Arrêts de travail à répétition et culpabilité

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Alice R
Messages : 2
Enregistré le : vendredi 13 novembre 2020 13:04

Arrêts de travail à répétition et culpabilité

Message par Alice R »

Bonjour,


Je suis nouvelle sur ce forum. Cela fait qqs années que je suis dépressive, ou plutôt que je m'en rend compte, avec pour moi des phases où je me sens assez bien et des phases de dépression que j'arrive bien à reconnaître maintenant. Je prend des anti-dépresseurs depuis au moins 2 ans, à partir du moment où j'ai fait une grosse dépression. Depuis, j'organise ma vie pour vivre au mieux. Ça va de mieux en mieux, notamment depuis que j'ai décidé de faire un autre métier et que je prépare tout ça petit à petit.

Mais en attendant, je suis toujours dans le métier que ne me correspond pas (dans lequel je ne suis pas mauvaise, et qui a des aspects positifs). J'ai fait un burn-out l'année dernière, et j'ai été beaucoup absente, en arrêt de travail.

Or, après un choc récent (ma première formation pour mon futur métier qui a été annulée, une énième fois!) je me retrouve à nouveau en phase dépressive. Je fais de mon mieux, mais paf, je suis obligée de me mettre en arrêt 2 semaines pour prendre soin de moi.

Et comme cela allait un peu mieux mais que je ne pouvais toujours pas psychologiquement retourner au boulot, je suis à nouveau arrêtée 2 semaines.

Je voulais savoir comment vous viviez le fait de devoir vous mettre en arrêt de travail? Culpabilisez-vous? Ou si en général, vous culpabilisiez d'être en dépression? C'est un mal affreux: en plus de la dépression, je suis rongée par la culpabilité, me disant que je ne fais pas mon devoir, que j'abandonne. Culpabilisant aussi de devoir me remettre en arrêt, avec l'impression que c'est un cercle vicieux. Je le vis du coup super mal quand je vais chez le médecin, parce que je n'ai pas envie qu'il se sente inutile (comme si je n'avais jamais évolué), ni qu'il me trouve horrible (j'ai peur qu'il me juge, qu'il me trouve chochotte, que mon aura soit trop négative et que ça le bouffe de me voir dans la salle d'attente une énième fois).

Merci pour vos retours...
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Kokwac
Messages : 3135
Enregistré le : dimanche 09 juin 2019 16:55

Arrêts de travail à répétition - culpabilité

Message par Kokwac »

Bonjour Alice R :bye:

Bienvenue sur le forum.

Depuis début 2019, j'ai cumulé les arrêts de travail. Pas des arrêts "à répétition", mais des arrêts longs.

Au début, j'ai culpabilisé.

A reculons, incité par mon psy, j'ai fait une demande de RQTH. Ca m'a foutu un sacré coup.

Puis une demande d'AAH.

Puis une demande de pension d'invalidité.

Ca va bientôt faire un an que je ne travaille plus. La culpabilité a finalement disparu, car je sais que j'aurais beaucoup de mal à reprendre le travail : je m'investis trop, et je flanche régulièrement...

Je ne culpabilise plus pour mes problèmes de santé psy, qui sont des vrais problèmes de santé. Je coûte cher à la sécu en médocs, en consultation psy, voire en hospitalisation... Mais c'est comme ça. Je n'abuse pas du système : je suis malade.

Là, je termine l'année en roue libre. Et en 2021, j'aimerais trouver un mi-temps pour me réhabituer doucement au monde du travail... En espérant que je puisse tenir le coup.

Au plaisir de te lire et d'échanger avec toi,

K.
⚠️ Souffre de kokwaquisme aiguë 🦆🦆🦆

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Le kokwaquisme n'est pas une maladie référencée dans le DSM-5.


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Alice R
Messages : 2
Enregistré le : vendredi 13 novembre 2020 13:04

Arrêts de travail à répétition - culpabilité

Message par Alice R »

Cher Kokwac,

Merci pour ta réponse!

J'essaye de travailler sur cette culpabilité depuis un moment, et également de me "construire" un métier de toutes pièces, puisque le système habituel ne prend pas en compte comment je fonctionne..

Et merci, de parler de cette maladie comme telle; c'est en fait les regards extérieurs qui me parasitent et m'empoisonnent. On ne comprend pas que je suis malade, et que j'ai beau essayer de forcer, ça ne peut pas fonctionner. (Et même, plus je force, plus c'est pire!)
En tous cas, je vois bien une différence entre mes premiers arrêts, où je ne maîtrisais rien du tout, et l'arrêt que je prend parce que je sais que c'est le mieux pour prendre soin de moi. Mais toujours un peu dur de se défaire des commentaires tels que "tu dois avoir ta place dans la société", "retournes-y dès que tu peux", "faut pas réfléchir", y compris des proches.

Ça fait du bien d'entendre quelqu'un d'autre parler du fait que c'est ok d'être malade, d'être en dépression, et du coup de ne pas "fonctionner" en milieu professionnel (en tous cas tel quel, dans le monde actuel). Et que la culpabilité peut aussi s'estomper au fur et à mesure... ;)
stella67
Messages : 14
Enregistré le : lundi 27 décembre 2021 21:05

Arrêts de travail à répétition - culpabilité

Message par stella67 »

bonjour @Kokwac

Suis à peu près dans la même situation que vous sauf en arret long sans interruption...
Sur conseil doc et assistante et soutiens psy même cheminement de demande : mdph en cours et plus tard le reste....
Énormément de culpabilité mais j'y arrive plus je sais même pas comment j'ai fait toutes ces années pour retrouver chaque fois un emploi et revivre ce cycle ingérable... bref a force d'insister ca c'est amplifié et c'est mon corps qui a dit stop...
Question : étiez vous sous contrat quand demande mdph ? avez vous obtenu rqth et aah avant invalidité ? si oui cela n'a pas posé de soucis pour la demande invalidité après ? enfin en gros comment avez vous procéder? merci infiniment pour vote retour
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Kokwac
Messages : 3135
Enregistré le : dimanche 09 juin 2019 16:55

Arrêts de travail à répétition et culpabilité

Message par Kokwac »

Bonjour @stella67,

Je vais me permettre de te tutoyer comme nous le faisons habituellement sur le forum.

Je comprends tout à fait que tu ressentes une certaine culpabilité. Tu auras franchi une étape importante quand tu seras dans l'acceptation.

Très concrètement, les choses se sont passées ainsi :

Je travaillais quand j'ai été hospitalisé en psy pour la première fois. A ma sortie de l'hôpital, mon généraliste a demandé une ALD.

Alors que j'étais encore à l'emploi (mais en arrêt), mon psychiatre m'a persuadé de demander une RQTH. J'ai eu du mal à l'accepter, parce que je ne pensais pas en arriver là...

Puis j'ai repris le travail avant de faire une rechute. Mon psychiatre m'a conseillé de demander l'AAH "au cas où".

J'ai trouvé un autre job, un CDD de 4 mois qui n'a pas été renouvelé car je n'arrivais pas à supporter la charge de travail. C'est à ce moment là que mon psychiatre a demandé la pension d'invalidité. A ma grande surprise, pas de dossier long et compliqué comme pour l'AAH et la RQTH. Il a juste fait une lettre de quelques mots au médecin conseil de la MSA, qui m'a reçu pour statuer et dire OK à la PI.

Fin 2020, rechute à nouveau. Là, c'est le psy de l'hôpital qui m'a suggéré la pension de 2ème catégorie. Mais c'est mon psy de ville qui a fait la demande.

Depuis, j'ai été reçu une fois en novembre dernier par le médecin conseil de la MSA pour une éventuelle révision de la PI de 2ème catégorie. Elle a donné son go et m'a indiqué qu'elle me reverrait mais pas avant longtemps.

A ce jour, je travaille "petitement" tout en conservant ma PI de 2ème catégorie. Je suis autoentrepreneur, ce qui me permet de travailler quand j'en ai les forces. Cette situation me convient tout à fait parce qu'elle est compatible avec mon cadre thérapeutique.

Je ne sais pas si ça durera infiniment, car mon travail indépendant me permet de gagner pas mal de sous, même si c'est sur des courtes périodes (je fais des missions payées 500 balles la journée). J'ai arrêté de me faire des nœuds à la tête en me demandant ce que serait ma situation financière si la PI venait à disparaître...

J'ai eu beaucoup de mal à accepter la situation, qui s'est faite étape par étape, grâce au tact et à la délicatesse de mon psy de ville qui a malheureusement pris sa retraite. Aujourd'hui je n'ai plus du tout de complexe. Ma santé psychique est relativement stable, certes avec des écarts d'humeur de façon sporadique. Je sais que je ne travaillerais plus à temps plein car je rechuterais inévitablement.

A ta disposition si tu as des questions :smile:
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stella67
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Enregistré le : lundi 27 décembre 2021 21:05

Arrêts de travail à répétition et culpabilité

Message par stella67 »

Bonsoir @Kokwac

Merci pour ce retour rapide et toutes ces précisions. Quel parcours aussi... et avec nos soucis c'est difficile de passer par toutes ces démarches ..
Quand je te lis tu as donc eu aah avant invalidité ? (ou peut être as tu eu la réponse aah après invaldite au vu du délai de réponse très long....)
Du coup comme demandé voulais savoir si cela n'a pas été un temps bloquant ou freinant pour la pension invalidité si AAH avant (et si la sécurité Soc. demande ce genre d'info en plus ...) merci à toi et bon week-end .
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Kokwac
Messages : 3135
Enregistré le : dimanche 09 juin 2019 16:55

Arrêts de travail à répétition et culpabilité

Message par Kokwac »

Oui, j'ai eu l'AAH avant la PI. Comme j'étais en galère de thunes, ça a déclenché un peu d'AAH... A moment donné, j'avais de l'AAH, de la prime d'activité, de l'ALS et de la PI... Sans frauder, c'était juste le hasard du calendrier. A ce moment là, je gagnais plus que je n'avais gagné toute ma vie !

Bien sûr ça n'a pas duré : le cumul s'est arrêté quand je suis passé en deuxième catégorie pour la PI. Mais je ne me plaint pas : ma situation financière reste assez confortable :smile:
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stella67
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Arrêts de travail à répétition et culpabilité

Message par stella67 »

Merci @Kokwac
Parce que quand tu lis certains post ca serait un soucis aah avant pi car la pi serait à demander en priorité ...
Tu as eu combien de temps de battement entre l obtention aah et pi catégorie 1?
merci beaucoup! bonne journée
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Kokwac
Messages : 3135
Enregistré le : dimanche 09 juin 2019 16:55

Arrêts de travail à répétition et culpabilité

Message par Kokwac »

l'AAH et la PI sont deux choses différentes. Peu importe l'ordre dans lequel tu les demandes. Si ta PI ou tes ressources actuelles sont supérieures à 900 € tu n'auras pas droit à l'AAH. Mais les droits seront ouverts en cas de pépin. Quant à la PI, elle n'est pas évalué en fonction du l'AAH que tu toucheras ou toucherais, mais proportionnelle à une moyenne de revenus d'activité.

Je ne sais plus combien de temps il y a eu entre l'AAH et la PI2. Je suis d'abord passé par la 1ère catégorie, et c'est en novembre 2020 que le médecin conseil a accepté la deuxième catégorie. La deuxième catégorie a entraîné une suppression de l'AAH puisque supérieure à son montant.
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