Dépression étudiante en médecine

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Charlotte32
Messages : 3
Enregistré le : vendredi 05 février 2021 14:16

Dépression étudiante en médecine

Message par Charlotte32 »

Bonjour,
Je suis étudiante en deuxième année de médecine et je suis en souffrance. Je vais essayer de vous remettre le contexte.
La médecine n'a jamais été une vocation pour moi. J'étais très bonne élève au lycée et j'adorais les sciences, donc mon entourage (à la fois familial, mais aussi les enseignants et d'autres proches) m'ont naturellement poussée à tenter le concours. Ils me vendaient ça comme un gage de réussite sociale, un emploi à vie, un bon salaire à la clé... J'étais personnellement un peu mitigée, je doutais de ma réelle envie de soigner, mais comme je n'avais pas d'autre idée je me suis laissée influencer. Après deux ans de travail acharné, de sacrifices, de grosses déprimes, j'ai obtenu mon concours.
Cependant, je dois être honnête avec vous. J'ai tellement été lessivée, dégoûtée de ce mode d'apprentissage (c'est du bachotage pur et dur, on passe 10h par jour à apprendre par cœur des infos et les recracher, sans encadrement, sans vie sociale), que je n'ai même pas ressenti de joie en ce jour qui était censé être l'un des plus beaux de ma vie. Tous mes proches étaient fous de joie, on aurait dit qu'ils avaient obtenu le concours à ma place, mais moi je me sentais vidée de l'intérieur. Je pensais à certains camarades qui avaient raté, et je culpabilisais davantage de mes ressentis. Très franchement, j'ai pensé à me réorienter en fin de première année malgré ma réussite, mais tout le monde m'a dit que c'était de la folie, que j'étais éreintée à cause de ces deux ans et qu'il me fallait juste du repos.
Soit, j'ai pris sur moi, faisant de nouveau aveuglément confiance à mes proches. Les vacances d'été passent, j'effectue un stage infirmier où je ne me sens pas bien, vraiment pas bien du tout. J'ai l'impression de jouer un rôle, de ne pas me sentir à ma place. Je n'aime pas visiter les patients, je n'aime pas le soin. Je pleure tous les soirs en rentrant, en priant pour que tout se finisse très rapidement.
La rentrée en P2 (deuxième année) se rapproche. J'ai la boule au ventre, le stress, j'appréhende tellement. Les premiers cours commencent, ça ne va toujours pas. Je n'arrive plus à aller en cours, je commence à sécher mes premiers contrôles, je ne révise plus. Je suis en début de burn out. Je pleure approximativement trois fois par semaine, parfois plus, parfois moins. J'essaie d'en parler autour de moi, mais personne ne me comprend, parce que "médecine c'est le graal, médecine c'est la vie", c'est encore plus dur moralement.
J'essaie de faire des activités pour m'éloigner au maximum de mon quotidien d'étudiante en médecine : j'essaie de sortir le + souvent possible, de regarder des séries dépaysantes... Mais la pression des partiels nous rattrape très vite. Trois mois se sont écoulés depuis le début de l'année, je n'ai toujours pas ouvert un cours. Autant se le dire, à ce rythme, avoir des rattrapages est inévitable. Avec l'aide de mes amies, j'essaie de remonter la pente pour limiter la case. On s'organise des sessions révisions intensives pendant quelques semaines, je peux vous dire que c'étaient les semaines les plus horribles de ma vie. Passer son temps à lire des fiches, apprendre, recracher, puis oublier, c'est juste indigeste. Sans oublier d'évoquer la pression de ces études qui est PERMANENTE. Il faut le vivre pour le comprendre, vraiment. On est loin de l'épanouissement dans lequel j'étais au lycée (faire des dissertations, des exposés, lire des livres, avoir des débats en classe, tout ça me manque tellement). J'avais des nausées, des larmes qui coulaient rien qu'en me mettant devant mon bureau. J'étais incapable de remettre un pied dans ma faculté, j'étais en fait en train de développer une phobie scolaire.
Je suis quand même allée passer les partiels, je n'ai pas encore les résultats mais ça ne risque pas d'être fameux (on rattrape pas en un mois l'équivalent de quatre mois de quantité de cours de médecine en même temps).

Bref, je suis décidée à quitter médecine parce que ma santé mentale ne va pas (je n'ai jamais réussi à tenir + 2 semaines sans pleurer, je me dispute très fréquemment avec ma famille et c'est assez violent sans vouloir rentrer dans les détails). Mais lorsque j'en parle, tout le monde me détruit à petit feu. On me dit que je vais regretter cette décision, que je gâche ma vie, que je ne suis qu'une sale égoïste inconsciente de la chance qu'elle possède (lol alors que j'ai détruit ma santé 2 ans pour avoir ce concours). Quand on doute, on ne sait pas quoi faire... Après avoir réfléchi, je me suis dit que j'allais attendre les stages de sémiologie du deuxième semestre pour me décider définitivement. Mais je n'y arrive plus. Personne ne comprend ma détresse, on me demande de travailler comme un monstre, de faire des sacrifices, SANS OBJECTIF. Je m'en fiche de ne pas être médecin, pour moi c'est pas parce qu'on est médecin qu'on a réussi sa vie c'est n'importe quoi de penser comme ça. Là le deuxième semestre vient de commencer, j'ai essayé de me mettre devant une fiche de cours, et je vous jure sans exagérer que je me suis mise à pleurer. M'imaginer passer encore dix ans de ma vie comme ça, à apprendre apprendre apprendre des fiches (en sachant que l'externat en 4ème, 5ème et 6ème années est PIRE que la PACES, vraiment ne croyez pas qu'après la PACES c'est facile AU CONTRAIRE C'EST 1000X PIRE). Puis devenir interne, faire 60h par semaines avec les responsabilités d'un médecin pour un smic...
Franchement, en imaginant mon avenir, j'ai juste envie d'une chose : mettre fin à mes jours. Je n'en peux plus, tous les matins je me lève avec un coeur stressé qui bat hyper vite, des nausées, tout ce que je veux c'est arriver au soir et me rendormir. Je me sens déscolarisée, je ne fais rien de mes journées, je me sens comme un déchet dans cette société, mon estime de moi est au plus bas...

Certains me diront peut-être, change et c'est tout. Mais comment faire quand le monde entier vous dit que vous allez regretter ? En gros, soit je reste en médecine et je finis malheureuse, soit j'arrête médecine et je regrette et je finis malheureuse aussi. Donc pourquoi continuer de vivre ? Pourquoi passer son temps à souffrir comme ça ? Je vis cette souffrance depuis trois ans maintenant et je ne peux plus continuer, vraiment je ne peux PLUS. Je veux juste mourir. Je pense qu'aucun métier n'est fait pour moi, je ne suis pas faite pour la vie active. Je n'ai pas envie de passer 40 ans de ma vie à passer 35h par semaine dans un boulot alimentaire, je préfère vraiment arrêter de vivre.

Merci à ceux qui auront pris le temps de me lire.
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21 grammes
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Dépression étudiante en médecine

Message par 21 grammes »

Salut j'imagine que la médecine est un monde impitoyable et la concurrence doit être terrible. C'est sur que la quantité de travail doit être immense. Je pense que ta famille se dit qu au vu de tes capacité tu gâcherais ton potentiel en allant ailleurs. Tu dois leur expliquer que tu ne tiendra pas encore 8 ans à ce rythme là. Progressivement ton entourage comprendrai ce choix. Vu tes capacité tu peux faire des études brillante dans un autre domaine. A toi de voir il n' a que toi qui peux choisir. Financièrement médecin en vérité vu le nombre d'heures et les responsabilités qu'il a le salaire il est pas si énorme.
Est ce que éventuellement y'a d'autres filière qui te plairait ?? Une école d'ingénieure, école de commerce ??
Le plus important c'est de prendre soin de toi. Je comprends que tu n'est pas envie de décevoir ton entourage mais cela ne doit passe faire au détriment de ta santé mentale et physique. On peut très bien gagner sa vie sans être médecin.
Charlotte32
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Dépression étudiante en médecine

Message par Charlotte32 »

Tout à fait, de base j'avais pensé à des métiers comme psychologue, enseignante, mais on m'a très vite fait comprendre qu'avec mes capacités je ne devais pas me "limiter" à une simple licence puis un master. Sinon j'allais "gâcher" mon potentiel...

Pour le salaire d'un médecin, c'est ce que je me tue à leur dire. Tous les médecins sont loin, très loin d'être à 10k par mois, ça dépend de la spécialité, du secteur, du mode d'exercice...etc. Je veux avoir une vie perso, je ne veux pas dédier ma vie à mon travail !

Pour les autres filières, bah j'en ai aucune idée justement. Je voulais visiter les salons étudiants, mais avec le confinement tout a été annulé malheureusement... Je sais que j'aimerais si possible rester dans un domaine scientifique, donc une école de commerce ça ne m'intéresse vraiment pas. Après, pour le métier d'ingénieur, honnêtement j'ai un peu du mal à saisir en quoi il consiste (c'est très flou). Ce qui me freine aussi en tant qu'ingénieur, c'est qu'on est obligé de rester dans le privé sous la tutelle d'un patron.

En fait, mes parents ont beau me dire qu'ils me laissent faire ce que je veux, je sais que je les décevrai en arrêtant médecine. C'était leur rêve, c'est moi qui le réalise à leur place.
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21 grammes
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Dépression étudiante en médecine

Message par 21 grammes »

Je comprends ton envie de ne pas décevoir tes parents. Mais je pense que si tu décide d'arrêter médecine. Ta famille finiraient par l'accepter. Je ne crois pas qu'ils veulent être en conflit permanent avec toi. Être psy ou enseignant n'a rien déshonorant. Ils veulent bien faire. Ils ont envie que t'exploite le maximum de tes capacités. Tu l'a peut déjà fait mais tu dois leur parler de ton malaise . Tu dois d'abord penser à toi. C'est bien de tenir compte de l'avis de ses proches.

Tu est encore très jeune mais tu est assez mature pour prendre des décisions. Si tu quitte médecine tu auras peut être des regrets c'est sur mais tu n'en sait rien. Suis tes envies pas celle que ton entourage.
Tu n'a pas des amis à qui te confie sur cette situation ??. Courage et dit toi bien le plus important c'est ton bonheur. Si vraiment tu veux ne pas être médecin. C'est pas grave. Dans la vie on fais tous des choix que l'on regrette.
Charlotte32
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Dépression étudiante en médecine

Message par Charlotte32 »

Je pense qu'ils veulent surtout le meilleur pour moi, que je puisse avoir suffisamment d'argent pour voyager, dépenser sans compter chaque centime... Mais bon, à quoi ça sert d'avoir de l'argent si on passe son temps dans un travail que l'on déteste ? J'ai pas envie de rentrer chez moi aigrie tous les soirs, à rabattre ma frustration sur mes proches...

J'en ai parlé à des amies en médecine, elles me trouvent très courageuse d'avoir tenu autant d'années dans le doute. Déjà que médecine en temps normal quand on est motivé c'est dur, alors avec mes doutes et mon manque de motivation, c'était une véritable aliénation.

Je suis très malheureuse dans mes études, ça c'est clair, mais le problème c'est que je n'ai pas de plan B. Quitter médecine, qui reste une sécurité non négligeable, sans savoir où l'on met les pieds, c'est beaucoup trop compliqué (surtout avec le contexte sanitaire actuel), du coup je ne sais pas quoi faire... C'est un cercle vicieux, j'hésite même à aller demander des anxiolytiques à mon médecin.
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21 grammes
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Dépression étudiante en médecine

Message par 21 grammes »

Un risque oui et non vu ton niveau tu réussirais sans problème en licence et dans beaucoup de filière. Tu est une très bonne élève et puis honnêtement quand on réussit en médecine ont peut réussir vraiment partout Renseigne toi au maximum sur d'autres formations.Tu le dis pour toi il n' ya pas que l'argent compte. Tu veux un métier qui à du sens pour toi. Actuellement tu dis que tu n'est pas heureuse dans cette filière. Essaye c n'est pas grave de changer de filière à 19,20ans. Tu as de le droit de tromper. Oui le contexte actuel forcément peut influer sur ton choix.

Je te conseille éventuellement d'aller si tu t'en sens capable d'aller jusque à la L3 afin de valider un niveau licence. Et ensuite faire un master dans une autre filière de préférence scientifique. Je trouve que cela pourrait être un bon compromis si tu ne veut vraiment pas faire médecin.

Courage prend bien soin de toi
Gegel
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Enregistré le : samedi 23 janvier 2021 2:49

Dépression étudiante en médecine

Message par Gegel »

@Charlotte32 Hey tu as essayé de voir avec un conseiller d’orientation ? Je suis un peu dans la même situation que toi à part que quelques personnes me comprennent. C’est pas parce que des « idiots » te disent ce que tu dois penser ou faire que tu dois suivre ces conseils. Je pense bien que c’est difficile d’aller contre sa famille, mais si tu n’aimes pas ça c’est que ce n’est pas pour toi. C’est tout. La question à se poser c’est où trouver la force de résister à toutes ces paroles qui tentent de te dissuader d’emprunter ta voie. Et aussi de réfléchir aux études qui pourraient te donner du plaisir.
mrs-ro
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Enregistré le : dimanche 11 décembre 2022 11:23

Dépression étudiante en médecine

Message par mrs-ro »

@Charlotte32 Coucou, j'espère qu'aujourd'hui tu vas mieux. A ce jour je suis presque dans ton cas : je suis en première année, contrairement à toi j'ai toujours cru ( ou tu moins je me suis persuadée ) que la carrière médicale était faite pour moi mais a 2 jours du concours je ne sais plus. J'arrive plus a réviser depuis des semaines, je n'ai plus gout a rien, j'ai envie de me réorienter mais la dessus j'ai encore des doutes. Je me demande si ça vaux le coup d'étudier comme ça pendant 10 ans, et les réformes actuelles n'aident pas, sachant que je suis une personne très anxieuse de base. Je n'ai plus gout a rien, en quelques mois j'ai réussi a être dégoûtée des études. Je suis tombée sur ton message aujourd'hui et je m'y suis reconnue, le message à été posté depuis longtemps déjà mais qui ne tente rien n'a rien. J'aimerais savoir si tu as réussi a te réorienter, si aujourd'hui tu vas mieux et si tout se passe bien pour toi <3
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