La perte d'émotions sur plusieurs années

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Luar
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La perte d'émotions sur plusieurs années

Message par Luar »

Bonsoir à tous,

Je voudrais parler d'un problème bien commun à tous ceux qui subissent une dépression, mais qui chez moi dure depuis plusieurs années, à savoir la perte d'émotions. J'en parle avec une amie depuis un bon bout de temps, quand un jour elle a essayé de m'expliquer ce qu'était la joie. Je ne me rappelle plus de ses mots exacts, mais voici la définition qu'en donne Wikipédia:

" La joie est une émotion ou un sentiment de satisfaction spirituelle, plus ou moins durable, qui emplit la totalité de la conscience. Elle se rapproche de ce qui forme le bonheur. Elle se distingue des satisfactions liées au corps (les plaisirs), qui n'affectent qu'une partie de la conscience."

Et là j'ai envie de dire: mais qu'est-ce que c'est que ça......?

J'ai 26 ans et je ne me rappelle pas avoir connu quelque chose de comparable, aussi loin que j'essaye de remonter. A force de discuter avec cette amie (qui elle est HPI et est sortie au bout de plusieurs années de lutte d'une dépression qu'elle avait eu de ses 7 à ses 17 ans, et est donc bien placée pour savoir de quoi elle parle), j'ai pris conscience de certaines choses chez moi qui ne sont pas "normales" chez un individu standard en bonne santé mentale et physique. Ce qui m'amène à développer un peu:

- Je suis capable de ressentir la douleur physique: une entorse, une piqûre, une brûlure, la sensation de faim...
- Je suis également capable de ressentir un certain plaisir physique: les chatouilles causées par une fourmi montant sur mon bras, de très légers effleurements sur mon dos peuvent me faire frissonner...
Physiquement, je n'ai donc pas tout perdu, hormis une certaine lenteur qui me colle à la peau depuis mon adolescence (je ne pourrais pas travailler chez Mc Do à moins d'y laisser un bras par exemple...), une certaine fatigue et démotivation, le tout étant lié.

Par contre je n'arrive pas et il ne me semble pas être arrivée depuis a minima le début de mon adolescence, à:
- Me sentir affectée par les problèmes des autres. L'amie dont je parlais plus haut doit passer un week-end dans sa famille problématique, ce qui la déprime au vu de l'environnement toxique auquel elle va être confronté? Ça ne trouve aucun écho en moi, mais je fais semblant de me sentir concernée. Elle risque de partir dans les DOM-TOM pour enfin avoir un boulot, à des milliers de kilomètres de la France et je ne la verrai plus pendant des mois? Ah...Hé bien tant pis, du moment que j'aurai une présence à côté de moi la sienne ne me manquera pas. Et des exemples comme ça où je fais semblant que ça m'affecte, j'en ai à la pelle et qui remontent à aussi loin que je me souvienne.
- Tomber amoureuse. La seule fois où ça m'est arrivé, j'avais 11 ans. En ce moment je fréquente un garçon gentil, même s'il est atteint d'une schizophrénie lui donnant souvent l'air absent et peu démonstratif ou vif. On n'est pas "officiellement" ensemble, mais c'est tout comme, et lui aimerait qu'on le soit (même si comme à son habitude, il n'a pas déployé une force de conviction à ébranler les montagnes dans son affirmation). Hé bien je n'ai pas de sentiments. Je l'aime bien. Les caresses, les câlins, l'attention de l'autre, tout cela me procure une sensation un peu agréable, suffisamment pour que je continue - n'ayant par ailleurs rien de mieux à faire de ma vie pour l'instant. Mais en aucun cas ça ne va taper plus profond. Et ça a été comme ça avec tous les hommes que j'ai fréquentés.

- De but en blanc, quelque chose censé être plus "personnel": avoir un orgasme. Là non plus, je ne sais même pas ce que c'est. Tout au plus quand je suis seule, j'arrive à provoquer une petite décharge électrique qui me soulage de mes envies sexuelles. Il paraît aussi que le sexe, ça peut durer tout un après-midi voire plus avec son ou sa partenaire et que ça peut être vraiment très bien, magnifique etc. Moi mon record doit être d'une heure, après je trouve ça vraiment long, sans plus d'intérêt et je suis fatiguée...
- Enfin, plus globalement, grâce à cette amie j'ai réalisé que je ne suis capable de ne ressentir que les plaisirs et les déplaisirs de surface: les émotions profondes telles que la joie, la plénitude, la douleur, la peine, l'inquiétude pour autrui...me sont inconnues. Disons que basiquement, je suis contente de manger une pizza devant un film ou que ça me gonfle que le phare de mon vélo tombe en panne, mais ça s'arrête là.

Tout cela a des effets pervers sur mon comportement depuis des années. Notamment:
- Je vis par procuration. Je baigne dans un tel ennui que je cherche à provoquer les sentiments des autres pour pouvoir enfin ressentir quelque chose. Chez un de mes anciens copains par exemple, je me suis ainsi "amusée" pendant des années à le rendre tour à tour joyeux, jaloux, triste, passionné, me déclamant des phrases dans des soupirs, désespéré...Sans aucun remord de le "manipuler" comme cela. Comportement que je continue à avoir dans mes rapports amoureux et amicaux aujourd'hui. Et tout cela alors qu'aux dires des autres, je suis censée être d'un "naturel" gentil et empathique. Souvent, j'en viens même à imaginer qu'il va se produire un événement extraordinaire, même un cataclysme que sais-je, enfin quelque chose...qui ferait bouger les choses, justement. Sauf que je sais très bien que le problème ne vient pas des choses extérieures à moi, mais de l'intérieur de ma tête ou plus exactement de la façon dont je perçois ces choses. C'est mon regard qui est vicié sur les événements et ce qu'il y a autour de moi, et non ces derniers en eux-mêmes qui sont viciés -> cf. ce que j'ai dit sur la joie, qu'apparemment on peut ressentir ne serait-ce qu'en regardant un brin d'herbe! Pas besoin d'aller faire le tour du monde pour trouver un intérêt aux choses en temps normal à ce qu'il paraît...
- Je me réfugie dans la boulimie pour atténuer un peu le sentiment d'angoisse diffuse que je sais à présent ressentir en permanence en éprouvant un peu de plaisir gustatif...

Il me semble que cet état global est dû à des mécanismes de fuite. En effet je suis littéralement morte de trouille à l'idée d'affronter la vie, les choses, les gens, même si je m'ingénie depuis quinze ans à refouler cette peur au plus profond de mon être, rien à faire, je sais qu'elle est là et qu'elle est au cœur de mon angoisse. Et ces dernières années n'ont été occupées chez moi qu'à multiplier les stratégies de fuite pour éviter d'entrer dans l'âge adulte. Or, c'est tellement un sport de haut niveau chez moi depuis mon plus jeune âge que je pense que je me suis volontairement insensibilisée pour éviter d'avoir à ressentir et de me confronter à des réalités trop douloureuses. J'ai préféré la fuite dans le non-ressenti et la nourriture plutôt que de faire ma crise d'adolescence et de souffrir. Le problème, c'est que depuis la vie a perdu graduellement toute saveur et que je suis tombée en dépression grave, et que suite à mon état j'ai été encore davantage brimée par mon entourage familial pendant des années et que même si j'ai un peu récupéré, émotionnellement néanmoins je suis tombée dans un état d'insensibilité encore plus grand que mon état pré-dépressif de toujours. Et je ne sais pas du tout comment réappuyer sur le bouton "on".

Ma question suite à ce long exposé est la suivante: y a-t-il des personnes ici ayant subi une "anesthésie" comparable à la mienne sur des années voire plus? Qui sont en dépression, ou du moins "bloqués" émotionnellement, depuis leur adolescence ou leur enfance? Qui s'en sont sorties, et comment? Ou qui ont simplement des pistes pour aider à se "réveiller" émotionnellement? Personnellement j'ai l'impression qu'un camion pourrait me passer dessus ce serait pareil - d'ailleurs plusieurs me sont déjà passés dessus sans que ça ne m'affecte. Je précise que quand je serai enfin installée dans un chez-moi, je compte faire une psychanalyse car c'est le seul moyen que je trouve assez radical pour avoir une chance de mettre à bas toutes ces murailles d'insensibilité et de fuite que j'ai dressées autour de moi pour me protéger depuis mon enfance. Mais en attendant, tous les conseils sont les bienvenus pour trouver encore une motivation et un intérêt à essayer de vivre réellement (et non plus à essayer de donner le change comme à l'accoutumée) et à accomplir des choses, parce que j'en suis à un point où avec mon océan d'ennui qui s'est aggravé au fur et à mesure des années, je suis tombée dans une passivité totale de plus en plus résignée...

Une bonne soirée à vous tous et merci d'avoir pris le temps de me lire,
Luar :lunedega:
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Zooey
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La perte d'émotions sur plusieurs années

Message par Zooey »

Hello Luar

D'abord, facile de te lire, tu écris formidablement bien et c'est d'une clarté limpide.
Je te comprends parfaitement, je ne suis et n'ai pas été SI anesthésiée que ça (par rapport à la joie surtout), mais je me reconnais très bien dans ce que tu décris.

Ensuite, je ne crois pas à ta pseudo lucidité sur toi-même : c'est une confession.
Une cours de justice aussi. Tu présentes les choses comme des faits, en t'accusant.
Je dis ça parce que, encore une fois, je me reconnais dans ce que tu dis.
Alors il y a au moins ceci que tu ressens : de la honte, de la rage envers toi-même, de la culpabilité.
Je me trompe ?

Mes seuls conseils pour sortir de cette léthargie émotionnelle, c'est effectivement une analyse et puis quelques recherches et lectures en ligne :
les concepts de manque, de désir, de l'Autre, et du stade du miroir en psychanalyse.

Personnellement, donc, j'ai été un peu dans ton cas. De longues années. Je ne me sentais jamais seule, jamais de manque, jamais besoin des autres, toujours l'impression d'artificiel dans les relations humaines, l'obligation de simuler des émotions que je supposais attendues de moi. J'en suis sortie plus ou moins, suffisamment je dirais, grâce à la thérapie. Je suis beaucoup plus incarnée, et je perçois aussi beaucoup mieux la réalité des autres.

Bref, je vais pas m'étendre d'avantage sur le sujet.
Je pense que tu as un chemin passionnant à faire à la découverte du manque, c'est-à-dire aussi à la découverte de ton désir.
Désir de vivre, de jouir de la vie. Mais chaque chose en son temps. En "ton" temps en l'occurrence.
Car si tu t'es anesthésiées, ce n'est pas par hasard. Ce n'est pas pour le fun. Ce n'est pas de la lâcheté non plus.
On fait ça pour se protéger de choses qu'on a pas la capacité de supporter, soit qu'on est trop jeune et immature, soit qu'on est vulnérable à un moment donné, soit que la "chose" déborde toutes nos défenses du fait de sa gravité.
C'est un instinct de survie qui nous fait monter des défenses comme celle-ci.
J'espère que tu pourras rapidement trouver le ou la psy qui pourra t'aider à t'en sortir.

Qu'est-ce qui t'empêche de commencer maintenant ?
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Sélix
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La perte d'émotions sur plusieurs années

Message par Sélix »

Bonjour Luar,

Je ne te serais pas d'un grand secours avec ma réponse assez vide. Mais j'ai pris le temps de te lire, tu expliques extremement bien les choses.

Pourquoi attendre un chez toi pour debuter une psychanalyse? Ne pourrais tu pas rencontrer un psychiatre pour parler de ce ressenti?

J'ai eu une periode d'indifférence totale au monde, aux emotions, suite à trop de larmes versées, j'avais arrêté enfin de pleurer mais aussi de rire. Ça à duré une année. Mais ça n'a jamais été aussi long que ce que tu décris avec tant de précision.
Dans mon cas j'éprouvais de la joie avant, et quand j'ai enfin accepter de pleurer à nouveau, j'ai ris à nouveau.

J'espere que d'autres auront des témoignages plus interressant que le mien.

Edit,
jai tardé à poster mon message suite à un bug, entre temps celui de Zooey que je vais lire av attention.
Mon tout petit salon où il y a toujours un peu de thé et de biscuit, foi de souris ^^
L'histoire d'une petite souris dans la petite galerie.
Luar
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La perte d'émotions sur plusieurs années

Message par Luar »

Bonjour Zooey,

déjà merci du compliment pour mon écriture; je suis une littéraire pur jus alors j'ai quelques facilités, au moins cela à mon actif :smile2: . Ma lucidité sur moi-même, je l'ai dans la mesure où je sais plus ou moins quelles sont les choses qui pourraient contribuer à mon mieux-être pour l'instant: trouver une formation et/ou du travail, un logement, m'inscrire à des activités...Mais je m'y refuse obstinément car j'ai peur de faire tout cela; je veux tout contrôler et j'ai une très grosse peur de l'échec et des gens. Je suis lucide sur le fait que je creuse ma propre "tombe", mais cela n'y change rien. Je l'avoue, si j'étais si lucide, je saurais sans doute désamorcer les causes profondes qui font que j'agis ainsi et que je transforme ma vie en enfer à force d'aller de fuites en fuites...Mais ce n'est pas le cas.

Enfin, là aussi j'ai une théorie sur les causes de mon non-agir: brimée quoi que je faisais dans mon enfance, j'en suis venue à ne plus rien faire pour ne plus risquer de me faire taper sur les doigts, par peur des représailles. Ma peur des gens et des choses a grandi au fil des années à force de ne plus rien oser tenter. N'ayant aucune sécurité d'être soutenue même dans mes échecs, cela m'a conduite à une appréhension maladive de ceux-ci, à un désir de contrôle total ainsi qu'à l'auto-détestation devant ma propre faiblesse et à la boulimie. Donc oui Zooey, tu as vu juste: je m'accuse, j'enrage et je me sens complètement coupable de saborder ma vie. C'est uniquement en cela que je suis lucide: sachant les causes et les moyens de combattre cela, je vois parfaitement le mur grossir de plus en plus devant moi, et pourtant je me précipite toujours immanquablement dessus car la peur (et le confort du non-agir également, celui là est mon pire ennemi ) est plus forte que tout.

Pour les lectures que tu m'as conseillée de faire sur Internet, je n'ai pas trouvé grand-chose avec Google. Aurais-tu des liens à me proposer...?

Sinon je ne me reconnais pas totalement dans ton cas. Personnellement je suis plutôt une sorte de dépendante affective qui se raccroche à l'amour amoureux des hommes pour exister, pour avoir l'impression d'avoir une valeur intrinsèque. En ce moment par exemple, je suis d'une jalousie extrême, maladive, concernant la relation amoureuse que mon ex et ma meilleure amie vivent en ce moment après que je l'aie "largué" pour la énième fois parce que j'étais trop mal et que je ne l'aimais pas. Donc oui, je suis incapable d'aimer, d'être intime avec quelqu'un et cela depuis des lustres, mais ça ne m'empêche pas de considérer que je ne suis rien si je n'ai pas un regard énamouré posé sur moi pour me valoriser, de vouloir garder ce regard pour toujours même si je suis incapable de le rendre (bien la logique et l'altruisme tu remarqueras ), et d'envier férocement un bonheur qui m'est inaccessible pour je ne sais quelles raisons insolubles concernant mon insensibilité totale. En outre, le fait que je vive actuellement sous le même toit qu'eux et que je voie leur "mignonnitude" tous les jours ne m'aide pas...

Je ne comprends d'ailleurs décidément pas pourquoi les autres ne trouvent aucun écho en moi quoi qu'ils fassent, amis ou amants...Je sais que c'est parce que je suis incapable d'aimer qu'ils ne me font rien, mais je ne vois pas pour autant comment en sortir. La théorie d'après ma meilleure amie est que pour arriver à aimer, il faut que j'accepte de souffrir pour m'ouvrir aux peines mais également aux joies de ce monde, mais comme j'ai carrément érigé Fort Knox autour de cette notion-là et que je ne vois pas comment débloquer la chose...Du coup je souffre quand même, mais de désespoir, d'insensibilité, de platitude et de manque de désir souverain. C'est con

Tu dis ne pas vouloir t'étendre davantage sur le sujet, mais si tu étais disposée à le faire, je serais vivement intéressée par ton expérience, d'autant plus que tu n'as ni salon ni galerie où je pourrais en apprendre davantage...Mon désir, je le refoule depuis toujours. Effectivement, comme je l'ai expliqué plus haut, c'était pour me préserver d'une famille toxique que très tôt j'ai "débranché" ma sensibilité et mes envies et suis tombée en dépression. Sans cela, j'aurais peut-être explosé de haine, me serais effondrée définitivement, ou que sais-je encore...Ce qui m'empêche également de trouve un psychanalyste actuellement, c'est que je me considère en "stand-by" là où je suis, non vouée à rester, et que je n'ai pas envie de commencer un travail aussi long et important que celui-ci pour l'interrompre au bout de quelques semaines ou mois et recommencer ailleurs.

Je le répète, si tu désires échanger avec moi, j'y suis toute disposée

Sélix, merci de m'avoir répondu également. Ne t'en fais pas, bien que tu n'aies pas vraiment connu la même chose que moi, c'est gentil de m'avoir répondu. J'ai effectivement arrêté de pleurer pendant deux ans suite à un retour dans ma famille où les brimades ont recommencé de plus belle et où je passais mon temps recroquevillée dans mon lit, folle d'angoisse. Depuis que je suis repartie, j'arrive à nouveau à pleurer un peu (surtout en ce moment avec mes crises de jalousie où je me sens abandonnée - à tort je le sais, mais je n'arrive pas à me raisonner), mais les émotions ne sont pas revenues pour autant. C'est enfoui trop profond. Sinon dans un autre domaine, j'aime bien ta façon pudique et mélancolique d'écrire dans ta galerie. Au plaisir d'échanger avec toi

Voilà, je vous souhaite une bonne soirée et vous remercie à toutes deux d'avoir répondu
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Zooey
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La perte d'émotions sur plusieurs années

Message par Zooey »

Sinon je ne me reconnais pas totalement dans ton cas. Personnellement je suis plutôt une sorte de dépendante affective qui se raccroche à l'amour amoureux des hommes pour exister, pour avoir l'impression d'avoir une valeur intrinsèque.


héhé, oui en fait, fut un temps, j'attendais aussi des hommes qu'ils soient ma prothèse narcissique. Et des boucliers pour pouvoir me montrer-cacher. Bon ce fut un échec lol. C'est vrai que tu es très lucide, me dis-je du coup, car moi il m'a fallu des années pour le réaliser !
le confort du non-agir également, celui là est mon pire ennemi
Bienvenue au club! . C'est chaud bouillant en fait, et très difficile à faire comprendre aux autres. L'impuissance ressentie quand tu ne peux pas agir. Là je peux te pointer en direction de ce qui concerne la psychasthénie, la procrastination, uhm... comment dire, le virtuel vs le réel. Sortir de l'abstraction et de l'intellectualisation.
Mais je vais te proposer des bouquins à la fin de ce message (sans doute en éditant car faut que j'aille chercher un peu sur le net pour me rafraichir les idées, ah ce deuxième cerveau...) plutôt que des liens, quoique... tu peux aller faire des recherche avec ce vocabulaire sur le site de CAIRN par exemple. Je mets pas le lien car c'est marchand, mais tu trouveras des articles. Tu peux acheter à l'article, un article coûte dans les 4€, certains sont gratos.
je suis d'une jalousie extrême, maladive, concernant la relation amoureuse que mon ex et ma meilleure amie vivent en ce moment après que je l'aie "largué" pour la énième fois parce que j'étais trop mal et que je ne l'aimais pas.
Ça pour moi, ça veut à la fois dire que tu es sans doute plus obsessionnelle que moi (on aime son territoire lol), mais aussi plus liée au réel. C'est plutôt une bonne chose ^^
C'est marrant, tu me fais penser à une copine, ma meilleure amie, qui était comme ça avec un pote à nous quand on était étudiantes. Quand j'ai commencé à m'amuser avec lui, elle était pas contente du tout et j'ai pas trop compris vu qu'elle m'avait expliqué en long et en large qu'elle en voulait pas. Mais il était à elle je suppose et j'ai enfreins de bro-code. Enfin j'ai compris plus tard mais sur le coup, bah j'étais dans mes petites chaussures certes, mais je comprenais pas pourquoi ça la dérangeait tant que ça. Et cette nana, donc, est sacrément obsessionnelle, plus que moi, enfin disons peut être différemment. Moins psychasthénique que moi, + obsessionnelle pur jus.

Petite parenthèse : alors attention, mes diagnostiques à l'emporte pièce, hein, à prendre avec des pincettes. J'aime répondre aux questions, donner des solutions, c'est même un truc compulsif chez moi. Donc, prudence. Et puis de toute façon on s'en fout un peu de ce qu'on est ou pas en terme de névrose. On est tous avant tout soi-même, porteurs d'une histoire personnelle, et éventuellement de fantômes transgénérationnels. Bon mais j'aime la psy, ça m'amuse. C'est une lecture du monde, qui me plaît, qui me convient... ça va bien avec mes obsessions de lecture des motivations des autres, et des miennes (la poutre dans mon œil)... Voilà... au final, je suis pas psy, et puis je ne te connais pas réellement alors tout ça c'est.. bah c'est ce que c'est lol, une réponse dilettante sur un forum d'entraide

(et j'imagine bien que tu avais pas besoin que je le précise mais que veux-tu, je peux pas m'empêcher de préciser)
leur "mignonnitude"
ah oui ils t'agacent, bon faut dire c'est pas formidable non plus te s'épandre en "mignonnitudes" devant toi non plus, vu que ta copine sait que vous avez une histoire toi et lui, m'enfin... peut être ne se rend-elle pas compte que ça puisse te déranger (ie ma naïveté d'étudiante devant ma pote pas contente, parfois on est con).

Lui par contre, bon, ça doit aussi lui faire un peu plaisir de se donner en spectacle, vu que tu l'as largué plusieurs fois et tout. Il se pourrait donc bien que ton agacement soit TOTALEMENT justifié car, ben recherché par monsieur.

J'ai trouvé intéressant un truc que mon psy m'avait dit à une époque : qu'on comprenait ce qui se tramait chez les gens en interrogeant ses propres réactions, ainsi que celles des autres autour de la personne. Par exemple, une personne qui dit qu'elle ne veut pas qu'on s'inquiète pour elle, mais tout le monde se fait en fait du souci, ben c'est que sa volonté profonde c'est qu'on s'inquiète pour elle. Un gamin qui gueule "mais laissez moi tranquille" tout le temps, mais qui obtient en réponse une attention encore plus forte de la part des parents et de l'entourage adulte... veut-il vraiment qu'on lui foute la paix? Bon ça veut pas dire qu'il le sait par contre, ce qu'il veut vraiment. Et là, nous voilà dans l'inconscient.
Perso, ado, je pensais que je voulais qu'on me lâche la grappe, qu'on me laisse voir mes amis quand je voulais. Puis en fait, je me suis rendue compte que ça m'arrangeait bien que les sorties me soient interdites. Comme ça, j'avais une raison de rester cachée dans mon coin, et je pouvais faire de mes parents les responsables de mon manque de sociabilité. Bref.
il faut que j'accepte de souffrir pour m'ouvrir aux peines mais également aux joies de ce monde
gnihihi, comme quoi je suis pas la seule à faire de la psy de comptoir. Allé, j'arrête, je suis méchante.

Bah accepter, c'est bien beau, m'enfin si il s'agissait juste de dire oui oui, allé, joie, allé, peine, entre, possède-moi, ça se saurait.

Ca va demander un peu de boulot sur toi. Et après tout, qui a dit que tu devais absolument devenir un cœur d'artichaut ? Tu as le droit de pas être super sensible aux émotions des autres, c'est pas une tare. C'est pas parce que tes neurones miroirs s'excitent pas quand quelqu'un pleure devant toi que tu peux pas être bienveillante, ou que tu peux pas comprendre une personne et avoir le désir de l'aider. En d'autres termes, pas besoin de pleurer avec les autres pour être humaine.
Quant à aimer... ben y'a des gens qui aiment super facilement, mais profondément ? Et puis visiblement tu aimes ta meilleure copine, par exemple; tu aimes sans doute aussi ce gars avec qui tu étais, sans pour autant en être amoureuse. Bon, aimer, c'est pas forcément de l'euphorie, de la passion, tout ça. Aime déjà tes amis tranquillement. Et aime toi déjà toi-même un peu, après tu verras. On devient plus sensible à bcp de choses avec l'âge de toute façon, on s'adoucit. Même ma copine dont je te parlais, c'était une sacrée warrior, terrible! Une espèce d'autorité naturelle et quand elle était pas contente, c'était écrit sur son visage comme un gros nuage noir, ses yeux lançaient des éclairs, même les profs en avaient peur :rire2: Avec le temps, elle s'est adoucie. Beaucoup. Et elle a un compagnon très bien maintenant, des enfants. Enfin bref, juste pour dire que ça n'a rien empêché. A la rigueur, ça lui a même plutôt servi dans la vie, sur le plan professionnel notamment, mais pas que.
Donc voilà, si tu dois accepter quelque chose, c'est surtout qui tu es. C'est écrit nulle part qu'il faut être une madeleine pour être accueillie dans le cercle des humains.
c'est que je me considère en "stand-by" là où je suis, non vouée à rester, et que je n'ai pas envie de commencer un travail aussi long et important que celui-ci pour l'interrompre au bout de quelques semaines ou mois et recommencer ailleurs.
oui c'est une bonne raison, surtout si tu comptes partir suffisamment loin pour que tu sois forcée de changer de psy. Je suis contente d'avoir gardé le mien toutes ces années, et d'être tombé sur quelqu'un de bien aussi... tout le monde a pas cette chance du premier coup.
Tu dis ne pas vouloir t'étendre davantage sur le sujet, mais si tu étais disposée à le faire, je serais vivement intéressée par ton expérience, d'autant plus que tu n'as ni salon ni galerie où je pourrais en apprendre davantage...
Bah en fait je ne crois pas que je saurais faire un compte rendu de toutes ces années, je n'arrive pas à réunir tout ça. Peut être que c'est déjà symptomatique... Je mets des miettes ici et là dans mes réponses aux gens, puisque je ne peux de toute façon que partir de mon expérience et de mon point de vue pour échanger. J'avais un compte FB, je l'ai fermé, je ne supporte pas cette exposition. J'ai un côté parano. J'ai des pulsions qui me poussent à m'exprimer, puis le mouvement inverse, accompagné de sentiments de honte et de culpabilité intense, de haine contre moi. Alors je me préserve, je mets des petits bouts ici et là, sur un forum où je suis anonyme. C'est plus simple comme ça. Je tolère mieux.

Tout ce que je peux te dire, d'expérience, c'est ce que j'ai dit plus haut : l'important au final, c'est de se connaître soi, et de composer avec qui on est. On est tous des machines un peu bancales. Et il n'y a pas de réparation, c'est pas vrai. Les psy ne sont pas des garagistes. Quand ils sont psychiatres, ils sont médecins, mais même là, les médicaments ne guérissent pas, ils atténuent, ils soutiennent le temps de la prise, mais dès qu'on arrête de les prendre, bah on est rendu au même endroit. La thérapie marche vraiment, mais on ne se perfectionne pas non plus au travers de cela. Ce n'est pas un supermarché pour s'offrir la personnalité dont on a toujours rêvé, ou qu'on a toujours cru qu'on avait, enfoui quelque part sous les couches de douleur. C'est un accompagnement vers des changements très subtils, qui ne mène pas forcément là où on s'y attendait. Moi, ce que j'aime dans la thérapie, c'est justement ce chamboulement de mes idées préconçues. Ça ouvre vers d'autres paysages disons.
D'un point de vue psychiatrique, je suis... ben en fonction du manuel diagnostique lol : trouble anxieux, tocs avec crises dépressives sévères chroniques. Pour les analystes, névrose obsessionnelle de type psychasthénique. Des failles narcissiques. Quelques traits hystériques.

Je galère avec tout ça depuis des années, mais faut dire que j'ai commis de grosses erreurs dans ma jeunesse en ne comprenant pas mes fragilités et en étant trop dans la projection, l'abstrait. J'aurais eu besoin de me construire un socle plus sûr. Avoir un métier, des compétences dont j'aurais été un petit peu sûre, des horaires, des collègues au quotidien, pour me maintenir les pieds sur terre. A la place, j'ai été passive, j'ai laissé le monde me proposer des opportunités, que j'ai saisies, mais où je me suis paumée, où j'étais tellement pas formée, informée, préparée que je perdais complètement pied. Et donc à chaque fois je me suis barrée. Phase dépressive. Tocs. Agoraphobie. Puis je ressortais la tête du terrier et rebelote. Alors que si j'avais eu quelque chose de plus sûr, un filet de protection, j'aurais eu du concret auquel me raccrocher. Quand mon cerveau décidait de faire le grand 8. C'est important d'avoir quelque chose de solide dans sa vie quand on a la tête qui part régulièrement en cacahouète. Mais bon... c'est fait c'est fait. Je ne peux rien y changer. A postériori on peut dire que c'était écrit.
Voilà un peu de moi. Bon tu vois tu m'as fait parler du coup. Faut faire gaffe parce que quand je m'y mets je peux être sacrément bavarde aussi.

Bon puis du coup je reviendrais demain ou je sais pas quand pour la suite. La liste de bouquins que je voulais te donner, notamment.
C'est qu'il se fait tard, il est temps de regarder des séries lol.

Je t'en suggère une très sympa, tiens : IZOMBIE
Luar
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La perte d'émotions sur plusieurs années

Message par Luar »

Bonjour Zooey,

Hé bien, je constate avec plaisir que je ne suis pas la seule à être bavarde ^^. Pour ce qui est de la psychasthénie, hum, je n'ai pas de sensation de fatigue vraiment intense la plupart du temps, après ça dépend des jours...Moins j'en fais, moins j'ai envie d'en faire, l'abattement de n'avoir rien à accomplir me prenant et aggravant les choses jusqu'au point où j'ai la tête qui se met à peser trois tonnes, un engourdissement cérébral, une lassitude dans tous mes membres et le moral qui plonge en-dessous de zéro . Généralement, je suis plutôt "moyennement" fatiguée. Le punch, c'est pas mon truc mais ça pourrait être pire physiquement...

Après, la difficulté de prendre une décision, ahahah . Sauf que là, ce n'est pas parce que je ne sais pas quoi décider entre chauffer de l'eau pour des pâtes et mettre du beurre dans une poêle pour des haricots, entre pratiquer la peinture ou le jogging (peinture !!), un boulot et un autre...Nan, c'est plutôt une peur d'échouer, de devoir faire quoi que ce soit qui me bloque: m'engager, avoir des obligations, des responsabilités...L’APPRÉHENSION à l'état brut. A 26 ans, j'en ai toujours 14 dans ma tête en réalité ! Ça couplé à une lassitude de tout, de devoir franchir des montagnes d'obstacles pour concrétiser le moindre truc...Sans qu'en plus ça ne m'apporte des masses de satisfaction après, parce que déjà je ne sens pas grand-chose niveau joie et autres sensations mais aussi parce que je sais que derrière, ben y a un nouveau truc qui va se pointer et qu'il faudra que je fasse aussi, ce qui me fatigue par avance...

Pour ta précision sur tes diagnostiques à l'emporte-pièce, effectivement ne t'en fais pas, je ne crois pas tout ce que tu ou on me dit en général (ni ne pense avoir non plus la science infuse pour ma part)

Bon, pour la "mignonnitude" des deux choupinets avec qui je vis, ben en fait y en a qu'un des deux (mon ex) qui s'étale devant moi, mais là ce n'est pas parce que Monsieur a envie de se donner en spectacle par goût de vengeance obtuse plus ou moins conscient. Nannan, c'est juste un extraverti total qui est présentement au septième ciel en amûr et qui a donc beaucoup de mal à se contrôler dans ses démonstrations. D'ailleurs il continue aussi à être très affectueux avec moi bien qu'il ne m'aime plus...Ce qui n'empêche pas ma jalousie de me prendre de manière incontrôlable parfois. Hier par exemple, j'étais tellement irritable que j'en venais à lui répondre vertement pour tout et pour rien, à m'imaginer en coller une à mon amie...Une rage pas possible m'habitait, que je ne soupçonnais pas chez moi. Si bien que je me suis mise à dos mon amie, d'un caractère moins conciliant que mon ex, et qu'aujourd'hui, c'est bonjour l'ambiance polaire, brrr...Le pire étant que je sais parfaitement que c'est moi qui suis dans mon tort, mais je-n'arrive-pas à prendre sur moi

Enfin hier j'ai passé la soirée avec mon ex à deux, on a bien ri, on a lu et traduit des poèmes, et depuis je me sens mieux. Même pas jalouse pour l'instant, yahouh! Ça m'a un peu calmée. Après je connais la théorie; c'est mon angoisse d'être abandonnée due à ma carence affective parentale et mon manque chronique de confiance en moi ("Je suis nulle donc on va m'abandonner") qui me font réagir comme ça, plus la jalousie de ce que je ne peux pas avoir et qu'ils m'offrent en spectacle, à savoir une relation tendre avec quelqu'un, étant donné que je suis incapable d'être amoureuse, d'aimer les gens ou même qu'ils me provoquent des émotions ...Cf. mon ex hier, qui me disait que mes têtes de trois pieds de long à table lui provoquaient des maux d'estomac et nos disputes des douleurs aux cervicales - bon OK il est hypersensible, mais bon quand même. Et moi: "Ah bon, sans rire??" Personnellement, je sais que l'un d'entre eux ferait un malaise devant moi que ça ne me provoquerait rien à l'intérieur, juste un "Ah M...., bon faut faire quelque chose mais quoi?" plus de la curiosité détachée devant ("Pourquoi il/elle a fait ça? Mmmh, disséquons son cerveau...") car oui, je reste une curieuse

Donc je pense malgré ce que tu dis qu'entre ça et être une madeleine, y a de la marge! Là je suis surtout emmerdée qu'on se fasse la gueule avec mon amie parce que je n'aime pas que les gens m'ignorent ou me fusillent du regard, étant donné que je suis quelqu'un de pacifique à la base qui aime les câlins, les p'tits oiseaux et les arcs-en-ciels - oui j'en suis pas à une contradiction près...Mais de la peine pour elle ou du remords, niet. Juste que je n'aime pas être "méchante", ce n'est pas dans ma nature à la base. Et puis ni l'un ni l'autre ne me manquent jamais, et pourtant ce sont les personnes les plus importantes dans ma vie, qui m'ont toujours offert un soutien sans faille pendant que ma famille me cassait des briques sur le dos. Donc euh, la reconnaissance et aimer chez moi, c'est moyen...

Aaah, l'adolescence...Déjà que je ne m'intégrais pas parce que j'étais trop sensible, à moi il me semble pourtant que je voulais réellement être "comme les autres", pouvoir sortir, être à la mode, regarder la télé...Et que c'est uniquement par peur des brimades que je ne demandais jamais rien, et que j'en voulais férocement à mes parents de me priver de tout ça au nom de principes nébuleux, pas que ça m'arrangeait dans le fond pour rester dans mon coin. C'est plus tard que j'ai pris cette manie de m'isoler par peur du rejet.

Les comptes FB? Oui j'avoue, je ne poste rien sur le mien, je trouve qu'étaler ma vie n'a rien de passionnant et que c'est effectivement dérangeant, même si curieusement j'aime bien voir ce que font les autres parfois (curiosité, vie par procuration...). Ça m'interpelle ce que tu dis, car à une époque je m'exprimais dessus, puis récemment, genre trois ans plus tard, j'ai relu tous mes messages et ai été prise d'une honte furieuse envers moi-même car je parlais un peu beaucoup à tort et à travers à l'époque - j'étais assez mal -, du coup j'ai effacé tous mes messages...L'expression de mes (rares) sentiments, j'assume pas. Ça doit être aussi pour ça que je me suis arrangée pour ne plus en avoir, parce que - on en revient toujours là -, ben dans ma famille c'était pas trop à la mode les effusions, la vulnérabilité et autres confidences

Oui, je suis d'accord avec toi au sujets des médicaments: au mieux ça aide à retrouver du tonus, à chasser un peu les idées noires et obsessionnelles, mais bon une fois qu'on en est arrivés là...Faut continuer avec qui on est, et c'est le plus dur! C'est pour ça que j'avoue que je mise un peu tout sur une thérapie...M'enfin faudrait peut-être que j'intègre ce que tu dis:
"La thérapie marche vraiment, mais on ne se perfectionne pas non plus au travers de cela. Ce n'est pas un supermarché pour s'offrir la personnalité dont on a toujours rêvé, ou qu'on a toujours cru qu'on avait, enfoui quelque part sous les couches de douleur. C'est un accompagnement vers des changements très subtils, qui ne mène pas forcément là où on s'y attendait."
Donc bye-bye la solution miracle j'imagine...C'est MOI qui dois me battre pour moi-même, on en revient toujours là...Et j'avoue que mon principal problème, c'est de n'en avoir pas vraiment envie. Le confort du j'me laisse couler, parce que c'est plus facile

Ah, la projection et la passivité...A 17 ans j'angoissais déjà sur ce que j'allais devenir, je voyais déjà tout comme insurmontable et j'étais déjà en mode passivité "ON" à fond. A force de vouloir anticiper, je me bloquais complètement - et c'est toujours le cas. Du coup je me suis laissée balader en prépa littéraire (j'avais des capacités...), j'ai foiré par manque de boulot et dépression, j'ai atterri en fac de portugais, j'ai refoiré, et depuis, bah...rien. J'ai retenté 4 fois cette foutue licence, et je l'ai toujours pas tout bonnement parce que ça ne m'intéresse pas, je n'ai même plus la foi. Marre des disserts et du verbiage universitaire

Oui, avoir une petite routine avec un boulot, des collègues, un petit appart...C'est ce que je vise en ce moment. Tant pis si avec mon manque de diplômes et de compétences je fais un petit boulot administratif (déjà bien beau si j'arrive à en décrocher un). Après avoir passé je ne sais pas combien de temps à procrastiner et à me désespérer parce que je le faisais, j'ai fini par m'inscrire à Pôle Emploi et Cap Emploi - c'est la même chose pour les handicapés, car je touche l'AAH. Rendez-vous dans une et deux semaines respectivement, plus avec l'assistante sociale du CMP qui revient elle ne sait pas quand encore...On verra bien si quelque chose ressort de tout ça. Je veux juste un peu d'autonomie avec quelque chose à faire que je n'ai jamais eue (à mon âge, faut le faire, c'est dingue ce que j'ai toujours manqué de courage) + une analyse pour m'aider, après je ne vois pas plus loin.

Pour la liste de bouquins, ben j'attendrai :wink2: . Quant à IZombie, j'ai vu la bande-annonce en VOSTFR et effectivement, ça a l'air sympa Au plaisir de revoir ton cerveau faire le grand 8 par ici,

Bises!
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Luuna
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La perte d'émotions sur plusieurs années

Message par Luuna »

Hello,

Ah, précisément ce que je cherchais en tombant sur sujet : le casse-tête des émotions, je vous ai lu avec attention.
En fait cela fait un mois et demi que je suis tombée dans une grosse remise en question de ce côté, suite à une énième friction avec mon meilleur ami. Celui-ci a une passion pour les autres et l'humain en général et me reproche souvent de ne pas me confier à lui ou de lui mentir sur les raisons de mes... "états d'âmes" ?
Résultat inévitable il reprend une distance blessée alors que j'ai justement désespéramment besoin de lui pour ressentir les choses et les démêler et là au moins je peux dire avec certitude que je me sens super mal.

Mais je n'ai aucune idée de quels mots je pourrais utiliser, et souvent ce que j'essaye de mettre en mots se révèle complètement faux par la suite.
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Luuna
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La perte d'émotions sur plusieurs années

Message par Luuna »

Mince désolée j'ai du poster précipitamment et je ne peux pas éditer mon message à priori.

Donc conclusion je ne sais pas comment changer cet état de fait. J'ai fait plusieurs années avec différentes thérapie que j'ai toutes arrêtées par écœurement et découragement de cette éternelle et insurmontable question : "que ressentez vous ?" À laquelle je suis incapable de répondre, c'est d'ailleurs la motivation initiale de la consultation.
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Luar
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La perte d'émotions sur plusieurs années

Message par Luar »

Bonsoir Luuna,

*Attention, mode psychologue de bazar sur "on"*

J'ai été faire un tour dans ta galerie et ce que j'en ai retenu, c'est qu'apparemment tu as étouffé tes émotions depuis ton plus jeune âge devant la guerre de tranchées ouverte que se faisaient tes parents devant toi. Tu ne t'es pas sentie le droit d'exister devant un tel spectacle, d'autant plus destructeur que ton âge était tendre. Aussi tu as mis en retrait une partie de ta vraie personnalité en muselant tes envies profondes, que tu n'as pas voulu imposer à ton entourage en plus de ce qu'ils vivaient déjà, sans doute découragée par ailleurs devant le peu d'écoute en face les quelques fois où tu as dû essayer, pris comme ils devaient l'être par leurs propres problèmes. Devant une telle négation de ton être, de tes aspirations profondes que ton entourage puis toi en prenant le relais parce que par amour et par crainte devant eux tu as décidé de te taire tu t'es infligée, en a résulté ton impression de vide absolu menant à ta dépression passée, des énormes difficultés à démêler les quelques émotions de fond assez fortes pour arriver à poindre à la surface malgré toutes tes barrières pour les bloquer et une peur viscérale, latente de celles-ci car si jamais tu leur rendais leur liberté, elles remettraient en question une grande partie de ton être et de ta vision des choses actuels. Et ça tu ne le veux pas, parce qu'inconsciemment tu as sans doute peur que ça détruise ta famille, que tu aimes malgré la complexité sans doute cosmique de vos rapports. Alors que cette peur que tu avais petite, ton cerveau sait aujourd'hui qu'elle est irrationnelle. Ta famille a déjà "explosé", et le fait que tu te mettes à enfin exister réellement n'empêchera pas la Terre de tourner sur son axe. Mais ça, il manque encore à ton cœur, à tes tripes de le Comprendre, de t'y confronter at the very core of your being et de l'assimiler.

*Bon, je redescends de ma boule de cristal de médium pour parler de choses que je connais un peu mieux, à savoir moi*

Personnellement comme tu as pu le lire, j'ai beaucoup de difficultés non pas à démêler, mais à ressentir quoi que ce soit, car je suis encore dépressive, et ce depuis des lustres. Mais du coup il est vrai que dès que je ressens quelque chose, ben parfois je me demande ce que ça peut bien être . Peut-être en es-tu là, au stade "supérieur" au mien: savoir, ressentir que des choses bouillent sous le couvercle de la marmite sans arriver à trouver la satanée poignée pour soulever ce couvercle, les libérer et faire enfin un peu le tri dans toute cette soupe qui mijote depuis des lustres sans que personne ne veuille la boire.

Question solutions pratiques, comme je le disais moi je compte faire une psychanalyse pour remédier à tout ça. Tout simplement parce que c'est la méthode qui me paraît la plus radicale: chercher non pas à soulager les symptômes de mes problèmes comme par exemple dans une thérapie cognitivo-comportementale, mais remonter à leur source primitive qui m'indiquera quelles sont les blessures, les problèmes non résolus qui font que je bascule dans la boulimie, la fuite devant la construction d'une vraie vie à moi, l'irresponsabilité, l'insensibilité, etc. Et aussi parce que je l'avoue, j'ai un gros faible pour les "pourquoi?" de mon existence et de celle des autres en général

Je précise que j'ai moi aussi une mère castratrice et froide qui impose sa loi et sa façon de vivre à toute la famille. Sauf à chaque fois que j'ai quitté le domicile familial et ce à de nombreuses reprises; là elle se métamorphose immanquablement et totalement en figure maternelle gentille et aimante car elle n'a plus de contrôle direct et qu'elle a trop peur de me perdre :sue: . Donc qui sait? Peut-être qu'une psychanalyse où le praticien se "contente" de t'écouter verbaliser tous les liens inconscients qui te passent par la tête pour faire émerger TA vérité en te posant de temps en temps une question qui semble anodine sans chercher à te coller des étiquettes de ressentis pourrait t'aider aussi...? Après, c'est un long travail sur soi, qui ne donne pas forcément de résultats immédiats et prend plusieurs années, mais le jeu en vaut peut-être la chandelle. Si tu désires en savoir plus, je te conseille un livre de Marie Cardinal, Les Mots pour le dire. C'est lui qui m'a convaincu d'entreprendre une analyse.

Si tu désires aussi discuter de cela plus avant, de ton alexithymie etc., I'm here.
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Luuna
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La perte d'émotions sur plusieurs années

Message par Luuna »

Bonjour Luar,


Je suis très touchée que tu aies pris le temps de me lire ailleurs, ma galerie, et de me faire une réponse personnalisée en fonction de tes ressentis sur le sujet. C'est très gentil, je te remercie de m'avoir accordé de ton temps

Bien sûr tu as raison sur de nombreux points je pense, ma famille qui n'était pas très pro-émotions et qui la négation de ces derniers que j'ai poursuivi même après eux.
Luar a écrit :
ton impression de vide absolu menant à ta dépression passée, des énormes difficultés à démêler les quelques émotions de fond assez fortes pour arriver à poindre à la surface malgré toutes tes barrières pour les bloquer et une peur viscérale, latente de celles-ci car si jamais tu leur rendais leur liberté, elles remettraient en question une grande partie de ton être et de ta vision des choses actuels. Et ça tu ne le veux pas, parce qu'inconsciemment tu as sans doute peur que ça détruise ta famille, que tu aimes malgré la complexité sans doute cosmique de vos rapports. Alors que cette peur que tu avais petite, ton cerveau sait aujourd'hui qu'elle est irrationnelle. Ta famille a déjà "explosé", et le fait que tu te mettes à enfin exister réellement n'empêchera pas la Terre de tourner sur son axe. Mais ça, il manque encore à ton cœur, à tes tripes de le Comprendre, de t'y confronter at the very core of your being et de l'assimiler.
Tu résumes bien mieux que moi mon propre vécu, je n'aurais jamais réussi à démêler tout ça.

Je suis très réticente à reprendre une thérapie quelle qu'elle soit. Parce que je ne dis pas que cela ne m'a pas aidée mais sur ce problème là en particulier : identifier et comprendre ce que je ressens ("démêler") non, ça ne m'a pas aidée.
Luar a écrit :
Donc qui sait? Peut-être qu'une psychanalyse où le praticien se "contente" de t'écouter verbaliser tous les liens inconscients qui te passent par la tête pour faire émerger TA vérité en te posant de temps en temps une question qui semble anodine sans chercher à te coller des étiquettes de ressentis pourrait t'aider aussi...?
Le problème c'est que rien ne sort de moi spontanément et je n'arrive pas non plus à répondre aux questions.
C'est impossible pour moi d'imaginer une séance où je parlerais plus que le praticien.
Je n'ai pas conscience de beaucoup de ressentis et ceux dont j'ai conscience je n'ai pas de mots à mettre dessus donc il est certain que spontanément je n'ai pas grand chose à dire mais les questions ne m'aident finalement pas beaucoup non plus parce que les "étiquettes" des ressentis ne représentent pas grand chose pour moi. Les "vous êtes plutôt stressée ou anxieuse ?", "vous êtes en colère ?", "vous avez eu peur ?" me semblent vides de sens, la pire de toutes étant "que ressentez-vous ?".

Dans ton cas je pense qu'en effet tant qu'il y a dépression il est plus difficile d'avoir accès aux ressentis, la dépression ayant un effet anesthésiant. Est-ce que tu as commencé une analyse du coup déjà ou pas ?
Portrait dans la Galerie ~ -:-:------------:-:- ~ Fauteuil dans le Salon

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francky
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La perte d'émotions sur plusieurs années

Message par francky »

Bonjour ,suite a des problèmes de thyroïdes ( hyper et hyppo ), et dépression et agoraphobie , j'ai été en arret de travail pendant 3 ans , puis a présent je suis en invalidité , je suis souvent angoissé , très fatigué , mais le pire dans tout cela c'est la perte des mes émotions , j'ai l'impression de ne plus ressentir rien pour personne , ni pour mes enfants , ni pour ma femme , je le vie très mal ,,, je suis suivis par un psy depuis 3 ans ,avec séroplex et Lexomil , mais aucune évolution ,, je me sens au plus mal a l'intérieur , j'aimerais de retour pouvoir pleurer , me sentir bien , vivre tout simplement ... j'ai l'impression d'êtres spectateur de ma vie et non plus acteur .... merci par avance de votre aide ,, franck
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cube
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La perte d'émotions sur plusieurs années

Message par cube »

Francky quand j'ai commencé à déprimer il y a fort fort longtemps ^^" Je me suis totalement isolé puis quand je suis plus ou moins "sortie" de ma boîte, je ne ressentais plus aucune émotion. Des décès dans ma famille, s'amuser avec mes amis ect, ba j'étais vide non pas que je n'en avais rien à faire. Mais ce n'était plus du tout comme avant. Au fur et à mesure je me suis mis à simuler des émotions à rire à des blagues, faire comme si des gens me manquais. Je me définissais comme un monstre ^^" La seul émotion que je ressentais étais le tristesse de ne rien ressentir. Je suis un comédien qui ne veux pas être démasqué.
Et puis au fil des années j'ai commencé à vraiment commencé à rerire, m'attacher à quelque personne. Actuellement je suis sur de moins ressentir les émotions qu'auparavant mais ces petits moments de joie me comble. Ceci j'ai du en parler à 3 personnes en qui j'ai vraiment confiance, sinon jamais de psy ou autre je suis resté triste et seul dans ma tête :/ Donc voila j'en arrive à la conclusion que la perte d'émotion et suivit par redécouverte de celles-ci mais c'est extrêmement long.

Voila j'espère que ceci pourra t'aider, et désolé si ce que je dis et peu compréhensible je ne suis vraiment pas doué pour m'exprimer à l'écrit
francky
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Enregistré le : vendredi 14 août 2015 10:43

La perte d'émotions sur plusieurs années

Message par francky »

merci pour ta réponse , très clair ,, c'est long c'est ce que me disent les medecins et le psy ...

merci de ta réponse qui plus es rapide . + de détail sur moi , j'ai 45 ans ,je vis du coté de quimper , j'étais dans le commerce avant mon arrêt et mon licenciement ....
je n'arrive pas a faire de grande phrase , de long texte pour m'exprimé comme toi et les autres personnes du forum ,
tu pense que que je vais aller mieux , c'est ce que je souhaite , mais moi je me sens si mal , j'ai essayé beaucoup de choses depuis 3 ans : spécialiste homéopathique , yoga , psy qui fait de l'hypnose ( cette personne a dailleurs baissé les bras au bout de 3 séance en me disant q'elle ne pouvait pas faire grand chose pour moi,car ma souffrance intérieur était trop grande .... je me suis sentit abandonné ) , je suis suivis aussi par mon médecin traitant , et par un psy qui me soutient comprend mes problèmes mais me répond que pour guérir cela va être long .... j'ai du mal a aller dans les lieux public ou il y a trop de monde , angoisses , vertiges , fatigue , j'ai du mal aussi quand je suis a une réunion de famille et que les gens parlent fort ,, je me bat chaque jour , tu me dit qu'il faut s'occuper de son corps , c'est ce que je pensais faire avec le yoga ( j'en fait depuis 3 ans ) mais même cela entraînait des angoisses ,,, si tu peut me donner des conseils merci d'avance ..
sinon j'ai l' impressions d'être anesthésié et que le réel n'était pas le réel. d'etre dans une bulle ....
sinon pour mon traitement je suis au mini , j'ai même arrêter de prendre le tercian ..

merci
franck
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