J'ai vraiment besoin d'aide, plus d'ami

[ElodieB]

Bonsoir à tous et à toutes,

Je n’ai pas pour habitude d’écrire souvent sur le forum, mais je vous lis régulièrement, à la recherche de messages d’espoir, de soutien, pour savoir que je ne suis pas seule.
Je souffre de dépression depuis quelques années maintenant et c’est un peu un appel à l’aide que je lance. Je me rends compte que je me suis toujours relevée, j’ai toujours quelque part trouvé la force et l’énergie d’avancer et de ne pas abandonner face à cette maladie. Mais aujourd’hui je me retrouve face à ma plus grande crainte qui a fini par se réaliser : être abandonnée par mes amis.
Mon meilleur ami, psychologue, a toujours été là pour moi. C’était la seule personne au monde à comprendre, à m’accepter et à m’aimer telle que je suis, même avec la maladie ; depuis quelques mois, on se dispute beaucoup ; celui que je croyais être mon plus précieux confident a eu des paroles très dures et blessantes comme « c’est trop dur d’être ami avec toi », « c’est déprimant de parler avec toi » ou encore « tu es égoïste »… c’est comme un coup de poignard dans le cœur. Je me sens abandonnée, le cœur brisé… je n’ai pas vraiment les mots. A force j’ai décidé que la meilleure chose à faire, pour me préserver, était de couper les ponts. Je n’ai pas besoin de quelqu’un qui me répète tous les jours que je suis un fardeau, non ? J’ai donc pris cette décision tellement difficile. Il me manque tous les jours…
Mon autre meilleure amie ne m’a encore tourné le dos je crois, mais elle m’a avoué que c’était parfois « éprouvant » d’être mon amie. Que ça fait quelques temps qu’elle est à mes côtés, mais que je ne vais pas mieux et qu’elle est découragée. Je me suis excusée, plusieurs fois, d’être comme je suis, de faire mal à ceux que j’aime. Une autre amie proche ne m’a plus donné de nouvelles pendant un an, car il a fallu pour elle s’éloigner le plus possible de moi et de mon mal-être. Ce sont ses mots.
Je pense à mettre fin à mes jours du réveil jusqu’au moment de dormir. Au travail, dans le métro, dans la rue, je ne pense qu’à ça ; disparaître pour enfin arrêter de faire du mal à ceux que j’aime. Ou alors me réfugier dans une maison de repos, un hôpital, je ne sais pas, quelque part où je pourrai juste dormir et où je ne ferai de mal à personne.

Je ne sais plus quoi faire. Je fais tellement d’efforts, j’ai un travail à temps plein, je souffre de phobie sociale et pourtant tous les jours je dois faire face à des personnes inconnues dans mon travail et j’y arrive, tant bien que mal. Je suis une psychothérapie (une TCC), avec une dame qui me soutient énormément. J’ai une famille qui m’aime et me soutient, même s’ils ne comprennent pas vraiment ce qui m’arrive depuis toutes ces années. Je fais tellement d’efforts, et ce n’est jamais assez.
J’ai 27 ans et je n’ai jamais eu de réelle relation amoureuse. Jamais je n’ai trouvé quelqu’un avec qui partager ma vie, jamais je n’ai été aimée par un homme.

Je me sens tellement abandonnée, je crois que je ne me suis jamais sentie aussi seule de toute ma vie. J’en suis même arrivée à l’automutilation, quelque chose que je n’aurais jamais imaginé faire de toute ma vie. Et pourtant oui, j’en suis là ; je me fais mal pour me punir de faire du mal à mes proches, pour ressentir une douleur physique pour oublier la douleur morale…
Je recherche quelques témoignages, quelques messages de personnes qui auraient vécu la même chose ou qui vivraient dans la même souffrance que moi à l’heure actuelle… je me sens tellement seule…je ne vois plus de raisons de vivre, je suis désespérée.
Merci et bon courage à tous et à toutes.

PS; je suis désolée, je ne savais pas vraiment dans quelle partie du forum poster mon message.

[Ostinato]

Bonsoir,
Est-ce qu'on t'as posé un diagnostique ?
Prends-tu un traitement ?

[ElodieB]

Oui, je suis sous traitement anti dépresseur depuis un an. J'ai fait plusieurs épisodes dépressifs avec rechutes
j'ai l'impression que celui-ci est sans issue

[Crépuscule]

Bonjour Elodie,

comme je me reconnais dans ton témoignage. J'aimerais tellement te prendre dans les bras et te dire que non, tu n'est pas seule à vivre ce terrible sentiment de solitude et d'incompréhension. Je souffre également de phobie sociale, j'ai un travail à plein temps où je vois du monde, et je n'ai pas non plus eu de relation amoureuse à mon âge (33 ans) ce qui me perturbe énormément. Je me dis que je finirais seul délaissé par tout le monde. Car oui, tout comme toi, les "amis" se sont barrés, à moi que ce soit moi qui ait coupé les ponts à cause de mon mal-être. Lorsqu'on est mal, on ne veut pas du regard de pitié d'autrui. En plus je souffre d'un syndrome qui me donne des douleurs chroniques. J'ai fait plein d'examens depuis 10 ans pour qu'on diagnostique enfin la maladie. Et j'en ai vu des toubibs qui m'ont dit que c'était dans la tête.

Du coup, quand tu parles d'automutilation je me reconnais là dedans, car j'ai souvent pensé que mes douleurs étaient un moyen pour penser à autre chose que ce vide intersidéral qu'est la dépression. J'ai fait un test pour savoir si j'étais atteint du syndrome d'Asperger et les résultats ont été négatifs. J'aurai préféré l'être, au moins ça collerait avec tout le reste... Mais non, je suis juste "anxio dépressif". Réponse des gens : "mais tout le monde est anxieux !" ou alors "moi aussi ça m'arrive d'être déprimé". Voilà, personne ne veut piger. Je suis devenu dégoûté des gens en ce moment. Et je ne suis pas le seul. Au boulot j'ai quelques collègues qui ont aussi le même sentiment.

Un jour j'ai lu une phrase qui disait en substance : "être à l'aise dans un monde de fous montre qu'il y a un souci"

Il faut aussi dire que cette période déprimante des fêtes de fin d'années fait du mal à beaucoup de monde (sûrement en relation avec des traumas de l'enfance - Noël est une fête pour enfants). Enfin perso c'est toute l'année que mon cerveau mouline à fond la caisse. J'imagine pareil pour toi. Impossible de se relaxer.

Voilà Elodie pour ce qui est de mon humble soutien. Je ne vais pas te sortir de blablas du genre "mais ça ira déjà" qui sont des niaiseries qui évitent de reconnaître le mal-être. J'avais aussi lu ça quelque part comme quoi cette phrase est presque insultante dans le sens où "ça ne va pas" et il faut que les autres l'acceptent car il y a toujours des raisons d'être dans cet état.

Je te souhaite bon courage (ça on en a tous besoin). Perso l'écoute de musique (pas mal de classique en ce moment) m'aide beaucoup. Ce qui est bien c'est que ça ne demande pas beaucoup d'efforts. En plus ça a été le conseil d'un thérapeute (qui m'a aussi dit que je devais marcher 2 h par jour. Bon ça j'aime déjà beaucoup moins...)

A très bientôt

[Bambou518]

Bonjour Elodie,

D'après toi, qu'est-ce qui fait que ces amis finissent par se détourner de toi ? Quels comportements as-tu qui finissent par les rendre distants ? Peut-être qu'en prenant conscience de tes attitudes avec eux, tu pourrais modifier quelques petits trucs pour pouvoir renouer avec eux ? A moins que ce soient eux qui ne te comprennent pas, j'avoue être assez surprise des propos de ton ami psychologue, de par son métier, il devrait savoir qu'on ne dit pas ça à une personne qui souffre de dépression, non ?

Moi mon souci est l'inverse, j'essaie tout pour aider une amie dépressive mais c'est elle qui me tourne le dos, pourtant je suis tolérante avec elle, depuis plus de 2 ans mais bon, elle me rejette...

Courage à toi

[ElodieB]

Bonjour,
merci pour vos réponses et votre soutien

@Bambou518 : j'ai du demander énormément d'attention à mes amis, qui se sont sentis sous pression et ne savaient plus quoi faire. Et pourtant je faisais tout mon possible pour ne pas envahir les autres, et j'ai quand même fait du mal à ceux que j'aime.
Je suis officiellement seule avec la dépression...

@Crépusucule : merci et courage à toi, je me suis reconnue dans plusieurs de tes phrases.
Je ne me sens plus capable d'assurer un travail à temps plein, je voudrais m'arrêter un moment mais ma psychologue pense que c'est une très mauvaise idée car je vais me retrouver seule chez moi à replonger. Je ne sais pas quoi faire, je suis au fond du trou

[Crépuscule]

Chère Elodie,

merci pour ta réponse et tes encouragements. C'est également très difficile pour moi au travail, surtout à cause de mes nerfs et de la grande fatigue liés à la maladie. Je suis dans la même situation que toi par rapport à l'idée d'être en arrêt quelques temps. Un jour un médecin en qui j'ai pleine confiance m'a dit que si je m'arrêtais je ne trouverais peut-être pas le courage de reprendre. J'y ai beaucoup réfléchi et je pense qu'il avait sûrement raison. Je disais encore l'autre jour à mes parents (qui sont en gros mes seuls proches car les amis il n'y en a plus) que le travail - malgré le stress et la difficulté que ça engendre - a pu faire que j'ai tenu le coup et garder un semblant de santé mentale. Maintenant je sais bien que chaque personne réagit différemment. Chaque situation est unique et a une réponse unique. De toute façon le corps te dira déjà ce que tu dois faire, à savoir être en arrêt ou pas quelques temps. Cela n'a pas besoin d'être long. Ces moments de coupure sont aussi très importants pour le mental.

Parfois je me dis que j'aurais peut-être mieux fait de péter les plombs un coup et de repartir à zéro plutôt que de traîner cet état des années et des années (des décennies en fait - depuis ma naissance).

Je te souhaite de trouver une certaine sérénité. Puisses-tu trouver les outils adéquats pour garder la tête hors de l'eau et rencontrer les bonnes personnes capables de t'aimer comme tu es : une personne sensible, honnête et courageuse qui aspire juste à un peu plus de tranquillité.

J'espère avoir des tes nouvelles sur ce forum

A bientôt

Crépuscule

[ElodieB]

Merci Crépuscule pour ta réponse. Tes paroles sont très réconfortantes.
Je te félicite pour ton courage et pour avoir la force de conserver un travail à temps plein! Cela demande énormément d'énergie physique et mentale, et encore plus quand on a pas de soutien des proches...

J'ai vu ma psychiatre aujourd'hui et elle aussi refuse catégoriquement de me donner un arrêt maladie. Elle dit que je pourrai être arrêtée 3 jours maximum si vraiment je suis fatiguée, mais qu'elle ne donne pas d'arrêt à long terme car les gens ont beaucoup de mal à reprendre ensuite, comme tu l'as dit. Le souci est que j'ai vraiment besoin d'une pause car je vais craquer sinon, je pleure déjà au travail dans les toilettes, je ne peux pas continuer comme ça. J'ai vraiment besoin de m'arrêter quelques temps, pour réfléchir à ce dont j'ai vraiment envie/besoin. Je veux chercher autre chose, un autre environnement, je ne supporte plus la routine parisienne qui ne fait qu'aggraver ma dépression...

[Crépuscule]

De rien. Je sais que les paroles réconfortantes peuvent parfois être plus efficaces que certains médicaments. Ce monde va mal surtout à cause du manque de compassion et du fait que les gros écrasent les petits et y prennent même plaisir. Je sais hélas de quoi je parle...

Perso je n'ai jamais été arrêté plus de 8 jours - c'est un exploit quand j'y pense, vu mon état - je pense que des forces invisibles m'aident à surmonter tout ça (des anges gardiens ?? en tout cas je suis très ouvert d'esprit pour ce genre de choses et ça m'aide pour continuer à lutter). Mais ce que je peux te dire c'est que même 3 ou 5 jours d'arrêt te feront du bien, principalement pour souffler et voir autre chose. Tu aimes certainement la musique, la lecture, le cinéma. Récemment, je suis allé voir un thérapeute qui m'a dit "pensez à vous". Ces paroles m'ont fait du bien. D'habitude j'ai tendance à culpabiliser si je m'occupe de moi. Mais vu notre état à nous qui fréquentons ce forum, ce n'est pas du luxe. Car avant de pouvoir s'occuper des autres, il est important de s'occuper de soi.

Je ne connais pas ta psy mais je trouve que tu paies un peu pour tous les autres qui sont en arrêt depuis des mois ou des années. Elle n'a pas envie que tu fasses la même chose. Or, tu n'est pas comme les autres. Tu es UNIQUE AU MONDE ! Tu as un trésor à l'intérieur de toi mais tu n'y a pas accès pour le moment. Moi non plus. Et je te dis ça mais je passe mon temps à me dévaloriser. C'est marrant parce que j'aime bien réconforter les autres et pourtant c'est la misère chez moi.

N'hésite surtout pas à venir sur ce forum dès que le coeur t'en dit. C'est une lueur dans l'obscurité.

Un jour nous vaincrons cette fichue maladie, même si ce sera long.

Bises à toi

P.S. : as-tu un animal de compagnie à qui tu pourrais te confier ? sans ma chatte et ses ronrons j'aurai déjà craqué.

[ElodieB]

Je n'ai pas d'animaux et j'adore les chats parfois je me dis que ca doit vraiment réconforter car ca reste une présence et quand on se sent seul c'est important!

Franchement je te dis encore bravo pour ce que tu fais - réussir à assumer un travail à temps plein tout en luttant contre la maladie, tu as vraiment de la force. Moi je n'ai pas réussi. J'ai finalement pu obtenir deux semaines d'arrêt, mais ce qui me fait peur c'est que je n'ai aucune envie de retourner au travail...je songe même à un abandon de poste, même si j'ai bien conscience que ca ne se fait pas et c'est un manque de respect :s
je n'ai pas le courage ou la force de faire face à ma chef et mes collègues...

Je suis tellement tellement seule.

Je suis un peu comme toi, j'aime bien réconforter les autres et pourtant je suis moi même dans une misère incroyable...
Lorsque j'ai ma mère au téléphone je lui dis que tout va bien pour ne pas l'inquiéter et en fait je pleure au bout du fil, pendant qu'elle parle... j'aimerais tellement lui dire à quel point je suis seule, à quel point j'ai besoin d'aide...

J'ai beaucoup de mal à sortir de chez moi par ce froid, alors je reste au lit toute la journée. Si je venais à disparaître, personne ne s'en rendrait compte.

[Crépuscule]

Bonjour Elodie,

je suis content d'avoir de tes nouvelles. Je pense à toi tous les jours et je prie le ciel pour que tu guérisses. Si seulement je pouvais avoir ton mail perso pour pouvoir échanger en privé, mais je sais très bien que les règles du forum l'interdisent...

En tout cas j'essaie de t'envoyer des énergies positives, où que tu puisses habiter. C'est très gentil à toi de me trouver courageux. A vrai dire je ne sais pas comment je tiens le coup. Il paraît que nous avons tous un ange gardien qui veille sur nous. Comme je suis assez branché sur ces choses là (même si je garde mon esprit cartésien) j'avoue que le fait de croire à certaines forces m'aide à continuer.

C'est très bien que cette psy t'ait arrêté 15 jours. C'est nécessaire donc ne culpabilise pas pour ça. Si tu savais le nombre de gens que je connais qui ont été ou sont en dépression (je travaille en milieu hospitalier et crois-moi, j'en ai vu des "cas difficiles" et j'en vois encore régulièrement).

Figure-toi que l'autre jour j'ai entendu à la télé une expression que j'ai trouvé très jolie : "l'espérance c'est la nostalgie du futur". En gros, c'est être triste de ce qu'on n'a pas encore, mais qui viendra un jour.

Je ne sais pas si tu apprécies la lecture et la musique. Si oui je vais essayer de chercher quelque chose qui pourrait apaiser ton âme dans un premier temps. Un musicothérapeute que j'avais contacté sur le net (par hasard) m'avait conseillé la symphonie concertante K364 de Mozart qui est particulièrement recommandée dans les moments difficiles.

Courage à toi mon amie.

A très bientôt

[Taro]

Tu est loin d'être seule, j'ai été abandonnée par des gens que je croyais être mes amis, la seule différence, c'est qu'ils sont partis sans prévenir, pas un mot, rien.. juste partis..

je pense qu'ici, tu auras plus de réconfort et peut-être plus de courage pour la suite.

[Crépuscule]

Bonsoir Elodie,

je viens prendre des nouvelles. Repose toi bien pour le moment.

Courage à toi.

A bientôt

[ElodieB]

Bonjour et merci pour ton message qui fait chaud au coeur. J'avais justement commencé à rédiger une réponse mais je n'ai plus eu l'énergie pour continuer.

Mon arrêt de travail se termine lundi et je souhaite le prolonger, je ne sais pas si j'y arriverai car tout le monde est contre - ma psychologue et ma psychiatre refusent catégoriquement de m'arrêter de peur que je me fasse du mal en restant seule chez moi. Elles ne comprennent pas que le travail ne fait qu'augmenter ma souffrance, je n'y suis plus efficace et ca engendre beaucoup de stress, je passe mon temps à pleurer dans les toilettes. Donc entre pleurer au travail et pleurer chez soi, je préfère être à l'abri des regards que craquer un jour devant mes collègues. En réalité il ne s'agit pas d'un simple besoin de break du boulot mais d'une remise en question totale de ma vie. Je voudrais faire autre chose, peut être changer de ville, me soigner peut être en priorité vu qu'apparemment je n'arrive pas à mener une vie normale avec ma dépression. Je voudrais presque aller en clinique ou dans un centre de repos pour m'éloigner le plus possible. Je veux me couper de tout le monde, et en même temps j'ai tellement besoin d'aide, d'amour, que je désespère de recevoir une main tendue.

@ Taro: merci bcp et bon courage à toi aussi. Les amis qui nous laissent, c'est vraiment un coup dur à l'estime de soi... je me suis promise à moi même que jamais je ne tournerai le dos à quelqu'un qui aurait besoin de mon aide à l'avenir ; un avenir que j'ai bien du mal à imaginer...

Bon courage à tous et à toutes.

[Crépuscule]

Chère Elodie,

Ravi d'avoir quelques nouvelles de ta part. J'aimerais pouvoir t'aider et pour te dire la vérité, j'adorerais te prendre dans mes bras. Ne pouvant malheureusement le faire. Tu sais, je manque aussi cruellement d'amour. Chaque jour je me demande si je vais mourir sans avoir pu aimer ou être aimé... C'est une douleur plus profonde que les symptômes physiques, même s'ils sont très désagréables.

Le destin a fait en sorte que nous devions subir la maladie, mais le destin nous a aussi fait découvrir ce forum qui reste une des rares possibilités d'entrevoir un avenir. Je plains vraiment les personnes qui n'ont pas du tout la possibilité de communiquer leur mal-être. Avant internet il y avait certes SOS amitié, mais avant ? Je vois ce forum comme un phare, une petite lueur d'espoir dans notre quotidien teinté d'obscurité. Merci encore aux créateurs de ce forum de pouvoir donner la possibilité aux sans voix de s'exprimer. Voilà, c'est dit.

En ce qui concerne ton arrêt maladie - sans vouloir interférer - il me semble qu'une ou deux semaines ne sont pas suffisantes. Evidemment, les psys ne se rendent pas compte de ta situation s'ils ne sont pas passés eux-même par ces épreuves. Idem pour un alcoologue qui n'aura jamais bu une goutte d'alcool de sa vie ne pourra pas comprendre les effets et le ressenti d'une personnes victime de cette substance. Pour ce qui est de l'écoute et de la compassion, seule une autre personne ayant connu la même situation pourra être un guide pour accompagner la sortie de cette addiction. Enfin c'est mon humble avis. Peut-être que si les psys allaient un peu voir ce qui se dit sur les forums ils seraient un peu plus compréhensifs... Bon tu l'auras compris, je suis un peu fâché avec cette profession

Je t'admire encore pour ton courage. Tu vas t'en sortir. J'ai vu tellement de gens remonter la pente (parfois de façon spectaculaire) que je reste très optimiste (étant pessimiste de nature, je m'étonne moi-même...)

L'autre jour je suis allé voir un psy dans un centre anti douleur. Je suis reparti sans aucune prescription à part des paroles du genre "vous avez les clés de la guérison sur vous mais vous ne le savez pas". Ou alors "vous pensez être un cas ? je pense que vous êtes plutôt un sujet" ; "vous êtes un miracle". Je lui ai répondu qu'il y allait un peu fort. N'empêche, un psy qui parle comme ça j'en ai pas vu des masses et ça fait toujours plaisir !

As-tu pu écouter un peu de Mozart ? Beethoven est sympa aussi (symphonie n°7 - 2ème mouvement )

A très bientôt

[ElodieB]

Cher Crepuscule,

Je te remercie pour ton soutien, je me sens moins seule, même si quelque part j'aimerais que tu ne vives pas la même chose que moi. J'aimerais pouvoir t'aider, je me reconnais beaucoup dans ce que tu dis. Je me sens aussi extrêmement seule et en manque d'amour. Et pourtant j'ai des parents aimants, une soeur, un frère, en bref la chance d'avoir une famille unie. Je viens de passer le weekend chez une amie d'enfance qui m'a fait prendre conscience de la gravité de mon état et de l'urgence de la situation. Elle a été vraiment choquée d'apprendre que je m'auto mutilais...lorsqu'on vit la dépression au quotidien, seule dans sa propre misère, ça devient la routine et quelque part je ne réalisais pas que ce n'était pas normal. Elle m'a rappelé que ce que je vis n'est pas de ma faute, ce n'est pas un caprice mais une véritable souffrance. J'ai le droit de demander de l'aide, du soutien, car sinon je risque d'y passer...
Chaque jour lorsque je traverse la rue, je ne peux m'empêcher de penser "et si?" "et si je faisais comme si je n'avais pas vu cette voiture arriver?"
Sur le quai du métro c'est pareil, avant de dormir c'est pareil. Je souhaite tous les jours ne jamais me réveiller...
Tout ca c'est un appel au secours...

Je vais suivre tes conseils et écouter du Beethoven
Peux-tu me décrire ce qu'est un centre anti douleur? Si cela ne t'embête pas trop.
Je suis d'accord, les professionnels ne nous comprennent pas toujours. La preuve, je n'ai pas su écouter les conseils de ma psy et cela fait trois semaines que je ne suis pas allée travailler. Je vais faire renouveler mon arrêt demain, je n'ai pas le choix, c'est contre ma volonté.

Je comprends ta douleur morale. C'est une douleur invisible qui empêche de respirer...

Je te souhaite beaucoup de courage et te remercie encore pour ton soutien.

[Crépuscule]

Bonsoir Elodie,

c'est un peu pareil pour moi, j'ai l'impression de me lire, sauf que dans mon cas je n'ai aucun ami d'enfance (la faute à beaucoup de déménagements mais surtout la faute à la maladie et au stress chronique / phobie sociale / agoraphobie / anxiété généralisée / anxio dépression / mal être / envie de mourir etc...)

Comme tu le dis, heureusement que tu as une famille soudée. C'est également mon cas. Je suis très proche de ma mère que j'appelle tous les jours. Je suis aussi proche de mon frère mais je ne le vois presque pas malheureusement à cause de la distance et du manque de temps. Ce sont des soutiens très importants, au point de me dire que le jour où ces personnes ne seront plus là je me supprimerai car j'ai trop souffert. C'est de la rumination mentale. Tu es malheureusement aussi dans ce cas où il n'existe pas de remède miracle. Pour ma part j'ai la chance de dormir assez correctement la nuit (car je suis tout le temps trop fatigué). Mais on peut aussi avoir des insomnies à cause de trop de fatigue.

Un centre anti-douleur est un centre qui est censé aider les personnes atteintes de douleurs physiques chroniques. je dis "censé" car après 2 séances on ne m'a rien proposé. Juste un "je ne sais pas quoi vous proposer" de la part du psy. Merci mais à ce train là j'aurais pu rester chez moi et éviter les tarifs exorbitants de la SNCF...

Lorsque tu évoques la possibilité de te jeter sous une voiture, saches que j'ai eu le même sentiment avec les trains (plus radical que les voitures mais moins sympa pour les conducteurs). Et puis les morts violentes c'est pas mon truc. Je préférerais un truc où tu ne te réveillerais pas. Mais crois-moi, ce n'est pas une solution. J'ai déjà vu des cas de personnes handicapées à vie ou dans la coma pendant des lustres, avec tout ce qui va avec. Et la souffrance de l'entourage qui n'a rien demandé. Ceci dit, je comprends le suicide lorsqu'on est VRAIMENT TROP mal, où la souffrance est irréversible et dans les cas où l'état de la personne ne justifie plus la vie telle qu'on l'entend (je fais référence au cas de Vincent Humbert - si tu as suivi l'affaire à l'époque).

Je vais te raconter une petite anecdote : quand j'étais ado mon médecin de l'époque m'a proposé de me prêter le guide du suicide, ouvrage interdit dès sa sortie. Du coup ça a eu un effet electrochoc. J'ai été très surpris qu'il le le propose, du genre "mais il veut que je meure ou quoi ?". Avec le recul, je sais très bien qu'il savait que j'allais refuser, sinon il n'aurait pas tenté un tel coup de poker. Mais j'avoue que c'était très bien joué de sa part. En attendant, c'est comme le reste, je remets au lendemain. Donc la mort aussi je la remets au lendemain pour le moment.

Beethoven est devenu une sorte d'ami pour moi. je l'ai réellement découvert il y a peu de temps seulement. J'aime les destins hors du commun. Un peu comme Van Gogh que j'admire. N'oublions pas que de leur vivant, ils passaient pour fous (ce qu'ils étaient peut-être - mais à l'époque pas de classification DSM et heureusement pour eux ) Les frontières entre folie et génie sont très étroites.

Puisque tu sembles sensible à l'art, je te recommande quelques tableaux de l'artiste française Elisabeth Vigée Le brun (connue grâce à un très beau docu sur arte), notamment ses deux auto-portraits avec sa fille dans les bras. J'imagine bien la petite Elodie blottie dans les bras de sa maman. Le réconfort et la tendresse d'une mère n'a pas de prix... Que dirais-tu de te confier à ta maman en ouvrant ton coeur et en lui disant que tu souffres énormément ? Je suis certain qu'elle ne te laissera jamais tomber.

Bon j'arrête là sinon je vais te saoûler complètement...

A vrai dire, ça m'aide beaucoup de t'écrire sur ce forum. Je me sens mois seul en sachant qu'il y a d'autres âmes errantes en ce bas monde.

A très bientôt

[ElodieB]

Ce que je ne comprends pas, c'est comment peut-on tourner le dos à quelqu'un qui souffre? Qui a un problème de santé et besoin d'aide?

N'hésite pas à écrire sur ce forum...comment vas-tu ces jours-ci?

Je n'arrête pas de me demander pourquoi à 27 ans je suis aussi seule...cette solitude me tue peu à peu jour après jour...
Mon arrêt maladie s'est terminé aujourd'hui en théorie. Sauf que je n'ai aucune intention d'aller au travail demain. Je ne sais pas ce que je vais leur dire, les heures passent et il faudrait que ma chef recoive un email de ma part avant demain matin...Je ne sais pas comment faire. Je suis complètement seule et perdue.

Tu sais je rêve de parler à ma mère et lui dire combien je souffre...mais cela la ferait souffrir aussi alors je ne dis rien.

Je t'envoie du courage et n'hésite pas à m'écrire ici.
Pour ma part, je m'accroche à des miettes d'espoir mais je suis épuisée, épuisée de pleurer tous les jours, je ne fais que ça.

[Crépuscule]

Salut Elodie,

dure journée aujourd'hui, je me demande combien de temps je vais tenir dans ces conditions. Ce sont surtout les douleurs, les tics faciaux importants et la fatigue engendrée qui font mal. Je suis complètement stone, je lutte pour ne pas m'écrouler.

Je comprends ce que tu ressens à propos de la solitude. Mon explication est que plus tu es mal, plus tu t'isoles, et plus tu t'isoles moins tu veux voir de monde et c'est un cercle vicieux en fait. Je suis pour ma part pris au piège. Les week ends seuls à ruminer et à imaginer ce qu'aurait pu être ma vie sans ces foutues maladies. Mais je dois accepter ce qui est car on me dit "c'est comme ça et pas autrement, il faut s'y faire".

J'aurais bien besoin d'un arrêt maladie moi-même, mais que deviendrais-je si je me morfonds seul chez moi à tourner en rond ? Déjà que je n'ai pas d'amis ni contact sérieux à part ma mère et un frère que je ne vois presque pas (pour des raisons de distance et d'emploi du temps comme je te le disais).

Parler à ta mère te semble difficile pour le moment, donc fais comme tu le sens. Pour moi c'est pareil le pire c'est d'attrister ma mère et lui faire du mal à cause de mon propre mal. Elle n'y peut rien mais je ne m'en remettrai pas de la faire souffrir encore plus. Elle a déjà assez souffert à cause de mon état et des péripéties du passé.

Merci à toi pour le courage que tu m'envoies. Qu'il te soit renvoyé en retour

Je t'embrasse fort

A bientôt

[ElodieB]

Cher Crepuscule,

Je viens prendre de tes nouvelles, comment vas-tu?
Je me demande ce que je pourrais faire pour t'aider. Je te souhaite beaucoup de courage. J'essaye de me dire que ce que nous vivons est temporaire, et qu'un jour nous verrons le bout du tunnel.

J'ai parlé à mes parents. Ils me soutiennent et cela m'a enlevé un énorme poids. Je vais demander une rupture conventionnelle à ma chef ; je suis jeune (je pense) et je ne veux pas me pourrir la santé pour un job. La vie est tellement fragile et courte...
Je sais que je fais beaucoup de mal à mes proches ; mais lorsque les amis nous abandonnent, heureusement il reste la famille ; j'ai failli y passer cette semaine. Mais je suis toujours là.
J'ai décidé de ne plus me cacher, ce n'est pas de ma faute ce qui m'arrive et je n'ai rien fait de mal. Je n'ai fait aucun mal à ces amis qui sont partis, j'avais simplement besoin d'aide. En parlant ouvertement de cette maladie, je pense que l'on peut aider tellement de personnes qui elles même en souffrent et n'en parlent pas à cause de cette foutue stigmatisation. Je rêve d'un monde où parler de problèmes psychologiques sera aussi facile que de parler de maladies physiques, on y arrive mais le chemin est encore long....