Je n'assume plus ma prise de poids apres l'anorexie

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Miet
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Je n'assume plus ma prise de poids apres l'anorexie

Message par Miet »

Pourquoi je vais replonger

J'ai fumé. Et je me sens créative. Peut-être à tort, je sais pas.

Je me sens mal dans ce corps engraissé. Je m'en veux terriblement d'avoir repris du poids à la clinique, et je n'ai qu'une idée en tête : le reperdre …

Je veux me laisser bercer par la douce voix de l'anorexie, ne pas me débattre, me laisser couler. On pourrait croire que je connais la suite : perte de poids, faiblesse, crises de boulimie, idées suicidaires, hospitalisation, reprise de poids, dépression.

Mais je ne me laisserai pas faire. Je ne céderai plus. Je vais tenir bon. Perdre du poids une bonne fois pour toute et ne plus jamais le reprendre. Je vise les 48 kg. Comme avant. 16 d'IMC.

Je ne retournerai pas à l'hôpital. Je dois relire ce texte si j'en ai envie pour m'en empêcher. Je ne céderai pas. Je ne reprendrais pas de poids. J'ai au bas mot 12 kg à perdre. C'est largement faisable, j'ai fait pire … Et je sais que jusqu'à 52 kg c'est facile, après ça se corse et il me faudra une volonté de fer pour ne pas relâcher mes efforts, pour ne pas craquer sur les crises de boulimie, qu'il faudra suivre strictement le régime entamé et toutes les sortes de restriction, y compris les sollicitations extérieures de la vie sociale. Ne pas écouter les soignants, rester obstinément dans l'anorexie. Malgré la souffrance …

Je vais commencer l'hopital de jour de Nantes en septembre. Ils vont me suivre de près. Quand ils verront que je perds du poids sans fin, ils vont vouloir m'hospitaliser. Il faudra être forte. Éventuellement accepter, mais ne rien concéder, rester dans la même ligne de conduite malgré leurs efforts pour m'en détourner. C'est moi qui ai raison, je dois rester maigre, je ne dois pas les écouter. Ca a été trop dur la dernière fois que je suis sortie, je ne revivrai pas ça. Même si le groupe 1 est dur à vivre, je devrais rester ferme avec moi-même et ne pas accepter de remanger ou de prendre du poids. Ca ne va pas être facile de leur tenir tête. Il faudra relire ce texte pour rester forte.

Où ça me mène ? Je n'en sais rien, mais j'ai une raison de vivre pour plusieurs mois : perdre du poids ...

(j'ai posté ça dans ma galerie aussi, mais c'est plutot là que ça a sa place ...)
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Miet
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Message par Miet »

Je ne sais pas trop où j'en suis aujourd'hui ...
Je pèse toujours 60 kilos, et les crises de boulimie ont fait leur retour avant même que j'entame une perte de poids.
Je me trouve grasse et dégueulasse, surtout après avoir mangé quand le ventre est tout tendu. J'avale des quantités astronomiques de nourriture, que je ne vomis pas, je me demande sérieusement comment mon poids peut être stable malgré ces crises (de boulimie ? d'hyperphagie ? je ne fais pas bien la différence, je sais juste que je mange bien au delà de ma faim pour ne plus me sentir vide) ...

J'ai commencé l’hôpital de jour, mais ça me remet un peu le nez dans le caca ... L'impression que je n'y suis légitime que si j'ai des TCA. Parfois, je ne sais plus bien faire la différence de ce que je contrôle et de ce qui m'échappe. Les crises de bouffe, c'est juste l'horreur.
J'alterne avec des périodes où je mange un peu moins, mais qui ne durent jamais. Je ne suis pas non plus strictement dans la restriction alimentaire. Je n'arrive simplement pas à trouver un juste milieu. Et ça me fait mal, je ne sais même plus manger ...

Mon corps ne me plait pas. Est-ce qu'il m'a plu à un moment donné ? Est-ce que je ne dois pas plutôt faire un travail sur l'acceptation de ce corps actuel plutôt que de m'évertuer à reperdre du poids ?

J'y travaille à l'hôpital de jour, sur l'atelier couture, à visualiser mon corps sur le mètre de couturière, à voir que j'ai un corps de femme et plus de petite fille mais que c'est normal à 28 ans. Mais malgré ça, l'envie de perdre du poids reste très présente.

Je mange aussi vraiment n'importe comment. Je ne fais plus vraiment de vrais repas. Je mange sans m'arrêter quand je pense avoir faim, peu importe l'heure. Donc là, ma grande résolution, c'est de refaire de la cuisine, passer du temps à la préparation des repas pour me régaler en dehors des crises, manger des quantités plus raisonnables (mais j'ai vraiment besoin d'aide pour ça, je ne sais plus ce qu'est une assiettée normale, c'est dingue quand même), et à heure fixe, manger plus de légumes et moins de féculents (pas pour perdre du poids, mais juste pour faire le plein de nutriments qui me manquent à force de bouffer des pâtes à chaque repas).

Et puis, il faudrait que j'arrive à être claire avec mon infirmière référente de l’hôpital de jour. Arriver à lui dire ce qui est compliqué pour moi. Les derniers rendez-vous, j'ai parlé du retour des crises, mais il faut que je parle de la question du regard que je porte sur mon corps. Je pense que tant que ça sera problématique, je ne serais pas guérie des TCA. 5 ans que ça dure quand même. Et j'en ai ras le bol. Mais pourtant ... j'ai toujours aussi peur de guérir ...
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Message par Miet »

Reportage sur l'anorexie diffusé sur Arte. "Chère anorexie"
Pas encore vu, c'est prévu pour cet aprem. Mais je fais confiance à Arte pour traiter ce sujet sans voyeurisme.
Je vous partage le lien :

lien HS.

Je ne sais pas combien de temps il sera visionnable par contre. (on devrait pouvoir le trouver sur youtube par la suite)
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Message par Miet »

Une étape que je franchis en ce moment : j'arrive à poser un regard critique (et sincère) sur ma période d'anorexie. Pas sur toute les années, mais uniquement sur l'année 2013 que j'ai passé presque exclusivement à l'hôpital entre 13 et 16 d'IMC, anorexie sévère.

J'ai gardé mes dossiers médicaux, et je ne peux m'empêcher de les relire quand j'ai le blues. Je sais pas ce que je cherche, peut-être à me rappeler mes pensées de l'époque (j'écrivais peu à l'hôpital, comme si mon cerveau sous alimenté n'avait même plus la créativité pour survivre), ou bien à me donner une raison de replonger ? Ou de ne pas replonger ?

J'ai vraiment été très loin dans mon anorexie, même si dans un coin de ma tête, il y aura toujours la pensée "je pesais encore trop". Mais je veux dire, loin dans la confrontation avec les soignants, puisqu'elle n'avait pas lieu avec ma famille du fait de mon âge (ou bien que mes parents s'en foutaient, j'en sais rien - je suis mauvaise langue là, ça les a forcément inquiété, mais on vivait loin les uns des autres et j'avais plus ou moins coupé les ponts avec eux, par honte de mon corps que je percevais toujours comme trop gros).

J'avais appris à poser la sonde seule. Mais du coup, je savais aussi l'enlever. Ce que je faisais régulièrement quand j'étais chez moi pour pouvoir faire mes crises. Ce que j'ai fait à l'HP quand je ne me nourrissais presque plus (franchement, quand je relis les comptes rendus d'hospit où les infirmières notent ce que je mange à chaque repas, je me demande comment je pouvais tenir).

Je devais passer une poche de 500 kcal la nuit. Au début ça allait, mais quand j'ai été pesée, j'ai baissé les bras et demandé à l'arrêter. Le psy remplaçant m'a dit que je pouvais arrêter. Puis comme j'ai continué à ne rien manger, je me suis retrouvée en chambre d'isolement avec la sonde dans la journée. Je l'arrachais, ou bien je bidouillais la pompe pour que ça passe moins vite (je ne supportais pas de voir les calories défiler sur la machine). Alors on m'a passé la sonde sous contention ...

La nuit, je passais la poche en 4h. Puis comme ça me saoulait, j'avais envoyé un mail au diet de la nutrition entérale qui m'avait dit ok pour 2h. Donc quand je suis retournée en chambre d'isolement, j'ai aussi voulu la passer sur 2h pour en être débarrassée (on la passait en journée, et j'avais le droit de sortir dans l'unité après le passage de la poche). Mais là, je sais pas, le diet avait du communiquer avec la psychiatre, ça n'apparaît pas dans le dossier médical, et d'un coup on m'a exigé que la poche passe sur 6h, et comme j'arrachais toujours la sonde, je devais passer la poche sous contention. 6h sur un matelas avec rehausseur et contentions mains pieds et ventrales. Le supplice. J'ai trouvé ça très très violent. Mais les soignants devaient trouver que ce que je m'infligeais était violent et qu'eux tentaient juste de me sauver la vie. Mais je ne pouvais pas l'entendre.

Le jour où la psychiatre m'a annoncé que vu mon état de maigreur et le peu de prise alimentaire, on allait devoir me passer 3 poches par jour, en plus avec fibres donc à 750 kcal chacune, ça a été la goutte d'eau. Lors de la première poche à 750 kcal, où je n'étais plus sous contention, j'ai prévenu l'équipe que je n'allais pas y arriver. Je les ai alerté plusieurs fois sur mon mal être, mais ils m'ont laissé seule en chambre d'isolement.

J'ai cassé la nutripompe, ai arraché la sonde, et avec le réhausseur, j'ai explosé le judas de la porte, j'ai recueilli les bouts de verre et je me suis scarifiée. Contentions, piqûres etc. Mais j'ai eu la chance d'avoir une psychiatre intelligente qui m'a sorti de la chambre d'isolement le lendemain, et puisqu'il n'y avait pas d'autre nutripompe dans l'hôpital, m'a laissé tranquille avec ça. Elle a demandé mon transfert dans une unité spécialisée et un séjour de rupture de 10 jours chez ma maman.

J'ai peu de souvenirs du séjour de rupture. J'avais la sonde à domicile je crois. J'ai le souvenir d'une crise de boulimie là-bas sans vomissement provoqué, mais quand ma mère a rebranché la sonde, j'ai tout rendu ... J'aimerai en reparler avec ma maman, mais je n'ai pas non plus envie de la replonger dans ces années de souffrance.

Lors de la réhospitalisation dans le service en attendant la place dans l'unité spécialisée, ça a été l'enfer parce que j'étais en proie à la boulimie. J'avais le droit de sortir du service. J'allais à la boulangerie, je commandais des dizaines et des dizaines de crêpes englouties en cachette chaque après-midi. A la supérette, j'achetais du fromage. Il fallait tout manger d'un coup parce que je ne pouvais rien ramener à l'hôpital, j'avais trop peur de me faire surprendre avec de la nourriture, trop honte de mon comportement pour en parler. J'avais peur aussi qu'on me prive des sorties dans le parc, qui étaient devenues vitales pour moi après ces mois d'enfermement. J'aurai du en parler avec les soignants, mais je n'y arrivais pas.

En plus, je devais assister aux repas alors que j'avais le ventre tout gonflé (je ne me faisais pas vomir, les toilettes collectives étaient vraiment trop dégueux pour ça), où je me gavais de pain le plus discrètement possible. J'ai pris 3kg en 8 jours. Je ne l'ai su qu'a posteriori en lisant mon dossier. J'avais pris conscience de ma maigreur et elle me faisait peur. J'étais dans une chambre seule avec un miroir au dessus du lavabo, alors que jusque là j'avais été dans une chambre à trois ou en chambre d'isolement. J'ai passé une demi-journée à me regarder dans le miroir et à pleurer de ne pas avoir vu plus tôt à quel point j'étais devenue maigre, et horriblement moche. J'avais peur de ne plus pouvoir me faire confiance puisque j'étais devenue aveugle à cette maigreur, et que si mon cerveau avait pu me berner sur ça, comment je pouvais me faire à nouveau confiance ?

J'ai demandé une permission chez moi. Mon copain est venu me chercher et je ne lui ai pas adressé un mot. J'ai fait une crise de boulimie énorme chez moi, je suis aujourd'hui incapable de me rappeler si je me suis faite vomir ou pas. J'ai pris la boite où je rassemblais des médocs, de quoi fumer, et peut-être de quoi refaire une crise à l'hôpital, je ne sais plus. J'ai tenté de me suicider le soir même, intoxication médicamenteuse et phlébotomie. Je ne dois ma survie qu'à l'instinct d'une infirmière qui a avancé sa ronde de nuit d'une heure et qui m'a découverte dans une flaque de sang.

Je sais pas pourquoi j'ai besoin d'écrire tout ça aujourd'hui. Ça me travaille beaucoup ces derniers jours.
Je m'en veux d'avoir traversé tout ça, pourquoi j'ai eu besoin de m'infliger tant de violence ?

Je vis toujours avec cette culpabilité de l'anorexie. Parce que ça ne m'a pas entrainé petit à petit, malgré moi, lors d'un régime qui aurait mal tourné. Non, un soir, j'ai décidé que j'allais perdre du poids en me faisant vomir, après avoir lu une dizaine de bouquins sur l'anorexie, en me disant sciemment, je vais plonger dans l'anorexie. C'était un choix, réfléchi. Et je ne me comprends pas, et je m'en veux terriblement.

La suite m'a échappée, c'est certain. J'ai perdu très vite énormément de poids. J'étais fière de moi que ça marche. Et puis les crises de boulimie sont entrées dans ma vie, et c'est uniquement pour ça que j'ai voulu consulter. Sans ça, je ne serai jamais allée voir un spécialiste pour lui parler de mon anorexie, parce qu'elle ne me posait absolument aucun problème. Mais c'est devenu hors contrôle. Je ne pensais pas du tout, quand j'ai commencé, que j'en arriverai à ces extrêmes.

Et je crois, parmi les choses qui me font souffrir aujourd'hui, en plus de la culpabilité, c'est de n'avoir gardé aucun souvenir de mon corps d'alors. Vu que je ne me voyais pas maigre. Vu que j'étais à l'hôpital en pyjama bleu ample et que je n'avais même pas le repère des fringues pour me voir maigrir. J'ai deux photos de mon visage alors que je devais être à +1 ou 2kg de mon poids le plus bas. On voit le haut de mon torse, mes épaules, une partie de mes bras, et donc mon visage. Je suis maigrissime, mais j'ai mis énormément de temps à le voir, je veux dire, même après, quand j'ai repris du poids et que je regardais les photos sur mon téléphone, je ne m'y voyais pas maigre.

J'avais besoin de poster ça ici, comme un récap' de mes années de cauchemars, pour me souvenir de ne jamais y retourner, bien que la tentation me guette de temps à autre ...
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Lililune
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Je n'assume plus ma prise de poids apres l'anorexie

Message par Lililune »

Bonjour Miet,
C'est étrange comme ça fait "du bien" de lire quelqu'un qui a traversé beaucoup de difficultés similaires aux miennes.
Je parle évidemment de l'anorexie, de cette reprise de poids que l'on maîtrise tellement mal.. Voire pas du tout en ce qui me concerne.
Je ancienne anorexique, mais nouvelle sur ce forum, enfin, "ancienne" car je n'ai plus le poids d'une anorexique, mais ma relation à la nourriture est toujours, je pense, celle d'une malade. Je profite donc de ce sujet pour me présenter un peu en espérant que l'on pourra échanger un peu et même s'aider, soyons optimistes!
J'ai 28 ans et je suis tombée dans l'anorexie à 24. Je n'étais pas en surpoids, je devais être aux alentours des 60kilos, mais des remarques, de mes amies, puis de ma famille m'ont rendues mal à l'aise avec mon corps. Je suis partie étudier à l'étranger pendant un an, et là, je me suis mise à faire très attention à ce que je mangeais, repas identiques du lundi au vendredi, mais colocataires hallucinaient de me voir manger matin midi et soir la même chose : le trio gagnant, salade, betterave et tranche de pain de mie. Les weekends, festifs, très festifs (erasmus oblige!) étaient consacrés presque uniquement à de grandes beuveries, et c'était pour moi le moment de relachement total, boulimie sur boulimie, je ne pensais qu'à manger, vider les placards de la cuisine, dévaliser les épiceries nocturnes, commander pour douze dans les fast food... J'ai honte rien que d'y repenser, je sais que mon comportement mettait les gens mal à l'aise, ou peut être qu'ils ne le remarquaient pas forcément, je ne sais pas vraiment. En tous cas, je suis tombée dans ce cercle vicieux, privation la semaine, je n'attendais qu'une seule chose, il n'y avait que ça qui me donnait le sourire : penser au weekend d'orgie qui m'attendait. J'ai perdu beaucoup de poids, si je me souviens bien j'étais à 47kilos pour 1m74.
Quand je rentrée en France, j'ai dû habiter seule pour mes études, et là j'ai continué le même schéma, lorsque j'étais seule, je ne mangeais plus rien (pomme ou purée de courgette, parfois les deux, pour le fun!) et je me réservais pour les soirées entre "amis" ou en famille. Et dans ces moments là, ORGIE. Mon entourage a compris que j'étais malade, mais je faisais comme si tout était normal.
Je n'ai jamais eu de crises de boulimie seule, j'étais d'une rigueur parfaite. En fait, et c'est là que je sais être toujours perturbée, je ne peux pas passer un moment entourée de gens sans me gaver. Voir des gens sans être attablée m'est insupportable, je ne peux parler que la bouche pleine. Que ce soit avec des amis (enfin, mon anorexie m'a éloignée de beaucoup d'entre eux), ma famille ou des relations professionnelles, je ne pense qu'à manger.
Quand je suis descendue à 38kilos, j'ai commencé à avoir des problèmes aux articulations, notamment au genou, je ne peux plus courir, et ma mère n'a plus voulu rentrer dans mon jeu, ou j'acceptais de reprendre du poids, ou c'était l'hospitalisation. Je suis restée enfermée chez moi, j'ai recommencé à grossir, je ne sortais plus (donc plus de crises de boulimie, je ne voyais plus personne). Je suis remontée à 49, j'étais bien, mais j'ai fini mes études et j'ai habiter en colocation avec une amie, ma vie sociale a recommencé et mes crises de boulimie avec. Sauf que je ne pouvais plus me priver la semaine, je n'y arrive plus.

Depuis je ne m'arrête plus de grossir. Je suis actuellement à 56kilos, (4 kilos en un mois), à cause de ces crises que je ne sais (peux?) plus compenser.
Je déteste ce corps, Miet je te comprends tellement... je regarde ces photos de ma période "maigre" (il n'y en a pas beaucoup..), et je regrette ces cuisses filiformes, ces bras... Je ne veux pas faire l'apologie de la maigreur, mais je ne m'aime pas, moi, avec ces kilos.

Je me suis décidée à écrire ici, parce que hier, encore, j'ai mangé jusqu'à explosion, je n'ai fait que ça, pour pouvoir me sentir exister au milieu de tout le monde, le soir de Noel, je me suis prise des reflexions sur ma boulimie, mais cela ne m'a pas empêché de manger en continu, jusqu'à 2h du matin, chocolats, puis fromage, puis chocolat à nouveau, puis ces bouts de pain qui trainent sur la table, oh et le reste de saumon là dans la cuisine, pour moi, pour moi!

Voilà, boulimique mais plus anorexique, jusqu'où est-ce que va monter mon poids? Est-ce qu'un jour je pourrais juste apprécier un moment avec des personnes sans m'empiffrer? Juste partager un moment sans être obligée de partager de la bouffe? Mon psychiatre me disait qu'en remangeant normalement, qu'en remontant mon IMC je n'aurais plus de crises.
Faux.
Par contre, vivre seule, isolée, ça oui, ça les supprimerait, mes crises.

J'aimerais me relire mais j'ai peur de tout effacer, je me sens ridicule d'écrire tout ça alors que certains membres de ce forum ont un passé bien plus douloureux que le mien.

Je vais continuer de parcourir ce forum et de vous lire, et je vous souhaite à tous de bonnes fêtes, malgré tout.
rainbow1
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Je n'assume plus ma prise de poids apres l'anorexie

Message par rainbow1 »

bonsoir ma belle, je n aurais pas laissé le mois de Janvier passé sans te formuler tous mes meilleurs voeux d amour, de réussite mais surtout une meilleure santé. J e t embrasse bien fort et courage pour ton combat. Bisous tendres :love1: :bisous1:
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Miet
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Message par Miet »

Cette boucle est désespérante ...
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Message par Miet »

Déjà 4,5kg de perdus, c'est affligeant d'aimer ça après ce que j'ai traversé. Je ne sais pas où je vais.
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Message par Miet »

+500g hier, plus 100g aujourd'hui. Après le gueuleton de la veille, c'était inespéré. Ça fait que 300g/j c'est pas non plus la cata, mais faudrait que ça redescende quand même. Toujours un IMC à 19. J'aime mon ventre creux le matin, je passe mes mains sur mes hanches et mon bassin. Mais je déteste mes fesses et mes cuisses. Mon chéri me dit de reprendre le sport. Je vais tenter de me remettre à la natation la semaine prochaine. Toujours objectif 58kg, on verra après...

(j'ai bien conscience que c'est totalement inintéressant alors je l'écris ici plutôt que dans mon salon)
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Message par Miet »

700g perdu entre hier et aujourd'hui, malgré la raclette. 58,6kg...
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Message par Miet »

Back to 59.
Après avoir frôlé les 58 kilos, 2 jours de suite au dessus de 59 alors que je n'ai pas du tout l'impression d'avoir beaucoup mangé, je me suis même plutôt beaucoup privée. Enfin en quantité, mais pas en type de nutriments. J'ai fait plateau de fromages deux soirs de suite, par exemple, et je sais que c'est très calorique. Mais pour l'instant, je n'ai pas fait d'évictions et c'est mieux comme ça, même si c'est plus dur de perdre. Si je me prive d'une catégorie d'aliments, j'entraîne de la frustration, qui entraîne la boulimie, et si ça revient dans ma vie... Je ne sais pas, je peux pas écrire que je me suicide, parce que j'ai trop de gens qui comptent sur moi maintenant, mais ça serait une catastrophe. Franchement, si je repars en crises, je crois que je demande une hospit direct pour me sevrer. Trop de souffrances.

L'anorexie me rend toute puissante, la boulimie m'écrase. Et je manque déjà suffisamment d'estime de moi pour ne pas la flinguer complètement par des crises.
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Message par Miet »

Première crise d'hyperphagie ce soir au repas, encore sur un plateau de fromage, j'ai des relents de vin rouge et de chèvre, c'est à vomir. Je suis très déçue de moi. Contre coup de la séance avec la psychologue ? Je ne sais pas, juste un besoin de me remplir peut être. Je suis vraiment déçue. Je sais que je vais le payer sur la balance demain, et que je vais me le faire payer sur les repas suivants. C'est triste. Je suis triste. J'avais passé une si bonne journée, pourquoi je ne m'accorde pas le droit au bonheur ?
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chak
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Je n'assume plus ma prise de poids apres l'anorexie

Message par chak »

miet, pardonnes mon ignorance, mais que ressens-tu lorsque tu manges ?
cette raclette par exemple, quand tu la manges, tu penses à quoi, quelles sont les images que tu as ?
je sais que tu as essayé différentes alimentations, il me semble que tu es passée de végétalienne à végétarienne (que tu es toujours n'est-ce pas ?).
je voudrais savoir, aimes-tu les aliments ?
dans ce sens, quand tu les achètes, quand tu les cuisines, aimes-tu faire ça, les choisir, les mettre ensemble, les coordonner ?
y a-t-il un soucis avec eux déjà ?
je sais que le problèmes est complexe et s'étend à tout à fait autre chose, mais récemment, onagre disait qu'elle allait prendre du temps pour "aimer" les aliments en quelque sorte, est-ce que ça te parle à toi aussi ?
crois-tu qu'un rythme alimentaire pourrait aider ?
pas un rythme imposé par l'extérieur, mais un rythme que tu t'inventerais en fonction de tes besoins du moment et de ce que ça apporte de bien à la santé.
peut-être en jouant sur les formes, les couleurs, les goûts… peu importe. en prenant du temps pour créer des plats jolis ou rigolos.

je pense à ça parce que je suis très gourmande et amoureuse de la cuisine.
j'ai aussi des problèmes de poids (d'autant plus que mes deux parents sont obèses et que ça m'omnibule… je me pèse aussi tous les jours… bien que je sois stable depuis des années), mais je n'ai jamais été anorexique ou boulimique.
je crois que mon amour pour la cuisine est plus fort que mon côté "poids" ou apparence (qui est surtout mental en ce qui me concerne, mais qui est bien là pourtant).
et je me demande, sans aller jusque là (l'amour de la cuisine), si en "jouant" avec ce matériaux (les aliments, les recettes, la cuisine), il serait envisageable que ça puisse t'aider ?
il me semble que tu as déjà expérimenté ça et que tu cuisines d'ailleurs.

voilà, je me demandais… je sais pas si c'est super clair ce que j'ai voulu dire… :pense:
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Miet
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Message par Miet »

C'est vraiment pas évident de te répondre, tant je suis passée par des phases différentes concernant mon rapport à l'alimentation.
Quand j'étais anorexique mais à une période où je le vivais pas trop mal, disons sans boulimie associée et avec un poids stable à 16 d'IMC sans effort particulier pour maintenir ce poids (48 kg), j'avais un rapport à la nourriture que je regrette un peu, je suis très nostalgique de ces quelques mois. Pour être encore plus excate, c'est à cause de cette période que j'ai la nostalgie de l'anorexie.

Bon, c'était obsessionnel, je ne pensais qu'à ça, je rêvais de nourriture, je passais mon temps à lire des recettes ou à cuisiner, et j'adorais ça, je faisais une nouvelle recette à chaque repas, je passais 2h en cuisine pour chaque préparation, ça me permettait de dompter la faim en fait.

Sinon j'ai aussi des périodes plus compliquées, surtout à cause de la boulimie, où je ne cuisinais pas du tout et je me contentais de nourriture toute faite, pourquoi s'embêter à cuisiner quand on sait que ça va partir tout de suite dans la cuvette et que ça va se répéter 3 ou 4 fois dans la journée ?

En ce moment, j'ai du mal à cuisiner. Le matin, je ne déjeune plus (j'aimais bien ça quand je bossais, mais là je n'en vois pas l'utilité), le midi je vais au plus rapide (une assiette de pâtes, de semoule, ou un sandwich le plus souvent, parfois je ne mange pas non plus), et le soir c'est soit soupe maison qui nous dure deux ou trois soirs, soit plateau de fromages avec du vin, parce que ce sont des plaisirs qui s'arrêteront dans 10 jours avec le début de la PMA. Ça fait bien longtemps qu'on ne cuisine plus, depuis mi décembre je dirais. Par fatigue, flemme le plus souvent, et mon rapport aux aliments est compliqué à nouveau.

Comme je mange très peu, je n'ai pas le courage de cuisiner. Je mange de tout, ce qui n'a pas toujours été le cas, dans les périodes les plus restrictives, il ne restait que les féculents sans graisse mais seulement le midi, les légumes, pas trop les fruits à cause du sucre, les protéines végétales et... C'est à peu près tout. Pas d'oeufs, de viande, de poisson, de produits laitiers, pas de lipides, peu de féculent, pas de sucre. Mais je perdais 500g par semaine. Je devais prendre des compléments alimentaires le soir au coucher pour éviter les hypoglycémies nocturnes (j'en avais quand même parfois), puis j'ai été sondée de nombreux mois.

Mais bon, pour te dire à quel point c'est biaisé tout ça, alors que j'avais l'impression de m'être fait exploser le bide hier soir, j'ai été réveillée à 8h30 par la faim et la pesée du jour affiche moins 1,1kg par rapport à hier... :newblush: Je ne sais déjà plus ce qui est une quantité normale. Je n'ai pas mangé de pain avec le fromage, donc même si c'était gras, ce n'était pas nutritif. Et j'avais passé une journée fatigante avec la séance psy. Donc là je suis à mon poids cible de 58kg. J'ai perdu 5,5kg depuis début décembre. Et je ne sais pas quelle suite y donner...
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Je n'assume plus ma prise de poids apres l'anorexie

Message par Miet »

Je n'arrive plus à perdre de poids. Je n'arrive plus à me restreindre comme avant, quand c'était si facile, quand je domptais la faim avec du café toute la journée, que j'aimais me sentir vide. Je mange normalement, parfois même un peu trop, mais je ne grossis pas. Juste, je ne perds plus de poids.

Je ne sais plus trop ce que je veux. La PMA prend beaucoup de place dans ma vie, et m'empêche de complètement replonger, je garde en tête l'espoir de tomber enceinte, malgré les déceptions successives.

Mais parfois, j'ai envie de tout envoyer valser pour me consacrer pleinement à l'anorexie. Parce qu'elle efface tout le reste, les doutes, les questions existentielles, elle m'anesthésie, et j'aime ça, je recherche ça, ces sensations.

Je lutte depuis plusieurs jours contre des envies de boulimie. Pourtant je ne suis pas en restriction, ni en éviction alimentaire. J'ai juste envie de me remplir, de manger sans fin, et de tout dégueuler pour oublier. Je me retenais par peur de faire du mal au fœtus, mais le test de grossesse négatif vient relancer cette envie de crise.

J'ai fait des courses à crise. Pour l'instant je n'y ai pas touché. Mais ça m'obsède. J'y pense tout le temps, manger jusqu'à la douleur, puis tout rendre et tout oublier. Même un repas normal, je lutte pour ne pas aller le vomir. Ça me fait peur.

Pour l'instant je tiens bon. Mais cette dualité m'épuise. Encore une fois sur un fil. Je pense à tout ce que j'ai à perdre dans l'anorexie, je veux dire pas du poids, mais de la qualité de vie. Tout ce qui me raccroche à la vie, en fait, mon chéri, le projet que nous avons, l'avenir. Mais parfois, ça ne suffit pas. Le besoin de me faire du mal grandit. Le besoin de me saboter. De retourner en arrière, dans un système que je connais et qui me rassure.

Je souffre de cette indécision : avancer vers la vie, ou retourner vers la mort. Ça me torture. Et je n'arrive (n'arrivais) pas à en parler. Ça me fait du bien de l'écrire, je n'arrivais pas à le "concientiser" jusque là. Mais de là à en parler à la psy...

Je voudrais ne le dire à personne, vomir en cachette, perdre du poids discrètement, ne pas me laisser aider. Sombrer.

L'insémination est dure à vivre. Je voudrais tout laisser tomber. Je ne suis plus sûre de vouloir un enfant, d'être capable de m'en occuper, parce que je veux encore un peu rester enfant moi-même, je ne veux pas être projetée dans la vie, dans ces responsabilités d'adulte. Je veux rester malade. Dans cet entre deux. Ni la vie, ni la mort, juste la maladie.

Je dois faire la prise de sang lundi, si c'est négatif, comme le test urinaire, je crois que je vais abdiquer. Plus rien ne me retiendra. Je ne sais pas. C'est dur, cette torture mentale, cette lutte intérieure. Je serais soulagée de prendre une décision, dans un sens ou dans l'autre. Pour l'instant, c'est l'anorexie qui gagne. Ce retrait de la vie. Si je plonge, je perds tout. Mais malgré ça, je n'arrive pas à me raisonner. J'ai peur de moi, de mes pensées.

Je ne sais pas si je poste, j'ai tellement honte... Je n'ai pas envie d'être éloignée de mon chemin. Pas envie de lire des arguments rationnels. C'est pour ça que je n'arrive pas à en parler à la psy, je ne veux pas qu'elle m'aide. Pas encore. Plus tard, quand ça sera trop tard.

J'ai mal.
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Message par Miet »

J'ai retrouvé mes vieilles habitudes. C'était si facile... Comme un vieux refrain qui tournait dans ma tête depuis plusieurs jours et que j'ai fredonné à voix haute finalement, au dessus de la cuvette. Une toute petite crise, même pas 30 minutes de bouffe, de plaisir intense. Je suis une junkie, j'ai enfin eu ma dose. J'ai le ventre explosé, mais quel apaisement quel calme je ressens, les yeux rouge allongée sur le dos, les restes de la crise pas encore rangés, le goût du café brûlant sur ma langue. C'était tellement bon, d'enfin céder à ces pulsions destructrices. J'ai déjà envie de m'en reprendre une petite dose, un shoot de plaisir pur...

Le dégoût de moi ne m'a pas encore rattrapé, j'en profite...

Malheureusement, ma conclusion de tout ça : c'était tellement bon... à refaire... encore et encore...
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Je n'assume plus ma prise de poids apres l'anorexie

Message par Miet »

Évolution du poids pendant l'hospitalisation :
57 kg
56,7
56,4
56,5
56,5
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Message par Miet »

L'hospitalisation se termine. Deux semaines. Inutiles.

J'ai enfin vu la médecin nutritionniste, elle est très bien, je regrette qu'elle n'ait pas été plus disponible pour moi, hasard du calendrier, j'ai la poisse c'est tout...

Je lui ai dit que j'avais encore des pulsions de crises même si le cadre hospitalier m'avait permis de ne pas passer à l'acte, mais que je n'étais pas sûre que ça se maintienne à la sortie.

Elle l'avait déjà évoqué à l'entrée, mais elle m'a parlé d'alimentation entérale exclusive pour casser l'envie de crise. J'ai déjà eu ce protocole à domicile, et je l'ai trouvé très dur. Mais finalement il y a une part de moi qui regrette que ça n'ait pas été mis en place ici.

Je ne me trouvais pas malade, puisque je n'avais pas de soins. Je l'ai écris dans mon carnet, que le fait d'avoir ni sonde ni perf dans un environnement hospitalier me donnait l'impression de prendre la place de quelqu'un. Au moins avec la sonde, il y aurait eu quelque chose à soigner, c'est comme ça que je le vis...

Elle m'a donné son numéro direct et me revoit en consultation mercredi prochain. M'a dit de ne pas hésiter à l'appeler si je faisais une crise. Qu'une réhospitalisation n'était pas exclue avec ce protocole. Mon chéri est fondamentalement contre la sonde, même s'il reconnaît qu'elle m'a sauvé la vie quand je ne pesais plus rien, mais qu'on en est pas là et qu'il ne veut pas la revoir à la maison, il a été clair là dessus.

Moi je ne sais pas quoi en penser. Je n'aime pas ça non plus, déjà c'est douloureux ce tuyau, en plus à domicile j'avais des sondes pédiatriques et ici elles sont énormes, et c'est très dur d'avoir le goût du rien dans la bouche, de ne faire passer aucun aliment par la bouche pendant plusieurs jours voire semaines. Oui, c'est vraiment un protocole horrible à vivre. Mais ça marche... Enfin, oui et non, puisque ça n'empêche pas les rechutes, mais ça lave de la pulsion.

Et surtout, c'est transformer ma souffrance psychique en un problème physique, qui se voit, dont on prend soin. C'est toujours comme ça que j'ai vécu la sonde. Je devrais pas, sans doute, et de ça aussi j'ai honte (ma vie n'est que honte de toute façon, je suis terrorisée par ce que les gens pensent de moi, alors j'anticipe tout et je me noie dans la honte). La sonde est une alliée. Elle m'enquiquine aussi, elle est dure à vivre, je me suis battue pour l'arracher, j'ai triché des dizaines de fois, et je ne supporte pas qu'elle me fasse prendre du poids. Mais elle se voit...

Je vais lutter contre les crises à partir de demain, le combat recommence. Mais si je perds... Rhhoo je ne sais pas quoi en penser, je veux et je redoute. Il faudra me convaincre et convaincre mon chéri, surtout... Ma mère n'en parlons pas. Je ne lui dirai même pas.

Bref, l'impression que cette hospitalisation a été du gâchis, une perte de temps, et que tout est à refaire...
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Message par elhamedhak »

Courage :box: :box:
viewtopic.php?f=13&t=36759
Depression sale maladie...
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Je n'assume plus ma prise de poids apres l'anorexie

Message par Miet »

Comme beaucoup de fois avant, je regarde compulsivement les quelques photos que j'ai de ma période grave de l'anorexie, où j'étais à 14 d'IMC. Je les regarde avec beaucoup de nostalgie. J'ai conscience que je ne garde que les bons souvenirs, mémoire sélective, et j'ai conscience aussi que cette période est révolue et que plus jamais je ne vivrai ça. Ca devrait me rassurer, mais ça m'attriste. Je crois que je ne me déferai jamais complètement de cette nostalgie...

J'essaie aussi de me souvenir des mauvais côtés : la faiblesse, les vertiges, le froid, la faim aussi parce que même si au bout d'un moment je la domptais suffisamment pour ne plus y céder, elle ne disparaissait pas complètement, les crises de boulimie horribles pour l'estime de soi, les dilemmes insupportables du "que vais-je pouvoir m'autoriser à manger", la sonde, les hospitalisations longues et marquantes, la douleur incommensurable de la reprise de poids, douleur physique de l'estomac rétréci et de l'intestin flemmard, la douleur psychique, torture même, ce combat contre soi-même pour remanger et la culpabilité qui gronde après chaque repas, la douleur de voir son corps changer alors que l'on ne l'acceptait déjà pas maigre, maigreur que l'on ne voit pas d'ailleurs ... La liste est longue ...

MAIS ... Ca m'apportait tellement aussi. Un sentiment de maîtrise absolu, une joie immense en montant sur la balance et en constatant que le poids diminue, d'ailleurs sans être rattaché à quoi que ce soit (je me souviens me tromper de dizaine tellement c'était devenu abstrait, juste des chiffres détachés de tout, du corps), ce corps amaigri qui faisait ma fierté, parce que je ne m'apercevais pas que je n'étais que cadavre, et l'attention qu'on récolte aussi, c'est vrai, l'inquiétude du corps médical, des proches aussi même si ça je ne maitrisais pas et que je regrette de les avoir fait souffrir, mais qu'on me témoignait assez peu finalement, ma famille étant loin et ne me voyant que rarement ... Le sport qui était facile, toujours motivée, jamais fatiguée - non c'est pas vrai Miet, tu étais épuisée tout le temps, et puis tu dormais si mal la nuit avec des réveils à 5h du matin, tourmentée par la faim ...

Je ne me souviens pas de mon corps maigre. Ca me manque. L'impression que j'aurais pu aller plus loin encore. J'aurais voulu passer la barre des 40 kg, ça m'aurait amené sous les 13 d'IMC. Mais qu'est-ce que ça aurait changé en fait, personne ne m'aurait accordé la médaille de l'anorexique parfaite.

L'hôpital me manque aussi. C'est assez culpabilisant comme pensée, parce que la plupart des hospit se sont très mal passées, avec des atteintes à mon intégrité, des abus graves. Mais ça mis à part, si c'est possible, je me sens bien à l'hôpital. Ou peut-être que ça aussi c'est une vue de l'esprit. Quand je suis à l'hôpital, j'ai l'impression d'exister. Je peux être moi-même. Je n'ai pas de limite. Je suis à l'abri du regard des autres. Je me sens spéciale. Ma vie me semble fade depuis que je suis guérie. Je dois être folle ...

J'ai envie d'être malade à nouveau. Et tout ce que je peux faire pour l'être à nouveau, c'est l'anorexie. Je ne crois plus savoir faire. Et puis c'est renoncer à la vie que je me suis reconstruite, à celle qui reste à vivre. Ca me retient. Ce sont juste des pensées. Je suis malade en pensées. Puisque je n'arrive pas à perdre du poids. Puisque peut-être je ne le souhaite pas complètement.

J'ai dit ailleurs être prête à renoncer à la maternité, parce que j'en chie en PMA depuis deux ans. C'est aussi avoir le permis de bousiller ma vie. D'en faire ce que je veux, pour moi et pour personne d'autre. Mon chéri, j'y pense, bien sur qu'il serait triste si je mourrais, ou si j'étais dans un entre deux, malade à en crever. Ca me retient ça aussi, évidemment. Mais pas autant que si j'avais un ou des enfants à charge.

L'anorexie me manque ...
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