Dépression et maltraitance dans l'enfance

[doloplus]

Je me pose depuis longtemps la question de savoir s'il existe un lien de cause à effet entre la dépression et la maltraitance des enfants, que celle-ci soit physique, sexuelle, psychologique ou par négligence.
Quand on lit des documents sur la dépression on parle souvent de causes multiples : génétiques, psychologiques ou sociales...Rarement de la question de la maltraitance infantile.

Imaginons un enfant qui ait hérité génétiquement d'une fragilité face à catte maladie, il dévelopera probablement la maladie s'il est maltraité, mais à l'inverse, si cet enfant est élévé avec amour et protection, dévelopera t'il la maladie?
Et un enfant qui n'est pas génétiquement prédisposé à la dépression mais qui subira pendant des années des trairtements maltraitants, pourra t'il devenir dépressif à cause de cela?

Je pense que personne n'a de réponse certaine à ces questions, mais j'aimerai connaitre votre intime conviction par rapport à cette question et à votre vécu personnel.

Je remercie d'avance chaleureusement tout ceux qui prendront un peu de leur temps pour me donner leur opinion.
Je vous souhaite à tous une vie heureuse et une santé la meilleure possible.
Doloplus.

[incarmal]

Coucou Dolo.

on parle souvent de causes multiples : génétiques, psychologiques ou sociales...Rarement de la question de la maltraitance infantile.

Je ne suis pas adepte du rôle de la génétique pour expliquer la dépression. Par contre je pense que les facteurs facilitant cette maladie sont sociaux et psychologiques. La maltraitance rentre selon moi dans ces deux catégories et qu'il en est donc question de façon sous-jacente.

Le psychologique est important car un enfant maltraité, suivant sa construction psychique, peut très bien réussir sa vie avec des séquelles moindres, alors qu'un autre qui a subi des maltraitances similaires va perdre pied.

[doloplus]

Merci pour ton avis Incarmal
Mais qu'est-ce qui détermine, selon toi, la "construction psychique" d'un enfant, qui fait que face à des traumatismes similaires certains auront des séquelles traumatiques plus graves (ou juste plus visibles?) que d'autres?

[incarmal]

Je suppose (je ne m'étais jamais posé la question) que c'est là que le côté social entre en jeu.

Je pense que la psyché de l'enfant se construit selon ses expériences et son vécu depuis qu'il existe. Tout cela détermine les capacités neuronales favorisées et qui font la différenciation entre la façon qu'à un enfant de traiter les informations par rapport à un autre.
Je pense donc que l'enfant n'a aucune prise sur ce développement.

Ce sur lequel on peut avoir prise c'est la conscience et la connaissance de soi même, ce que j'appelle l'introspection.
C'est elle qui permet de porter un regard différent sur la façon dont on traite les informations. Notre façon d'analyser et d'encaisser les évènements extérieurs peuvent alors changer, notre façon de nous percevoir nous-même aussi, mais cela prend du temps et je pense que je m'écarte du sujet de l'enfance puisque le travail d'introspection n'est jamais terminé. c'est le travail d'une vie.

[doloplus]

Je suppose (je ne m'étais jamais posé la question) que c'est là que le côté social entre en jeu.

Je pense que la psyché de l'enfant se construit selon ses expériences et son vécu depuis qu'il existe. Tout cela détermine les capacités neuronales favorisées et qui font la différenciation entre la façon qu'à un enfant de traiter les informations par rapport à un autre.
Je pense donc que l'enfant n'a aucune prise sur ce développement.

Donc, si l'environnement est défavorable (maltraitance, isolement social, abandon...), l'enfant risque de dévelloper une dépression à cause de son environnement...mais ce sera à lui de trouver les solutions pour s'en sortir alors qu'il n'est pas responsable des causes de son état... Pas étonnant que ce soit si difficile alors!

D'autres avis?

[lonie]

Bonjour Doloplus
bonjour Incarmal
Cette question m'interpelle pleinenement.
Je me suis moi aussi posée la question de la part du génétique, du psychologique ou du social dans le déclenchement d'une dépression ou les états dépressifs. Comme beaucoup ici, j'ai lu tout ce que je pouvais lire sur le sujet de la dépression, de la psychologie ou de l"épanouissement personnel. J'aurais tendance à dire que la part génétique est variable selon les individus mais suis aussi assez encline à penser que le psychologique est important, celui-ci étant relié à la qualité des soins, l'attention, le suivi, l'écoute que l'on nous a apporté pendant notre enfance.... je suis portée à croire cela parce que je rentre dans cette catégorie.... mais je ne veux pas en faire une vérité générale. On observe que certaines personnes ont été littéralement abandonnées, violentées durant leur enfance et ne sont pas pour autant devenus des dépressifs...alors est-ce du à l'absence de terrain génétique favorable ou bien que malgré des événements "défavorables" il y a quand même eu des choses positives dans cet environnement?....
mais je voudrais apporter ici un note d'espoir à tous les dépressifs avec mon cas...je pense que malgré une histoire familiale lourde marqué par l'insuffisance, la négligence et la maltraitance - maltraitance s'entendant pas seulement comme la violence physique ou verbale mais plutot par le manque-, la vie peut-être transformée par le hasard des rencontres et des expériences....je me suis dit qu'un jour je viendrais témoigner ici pour montrer que même si l'on touche le fond, la vie peut s'éclaircir et que l'on peut s'y sentir bien....mais comme pour l'alcoolisme, je pense que certaines fragilités sont toujours présentes ce qui conduit à parler non pas d'alcoolique abstinent mais de dépressif abstinent...même si certaines soirées je me laisse aller à la mélancolie, je m'autorise à la faire je me dis que ce n'est pas grave, j'avance et ce n'est pas pour autant que je retombe dans la spirale infernale.....

[doloplus]

Merci Lonie pour ton point de vu fort intéressant. Je vois que tu as réussi à surmonter une enfance difficile et que maintenant tu te sens bien dans ta vie. C'est une source d'espoir pour tous les autres, et plus personnellement je trouve que ça force le respect...je t'admire.
Je te souhaite encore une longue et belle vie.
Au plaisir.
Doloplus.

[lonie]

Merci Doloplus.

[poussière]

J'ai lu un livre qui parle de ça, je l'ai trouvé très intéressant. Il s'intitule "c'est pour ton bien" d'Alice Miller.

Y a aussi cet interview que j'ai trouvé bien.

https://www.youtube.com/watch?v=D9ThMb3XXpQ

[Frog2Hdf]

Salut tout le monde,
C'est la Grenouille qui s'incruste pour avoir été directement concernée par la dépression et la maltraitance dans l'enfance. Selon moi, les facteurs génétiques n'entrent pas en ligne de compte dans la génèse d'une dépression dans l'hypothèse d'avoir été maltraité(e) pendant l'enfance. En revanche, les facteurs psychologiques et sociaux sont au premier plan car ce sont eux qui conditionnent la construction de la personnalité de l'enfant qui est maltraité.

Malgré de mauvais facteurs sociaux et psychologiques l'enfant peut arriver à se construire harmonieusement malgré la maltraitance pour ne pas souffrir plus tard d'une dépression mais c'est très rare. Dans un tel cas, se construire est trop difficile vu que la maltraitance "est la preuve sous ses yeux" pour l'enfant qu'il est indigne puisqu'il est maltraité.

Voilà mon opinion. J'ai été maltraitée et j'ai eu beaucoup de mal à me construire car j'avais une image de moi même très dégradée vu qu'on me maltraitait. Cela a donc abouti à l'explosion d'une dépression "cachée" que j'avais en moi depuis des années quand j'ai atteint mes 23 ans.

La psychothérapie m'a démontré que je n'étais pas indigne même si j'avais été maltraitée que tout ce que l'on disait de moi était faux et que je devais repartir sur d'autres bases. Bref que j'étais une victime. Cela a bien marché, j'ai su modifier en moi mon propre jugement et me tourner vers l'avenir en lequel je devais croire à de belles choses qu'il pouvait m'apporter. Le "reset" de mon ordinateur central a été certes difficile mais cela m'a permis de développer en moi des capacités de résilience que l'on a tous en nous mais il faut être ouvert pour les faire éclore.

Voila. A très bientôt dans mon salon où vous êtes tous les bienvenus pour parler ou non de la douleur chronique aussi bien physique que morale.
Encore merci pour votre accueil sur ce si beau forum.
Louise Frog2Hdf.