J’ai compris et réussi à faire le lien entre ma dépression et mon vécu

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HugDnt
Messages : 1
Enregistré le : vendredi 03 mars 2023 1:41

J’ai compris et réussi à faire le lien entre ma dépression et mon vécu

Message par HugDnt »

Bonjour !

Je suis nouveau ici. Je voulais exprimer ce que j’ai tu pendant longtemps. Pas pour tous vous déprimer mais surtout pour vous expliquer mon contexte. Ce que je souhaite c’est avant tout de dire que je me sens fier de moi car j’ai l’impression d’avoir beaucoup de courage malgré tout. Je ne suis pas guéri du tout. Je vais mal mais j’ai compris et réussi à faire le lien entre ma dépression et mon vécu. Je veux simplement m’ouvrir à vous comme je ne l’ai jamais fait. J’aimerai vraiment avoir des retours positifs de gens qui s’en sont sortis, je pense que dans la situation actuelle çà m’aiderait beaucoup. Je remercie ceux d’entre vous qui me liront en entier !

Dernièrement je me sens dépassé, au bout du rouleau, prêt à tomber. Je vis une situation très compliquée qui s’aggrave de jours en jours. Je me sens vide, seul, et impuissant. J’ai conscience des raisons de mon mal être psychique et de ma souffrance mais malgré toute ma bonne volonté je n’y arrive plus .

J’ai été adopté par un couple de français, mes parents et j’ai grandi avec une mère adoptive bipolaire, diagnostic posé je tiens à le préciser (car beaucoup utilisent ce mot à tort et à travers). J’ai vécu une enfance très difficile, j’ai subi beaucoup de souffrance psychologique. A l’époque, je n’étais pas au courant de sa maladie, je l’ai su à l’adolescence.

En étant enfant, je prenais les colères de ma mère de manière entièrement personnelle puisque trop jeune pour comprendre et non informé de sa maladie. J’ai développé très tôt des symptômes d’anxiété sociale, dû au changement d’école, sûrement aussi du à me peur de l’abandon. J’ai été très seul et moqué pendant ma primaire et une bonne partie de mon collège / lycée. Je me suis beaucoup renfermé. Je me souviens que je me cachais dans les toilettes au lycée car j’avais peur qu’on me voit seul.

Je vivais une souffrance extrême. Insomnies, angoisses et souffle coupé rien qu’à l’idée de traverser les couloirs, qu’on me regarde, qu’on me pointe du doigts. Je ne mangeais plus, je ne dormais plus. Je n’osais même plus retirer mon manteau en classe car j’avais peur qu’on se moque de mon acné dans le dos. J’ai commencé à avoir des cheveux blancs, au début parsemé. Maintenant j’ai une mèche entière blanche depuis cette époque. Je me souviens qu’à l’internat, on cachait mes affaires, on me jetais de l’eau froide quand j’étais sous la douche. J’ai eu une période de regain de confiance, d’espoirs en changeant de lycée. Plus de harcèlement.

Grâce à certaines amitiés, j’ai retrouvé espoir et confiance. Je me suis soigné grâce à la musique, en essayant de me voir tel que les gens autour de moi me voyaient. C’était toujours difficile avec ma mère mais j’avais beaucoup plus d’énergie pour combattre sa maladie. Puis est arrivé la fac, j’ai plongé dans la drogue (cannabis), en consommant au départ de manière récréative et avec mes amis. J’ai aimé cette sensation de ne plus penser a rien, d’avoir l’impression de ne plus avoir de responsabilités et d’être libre. Je me sentais libéré de tout mon stress et mes angoisses les plus profondes. A vrai dire je me sentais invincible.

Je me suis construit comme ça pendant deux ans, en créant des liens très forts et fusionnels avec les gens autour de moi. J’avais l’impression que rien ne pouvait m’arriver, que j’avais réussi à reprendre le contrôle sur ma vie (paradoxalement en décidant de lâcher du leste et en acceptant de ne pas tout contrôler). Puis j’ai perdu ma grand mère d’un cancer foudroyant au cerveau. Je pense que d’être confronté à la mort m’a fait réaliser que je n’étais pas si invincible, et qu’au contraire j’étais terriblement vulnérable. Étant à des centaines de kilomètres, je me souviens avoir fait des dizaine dallés retour pendant les 4 mois avant sa mort.

Ça a été la période la plus difficile et je pense que ça a été le déclencheur de mes troubles psychiques. J’étais très proche de ma grand mère, quelqu’un de si douce et gentille. Je l’aimais profondément et j’en ai été changé. Je suis tombée encore plus dans l’addiction, à la différence que par rapport à avant, j’ai commencé à me replier sur moi même, ne plus sortir, inventer des excuses pour ne pas avoir à affronter les autres. Je me souviens que j’étais parfois incapable de me lever de la journée tellement j’étais en souffrance et aussi defoncé. Puis j’ai décidé d’arrêter de consommer des drogues mais il était trop tard: j’ai raté mon année, j’ai du me réorienter en arichitecture. Je me disais qu’un milieu créatif m’aiderait à me libérer mais j’étais peu renseigné sur les exigences. Je pense que petit à petit et par peur de souffrir à nouveau d’une situation que je ne contrôlais pas, par peur de perdre les gens, qu’ils meurent, que je sois abandonné ou qu’ils me fassent souffrir, je me suis mis à vouloir tout contrôler de ma vie. J’ai cessé de rire, de laisser une place aux imprévus. Je me suis réfugié dans mes études, j’ai commencé à vivre un rythme de charrette, à ne plus dormir, ne plus manger, ne plus me doucher et me négliger dans le seul but de devenir premier de ma classe. Ce qui n’a évidemment pas fonctionné. Je suis toujours dans les études d’architecture, en dernière année, mais je sens que je coule.

J’ai toujours eu conscience de ma fragilité psychologique due à in certains nombre de traumas, je n’ai (je pense comme beaucoup d’entre nous) pas toujours cherché à me soigner et j’ai été parfois paresseux dans le sens où j’ai parfois eu des périodes où je ne voulais tout simplement pas aller mieux, ni de me faire soigner. Mais ce n’est plus le cas, je me suis mis à la course, à la natation, j’ai essayé d’apprendre à cuisiner, à me réouvrir aux autres. Mais peu importe les efforts que je fais, je souffre. Je sens ma poitrine serrée dès que je dois aller en cours. Je n’arrive pas à créer de lien avec les gens de mon école, je pense que j’ai développé des comportements de protection qui repoussent les autres. Je n’arrive pas à me sentir heureux. Je pense que je suis en lutte depuis le décès de ma grand mère car j’essaie de retrouver cette insouciance que j’avais. Mais elle n’existe plus.

J’ai peur de tout maintenant, besoin de contrôler absolument tout les aspects de ma vie. Je me mets dans des colères, proches de la rage, à tout jeter par terre ou tout casser. J’ai des crises de larmes, de tétanie. Je ne me sens plus aimable, ni légitime. Je n’ai pas de pensée suicidaire heureusement. Je pense que j’ai trop peur de faire souffrir ma famille en me faisant du mal. Alors je fais bonne figure, j’en parle le moins possible et je dis aux gens ce qu’ils ont envie d’entendre. Mais mon sourire sonne faux, en tout cas j’en ai l’impression. Je ne profite plus, tout est synonyme d’angoisse pour moi : retrouver un ami qui est en compagnie de gens que je ne connais pas -> angoisse, être légèrement en retard -> angoisse, prendre les transports en commun -> angoisse.

Je suis allé rencontrer le nouveau né de mon amie, j’en ai eu des angoisses. Même chez elle, impossible de me détendre, j’étais vide, dans un coin du canapé, le plus loin possible, je n’arrivais pas à sourire. Je sais ce qui va mal chez moi et je dirais que le rythme de charrette n’est pas propice à ma cicatrisation. J’ai envie d’aller mieux évidemment, mais je n’ai pas le temps de faire attention à moi. Nous sommes sur pleins de projets en même temps et je me sens terriblement révolté.

Contre le système évidemment, qui pousse les étudiants comme c’est mon cas à mettre leur vie en parenthèse, à mettre leur santé / sommeil / alimentation entre parenthèse, à les priver des plus importants leviers de la vie. Maintenant que j’ai eu le déclic, que j’ai réussi à comprendre un peu mieux mes comportements, que j’ai appris à les accepter et que j’ai commencé à envisager d’aller mieux je ne peux pas. Je sais que tout les étudiants d’école d’art ne vivent pas leurs études de la même manière.

Certains de ma classe diront peut être que c’était facile. Pas moi avec le contexte que j’ai. Mais ce n’est pas juste. Je n’arrive pas à accepter d’avoir autant à souffrir et d’avoir autant souffert. Je n’accepte pas d’aller mal, de pleurer. Je veux d’une vie simple dans laquelle je puisse faire uniquement des choses qui me font du bien parce que je ne supporte plus de souffrir. Il n’y a aucun but dans mon message si ce n’est me soulager de paroles que je n’ai jamais exprimé. J’ai aussi besoin d’entendre que c’est possible de s’en sortir, d’avoir des retours positifs, d’entendre des témoignages d’anciens dépressifs qui ont réussi à s’en sortir. VRAIMENT.
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Archaos
Fondateur/Administrateur
Messages : 17817
Enregistré le : mardi 06 juin 2006 21:20

J’ai compris et réussi à faire le lien entre ma dépression et mon vécu

Message par Archaos »

Bonjour HugDnt,

Tu es fragile mais tu as une grande détermination !

Tu trouveras ici : viewtopic.php?f=27&t=12293 , un sujet qui rassemble les témoignages de "guérisons".
Accueillez de temps en temps les nouveaux membres qui prennent la peine de se présenter dans le topic unique de présentation.
Une question ? La réponse se trouve probablement ici : Charte , FAQ, Guide du forum.
Pour un forum agréable à lire, ne faites pas de citations inutiles !
Antoine
Messages : 2
Enregistré le : dimanche 10 septembre 2023 22:26

J’ai compris et réussi à faire le lien entre ma dépression et mon vécu

Message par Antoine »

J'ai trouvé ton témoignage vraiment touchant et c une bonne chose que tu l'es écrit, j'ai une vue bien différente de la tienne évidemment mais je comprends tes angoisses, enfin je comprends certaine de tes peurs et je trouve ça courageux malgré ta situation tu essaie d'aller mieux, que se soit par rapport à la consommation ou juste a ton état d'esprit, en tout cas sache que tout est possible et que tu finiras par atteindre ton objectif j'en suis sûr, malgré ce que tu as vécu tu as une détermination a aller mieux et ça ça veux plus que de l'or.
Même si tu as des passes ou tu as l'impression de ressentir aucune joie, essaie de te parler aux personnes en qui tu as vrm confiance, et même si tu veux parlé je suis la et on est pleins ici alors hésite pas, et force a toi, tu finiras par y arriver je le sais.
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