Je suis usée par la dépression de mon mari

[Dang]

Bonjour,

Mon mari vient d'entamer un traitement antidépresseur, il y a 3 semaines environ, mais je me demande si cela ne vient pas trop tard.
Cela fait 9 ans que nous nous sommes rencontrés, il était à l'époque sous benzodiazépines, traitement qu'il a arrêté pour essayer d'enrayer ses variations d'humeurs. Effectivement il y a eu un mieux, il lui arrivait encore de s'énerver sur quelque chose de façon disproportionnée, mais beaucoup plus rarement, et moins longtemps. Nous avons eu un premier enfant, il est ainsi passé d'homme au foyer à père au foyer ; c'était parfois difficile mais nous avons eu une période globalement calme. Nous avons ensuite déménagé pour raisons financières, et passé une très mauvaise année (maison trop petite pour nos besoins, il s'y sentait mal), redéménagé et eu notre deuxième enfant. Lorsque j'ai repris le travail à la fin de mon congé maternité, il a souffert d'angoisses énormes, du coup j'ai utilisé presque tous mes congés pour être plus à la maison ; je me disais que plus les mois passaient, plus il prendrait ses marques avec le bébé et retrouverait de la sérénité. Mais voilà au fil de l'été il a été de plus en plus mal, alternant (parfois dans la même journée) des déclarations du type "je suis heureux grâce à toi" et "je te hais, tu me fais vivre une vie de M....", mais allant de plus en plus souvent et longtemps sur la deuxième option.
J'ai eu deux arrêts de travail pour "syndrome dépressif réactionnel", et je commençais à croire que je ferais mieux de divorcer quand il m'a dit qu'il allait chez le médecin demander des AD. J'ai repris espoir, mais pour l'instant ça ne fait pas d'effet et lundi encore il m'a reproché d'avoir été à mon cours de chant (2h/semaine, j'avais déjà manqué deux cours en deux mois). Si je ne dois plus aller à mes cours chaque fois qu'il n'est "pas bien", autant me désinscrire, mais j'ai besoin de ce bol d'oxygène... Sa sœur m'a dit qu'elle est sûre qu'il m'aime, qu'il ne faut pas que je me laisse atteindre par ses mots quand il est "en crise", mais c'est de plus en plus difficile. J'ai l'impression qu'on ne vit plus ensemble mais qu'on cohabite seulement, dès qu'il commence à se renfermer je n'ose plus lui parler.
Quand il me fait des reproches j'ai envie de les lui renvoyer à la figure, mais je sais que cela ferait encore plus de dégâts... je passe un temps fou devant chacun de ses sms à me demander comment répondre, et au final comme je n'arrive pas à répondre il me reproche d'être indifférente.
Je ne sais pas si je dois espérer encore de son traitement (encore au moins une semaine à ce qu'on nous a dit avant qu'il ressente un effet, ça me semble une éternité).
Avez-vous des conseils pour m'aider à communiquer avec lui ?

Merci de m'avoir lue.

[Ostinato]

Bonjour,
Je suppose que c'est un généraliste qu'il est allé voir. Un psychiatre lui prescrirait peut-être un thymorégulateur pour stabiliser l'humeur. Pour ma part je me sens beaucoup mieux depuis que j'en prends ( associé à un AD ).

il était à l'époque sous benzodiazépines, traitement qu'il a arrêté pour essayer d'enrayer ses variations d'humeurs.

Je crois pas qu'arrêter les anxiolytiques puisse empêcher les variations d'humeur, au contraire. Ceci dit, les anxiolytiques, vaut mieux pas en prendre trop longtemps.

[Dang]

Il a vu notre généraliste parce qu'il avait besoin de voir quelqu'un en urgence, et que pour un psy il faut sûrement des semaines avant d'avoir un rendez-vous (et en plus il faut tomber sur une personne avec qui on accroche... or il est généralement méfiant envers le corps médical). Mais il n'exclut pas complètement cette idée.
Cependant je pense que pour l'instant le médecin se focalise sur la dépression actuelle, je ne sais pas trop comment il peut orienter les soins par la suite. Ils se revoient dans deux semaines.


Pour les anxiolytiques, il en a pris en continu pendant plus de 10 ans (oui oui, alors que c'est écrit sur le flacon de ne pas dépasser 12 semaines). Du coup, je ne sais pas si c'est qu'il y était désensibilisé ou un truc comme ça, mais en tout cas ses variations d'humeur étaient vraiment très fortes, et ça s'est amélioré quand il a arrêté (mais est-ce l'absence de molécule qui lui a fait du bien, ou la fierté d'avoir réussi à se sevrer ?).

[Ostinato]

je pense que pour l'instant le médecin se focalise sur la dépression actuelle,

Les généralistes, la plupart de temps, n'y connaissent rien. Les variations d'humeur sont sans doute le signe d'une bipolarité qui inclu la dépression. Dans ce cas là il faut donc un traitement plus pointu que simplement la panoplie AD + anxiolytiques que les généralistes prescrivent.

Pour les anxiolytiques, il en a pris en continu pendant plus de 10 ans

J'ai eu aussi des périodes assez longues sous anxiolytiques. Il y a accoutumance / dépendance. Il paraît qu'au bout d'un moment ça ne fait plus grand chose.

[Dang]

Je vais essayer de revoir avec lui ce qu'il a dit exactement au médecin (je ne suis pas sûre qu'il ait parlé clairement de cette alternance, vu que depuis un bout de temps il est plutôt tout le temps "down"). Merci.