La dépression et la sensation de vouloir mourir

[Undomielle]

Bonjour à tous ,

Je me permets de poster un message car je suis dans une grande réflexion.
Je souffre de dépression depuis un an maintenant et je pense qu’elle a été mal diagnostiquée et soignée dans sa première phase. J’ai eu des anti dépresseurs et anxiolytiques pendant quasiment 6 mois. Je me sentais plus à l’aise mais je ne me suis jamais sentie guérie , cependant j’arrivais à affronter mes journées. Depuis début septembre je sens que je replonge et j’ai été confrontée à plusieurs phases. Ça a commencé avec une perte de motivation et de nombreux questionnements concernant mes objectifs pro (je sortais d’un bac+5) et petit à petit j’ai commencé à moins bien dormir (boule au ventre répétitive , insomnie). J’ai eu des oscillations entre des moments où je sentais que le gérais et des moments où c’était plus compliqué , mais j’arrivais cependant à tenir même si c’était réellement très dur (bcp de crises d’angoisse et d’anxiété).
Aujourd’hui ma situation s’est beaucoup aggravée , depuis une semaine environ je me réveille avec le sentiment que ma vie n’a vraiment plus aucun sens (avant je bloquais mes idées dès que je commençais à penser à l’avenir ou alors je ressentais de la peur mais je me disais que rien était perdu , que je réussirais un jour ou l’autre à me soigner). Mais surtout je me réveille avec le sentiment que je dois mourir , que c’est une réalité , que la vie n’est pas faite pour moi et c’est comme si je l’acceptais. C’est ce qui m’angoisse le plus , j’ai la réelle sensation que mon cerveau accepte que je dois mourir. Quand j’y pense , je me vois souriante , délivrée et heureuse , comme si je m’imaginais qu’une meilleure vie m’attendait après alors que l’on parle de la mort... ce qui est très contradictoire pour le coup. Ce que je veux bien faire comprendre c’est que mon cerveau ne réagit pas de cette manière par angoisse ou comme forme de libération (comme j’ai déjà pu y penser auparavant). La c’est vraiment comme si j’acceptais de mourir et que de toute façon la vie ne m’intéressait plus du tout.

J’aimerais svp que l’on me donne des réponses , des conseils , que l’on me rassure si c’est possible. Est ce déjà arrivé à quelqu’un ? Je trouve ça tellement angoissant.

Merci beaucoup.

[Kokwac]

Hello et.bienvenu sur le fo'.

La dépression est un mal que nous.sommes.nombreux à connaître sur le forum.

Je ne connais pas ton age, mais si tu sors des.études tu dois.être relativement jeune. les anxiolytiques sont une assez mauvaise idee. Quant aux anti depresseurs il s'agit de.trouver celui qui convient et c'est parfois un long chemin.

Par qui es-tu suivie ? Un médecin géneraliste ? Un psychiatre ?

A te.lire,

K.

[Undomielle]

Bonjour,

J’ai 23 ans. Pourquoi penses-tu que les anxiolytiques sont mauvais ?
Là je n’ai plus de traitement , depuis juin. Mais j’ai sentie mon état se dégrader et en même temps je voulais absolument régler mes soucis du coup je vois un psychologue depuis deux semaines. Il veut également que je vois un confrère psychiatre pour reprendre des anti dépresseurs car il voit que je suis dans un état assez compliqué.
Pour la première prise (decembre 2019 à juin 2020 j’étais suivie par mon médecin généraliste)

Merci de m’avoir écris

[Kokwac]

Disons qu'à mois de 25 ans les anxiolytiques peuvent renforcer les idées noires. Notre spé de la.psychopharmacologie, @Antonio pourra t'en dire davantage.

Il serait bien effectivement que tu consultes un psychiatre pour la.mise en place d'un prologue médicamenteux qui te permettent de relever la tete, en complément de tes consultations avec le.psychologue.

[Undomielle]

D’accord , c’est aussi pour cela que je veux voir un psychiatre , pour comprendre mon dernier traitement , est ce que les doses étaient adaptées etc.

Ce qui est dure c’est que depuis une année rien n’est rentré dans l’ordre , j’ai juste eu quelques moments de répit où les jours étaient moins compliqués grâce aux médicaments mais c’est tout... et le contact avec mon copain reste très dur (sensation du jour au lendemain de ne plus l’aimer)
Je perds d’autant + pied que vraiment j’ai cette sensation de ne plus savoir à quoi me raccrocher et a du coup accepter que ce soit la fin...

[Kokwac]

C'est justement la raison pour laquelle tu as besoin de rencontrer un psychiatre régulièrement
Courage !

[Antonio]

Coucou,

En fait, les antidépresseurs augmentent les idées suicidaires en début de traitement après la levée d'inhibitions, quand l'élan vital est rétabli.

Les anxiolytiques, à la longue, fatiguent le cerveau et le conforte dans la dépression. Je ne dirais pas que ça amplifie les idées suicidaires, mais cela peut arriver chez certaines personnes de se sentir épuisé, fatigué, sans émotions.

Mais les antidépresseurs sont les plus délicats. Je dirais qu'il vaut mieux changer d'AD, car les idées noires sont un symptôme très grave.

Je pense que celui que tu prends ne te convient pas puisqu'il n'agit pas avec les vertus antidépressives qu'il est censé avoir.

Il faut essayer autre chose. Bon courage.

[Kokwac]

(Tu vois @Antonio qu'on ne peut pas se.passer de.toi )

[Antonio]

La psychopharmacologie est vraiment un domaine d'étude que j'adore, j'en ai parlé avec mon infirmière à domicile, c'était sympa

Je partage un peu de mon savoir avant de m'en aller. Enfin, dans quelques années, j'espère. Ou jamais. On verra.
Câlin platonique, Kokwac !

[Kokwac]

Lol l'infirmière a du etre.bluffée

Je suis.persuade.que [mention]Undomielle[/mention] a été contente de tes conseils et.comme.tu le.sais, tout.le.monde.apprecie et.moi de debattre.avec toi.a.ce.sujet ! Des.bises.Mon pote !

[Undomielle]

@Antonio merci pour tes conseils,

Mais actuellement je ne prends justement aucun traitement... mon dernier remonte à milieu juin.
Je vois un psychologue depuis deux semaines et c’est au vu de ce que j’ai pu lui dire (insomnie , terreur nocturne , boule au ventre) qu’il m’a conseillée de voir un psychiatre pour prendre des AD et m’aider à garder la tête hors de l’eau. Je suis donc en attente de rendez vous chez un de ses confrères psychiatre.
Le problème c’est que depuis quelques jours j’ai énormément d’idées noires mais pas comme moyen d’arrêter de souffrir mais comme si c’était devenu une volonté de ma part , comme si d’un coup mon corps à cause de trop de souffrance s’était complètement éteint de la vie et ne voyait plus qu’une seule solution agréable , qui serait celle de la mort...

Désolée c’est un peu glauque , et j’avoue que cela me désole énormément , ce qui n’aide pas d’ailleurs...

Merci pour vos retours à tous les deux

[Antonio]

D'accord, je comprends. Il faudrait envisager d'essayer un AD et de le garder pendant 8 semaines pour être certaine qu'il fonctionne.

Si tu es sans traitement et que tu as des idées noires, c'est dangereux, tu risques de passer à l'acte. Je comprends aussi parfaitement ce que tu veux dire quand l'idée de mourir est agréable ; c'est parce que ça te laisse le choix de vivre, mais aussi de mourir pour mettre fin à la douleur.

Essaie de ne pas penser au suicide tant que tu n'as pas reçu une bonne médication qui te permettra de voir les choses autrement.

J'espère sincèrement que ce psychiatre saura t'écouter et t'aider. Ne lui dis peut-être pas que tu veux te faire du mal, sinon tu seras peut-être internée de force à l'hôpital psychiatrique, essaie de dire que tu te sens tout le temps triste et que tu as des idées noires "légères".

Force à toi !

[Undomielle]

@Antonio , merci pour ton soutien , c’est d’autant plus dur que je ne trouve du réconfort nul part... avec les gens qui m’entourent je me sens de trop , comme si je n’y avais plus ma place. Je regarde les gens qui m’entourent et c’est comme si je ne savais plus qui ils sont , ce qu’ils représentent pour moi.
Quand je me regarde dans une glace , je ne sais plus qui je suis , j’ai du mal à me reconnaître tant mentalement que physiquement. Quand je pense au futur je me dis que j’ai perdu le fil de la vie et que je n’arriverais plus à reprendre le rythme et le pire c’est que je ne sais même plus si j’ai envie de m’en sortir , comme si rien ne me retenait . Ça ne me stress même pas de disparaître et quand je pense à mes proches rien ne me retient , comme si j’étais déjà à moitié partie ou comme si j’étais dans un cauchemar et qu’au final je n’avais jamais existé.

C’est très dur à vivre.

Merci à toi ,

[Antonio]

C'est la dépression qui diminue le plaisir, l'amour, etc., c'est normal de ressentir moins d'affection pour les autres. C'est horrible de ne plus rien ressentir d'autre que la peur et la tristesse, mais on peut s'en sortir (autrement qu'en sautant d'un immeuble).

Personnellement, je suis contre les médocs, mais j'essaie quand même les antidépresseurs avant de tomber sur le bon. J'ai l'intention de le prendre une année comme notifié dans la notice et après je fais un sevrage et je me débarrasserai enfin de tout ça.

En attendant d'avoir un AD qui fonctionne, je souffre chaque minute qui passe, et l'envie de mourir est toujours présente.

Cette maladie est insupportable parce que les mois/années passent et on n'est jamais heureux.
C'est du temps qu'on perd et le temps est précieux...

Courage.

[Undomielle]

Je sais que c’est normal et c’est ce dont je souffre depuis quasiment un an , mais là c’est si différent , si profond , si intrusif , ça me vole le peu de motivation qu’il me restait ou de bien être. J’ai l’impression de ne plus avoir aucune souvenir , d’être vidée de tout. J’entends les gens qui m’entourent parler de ce qu’ils ont vécu et de ce que nous avons vécu ensemble et je n’ai plus rien en tête , tout a disparu.

Le pire est vraiment des que je me regarde dans la glace , c’est limite si j’étais capable de me demander qui je suis. Depuis quelques mois il est vrai que je souffrais un peu de dépersonnalisation , j’étais perdue , j’avais du mal à me reconnaître mais c’était « vivable » , j’arrivais à retrouver un semblant de mon ancienne moi parfois. La c’est comme si c’était une nouvelle personne , à chaque fois que je me regarde dans la glace , je me vois de suite morte tellement la vision que j’ai de moi est terrible , je ne sais plus qui je suis. J’ai l’impression de devenir folle. C’est au delà de la peur ou de l’inquiétude , c’est comme si la mort prenait possession de mon corps.

Merci en tout cas [mention]Antonio[/mention] pour tes retours , je me sens moins seule.

[Antonio]

La mémoire est affectée. Si je devais raconter mon année 2018, je n'ai sincèrement aucune anecdote, je ne me souviens de rien du tout.

Concernant la dépersonnalisation (qui correspond bien à tes symptômes), je dois t'avouer que ça m'a toujours interpellé, mais je n'ai jamais connu de telles choses. Cela me semble être assez effrayant ; je ne sais pas trop comment t'aider à ce sujet, désolé.

Tu en avais parlé à ton psychologue ? Si oui, il en a pensé quoi ?

[Undomielle]

J’en ai déjà parlé oui à mon psychologue et nous n’avons pas spécialement parlé de ce sujet. Après ma situation a tellement évolué en une semaine que les derniers fois où j’ai pu le voir j’en souffrais mais je gardais le dessus. Là , tout s’est inversé.

Je me sens si seule et en même temps j’ai l’impression de me couper de tout alors cela me soulage , je me dis que c’est moins dur à assumer.

J’aimerais rencontrer d’autres personnes qui souffrent ou ont souffert de dépersonnalisation mais je ne tombe sur aucune conversation à ce sujet.

[William95]

Salut à toi .

J'ai souffert de dépersonnalisation / derealisation pendant ma depression , cela s'est estompé de soit même mais j sens que c'est encore présent quelque part. Je comprends tout à fait ce que tu vis. Il faut savoir que ce n'est pas une pathologie dans 90% des cas et qu'elle est liée à l'anxiété , anxiété permanente du fait de la depression donc cercle vicieux, du coup comment s'en sortir . ? Il faut absolument prendre du recul et minimiser au max les symptômes. Perso je tentais de ne pas y penser au maximum en m'occupant l'esprit et si un symptôme se profile comme le fait de pas se reconnaître ou plus dans mon cas lz remise en question de son identité, je me repete sans cesse dans ma tête que je suis pas fou, que c'est un symptôme benin auquel il ne faut pas prete attention. Surtout je me suis rendu compte que lors d'une activité, ce n'était pas présent donc il y a des exemples concrets qui rassure. Donc je repete, depression - dépersonnalisation : tout est lié si tu es seul avec tes pensées les idées noires et la dp s'active.

Relativise et n'y prête attention que le moins possible. Fait tout ce qu'il est possible pour baisser ton anxiete : sport, activité en pleine air ,

Bon courage, ce n'est pas irréversible

[Undomielle]

Coucou @William95 ,

Merci pour ta réponse ,

J’ai fais pas mal de recherches et c’est vrai que j’ai pu trouver du réconfort avec beaucoup de témoignages de dépersonnalisation.
J’essaie petit à petit de m’en détacher mais avec la dépression et l’anxiété générale qui se dégage de mon état c’est très compliqué. Je suis si faible et je n’arrive tellement plus à me reconnaître que j’ai du mal à me raccrocher à quelque chose de réel ou de rationnel.

J’ai vu mon psychiatre hier soir pour la première fois et il m’a donné du Rispéridone.
Il m’a parlée d’hospitalisation si le cachet ne fait pas effet dans les prochains jours...

Ce qui m’a réellement fait perdre pied c’est que j’ai commencé à développer des idées morbides sur mes parents (je me suis vue les tuer) et depuis j’ai cette sensation de ne plus savoir qui ils sont , je n’ai plus envie de leur parler et c’est comme si je n’avais plus conscience que j’ai des parents. J’ai passé le week end chez eux et c’était comme si je ne les reconnaissais plus , qu’ils me dégoûtaient et que je ne savais plus qui ils étaient... alors qu’avant cet épisode rien que de penser à eux me faisait pleurer car je ressentais l’envie d’être avec eux et le fait qu’ils me manquaient.

@William95 , comment expliquerais-tu ces idées ?

Merci pour tes retours

[William95]

Je comprends tout à fait ce que tu vis. Tout ça, c'est encore cette fichue maladie. Elle donne des mauvaises informations.
Je vais essayer de te rassurer en te racontant aussi qqch de perso, ya quelques jours j'ai vu un film ou le père faisait des choses horribles à ses enfants ... Du coup avec la depression et l'anxiété encore latente, j'ai commencé à penser que moi aussi je pourrais faire ça , ce qui n'a absolument aucun sens car au contraire mes enfants c'est ce qui me fait tenir et j'ai balayé cette idée.

Autre chose je vais mieux depuis 4-5 mois et je n'avais plus de problème de sommeil ni de grosse angoisse. Ma femme a du s'absenter pour le weekend , je suis la même personne qu'elle soit la ou pas la et pourtant l'idée de devoir gérer tout seul mes filles a réveillé des angoisses et j'ai pas dormi de la nuit et je sais même pas comment je vais gerer mes filles ce week end . ... J'ai peur des responsabilités de base j'en suis conscient.

Bref en tout cas le risperdale peut aider , moi on me l'a prescrit mais j'ai pas prit car je voulais que ca s'estompe tout seul.

En tout cas rien n'est gravé dans le marbre , le reconfort que tu as avec tes parents il a toujours été la et c'est pas le moment de faire de l'évitement. La dp ,même fatigué, n'y prete pas trop attention. Ne te regarde pas dans la glace , essaie de ne pas laisser les questions existentielles prendre trop de place. Il faut que tu sois convaincu à 100% que ce n'est que de l'anxiété . Essaie de te documenter sur le lâché prise .

Courage,