Y a t'il des soignants ici en souffrance?

[Valentine15]

Bonjour je suis aide soignante depuis 22 ans, j'adore mon métier il a toujours été pour moi une source de bien-être mais malheureusement mon anxiété débordante (je ne suis pas encore diagnostiquée) commence à entacher mon travail. Je suis sous traitement depuis 2 mois et demi sans résultats, je commence une psychothérapie demain, acuponcture, méditation bref je fais mon maximum pour m'en sortir, je ne veux pas me mettre en arrêt maladie! Et vous comment gérez vous vos souffrances et vos soins. C'est difficile de se retrouver de l'autre côté de la barrière...

[Pisaure]

Je travaille dans le monde de la santé...mais pour des raisons de discrétion je n'en dirai pas plus.
En effet, se retrouver de l'autre côté de la barrière est extrêmement difficile. Je crois que lorsqu'on choisit ce type de professions et qu'on l'exerce pendant des années, c'est une forme de don de soi, on se met à disposition de l'autre, à l'écoute des souffrances du monde avec modestement l'espoir de pouvoir les soulager un peu.

Cela conduit souvent à relativiser ses propres difficultés, parfois jusqu'à les nier et ne jamais trouver légitime de s'en ouvrir à autrui, de "se plaindre" parce qu'on a rencontré des cas tellement plus souffrant que soi...
Ce n'est pas un hasard, si les premières descriptions de "burn out" l'on été chez les soignants. Le soignant soigne et ne se plaint jamais...même quand il va mal. C'est une sorte de code de conduite implicite que l'on apprend dans le métier.

Se soigner est difficile, encore plus en matière de santé mentale. Difficile de de retrouver face à ses collègues avec un trouble en santé mentale. La stigmatisation existe aussi malheureusement dans ce milieu professionnel..

Quant à la gestion des soins, on fait ce qu'on peut. On serre les dents, on affiche un sourire de circonstance, on prend sur soi et on s'effondre en rentrant chez soi...ou dans la voiture sur le parking. Et puis, le lendemain, on recommence. Ca passe, ou ça casse. Il y a rarement d'entre d'eux.

J'ai connu il y a très longtemps un psychiatre très réputé qui s'est défenestré. Je doute qu'il se soit senti autorisé à parler de ses souffrances auprès de ses collègues. Il a continué à soigner ses patients jusqu'au jour où ça n'a plus été possible. Le sujet de la maladie et de la souffrance psychique est un énorme tabou dans le monde de la santé, et les gens qui ne sont pas dans ces métiers l'ignorent.

Je te souhaite de trouver toutes les ressources pour prendre soin de toi. Tu fais un métier admirable, mais tu es aussi importante que toutes ces personnes dont tu as pris soin durant ces 22 années.

[Valentine15]

Pisaure merci de ton retour, c'est exactement ça! Je ressens exactement le même sentiment et constat que toi, je suis la plus ancienne dans mon service et celle qui compte le moins d'arrêt maladie. Si demain je devais m'arrêter pour gérer mes troubles anxieux j'aurais l'étrange impression de ne plus être légitime dans ma profession, je souffrirais de ma "faiblesse" je préfère aller travailler angoissée que pas y aller du tout. Après c'est mon fonctionnement je soigne le mal par le mal, j'entame cet après-midi un psychothérapie avec une psychologue car le psychiatre que je vois me bloque il ne pense qu'aux médicaments qu'il faut prendre point. Je lui ai pourtant expliqué qu'à mon âge je voulais une approche différente, accepter cette angoisse plutôt que de la masquer mais que j'avais besoin d'un soutien bref. De quoi souffres tu toi si c'est pas trop indiscret?

[Pisaure]

Bonjour Valentine15,

C'est bien que tu puisses entamer une psychothérapie. J'espère que tu te sentiras à l'aise et en confiance avec la psychologue, c'est essentiel. Pour les traitements médicamenteux, ils sont parfois bien utiles quand le corps ne répond plus à la tête (crise d'angoisses avec malaises, palpitations, suées, insomnies...) et qu'il faut continuer de travailler, mais tant qu'on peut faire sans c'est mieux en effet.

Je n'aime pas beaucoup parler de moi. Pour faire simple je souffre des séquelles d'une enfance difficile avec maltraitance, violences intrafamiliales et plusieurs traumatismes avec mise en danger de ma vie. J'ai essayé de construire ma vie d'adulte une fois partie de cet enfer, en pensant que la volonté, le travail et le fait de ne plus penser à tout cela suffirait. Ca a fonctionné un temps, mais les traumatismes te rattrapent toujours un jour ou l'autre, sans prévenir. J'ai connu depuis la dépression, l'anxiété, le stress post traumatique. Mais je n'en ai jamais parlé à personne sur le plan professionnel. Mes collègues seraient bien surpris s'ils apprenaient mon parcours de vie. Mais motus, le tabou plane...

Bien à toi.

[Valentine15]

Je suis aussi en choc traumatique selon la psychologue (divorce, maladie de mon fils) j'ai accumulé énormément de stress en 10 mois l'année dernière sans flancher et mon corps a dit stop en novembre 2023, j'ai été voir mon dr qui m'a mise ss seroplex 10 et xanax mais je ne réponds pas au traitement malgré un relais psychiatre il m'a augmenté mon seroplex à 15 ce qui fait que je suis presque à 3 mois de traitement et aucune amélioration au contraire anxiété et pensées intrusives majorées....j'en peux plus j'ai baissé de moi même et remis au 10 mg. J'espère qu'il va me le changer ou me l'arrêter ds 15j...C'est dur et j'ai du mal à baisser mon lexomil (remplace le xanax) dès que je baisse j'ai des symptômes de sevrage je suis catastrophée j'arrive plus à gérer