Je me suis mariée alors que je ne le voulais pas...J'ai honte de moi.

[LapinBlanc]

Bonsoir, et me voilà déjà avec un titre qui en dit long... Je dois dire que je suis terrifiée à l'idée d'écrire tout ceci, mais j'ai besoin d'en parler, alors, j'affronterai les jugements, quels qu'ils soient.

Je dirais que j'ai enchaîné des périodes de dépression sévères depuis mes 12 ans... Depuis donc plus de 13 ans. Mon premier petit copain , je l'ai connu à 19 ans, en ligne. Un indien, étudiant en Angleterre. ça a duré quatre ans. Quatre ans de relation à distance... il veut se marier , on entame les procédures, mais je stresse, je ne veux pas, ne me sens pas prête, ne suis pas sûre de moi. Il prend de la distance , n'a jamais le temps , ne sait pas quand nous nous reverrons. Je perds patience, mets un terme à tout. Je passe une nuit blanche , mais ça va . Au petit matin , je sais que j'ai fait le bon choix, que ce n'était pas le bon et que ses idées de mariage étaient sûrement intéressées. Je suis "libérée , délivrée " C'était en été 2013.

Et puis , je le rencontre lui... un japonais cette fois, en ligne encore ... Il me séduit ,Il m'éblouit , Un musicien , il a joué dans un groupe, il est cool , sexy, intelligent... Je tombe dedans. J'en suis folle , ça tourne à l'obsession, je ne pense qu'à lui , h24. Il me dit que je suis belle, spéciale qu'il n'a jamais ressenti ça pour personne d'autre... C'est lui, c'est l'homme de ma vie . Je perds pied et m'emballe , c'est déjà trop tard.

A cette époque , je suis caissière à mi temps et je mets le moindre sou de côté pour aller le voir le plus vite possible à Bangalore, là où il travaille depuis peu ( oui , l'Inde... c'est marrant les coïncidences) Je claque toutes mes économies dans le billet d'avion et je décolle en février 2014. La rencontre est maladroite et embarrassée, loin des scènes romantiques à la Hugh Grant et Julia Roberts que je m'étais imaginées... Je mets ça sûr le compte de la nervosité, mais même les jours qui suivent, je constate comme un contraste entre les mots passionnés de ses messages privés sur Facebook et notre rencontre Les dîners sont moroses, il me reproche ma timidité, de ne pas parler assez, ni assez fort. Trois jours après mon arrivée , il me dit qu'il ne sait plus si il m'aime ou si il m'aime juste bien. Je suis profondément blessée... J'ai du mal à croire que tout ce qu'il avait pu me dire avant, c'était du flan. Quand je lui annonce mon départ , il me retient. Il est amoureux fou à nouveau tout d'un coup.

Mais ça ne va plus, je n'ai plus de repères , ne m'explique pas ce comportement... Et en moi à commencé à pousser cette chose insidieuse: la suspicion. Je me sens me dédoubler, la vraie moi est repoussée en arrière plan , regardant impuissante ,une autre personne que je ne connaissais pas encore prendre le dessus. Je deviens littéralement dingue : Son pc est fouillé de fond en comble, son skype , son facebook, tout y passe. Le sentiment de honte qui m'envahit n'est plus grand chose face au dégoût que j'éprouve quand je m'aperçois que mon nouveau petit copain consulte les profils Facebook d'autres femmes qu'il a voulues avant moi. Des "amies" avec qui il a encore des contacts. , au passage très belles et sexy. Il y a en 3,4,5... Il consulte leurs profils 7ou 8 fois par jour. J'attache beaucoup d'importance à la fidelité émotionnelle. Mon égo est à terre. Je ne l'accepte pas. Mais je n'en dis rien. Je garde tout pour moi. Je suis dans le déni le plus total.

Les mois passent, je suis rentrée depuis longtemps et malgré quelques petites disputes, nous nous portons plutôt bien. Je repense encore à ce que j'ai découvert, mais je ferme les yeux... Je me dis qu'il a dû arrêter depuis, ses sentiments ont l'air sincères. Il me demande en mariage à la va vite, cela ne fait même pas encore un an que nous sommes ensemble... Je suis aveuglée, amnésique, amoureuse: j'accepte.

J'économise à nouveau pour m'offrir un nouveau voyage, pour le Japon cette fois. Je dois y rester trois mois. J'y débarque fin décembre 2014. Je suis ravie, tout est beau et merveilleux, e dois venir m'installer au Japon très bientôt. Mais ça se gâte vite : on se dispute, presque tous les jours, pour des broutilles. Il passe beaucoup de temps sur son ordinateur et je me sens un peu mise de côté. Sexuellement, c'est un désastre: il ne me désire pas , ne tente rien, et quand c'est le cas, j'ai l'impression qu'il se force. Je suis malheureuse. Je deviens la reine de l'espionnage, je veux des réponses. Il tient toujours ses vieilles habitudes. Il a des contacts avec une très jeune fille qu'il a connue alors qu'elle avait 15 ans et lui 32. Je le surprends en train de reluquer une photo d'une de ses amies alors que je suis juste à côté, le soir dans le lit. Un autre fois, c'est avec du porno. Et enfin, un site de rencontre japonais.. Dont il ne se cachait pas. Peut être me pensait-il trop bête pour comprendre de quoi il s'agissait. Je trouve des photos qu'il a prises de son ancien appartement, où il avait installé et encadré des photos de lui et de ses jolies amies, un portait de la jeune fille de 15 ans...Au terme des trois mois, après une énième crise de larmes, il me dit que j'ai besoin de lui, que je pourrais avoir n'importe qui parce que je suis belle, mais qu'au final , tous s'enfuiraient, parce que je suis si difficile à vivre. Ces mots m'imprègnent, je rentre en France avec mon amour propre au 36ème dessous.

Je me sens dévastée. Je l'aime, mais je n'en peux plus. Je veux tout arrêter. Il me supplie,me demande pardon, pleure ,menace de se suicider. Je cède. Il a raison, personne d'autre ne pourrait m'aimer comme lui. Je suis insupportable . Nous allons nous marier... Je repars pour la Japon en septembre 2015... C'est lui qui a payé cette fois. J'apprécie.

Mais là, les mêmes problèmes recommencent. Un soir, j'ose faire une blague maladroite sur son parti politique préféré. Il me pousse. Je ne devais pas blaguer avec son parti favori. Il m'effraie.

La date du mariage approche et j'ai de plus en plus de doutes. La vraie moi, repoussée tout au fond depuis si longtemps, me hurle de tout arrêter, de me réveiller. Que rien ne changera, jamais. Je n'arrive pas à penser clair , je me sens piégée. Mon billet de retour n'est pas open, je n'ai nulle part où aller. Il s'aperçoit de mes doutes, me dit d'être courageuse, qu'il m'aime, que je dois y croire et me battre. Je suis déchirée à l'idée de le quitter ,mais mes entrailles toutes entières me font comprendre que je ne devrais pas faire ça...

Le matin du mariage, je me prépare. Lorsqu'il me voit dans ma robe, les larmes lui montent aux yeux. ça me rassure. Je me sens plus confiante. Nous nous marions. Et puis, je propose que nous prenions des photos. Il n'y met pas du sien... manque d'enthousiasme. Je suis frustrée. Nous rentrons, il se colle devant son ordi, comme d'habitude, joue de la guitare. Je déchante. Regrette d'avoir signé ce formulaire quelques heures plus tôt. Je me suis mariée parce qu'il le voulait , pour lui faire plaisir. Quelle imbécile.

Je rentre en France un mois plus tard, dans le même état d'esprit que celui que j'avais la première fois, avec, en plus, le sentiment d'être la plus grande cruche qu'il puisse y avoir sur Terre. Je me sens d'une stupidité incommensurable. J'ai honte de moi.

Encore une fois , je veux tout arrêter. Il me rejoue la même scène aussi. Mais cette fois je ne laisse pas une ouverture aussi grande, je veux me laisser le temps d'y réfléchir.

Et voilà, cela fait presque deux mois maintenant.Il veut venir me voir ici, et faire un détour à Londres, où il a vécu 6 ans. Nous skypons 2 fois par semaine et j'appréhende beaucoup ces séances. Il en parle à ses ami(e)s qui disent en gros que je ne suis qu'une pétasse égocentrique. Je me sens très mal à chaque fois que nous parlons. Je me remets beaucoup en question. Repense à ses paroles , je me dis qu'elles sont vraies. Je suis impossible à vivre, je suis difficile, égoïste, égocentrique immature... Tout est de ma faute et je ne trouverai jamais quelqu'un qui m'aime pour ce que je suis. C'est moi la fautive, et j'exagère tout. Parfois j'en suis convaincue. Je suis difficile.

Mais je n'ai pas envie de le voir ,je ne veux plus penser à lui , ni à toutes ces filles, je veux la tranquillité d'esprit.

C'est très dur, j'ai un poids en permanence sur la poitrine, le goût à rien et parfois vraiment envie d'en finir. Je tiens grâce à mes chats , ils ont besoin de moi. Personne ne pourrait s'occuper d'eux si je n'étais plus là et ils n'ont pas à payer pour mes erreurs.

Bref, je me sens lamentable , pathétique... si il peut y avoir un adjectif assez puissant pour exprimer ce que je ressens... L'impression d'être une vraie râtée. Je me méprise.

[Brocheuse26]

Bonjour LapinBlanc

Je me questionne à la base sur le pourquoi avoir entretenu des relations par internet plutôt que dans la vraie vie ?
As-tu des soucis socialement ? Es-tu phobique ?

Sinon, je ne pense pas que tu sois difficile à vivre, je pense que ton mari est un pervers narcissique et je ne sais pas ce qu'il voulait absolument retenir de ce mariage...mais j'espère qu'un divorce ne te prendra pas tout ce que tu as non plus..

Sinon tu as la possibilité de «dispraître dans la brume» et de ne plus lui donner de nouvelles, histoire de ne plus jamais lui parler et de mettre un terme à tout ça dans ta tête.

Tu n'as jamais vraiment voulu de ce mariage, maintenant en plus vous êtes mariés mais ne vivez pas ensemble (et je me rends compte que c'est pour le mieux...)

Alors je t'encourage à mettre un terme à tout cela, je crains qu'il te fasse beaucoup souffrir sinon.

Tu es jeune, tu peux rencontrer quelqu'un de bien et sur ce forum, des gens qui s'en sont sortis après avoir vécu avec des pervers narcissiques qui les descendaient plus bas que terre, il y en a...Donc ne le crois pas.

Peux-tu envisager une thérapie ?

Bisous et courage

[Ostinato]

Une seule solution avec les pervers narcissiques : la fuite.

[LapinBlanc]

Merci infiniment à vous deux pour vos réponses et votre soutient.

Brocheuse : bon point. Je n'y avais pas pensé. C'est vrai que j'ai toujours été plus ou moins maladroite en société. Très timide, pas ou peu confiante, mal assurée. Je me suis inscrite au Cned dès que j'ai eu 16 ans car je ne supportais plus le lycée ( Mes "amies" se moquaient de moi et je n'arrivait absolument pas à faire preuve de force de caractère, ça m'atteignait beaucoup trop et je ne connaissais pas de véritable amitié, j'étais très isolée, je faisais des crises d'angoisse, je séchais quand je pouvais et j'avais commencé à me réfugier dans l'alcool ). Je dirais qu'il s'agit de phobie, oui. Mais il y a un léger mieux depuis cette époque.

J'avoue que je suis surprise que vous parliez de pervers narcissique... Enfin à moitié ... Croyez vous vraiment qu'il s'agisse de ça ? Quand j'en parlais autour de moi , on m'en parlait toujours, mais je trouvais toujours une excuse... J'ai eu plein de doutes , me remets beaucoup en question . "Est-ce moi le problème?" " Et si c'était moi la perverse narcissique ? " J'ai consulté une tonnes de sites internets débiles pour me changer, sur comment combler un homme, ce genre de conneries... De façon générale, mes pensées, mon temps, mon énergie... tout est absorbé par la relation, et je suis épuisée, confuse, je me torture l'esprit.

Et je n'arrive pas à croire qu'il soit si mauvais... Et je ne veux pas le faire souffrir. J'arrive pas à me détacher de l'idée que je suis responsable, mais en même temps, je suis malheureuse et au fond de moi je sais que rien ne changera ...

A chaque fois que je tente de faire une cassure nette et définitive, il l'accepte d'abord, puis, quelques heures après, je reçois une multitude de messages tous plus passionnés les uns que les autres , où il me dit que l'amour qu'il a pour moi est tout ce qu'il lui reste, qu'il ne peut pas vivre sans moi... Ce à quoi je lui réponds, et répète, que je veux terminer cette relation. Mais c'est comme si je parlais à un mur : il ne respecte pas mon choix, me dit que ce n'est pas fini, m'appelle par les petits noms qu'il m'a donné...

Je pense faire comme vous dites et disparaître. Faire en sorte qu'il ne puisse plus me contacter. C'est très dur parce qu'il y a toujours une petite partie de moi qui se demande si ce n'est pas une erreur... je sais que ça semble idiot et exaspérant... je ne peux pas m'en empêcher.

J'envisage une thérapie oui ... à vrai dire, outre mes soucis relationnels, je recherche quelqu'un qui connaisse bien le problème de la dermatillomanie, et qui puisse m'aider à en guérir... C'est un autre problème qui me pourrit l'existence depuis longtemps.

Merci encore à vous deux , bisous et bonne soirée.

[Brocheuse26]

Coucou Lapinblanc

Peux-tu m'éclairer sur la dermatillomanie ?

Sinon, ben comment tu le décris, je le vois pas mal comme un pervers narcissique quand même, oui.

La fuite, c'est pas mal la seule solution.
C'est certain qu'un divorce en bonne et due forme serait la meilleure chose pour toi, tu es jeune, ça te permettrait de pouvoir refaire ta vie...
Mais sinon on n'est plus obligés de se marier de nos jours...donc bon

Courage