Mon conjoint est dépressif, j'ai peur de devenir comme lui !

[gazette25]

Bonjour à tous,
Je m'appelle Natacha et j'habite dans l'Est de la France, pas très loin de la Suisse. Je viens vous rendre visite pour tenter de trouver des réponses à mes questions et comprendre ce qui va mal chez mon époux. Il y a près de 3 ans il s'est fait opérer d'un cancer de la thyroïde, ablation complète. 2 mois après cette opération, il a commencé à être de plus en plus souvent de mauvaise humeur et parfois en colère de façon démesurée pour un rien. Comme cette opération avait un impact sur les hormones, le médecin nous a expliqué qu'il fallait le temps de trouver le bon dosage et que tout redeviendrait à la normale.
Au départ il avait de nombreux problèmes d'adaptation au dosage : crampes de muscles, fourmis dans le corps, maux de tête et mauvaise humeur.
Quelques mois plus tard, je dirais presque un an plus tard, le traitement a semblé lui convenir, mais très vite il a commencé à se renfermer et s'isoler des heures dans la chambre, sans dire mot à personne. Il passe par des phases où il est de très mauvaise humeur à des phases où on le voit à peine passer dans la maison. Conscient de ce problème, il a consulté plusieurs médecins pour tenter de trouver une oreille attentive. Il a terminé par en conclure que la seule solution étaient les anti-dépresseurs et ne veut pas en prendre. Il pense que ce n'est pas la solution.
Même s'il ne s'est confié à moi que très peu souvent, j'ai pu lui apporter, il me semble, du soutien dès qu'il en a eu besoin. Je sentais aussi qu'il préférait être seul et en parler le mettait vite mal à l'aise. Cependant, aujourd'hui il ne veut plus consulter, même si à plusieurs reprises on a abordé le sujet ensemble. Il dit que les médecins ne sont pas à l'écoute. Je lui ai bien expliqué que moi j'étais là pour essayer de comprendre ce qu'il ressentait, il dit qu'il le sait bien mais que ce n'est pas pareil.
Nous en sommes à un point en ce moment où je pense le quitter. Je sais c'est dégueulasse, mais toute la famille en souffre. Les filles ne comprennent pas pourquoi leur papa ne les supporte plus et leur crie dessus de plus en plus souvent. Il veut constamment qu'on le laisse tranquille.
Ce qui m'inquiète est que j'ai l'impression au fur et à mesure des jours, de devenir comme lui, de ne plus avoir envie de rien. Dès que je propose quelque chose, il fait la tête ou râle, et je me dit qu'au final on est peut-être aussi bien à la maison que d'avoir la tête pendant la sortie. Je me renferme et pleure de plus en plus souvent, seule, j'ai vraiment peur de devenir comme lui.
Désolée d'avoir été un peu longue, ça fait du bien de soulager tout ce qu'on ressent, car on ne peut pas en parler autour de soi, alors je garde tout pour moi.

Merci !

[violette]

bienvenue gazette sur le forum, dommage qu'il ne veuille pas essayer je dis bien essayer les AD, parce que peut etre il en a besoin, mais c'est à un psy de le dire,et de le prescrire, tiens nous au courant vio

[Acervive]

Je te comprends car le renfermement sur soi est un symptôme de la dépression et tu peux me croire quand on est dedans on est tellement mal qu'il n'y a plus rien qui compte, c'est pour ça que tu dois le pousser ou demander peut être à ses amis ou à la famille de lui faire entende raison.

[Channel]

Coucou à toi, je suis aussi de l'Est de la France , tout proche de la Suisse .
Je te comprends bien et je comprend tout aussi bien ton mari, je te souhaite pleins de courage et à tes proches aussi .
Les AD pourrait en effet être une solution , tiens nous au courant

[violette]

as tu réussi à le convaincre d'essayer seulement, tu lui dis ça peut t'aider et je pense que ça peut l'aider, moi j'en prend deux ils me vont bien depuis que je les prend, bisous vio

[gazette25]

Bonsoir,
Et surtout merci d'avoir déjà répondu à mon petit SOS
Son endocrinologue lui avait prescrit des AD, il en a pris durant 2 mois, puis a décidé seul d'arrêter, en disant que ça lui mettait un peu je cite "la tête dans le gaz". Il lui en avait prescrit suite à une crise de spasmophilie.
Je pense que je vais tenter de lui en parler à nouveau. Mercredi prochain il passe des examens de suivi suite à l'opération, si les résultats sont bonne je pense que ce sera l'occasion pour moi.
Pensez-vous qu'il vaut mieux lui proposer de venir avec lui consulter ou le laisser y aller seul ?

[Capucine]

Bonjour.

Son endocrinologue lui avait prescrit des AD, il en a pris durant 2 mois, puis a décidé seul d'arrêter, en disant que ça lui mettait un peu je cite "la tête dans le gaz".

Déjà, ce n'est pas bon d'arrêter un médicament tout seul sans avis médical. Après, ce n'est pas moi qui vais juger car j'ai fait pareil avec un traitement bien plus lourd. Donc je peux comprendre. Peut-être qu'il pourrait revoir les dosages avec son endocrinologue ou bien son médecin traitant, je sais pas ? Ou changer de médicament ? Il faut souvent en tester plusieurs ou en tout cas un peu de temps pour trouver le bon dosage.

De toute façon, faut qu'il en ait "envie" de prendre des antidépresseurs, s'il ne les prend pas correctement ou s'il se sent obligé tout en étant convaincu que ça ne marchera pas, je suis pas sûre que ce soit très efficace...

Pensez-vous qu'il vaut mieux lui proposer de venir avec lui consulter ou le laisser y aller seul ?

Discutez en. Parle en avec lui, demande lui ce qu'il souhaiterait.

Courage.

[lodiz]

Bienvenue

Je suppose que si la cause est surtout l'absence de thyroïde, le dosage de médicament n'est pas évident et si il ne veut pas jouer le jeu des essais-erreurs en matière d'Anti-dépresseur... Mais on a vu bien pire ici

Ne pas désespérer surtout et en tant qu'épouse, si il est désagréable, faut pas hésiter à lui dire: une maladie n'est pas une excuse pour communiquer son mal-être à ses proches non plus. Il a le droit de se plaindre mais pas d'être désagréable.

lodiz, mari compliqué mais assez docile (enfin pas toujours quand même ) si je marche pas droit, je risque une grêve du repassage, de la cuisine et des câlins (et comme je suis un affreux gourmand, je prends bien mes médocs et je me fais tout petit quand çà va pas ))

[gazette25]

Bonsoir,

Et merci pour vos retours ! Demain nous aurons les résultats des examens. L'année dernière c'était positif et ça l'a mis de bonne humeur pendant plusieurs semaines alors je m'accroche à ces petits moments de bonheur !
C'est vrai que les sautes d'humeur c'est très pénible, surtout pour les enfants qui ne comprennent pas vraiment. Une fois la petite (7 ans) m'a demandé si je ne pouvais pas lui trouver un autre Papa, c'est vraiment ce genre de situations qui crèvent le cœur.

Je vais donc laisser passer cette semaine et revenir vers lui au sujet d'une consultation, tâter le terrain et voir ce qu'il en pense. Il n'a consulté que des endocrinologues et des généralistes, c'est peut-être de là que vient l'erreur.

Le comportement général de mon mari est typique d'une dépression qui a été déclenché par la maladie, même si les hormones jouent leur rôle. Je le sais car j'ai retourné la question dans tous les sens et je retrouve les mêmes symptômes sur plusieurs sites spécialisés : mauvaise humeur, envie de ne rien faire, fatigue, renfermement et le pire de tout ... une douche tous les 15 jours

Je reviens dès demain pour les nouvelles !

Merci pour votre aide.

[Acervive]

Peut être aussi lui faire comprendre que prendre des AD n'en fera pas un pestiféré, ce n'est pas une honte, il n'est pour rien dans les bouleversements chimique et psychologique de son corps, un thérapeute pourrais peut être mieux faire passer le message, n'oublie pas que c'est un homme et que dans notre société il est jugé sur ce qu'il laisse paraître, moi depuis deux mois je m'en fous, je parle de ma dépression à tout le monde et tant pis pour ceux qui ne comprennent pas, j'ai accepté les médicaments et réclamé un soutien psy, j'avance à mon rythme et tant pis pour les esprits étroits.

[plussava]

Bienvenue Gazette, je prends le train en route et ne peut qu'abonder dans le sens de ce qui a déjà été dit.
Il n'est pas interdit non plus, je crois, de lui faire percevoir les risques qu'il prend en agissant comme il le fait vis-à-vis de ceux qui l'aiment.
Je te transmet tous le courage possible.

[Cara]

Bonsoir Gazette et bienvenue parmi nous

Mon mari a eu également une ablation de la thyroïde et ça a été l'horreur également, jusqu'à ce que le dosage soit bien établi et un peu "rodé". Par contre, ça n'avait pas duré aussi longtemps que pour ton mari car si je me souviens bien, il avait fallu une bonne année. A aujourd'hui, on continue les prises de sang tous les six mois mais le médecin m'a bien expliqué que les variations d'humeur étaient logiques et continuaient dans la journée, car c'était très aléatoire.

bref, tout ça pour te donner une idée du schéma que j'ai connu personnellement. J'espère alors que les résultats seront bons pour ton mari et que tu auras pu discuter avec lui de ce qu'il vous fait vivre au quotidien, à toi comme à tes enfants.

courage et à demain alors pour les nouvelles.

[gazette25]

Bonjour à tous,

Désolée de ne pas être venue plus tôt, mes journées sont très chargées niveau professionnel en ce moment !
Et surtout, j'aime bien prendre le temps de faire des réponses dignes de ce nom

Donc des bonnes nouvelles ce matin, puisque la scintigraphie ne montre plus aucune trace de mauvaises petites choses qu'il s'est déjà faites enlever. Là nous sommes donc dans une phase excellente où mon mari a retrouvé le sourire depuis mercredi. Je sais que 5 jours c'est très peu, mais quand on a la soupe à la grimace à longueur de journée, ça parait une éternité !
Je vais encore repousser l'échéance et le laisser tranquille durant cette période excellente pour toute la famille, la discussion sur la consultation attendra encore un peu. En fait je crois toujours qu'il pourra s'en sortir seul, qu'il trouvera la force.
Une fois il m'avait confié qu'en fait au-dessus de tout c'était le mot CANCER qui l'avait rendu comme ça. Il faut dire qu'on a un mauvais exemple c'est sa maman, qui fait malheureusement une rechute suite à la même opération. A nouveau chirurgie et la voix qui se déforme et parfois s'en va puisque la maladie a atteint les cordes vocales.

Est-ce qu'il est possible d'avoir des phases durant la dépression où l'on se sent vraiment bien ? Est-ce qu'il faut forcément changer quelque chose dans sa vie ? Je me demandais si changer de vie, de lieu de travail, de région, et pouvait aider à repartir de 0.

Cara : Je suis ravie d'avoir une personne qui peut comprendre la situation face à cette maladie en particulier. Apparemment le traitement semble adapté, car il n'a plus d'effets secondaires comme les frissons, les crampes, les courbatures, les crises de spasmophilie, etc. Il ne reste que la mauvaise humeur et le goût à rien. Il a été opéré à 42 ans, je me suis aussi demandé si la quarantaine n'y était pas pour quelque chose. Se sentir à la force de l'âge et en même temps avoir à faire face à la maladie. En tous cas, je te remercie pour ton intervention si précieuse.

Excellente journée à tous !
Natacha.

[plussava]

Bonjour Natacha, c'est joli ce prénom

Je suis content de voir que la situation s'est notablement améliorée, Ça doit être un grand soulagement pour vous tous.
De mon expérience je peux dire que oui, il peut y avoir des phases de retour à la "normale" qui peuvent s'effondrer pour des riens, sans qu'on y comprenne grand chose. Mais, dans le cas de ton mari il y a le fait que cela soit en rapport aussi avec son opération. Si les dosages sont corrects, va savoir, aussi bien il peut retrouver une humeur acceptable mais il se peut aussi que, comme il l'a perçu, il soit affecté par les antécédents maternels et qu'il se sente en difficulté de ce fait. S'il a des idées noires en lien avec ce vécu là, elles peuvent réapparaître et dans ce cas un soutien psychothérapique ne serait pas du luxe pour l'aider à au moins verbaliser ses craintes.

Bonne journée