Je ne lis plus, je suis sur google

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Lynn
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Enregistré le : vendredi 30 septembre 2011 2:51

Je ne lis plus, je suis sur google

Message par Lynn »

Je ne sais pas trop comment ça a commencé ni comment ça va finir d'ailleurs. Mais là où je suis, dans le milieu, encore un peu au début, c'est la galère.

Ma mère m'a toujours dit que j'étais, oui j'étais, un garçon énergique. Elle m'a raconter cent fois cette histoire : A la naissance on fait marcher le bébé, pour voir j'imagine car je déteste me renseigner, c'est bien trop long, si l'enfant va bien, si tout est en ordre. Et l'infirmière dans mon cas aurait dit : « Il ne marche pas, il court ». Voilà. Ma mère est fière de moi, très fière, et je n'ai jamais su vraiment pourquoi hormis le fait que je suis son fils. C'est assez génial de se dire que quelqu'un est fière de toi parce que tu es toi. C'est une sensation douce de délivrance où la seule chose qu'on voudrait faire, c'est ce laisser tomber sur un lit en soupirant que ça ne va pas si mal.

Pour en revenir au sujet qui me préoccupe et dont le titre est inspiré. Oui Lendemain c'est un sale jeux de mot sur cette expression pourrie et pourtant si vrai : Pourquoi repousser au lendemain ce qu'on peut faire maintenant ? Mais moi j'ai envie de la changer cette expression, de la rendre plus juste encore. Je dirais plutôt : Pourquoi tout le monde repousse toujours au lendemain ce qu'il peut faire maintenant ?

L'oisiveté. Quel mot ! Il me fait invariablement penser à un homme, accoudé à une balustrade, avec les cheveux au vent et un grand sourire, regardant le soleil au loin qui reflète sa lumière sur son visage de manière ridicule, et qui reste là. C'est un moment figé, le temps ne passe pas, néanmoins pour le Temps, il passe bien, mais ni lui ni personne d'ailleurs ne peut vraiment s'en rendre compte jusqu'à ce que cet instant de grâce disparaisse et que l'oisiveté n'ai plus court. Qu'elle soit happée par la vie, bref vous l'aurez deviné, que la vie reprend son cours.

J'ai toujours voulu écrire, comme beaucoup de monde. On se croit prêt à affronter les autres, ceux qui ont déjà publié, cette masse informe des Auteurs, dieu parmi les hommes pour qui les rêveries couchées sur papier sont imprimées et lisible par chacun. Je voulais écrire de la science fiction, de la fantasy, du Tolkien. Mais je me rend compte, en ce moment même (pas de brouillon c'est trop long) que ce genre de livre est exactement écrit par l'opposé de ce que je suis : les actifs. Ceux qui ne se contentent pas de regarder la forme de la vie de loin et d'en admirer les contours sans toucher, mais qui au contraire se saisisse de la pomme (décidément les expression moisie ont la vie dure) et la croque fermement, sans peur, ceux qui, dans un souffle de vie pour l'éternité change la forme même de l'existence. Ceux qui sur leurs lits de morts se disent : « déjà » ? Moi je ne me dirais sûrement : « Enfin ! » ou « ah ça y est », mais sûrement pas « déjà » ?. Parce que le problème de l'homme oisif n'ai pas l'oisiveté mais son corollaire, la vie. L'oisif souffre sans cesse qu'elle reprenne son cours justement, parce qu'il voudrait passer son temps.

Ma question après cette courte introduction au sujet est la suivante : pourquoi l'enfant que j'étais, que vous étiez peut-être aussi, était-il si curieux et avide de faire, tandis que l'homme (le jeune homme en l'occurrence) est si pressé de ne rien faire du tout ?

Et oui je suis un Flemmard avec un big F mais vraiment BIG. On l'est tous me direz vous, et vous aurez raison, oui je suis flemmard mais même pas plus qu'un autre d'ailleurs, j'ai trop la flemme pour essayer de me distinguer à ce niveau là. Expliquons rapidement la chose : Qu'es-ce-qu'un flemmard ? Pour moi c'est celui qui sans jamais cesser de croire qu'il va faire à un moment ou un autre, en repoussant le faire sur son soi futur, ne fait tout compte fait, jamais rien. Ou beaucoup moins que ce qu'il avait prévu de faire.

Je me suis longtemps dit que c'est parce qu'il nous faut à tous une passion. Que c'est la passion qui dans son infinie bonté nous prodigue un peu comme par magie non pas l'envie mais le besoin de faire. Voilà pourquoi il faudrait faire ce qu'on aime. Sans quoi on est condamné à vivre en faisant mal. Le problème de cette théorie c'est qu'elle reflète trop bien la notre définition du sujet pour être autre chose qu'une énième excuse de ne pas faire. Et aussi en passant qu'elle permet à l'homme de passer sa vie à chercher sa passion sans jamais faire quoi que se soit.

Mais pourquoi faire ? Pour moi c'est un mot douloureux, vide de substance hormis la souffrance. Pourquoi l'homme s'entête-il à faire ? Ne me dites pas que c'est dans sa nature j'en suis le contre exemple. Et toute l'histoire la Grande à été faite par des hommes qui cherchaient avant tout à faire moins. La technique n'est qu'un vaste conglomérat d'invention qui permette à l'homme d'en faire moins. (Houla si un seul professeur de philosophie ou même un type intelligent lit ce que j'écris je vais passer pour un ignare alors je le précise : moi aussi j'ai fais philo en terminal vous la ramener pas! Expérience par ailleurs transcendantale pour l'oisif.) Autrement dit, nous avons passer le temps que nous avions depuis l'aube au doigts rose à créer un espace vital ou l'on pourrait d'un simple mouvement de tête faire faire par tout un tas d'appareil ce qu'on ne veut pas faire nous même. Ne me regardez pas comme ça ! Regardez vous vous-même ! Personnellement je suis à Paris et je ne marche plus, je prend le métro ou le bus, je ne lis plus, je suis sur google, je ne fais plus à manger j'ai picard (j'exagère j'adore faire la cuisine) mais le principe, le potentiel est là. Et ceux dans chaque domaine. Alors pourquoi ai-je sans cesse cette obsession de faire alors que je veux surtout pas faire ?

Je serais bref : pour que la vie suive son cours.
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