Colère, énervement sans raison

[lucyj]

Je viens de passer ma 3ème nuit épouvantable sans raison précise. Sommeil léger, sentiment d'agacement voire de colère et je me réveille énervée, fatiguée, au bord de la crise de nerf avec envie d'envoyer promener tout et tout le monde. J'ai beau essayer de me calmer ou de me raisonner, ça empire jusqu'à ne plus vouloir rien faire ni parler à personne le soir venu. Pire, j'envoie par moment des messages fielleux à des proches parce que je leur en veux de vielles choses non dites. Mais par dessus tout, je suis en colère contre moi, je m'en veux pour tout et n'importe quoi, la tension monte, je me gave de séresta car c'est tout ce que j'ai en pharmacie, mais je serais alors prête à gober n'importe quoi. Je demande même à mon conjoint de ne pas rentrer à la maison pour ne pas lui faire subir mon humeur de chien. Je me déteste, je me trouve en-dessous de tout, je ne vois que mes échecs, passés ou à venir, je me sens seule, je pleure de rage et de tristesse. Je n'en peux plus.

[chrystelle]

Bonjour
As tu songé à consulter ?
As tu une idée d 'ou vient cette colère ?

[lucyj]

je consulte régulièrement un psy de TCC très bien et je suis sous thymorégulateurs (dépamide+lamictal);
mais quand je dis que ces colères semblent surgir de nulle part, c'est que je le ressens vraiment comme ça. 3 nuit que je dors d'un sommeil léger, non récupérateur mais où surtout, dans les phases de rêves, je m'engueule avec tous ceux qui m'ont emmerdée un jour ou l'autre. Je me réveille énervée, à bout nerf, fatiguée, sans envie. L'énervement va en augmentant au fur et à mesure de la journée, si bien qu'au bout du compte, j'ai carrément envie d'envoyer balader mes mais et mes proches et pire, de casser la figure de voisins désagréables.
Aujourd'hui encore, il est 6h (habituellement je me réveille entre 8h et 8h30), je suis déjà énervée du simple fait de cette insomnie. Je ne sais pas comment "sauver" ma journée". La méditation, la sophrologie, tout ça ne prend pas avec moi. Avant ça, il y a qq jours à peine, je ressentais au contraire une nouvelle plénitude. Je ne comprends pas et rien que ça, ça m'énerve!

[kelorétil]

bonjour,
c'est marrant ça, je me reconnais dans ce que tu racontes. Il y a quelques semaines, j'étais opréssée par cette question et personne à qui en parler : comment juguler mes envies d'envoyer tout le monde balader, comment maitriser cette colère que je ne comprends pas ? je n'ai pas mené ma réflexion bien loin, je me suis juste dit que j'avais des problèmes intérieurs à résoudre, classique, qu'un jour je serais plus zen et en accord avec moi-même. J'ai du mal à reconnaitre que ces accès d'agressivité sont dus à une maladie, soignée à l'aide de médocs censés réguler mon humeur. Je crois que la source est très loin, profonde, pleine de frustrations et d'injustices, et aussi causée par mon inaction (j'attends que ça passe) et mon incapacité à regarder les autres et les contraintes autrement qu'avec la conviction que je ne peux rien y faire.

Je n'ai pas la solution on dirait... Si, en fait, la mienne est je crois de modifier radicalement la façon dont je vis, mais bon, rien n'est magique, j'ai peur

[lucyj]

Hier, ma colère est allée jusqu'à une scarification (pas méchante mais c'est rarissime que je fasse ça, ça ne m'était pas arrivé depuis mes 15 ans!) et prendre une bonne dose de Séresta. Pas une surdose, juste de quoi dormir pour arrêter d'enrager.
Par contre j'ai pu faire un des exercices conseillés par mon psy: décrypter tout ce que je ressentais en décrivant la situation, les émotions, les pensées et mon comportement face à tout ça. Je pense que ça m'a calmée un peu déjà.

Cette nuit, j'ai à nouveau dormi d'un sommeil assez léger (tourne et retourne dans le lit) mais sans rêve où je suis énervée, du coup je me suis levée calme ce matin et ça fait un bien fou. J'ai l'étrange sensation que c'est comme si un truc désagréable était apparu puis était passé; comme un mal de ventre qui arrive dont ne sait où et disparait peu après.

Je ne vois mon psy qu'en avril mais j'espère que l'on trouvera une piste à cette colère étrange qui n'est pas dans mes émotions habituelles, surtout aussi intense, sans facteur déclenchant clair et durant plusieurs jours et nuits.

[kelorétil]

bonjour,
Ce qui est bizarre chez ceux qui se scarifient, c'est que ça resssemble à de l'auto-punition. Je me trompe peut-être, c'est une analyse peut-être simpliste.
Perso, j'ai fais de l'auto-mutilation quand j'avais la vingtaine, j'ai compris bien plus tard que je voulais "parler" d'un trauma que je n'arrivais pas à reconnaitre, je veux dire par là que je ne savais même pas qu'il y avait sous mes gestes quelques évènements dont je n'étais pas responsable mais dont je portais la responsabilité inconscienment.

Ma propension à me culpabiliser c'est transformée avec les années, je ne me mutile plus depuis longtemps, mais par contre, j'ai tendance (et ce n'est pas peu dire) à m'accuser de tous les maux de la terre

[lucyj]

bonjour,
Ce qui est bizarre chez ceux qui se scarifient, c'est que ça ressemble à de l'auto-punition.

je pense comme toi qu'il y a de la culpabilité là dessous. Ainsi que le fait de se sentir impuissant devant une douleur psychologique si forte.
En dehors des personnes souffrant de troubles psychologiques, il y a aussi les personnes emprisonnées qui se scarifient souvent et selon moi, il y a une sorte de lien car je me sens souvent emprisonnée. Sauf que ma prison est dans ma tête.
Cette nuit, j'ai à nouveau très peu et très mal dormi. Je me suis levée tôt avec un profond sentiment d'être malheureuse, de passer à côté de ma vie, de louper quelque chose. Je passe cette journée dans la tristesse, l'ennui, les crises de larmes, et ce fameux sentiment d'être enfermée dans quelque chose que je n'arrive pas à définir. J'ai bien essayé de sortir mais je me suis de suite sentie oppressée, fatiguée et finalement angoissée. Je n'ai tenue qu'une dizaine de minutes. Mon psy dit qu'il faut laisser couler ses sentiments négatifs, essayer de moins se les approprier, prendre du recul, laisser passer. Mais quand c'est si profond et que ça dure plusieurs jours, c'est impossible pour moi de ne pas m'embourber.

Il y a juste une semaine, je me réjouissais de me sentir à nouveau bien, sereine, paisible pendant plusieurs jours d'affilé. Je retrouvais enfin un sentiment de tranquillité! Tout ça est si fragile.

[kelorétil]

bonsoir,
je n'ai pas beaucoup de temps, je voulais te dire juste qu'il suffit de savoir que tu n'as pas de boulot et de logement pour comprendre que tu as de quoi être dans un sale état. Ta prison n'est pas que dans ta tête en somme. bon courage ma belle, essayes de te changer les idées et de te faire un peu plaisir. Si tes amis tentent de te joindre, prends, c'est important les amis