Phobie du travail?

[léonie]

Voilà, j'ai eu une orientation post bac compliquée. Ah cette époque là je pensais vouloir devenir comédienne, j'étais soutenue par tout mon entourage dans cette voie et malgré un début de doute je me suis lancée dans la folle expérience des cours de théâtre professionnels. En parallèle, je me suis, en premier lieu, inscrite en fac de communication mais à la rentrée universitaire j'ai demandé à ma mère (prof de fac) de me faire inscrire dans sa fac... donc en droit.

Pourquoi? honnêtement j'en sais rien, j'ai envie de dire pourquoi pas.

En définitive, durant deux ans, je n'ai fait ni du droit ni du théâtre, j'ai fait la fête et c'était chouette. Et puis, il a bien fallu se rendre compte que je n'en foutais pas une et qu'il fallait s'y mettre un peu. Je quitte la fac de droit, je m'inscrit dans un cours de théâtre bien plus sérieux et...je fais ma première tentative de suicide.

Je n'ai aujourd'hui, toujours pas d'explication à ce geste (j'avais commencé une thérapie quelques mois avant, je la continue encore aujourd'hui mais je ne comprends toujours pas) du coup, je le mets un peu de coté, je retourne à mes cours et... je recommence. Là, pour le coup, je me rappelle bien que je m'étais dit "tu va droit dans le mur, tu ne vas rien faire de ta vie parce que tu ne t'en donne pas les moyens autant arrêter tout de suite".

Suite à ces deux expériences je me rends compte que visiblement le théâtre c'est pas mon truc, en tout cas sur les planches. Et de rencontres en rencontres je réalise que ce milieu que j'aime tant je n'ai pas l'obligation de le quitter, il me suffit de passer derrière le rideaux et de travailler dans les coulisses. Je rencontre une compagnie d'art de rue, j'y tape l’incruste, on finit par me donner deux, trois trucs à faire qui occupent toutes mes journées mais le salaire ne suit pas (je touchais environ 200 euros au black par mois).

Je suis alors confrontée à mon peu d'expérience et mon inexistence de diplôme. J'ai 24 ans, des parents qui ont les moyens de me payer une école de communication, je me lance. Après une première année où je me fous pas grand chose mais durant laquelle je suis dans le petit peloton de tête de ma promo, je découvre la joie des études pas trop dures. Et puis, surtout, moi la dyslexique, à qui ont a reproché pendant tout le collège, lycée d'écrire comme un bébé, j'ai un déclic, j'arrive à écrire des choses pas mal. A tel point que la direction de mon école me demande d'intégrer leur école de journalisme.

C'est l'éclate pendant deux ans. Je passe mes journée à écrire sur la politique et la société (je suis militante politique parallèlement du coup je n'y connais un peu mieux que mes petits camarades de promo qui pour beaucoup ne pipent que dalle aux débats de l'époque). Je revis, en profite pour m'installer hors de chez mes parents (grâce à un héritage) et je suis heureuse. mais ça ne dure que deux ans.
Une fois diplômée, je sombre très loin dans la dépression, je prends plus de 50 kilos en quelques mois, je suis hospitalisée en clinique à deux reprises pour un mois puis pour deux. Bref je touche le fond.

Mes parents me paient loyer, bouffe, loisirs... enfin tout quoi. Et quand de temps en temps je trouve un boulot je ne tiens pas 6 mois.

Aujourd'hui j'ai 34 ans, j'ai rencontré mon futur mari il y a deux ans, il gagne bien sa vie mais ne comprends absolument pas ma relation au travail et ne pense pas une seconde que mon chômage ne soit quelque part voulu. Il se dit que c'est la crise et que je vais bien finir par trouver un boulot. Quand je lui explique que j'ai peur de bosser il me réponds "mais non, t'inquiète ça viendra tout seul".

Mon soucis principale c'est que ma situation est devenue ingérable, je n'ennuie à mourir à la maison et j'angoisse à l'idée de finir ma vie ainsi, mais j'angoisse tout autant à l'idée de bosser.

A tout cela se rajoute la pression sociale du "boulot bien", dans la vie d'une diplômée issue d'une famille aisée il faut trouver un boulot valorisant. Sauf que ce type de boulot c'est beaucoup de travail et de responsabilités que je ne suis pas sure de pouvoir assumer.

Demain j'ai un entretien pour un poste de secrétaire dans une asso, poste peu qualifié avec peu de responsabilités qui aurait, peut être (j'en suis pas sure non plus) le mérite de ne pas me faire baliser à mort. Mais c'est un poste de secrétaire... que vont dire les gens (oui je sais les gens on s'en fout mais j'ai du mal à surmonter tout ça). D'un autre coté je peux intégrer une formation en alternance de community manager, boulot beaucoup plus valorisé mais qui demande un travail de dingue que je ne suis pas sure de pouvoir fournir.


Vous avez le droit de me répondre que tout ça c'est des problèmes de riches que si je n'avais pas mes parents et mon homme je ne me poserais pas la question et vous auriez raison. Mais pour celles et ceux qui connaissent la dépression et l'angoisse vous savez aussi que la raison n'est pas toujours la plus forte face aux problèmes.

[lodiz]

C'est visiblement une phobie car ta peur est bien irraisonée, le travail t'angoisse, mais sans cause réelle logique. Jusque là, une phobie dans toute son horreur: tu as peur, tu évites mais cela te donne encore plus peur car tu en connais pas.

Comment sortir de là ?

De mon expérience (de la claustrophobie, mais les phobies sont très proches au point de vue mécanisme mental):
1° réduire ton anxiété, pas possible de bouloter en étant en pleine crise d'angoisse: çà tu sembles le faire avec ta thérapie. Une tentative de suicide, dans mon cas, c'est du à une terrible crise d'angoisse qu'on ne gère pas et dont la seule solution rapide est pire que l'angoisse.... le suicide (pour arrêter au plus vite ces angoisses qui vous bouffent).

2° trouver un boulot (mais oui, même si çà fait peur): tu n'as pas de problème financier donc pas raison de se mettre la pression, si tu le perds c'est pas la fin du monde, bref essayez de rester et comme tu le fais pas viser trop haut pour commencer. Un boulot, c'est juste faire ce qu'on te dit , et si tu en es pas capable, ben... c'est pas grave un licenciement, y a pas mort d'homme (ou de femme). Pour commencer , mieux vaut commencer léger comme avec ce poste de secrétariat en effet (si c'est pas le salaire du siècle c'est pas grave, c'est thérapeutique).

Reste la pression sociale à gérer (papa/maman surtout (comme beaucoup) ?), si c'est ton mari c'est beaucoup plus gênant bien sûr (mais l'amour passe avant les convenances). A des parents et "amis (connaissances)" on peut édulcorer la vérité pour avoir LA PAIX qui elle n'a pas de prix (c'est dans un but médical, donc on peut ). Un boulot de "secrétariat" transformé "en gestion d'un service" pour eux, bah c'est pas la mort quand même, ils vont pas venir voir en quoi çà consiste nid emander tes feuilles de paie. Ou alors, il faut réussir à trouver le courage (ou le coup de rage de colère) de leur mettre dans les dents une fois pour toute "le bonheur est plus important que la réussite sociale (surtout quand çà risque de finir au cimetière si çà tourne mal)". Et tu peux rajouter "on a jamais vu un coffre-fort suivre un enterrement".

3° petit à petit ta peur disparaitra car le boulot ne sera plus un énorme nuage d'inconnu mais une routine. Et tu pourras postuler pour des fonctions plus "huppées" (si TU en as envie). Et payer beaucoup d'impôt, la Sécu t'en remerciera...

Désespère pas çà s'arrange une phobie (même si c'est pas en 15 jours)

[léonie]

Merci Lodiz,
Ce que tu dis me rassure un peu. Déjà je ne me sens pas juger et c'est énorme pour moi.