilité que d'autres n'ont pas ..il faut essayer de positiver car toute sa vie on va trainer cela même avec 30 ans d'analyse hélas ça m'aide à moins souffrir , à mieux comprendre mais on ne se change pas!
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Message par Chat perdu »

Le plus difficile à supporter est le regard et le jugement des autres sans que ceux-ci nous connaissent vraiment tout comme observer ceux-ci avec l'impression qu'ils sont plus heureux que moi tandis que de notre côté on reste à quai. On ne sait pas où aller et que faire mis à part se cacher. Certes il y a des solutions mais soit elles nous semblent loin soit elles nous font peur. Va-t'on y arriver ?
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Gomorra
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Message par Gomorra »

Je fais des épisodes chroniques de dépression depuis à peu près huit ans, disons que le plus difficile reste la rechute...

Des mois à combattre mon mal-être, à me forcer à faire des choses dont je n'ai pas envie et qui sont très difficiles voir presque insurmontables, tout ça pour que je rechute en l'espace de une à deux semaines... Marre de tout ça !!!

Pour dire vrai j'allais très bien Juin/début Juillet, je sortais presque tous les jours, je voyais mes amis, je faisais beaucoup de projets d'avenir, plus aucune angoisse à sortir de chez moi (au contraire je ne faisais que m'ennuyer chez moi) Tout ça pour que, tout d'un coup, sans aucune raison, patatras!!! Rechute...

J'ai l'impression qu'on me donne régulièrement un avant goût du bonheur pour me le retirer presque aussitôt. C'est vraiment dur et ça m’empêche de faire des projets sur le long terme...

Par contre je ne suis pas d'accord avec le fait qu'il y ait un moi d'avant et un moi d'après, on a trop souvent tendance à confondre les symptômes de la dépression et sa propre personnalité.

Par exemple, à cause de l'agoraphobie, actuellement, je ne sors pas de chez moi et n'ai aucune envie de voir qui que ce soit, pourtant, quand je suis guérie, j'adore sortir, voir mes amis, pour ainsi dire je passe mon temps vissée à mon téléphone et à proposer des sortie, alors qu'au contraire, quand je vais mal je m'isole totalement et ne réponds pas au téléphone.

Autre exemple, en dépression je ne suis pas féminine pour un sou, adieu épilation, soins du corps, jolis vêtements... Pourtant quand je vais bien je passe des heures à m'occuper de mon corps et de ma toilette.

Même si je pense que les difficultés de la vie nous font évoluer, je pense qu'il est important de ne pas confondre ce qui est du à la dépression et notre propre personnalité.

Cela reste, bien sur, mon opinion, et je respecte tout avis différent du mien.
Mon entrée : viewtopic.php?t=30859
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Zooey
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Message par Zooey »

Hello Gomorra,

Ben je crois que tout d'abord il faudrait pas que tu vois ça comme de vraies rechutes car quelques semaines ou même 1 mois d'amélioration c'est pas vraiment une sortie de dépression. Donc déjà, ne vois pas ça comme un échec.

Par contre ça démontre que tu commences à distinguer les parenthèses d'améliorations justement, dans la masse temporelle informe quand on est mal.
C'est comme quand on apprend une langue, quand on commence à distinguer les mots dans le gloubiboulga de sons. Et puis à en comprendre quelques-uns.

Le truc c'est que visiblement tu as pas encore pu atteindre une stabilité psychologique pérenne. Mais ce "mieux-être" que tu as eu là, c'est ce que tu dois viser en gros, et à quoi te raccrocher quand tu penses que ça finira jamais. Parce que tu auras ces éclaircies, elles reviendront. Et peut être qu'à un moment, tu arriveras à bâtir quelque chose de plus stable là-dessus.

Essaie de repérer sur une année quand interviennent ces moments de mieux, et essaie de faire coïncider à l'avenir ces moments-là avec l'engagement dans des activités ou un suivi qui te permette de renfoncer ce que tu atteints à ce moment. Ça peut être une activité sportive, artistique (art-thérapie), un groupe de parole, un suivi dans une association, du bénévolat, du théâtre, ou même (je connais pas ton background) un projet professionnel...

Il faut profiter des éclaircies pour créer des liens, des attaches, des habitudes, qui nous aideront à tenir.

bon courage :bye:
Cyruella a écrit :
ça ait peur quand même des psy qui passent à côté de qq chose d'aussi gros d'aussi constituant de mon histoire!
Ben ça c'est sûr, des fois on se dit que ce serait plus facile si les psys étaient télépathes, m'enfin je sais pas si ça marcherait aussi bien que quand on extériorise soit, puis je crois que ce serait pas top quand on est parano ^^

Non enfin bref, ils peuvent pas deviner, faut parler, mais ils peuvent pas non plus forcer à parler, car c'est le moment ou pas le moment pour la personne, et si ils forcent à parler trop tôt, ça peut faire s'écrouler une personne qui tient qu'à un fil.

Par contre, un psy qui ne sait pas être à l'écoute, qui ne permet pas finalement à la personne d'exprimer ce qu'elle a à exprimer au moment où c'est près à sortir, c'est pas génial génial. Mais faut pas se leurrer, la plupart ont des tas de patients, trop parce qu'ils y a plus assez de psychiatres, et franchement ils ont pas la disponibilité d'esprit.

Donc voilà des fois c'est mieux de voir un psychologue, et puis faut pas attendre monts et merveilles des psychiatres quoi.
Et quand on a un psychiatre qu'on aime bien mais qui a visiblement bcp de taf, ben faut essayer de faire un effort pour lui dire ce qu'on pense qu'il a besoin de savoir pour nous soigner correctement.
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Chat perdu
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Message par Chat perdu »

Gomorra a écrit :

Par exemple, à cause de l'agoraphobie, actuellement, je ne sors pas de chez moi et n'ai aucune envie de voir qui que ce soit, pourtant, quand je suis guérie, j'adore sortir, voir mes amis, pour ainsi dire je passe mon temps vissée à mon téléphone et à proposer des sortie, alors qu'au contraire, quand je vais mal je m'isole totalement et ne réponds pas au téléphone.
Pour ma part ça n'est pas l'agoraphobie qui est la cause de mon repli car d'une façon générale je suis de nature plutôt discrète à éviter le monde parce que j'ai été façonné comme ça mais disons qu'avec le temps je suis déçu des gens et je n'ose plus aller vers eux. De plus mon image de quelqu'un de renfermé et asocial me ternit beaucoup aux yeux des autres.
titi.bart
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Dépressions chroniques, récurrentes, résistantes : vos témoignages

Message par titi.bart »

Bonjour
C'est la 1ere fois que je poste car je n'en peux plus et je me sens si seule. Ça fait 6 ans que je fais des épisodes dépressifs qui sont de plus en plus longs. Ça durait 2/3 mois en moyenne et là ça fait 5 mois et ça n'est plus possible je n'en sors pas. En général, après chaque épisode dépressif, je reviens presque du jour au lendemain bien ou j'ai l'impression que mon cerveau se remet en marche, la motivation, revient, tout ce qui me paraissait insurmontable, m'apparaît normal à faire, je recadre mes enfants, je n'ai pas peur de retourner au boulot (après 2 mois d'arrêt! ), je ressors, refais du sport, je depense pas mal d'argent, je revis. On m'a parlé de depression saisonnière, de bipolarité. J'ai vu des psychologues, psychiatres, magnetiseurs... Des spécialistes : shiatsu, kinesiologie, desengrammeur.
Là je suis arrêtée, je passe mes journées chez moi à m'ennuyer, à déprimer, je me sens si seule. Je vois 1 psychiatre qui me donne des antidep et une nouvelle psychologue depuis 2 séances. Je ne vois pas le bout du tunnel comme à chaque fois
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Chat perdu
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Dépressions chroniques, récurrentes, résistantes : vos témoignages

Message par Chat perdu »

C'est vrai que l'ennui et la solitude ne font pas bon ménage et nous dessert beaucoup dans nos relations avec les autres. J'ai souvent remarqué que partout où j'allais seul, je déprimais face aux autres gens avec cette impression d'être jugé, cela rendant la chose plus difficile pour aller vers les autres. J'aimerais qu'on me donne la solution pour m'en sortit car j'ai la sensation que c'est impossible tant la barrière entre moi et les autres est hermétiques comme si je ne faisais pas partie de ce monde.
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