@m.agg @one step @PJPJPBF @Soga2603 @Célia @Perséphone , et aux autres personnes qui passent ici
bonjour les amis, un grand merci de vous soucier encore de moi qui ne viens plus ici.
j'ai reçu les mails qui me préviennent que vous m'avez mentionnée.
au bout de 4 ou 5 fois… je me suis dit que ça n'était pas correct de ne pas venir.
j'espère que vous avancez sur votre chemin sans trop souffrir, et que vous arrivez à garder le sourire quand même de temps en temps.
je n'ai pas changé, si ce n'est que j'ai vieilli, physiquement, c'est bizarre.
mais je suis toujours autant désespérée de cette vie, d'où ma non-envie de continuer à étaler mes peines ici.
c'est dur de constater qu'on ne change pas.
je pleure encore à mes réveils, soit que ma nuit a été dure, soit que me réveiller une fois de plus pour faire face à la réalité me fait mal.
je continue d'écrire dans mes cahiers, des récits, des pensées, des idées, des informations, des cris, des ressentis.
la vie avance et moi je piétine.
je ne m'adapte vraiment pas à moi, à mon passé, mon présent et mon futur, je n'y arrive pas.
je ne m'adapte pas plus à la vie qui m'entoure.
cette impression de devoir ramer sans cesse, qu'à chaque éclaircie bienfaisante, un gros nuage noir vient obscurcir mon ciel, systématiquement.
la chance et la malchance, j'y crois. je crois vraiment qu'il y a des personnes chanceuses, et des personnes malchanceuses, et je ne comprends pas bien pourquoi, ni pourquoi je suis tombée dans la seconde catégorie.
d'ailleurs, les gens chanceux le disent "j'ai toujours eu de la chance" et les gens malchanceux le disent aussi "je n'ai jamais vraiment eu de chance". les deux existent, et co-existent.
(il y a aussi ceux qui se croient chanceux et qui ne le sont pas vraiment, et ceux qui ont de la chance et ne le reconnaissent pas)
que font les uns et les autres en particulier ? rien. c'est le destin, le mektoub, c'est la vie qu'on a.
pourtant, on nait tous nus et purs. à quel moment est-ce que ça bascule ? c'est où la marche que l'on rate ?
malgré mon fort désir de mépriser mes semblables, je continue de les aimer, de les regarder, de les écouter, d'être présente pour eux. ma soif d'amour est plus grande, ma culpabilité de vivre aussi sans doute.
je continue de me faire toute petite, de m'effacer, ou alors, quand il le faut, de faire rire, juste pour voir les visages s'illuminer.
je sais que c'est dur pour la majorité des gens. mais ça a toujours été dur, de tous temps. la nouveauté, c'est qu'on est entré dans une ère absurde et vulgaire.
je m'efforce de conserver un peu de délicatesse et d'humilité.
autour de moi, je vois une nouvelle colonisation se mettre en place, je vois des demeures se construire, des foyers de gens aisés et exubérants s'installer et transformer les paysages, les mentalités aussi.
il y a du bon et du mauvais dans tout, ça m'a ravie au début… mais avec le temps, je me suis rendue compte que ça n'apportait pas beaucoup de bon.
rien de neuf sous le soleil, l'écart ne fait qu'augmenter.
j'entends plus souvent parler anglais que portugais maintenant, et je vois des airs supérieurs, ça m'attriste.
inutile de songer à avoir une amie, une confidente, je continue d'être entourée d'hommes, et les femmes que je croise ne sont ni féminines, ni bienveillantes, ou alors, elles sont trop préoccupées par des vies difficiles.
notre projet de maison est en pause.
sa construction ne se fera peut-être pas, ou alors il faudra qu'un miracle se produise, ou qu'on trouve une idée de génie.
l'inflation a fait doubler les prix de tout, notre réserve suffisait il y a 6 mois encore, maintenant, on est carrément hors-champs.
tout va trop vite.
du coup, on continue notre vie de saltimbanques sédentaires.
je ne m'adapte pas.
peut-être parce que je touchait notre rêve du bout des doigts, je me projetais positivement, nous y étions presque.
mais, comme ça nous est arrivé des tas de fois par le passé, on s'efforce tellement à construire un beau projet qu'au moment où il est sensé se réaliser, un grain de sable vient tout foutre en l'air.
bad karma ?
ou est-ce un signe pour me calmer, me faire travailler ma sagesse, ma patience ?
je sais quels sont mes plus vieux et mes plus gros défauts : l'envie et la colère.
je connais leur origine : l'absence et le manque, d'amour, de présence, de protection, de tendresse, de bienveillance. la peur aussi, d'être punie, frappée, malmenée, rejetée, laissée-pour-compte.
je ne me défaits pas de cette culpabilité constante, anxiogène, qui souvent mène à la paranoïa.
je sais que tout cela n'est qu'illusions la plupart du temps, mais je ne peux m'empêcher de douter, de me faire des films sur tout. mon monde intérieur est un cauchemar.
bien sur, dès que j'ai des présences bienveillantes et attentionnées autour de moi, mon comportement est radicalement différent, je deviens alors créatrice, vivante, drôle, dynamique, et j'en arrive à oublier ma condition terrestre, je flotte.
bon, ça n'arrive pas très souvent, et ce sont généralement des moments qui ne durent pas.
très vite, la vie me rappelle à sa dureté.
j'ai pourtant tenté les nouvelles modes, le positivisme, le soin de soi, la revalorisation, les mantras et tout le reste… je sais que tout cela est principalement mental, mais pas que !
pour renaître, il faut être seul pour se confronter à ses démons, se situer dans un environnement propice à l'épanouissement, et se donner les moyens d'assouvir ses besoins, ses désirs.
se connaitre, connaitre ses limites, positives et négatives, savoir ce que l'on veut, où l'on veut aller, vers quoi, vers qui, et provoquer les événements positifs.
il me semble être dans une impasse.
ce que je veux fuir, c'est moi.
c'est à moi que j'aimerais ôter la vie.
je me sens lourde et saturée, et à la fois inconsistante et vide.
l'impression d'être un blob qui se répands.
je n'ai pas encore trouvé la clef pour m'utiliser correctement avec ce qui fonctionne en moi (la tête surtout… parce que le corps, j'ai laissé tombé… sauf pour les muscles, pour bosser quoi…).
et je m'use.
physiquement et mentalement.
j'aimerais me propulser vers la lumière, vers un avenir simple, élégant, doux, subtil, gracieux et léger, et tout autant pétillant et espiègle.
j'aimerais pouvoir partager, offrir les choses que j'ai apprises, proposer un peu de rêve à d'autres âmes sympathisantes.
j'aimerais prendre le temps de bien faire chaque chose, respectueusement, harmonieusement.
mais comment parvient-on à cela ?
entre mes animaux à élever et choyer, une forêt à planter et à protéger du gel ou des chaleurs, un potager à cultiver et à développer, une maison à construire (en attente…), deux biens à entretenir et maintenir en bon état (car je ne peux pas les vendre…), un mari et un cousin dont je dois prendre soin, une comptabilité et une administration à tenir, un travail irrégulier et imprévisible à la chocolaterie, une correspondance que je n'arrive pas à tenir, les aléas de la vie, des nuits et un caractère en dents de scies, des solutions à trouver pour gagner quelques sous et vivre, une organisation hors du terrain pour les douches et le linge (l'eau que l'on n'a pas), et l'entretien de nos espaces de vie sur le terrain malgré le manque de confort…
je ne parviens pas à m'isoler et à me concentrer suffisamment pour m'alléger, penser et créer mon nouveau monde.
je suis partout, donc, nulle part correctement.
pour quelqu'un qui a besoin de structure, je peux dire que je souffre… c'est un véritable chaos ma vie !
j'ai l'impression de passer mon temps à chercher des solutions, à suffoquer entre deux intrigues rondement malmenées.
c'est ce trop plein de rien qui me fatigue.
ma vie est remplie de choses lourdes à gérer, parfois totalement inutiles, qui m'encombrent, ne me font pas avancer.
j'en arrive parfois même à ne pas réussir à savourer une belle nouvelle. c'est un peu comme si elle venait se poser en attente en haut de la pile. je ne suis pas en mesure de la traiter convenablement, je la bâcle par manque d'organisation, par épuisement.
puis dans mes rêves, j'aimerais créer un atelier d'écriture, j'ai rempli des pages et des pages d'idées, et dès que j'ai un peu de temps pour me plonger dedans, je suis comme un poisson dans l'eau et ça m'éclate. ce sont mes moments de pur bonheur.
mais, mais mais mais…
pourquoi ai-je des idées si farfelues, dérangées, déplacées ?
je ne vis pas dans un pays francophone ! quelle blague !
jouer avec les mots, avec les textes, partager des moments d'émotions grâce à la langue que l'on manipule, que l'on forme et transforme… ça n'est pas universel comme la peinture ou la céramique…
voilà dans quelles situations je me mets… des situations impossibles, des impasses, des coupe-gorges.
pourtant, je suis sure que je peux parvenir à quelque chose, la petite flamme, la foi, l'espoir…
on verra bien où cette carne de vie nous conduit.
j'envoie, sinon, je n'enverrai jamais.
je n'ai pas encore trouvé la fonction "résumé" chez moi, donc, vous avez l'intégrale.
merci, et un immense câlin pour vous
