Je suis le parasite, la fainéante, l'égoïste qui se complait dans sa souffrance

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lucyj
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Enregistré le : vendredi 16 janvier 2009 12:31
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Je suis le parasite, la fainéante, l'égoïste qui se complait dans sa souffrance

Message par lucyj »

Bonjour

A cause de la maladie, j'ai une très faible estime de moi, je me trouve nulle tout le temps, à la hauteur de rien, je n'ai aucune confiance en moi et cela se détériore avec le temps. Comme je n'ai pas grand chose auquel me raccrocher (famille, travail, activité), je suis très sensible au regard que les autres, proches ou inconnus, peuvent avoir sur moi.
Mes parents me stigmatisent toujours, malgré un long travail d'explication sur le fonctionnement de la maladie: pour eux cela reste quand même et surtout une question de manque de volonté et de faiblesse voire de fainéantise ou de laisser aller.

A force de me décommander, de ne pas répondre immédiatement au téléphone, de décliner des invitations de sortie, beaucoup de mes amis ont changé de comportements et ne cherchent plus à me joindre ou même à me recontacter quand c'est moi qui vient aux nouvelles: comme si on m'en voulait et on me punissait de mon comportement. C'est que je ne suis souvent pas fiable pour les rdv, pas de très bonne compagnie en soirée (souvent fatiguée), je n'ai jamais rien à raconter puisque n'ayant aucune activité, je m'ennuie rapidement dans les groupes et me sens vite mal à l'aise face à la sempiternelle question: et tu fais quoi dans la vie? Pas facile de répondre: "rien, je souffre d'une dépression depuis 15 ans qui s'accentue, je suis enfermée chez moi la majorité du temps car je souffre de beaucoup d'angoisse. Avant j'avais une vie mais là je n'ai plus aucun projet. Je regarde la télé car je n'arrive plus à lire ou à me concentrer sur d'autres choses plus complexes. Déficit cognitif." A partir de là, déjà les gens s'éloignent imperceptiblement ou alors ils viennent vous donner tout un tas de conseils sur la dépression en général, car ils ont connu un ami, un proche qui s'en est sorti en faisant ceci, ou bien qu'ils ont lu quelque part qu'il fallait faire cela... "y'a qu'à" - "il faut que" - "tu devrais" et ce sans connaître mon histoire... sans savoir par combien de méthodes, de psychothérapies, de traitements, d’hospitalisations et d'expériences dramatiques par lesquelles je suis déjà passée. Alors je préfère éluder la question d'une manière ou d'une autre: chômage temporaire, arrête maladie, reconversion professionnelle, et j'écourte vite la conversation. Mais ça y est, le mal est fait, je suis mal à l'aise, je ne me sens pas à place, je me sens plus seule que si j'étais seule chez moi. Plutôt que simplement malade, je me sens anormale, humiliée. Ma confiance en moi en reprends un coup et je deviens encore moins présente à la discussion.

J'ai vu des tas de gens que j'aimais beaucoup, que je respectais, que j'ai aidé à chaque fois que j'ai pu, qui, depuis que la maladie m'isole vraiment, ont changer de comportement ce qui me blessent profondément. Ils s'éloignent, ne me contactent plus, se sentent gênés en ma présence, bcp ne s'adressent même plus à moi pour en parler directement mais à mon conjoint dont certains se permettent aussi de critiquer sa façon de s'occuper bcp "trop" de moi. Alors non seulement je suis le parasite, la fainéante, l'égoïste qui se complait dans sa souffrance, mais en plus je me sers des autres....
Tout ça me blesse au plus profond de mon âme et me déçois énormément. Je ne sais plus désormais reconnaitre mes vrais amis, j'ai des doutes sur tout le monde, et comme je n'ai même pas confiance en moi, il ne me reste rien ni personne qu'un grand vide. J'ai encore plus envie de m'isoler, de fuir cette humanité hypocrite et même, souvent de quitter ce monde.
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doloplus
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Localisation : Mon fort intérieur...

Je suis le parasite, la fainéante, l'égoïste qui se complait dans sa souffrance

Message par doloplus »

Lucyj

Je me retrouve dans certaine de tes phrases : "Plutôt que simplement malade, je me sens anormale, humiliée", "je suis le parasite, la fainéante, l'égoïste qui se complait dans sa souffrance", "pour eux cela reste quand même et surtout une question de manque de volonté et de faiblesse voire de fainéantise ou de laisser aller"...

C'est vrai que le dépression est une maladie un peu différente des autres. S'il est "facile" de dire j'ai un traitement pour le diabète, la tension ou j'ai été hospitalisée pour un fibrome, un infarctus...Il est bien moins simple de dire "je suis sous antidépresseurs et anxiolytiques", "j'ai été hospitalisée en psy", "j'ai eu des electrochocs"...
Quoique qu'on en dise la maladie mentale reste un tabou et une honte. Moi même je le cache à beaucoup car je sais que je serai régardée de travers, condidérée au mieux comme fénéante et faible, au pire comme dérangée et non fiable...

Je n'ai pas de conseils à te donner. Fais comme tu le sens.

Pour ma part mes vrais amies (et il y en a peu) le savent et sont restées. J'évite quand même de ne parler que de ma dépression car je pense que ça peut mettre les autres dans une position difficile. Celle de vouloir m'aider sincèrement mais d'être inpuissant...et au final l'impuissance fait que les gens se protègent en s'éloignant même s'ils gardent de l'affection pour nous.
J'en parle donc quand je suis au bout du bout et que mes amis prennent l'initiative de me demander des nouvelles. Sinon, jamais je ne fais la démarche d'appeler du soutien et quand je vais mieux (tout est relatif ) je leur envoie des petits signes pour prendre de leurs nouvelles, m'intéresser à ce qu'ils vivent.

Je te souhaite une bonne soirée et je t'envoie plein d'ondes positives.
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Augustus
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Enregistré le : jeudi 23 septembre 2010 19:20

Je suis le parasite, la fainéante, l'égoïste qui se complait dans sa souffrance

Message par Augustus »

Bonjour Lucy le Macareux,

As tu pensé à fréquenter des gens dans le même cas que toi (dépression)? À travers par exemple un groupe de travail sur le sujet...
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Aragatz
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Message par Aragatz »

Souvent, ce sont les gens qui n'ont jamais souffert de dépression et qui sont "forts" qui nous jugent, nous critiquent, nous culpabilisent, voire nous secouent ! Ceux qui en souffrent ou en ont déjà souffert sont beaucoup + compréhensifs et attentifs...
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