Scribouillages sous la lune

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Moonchild
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Scribouillages sous la lune

Message par Moonchild »

Il m'arrive d'écrire un peu de temps à autres. J'ai pas vraiment de talent à ce niveau là mais ça me libère un peu. En trainant dans mes archives j'ai retrouvé un petit texte que je trouve pas si mal, alors, en espérant qu'il ne soit pas trop naze, je vous le livre. Je me suis demandé longtemps si je devais ou pas. Mais vous m'apportez tellement, que d'une façon ou d'une autre, il fallait bien que je me livre un peu plus...

Les Funérailles Electriques

Ses yeux sont ouverts mais ne voient pas.

Elle se tient debout au rebort d'un monde se dérobant sous ses pieds. La beauté du déclin est gravée sur son visage. Ses grands yeux à la noirceur insondable auraient fait perdre la raison, si seulement quelqu'un avait pu y plonger son regard. Une noirceur refletant l'oubli, renvoyant a notre propre futilité, faisant echo de notre fin.

Elle regarde le monde sans le voir, esquissant le sourire distrait d'une enfant. Debout sur la planche pourrissante d'un monde a l'agonie, elle déploie ses ailes dans un hypnotisant ballet mortel, pour accueillir l'Humanité en sa poitrine.

Dans les rues, les voitures continuent leur marche funèbre, injectant la puanteur de l'essence dans l'air des villes, indifférentes a leur destin ou celui de leur créateurs, illuminants les cités de mille lumières blanche et rouge, se reflechissant sur les carosseries et les vitrines dans une transe epileptique.

Tandis que sur les trottoirs, des millions d'ombres apeurées rampent vers leur destin inéluctable, masse infecte de suffisance et de lâcheté. Ignorants la fin étendant ses bras sur leur monde, répétant infiniement les même schémas mécaniques dans le vide de leurs existences. Déjà morts. Tous morts.

La Fin ne sera pas spectaculaire. La Fin ne sera pas tragique. Les âmes s'éteindrons peu a peu, leur lueur consumée par les vents du temps. Nos néons seront nos épitaphes, nos gratte-ciel seront nos caveaux, les lampadaire nos gardiens, contemplant notre chute de leur regard cyclopéen.

Simple bétail allant a l'abattoir. Lente procession de cadavres animés dans de grandes Funérailles Electriques.

-------

J'en ai retrouvé un autre que j'aime bien mais il est bien plus rentre-dedans, une petite boule de haine contre tout et contre moi. J'ai un peu peur de le mettre ici. Je le supprimerais au besoin.

Je suis Destruction


***

Qui suis-je ?

Je ne sais pas.

Je fais partie de cette génération d'hommes élevés dans les jupons de leurs mères. Père absent, bien vite parti se vider les couilles vers d'autres trous plus cléments.
Je fais partie de ces nouvelles générations, noyée dans la sur-consommation. Vais-je acheter ce nouveau caleçon en coton Dim, merveilleux contre les culs qui suent ? Ou alors, ces pilules de Viagra, pour devenir l’Apollon des pétasses du quartier ? Quel dilemme.
Je fait partie de cette génération abreuvée de sexe et de frustration, aux masturbations minables et aux fantasmes infects, histoire d’échapper à la banalité du combo bite-dans-un-trou.
Je fait partie de toutes les sous cultures, et d'aucune a la fois. Je suis un reflet de films, livres et chansons, mixture schizophrène de multiples personnages de fiction.
Je suis de ces personnes, qui ne croient plus en rien, en aucune chimère divine, aucun parti politique, me promettant richesse et bonheur si je vote pour un quinquagénaire millionnaire et ventru, aux dents refaites et aux implants capillaires voyants.
Et certainement pas en une humanité putréfiée, gangrénée de ses propres erreurs, s’efforçant de cacher les enfants bâtards qu'elle a elle même engendrée. Une humanité pathétique, s'accrochant à une vie d'auto-asservissement, tout en sachant qu'elle ne verra pas se lever sa prochaine aube. Je suis l’étron-fœtus encore fumant d'une société avortée.

***

Ces dernières années, j'ai souvent pensé être dépressif. Et, en fin de compte, je ne sais pas trop. Nous vivons dans un état de dépression permanente, quoi qu'on en dise.
Les gens sont terrifiés a l'idée de devoir rencontrer l'Autre, suivant aveuglément les préceptes castrateurs de leur Führer hertzien et vivant dans le parfait bonheur made in Occident. Un petit appartement au tapisseries pastelles, une permanente, un boulot 8h par jour, des gosses, une garde-robe, un canapé a motifs, la sainte télévision, la ballade en famille du dimanche, et un petit porno une fois dans le mois pour s'encanailler.
De la M.....
La rééducation des masses a parfaitement fonctionné on dirait. On anesthésie les pulsions humaines, on programme les envies avec les pubs, on régule les sentiments a grand renfort de sitcoms, avant d'en faire le commerce. De la science fiction, hein ? Ouais.
Je n'ai jamais pu m'entendre avec ce genre de personnes. Impossible. Comment voulez vous discuter avec quelqu'un quand vous connaissez déjà d'avance son point de vue sur tout ? Que voulez vous partager avec quelqu'un qui chiale toutes les larmes de son corps parce que Brenda a plaqué Victor dans les Feux de l'Amour ? Que voulez vous avoir en commun avec tous ces êtres ternes et sans passion ? Rien.
Et après c'est moi qui serait dépressif ? Remarquez, ça fait vendre des pilules. Les gens continuent de baiser, les chiens de ch... sur les trottoirs et le monde de tourner.

***

La pureté se trouve souvent dans la M.... la plus crouteuse, une sorte de Cendrillon nue et frêle, se blottissant sur elle-même dans les défécations bourdonnantes du monde.
La destruction, parait finalement être la seule échappatoire rassurante. Et le meilleur moyen pour ressentir des choses. Et avoir un peu de contrôle sur les éléments qui nous entourent.
J'ai toujours eu le fantasme de la Rédemption. Branlette mystique ou pas peu importe, mais, je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il y a une certaine beauté dans la dépravation. De toute façon, toucher le fond du bout des doigts est une des rare chose qui permette de se connaitre vraiment soi-même. C'est assez révélateur de se retrouver seul, a poil, avec ses peurs, ses frustrations, ses colères et ses contradictions. Se détruire permet de détruire. Vous devriez essayer. La destruction, c'est l'Illumination.

***

Qui suis-je ?

Je suis la destruction.

De vos valeurs, de votre bonheur et de votre monde. Insidieuse et vicieuse. Une bombe humaine qui n'aura pas besoin de détonateur pour saper vos fondations. Sans coup d'éclat et sans panache, lancinante comme une plaie béante. Et nous sommes de plus en plus nombreux. Vous nous avez fabriqués et nous serons votre perte.
Regardez bien mon visage, je suis le Futur.

Je suis Destruction.
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Moonchild
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Message par Moonchild »

On continue dans la finesse ?

Néons

Tour commença par une erreur.

La première chose que je vis sur cette terre fut la lumière froide et stérile de la chambre d'accouchement. Minuscule tas de viande sanguinolent, braillant de douleur, expulsé de la chaleur rassurante du l'utérus maternel dans cet enfer blanc.

Autour de moi s'affairent les bouchers de la clinique armés de leur attirail de torture, ne pouvant s'empêcher de reluquer l'entrejambe distendue de ma mère, ou le fessier grassouillet et flasque de l'infirmière, moulé dans une blouse bien trop étriqué pour elle. Tous se fendaient de leur plus beau sourire carnassier, alors qu'ils me jetaient un vague regard, plein d'amour et d'autre conneries.

Bienvenue sur la planète des singes.

Ça faisait a peine cinq minutes qu'ils ne m'avais extirpé de ma mère, et je les haïssais déjà. Ils m'avaient arraché à mon habitat, coupé en deux. Le corps de ma génitrice gisait sur le lit, épuisé, carcasse aussi vomitive que ceux qui l'entouraient. Elle était vraiment mieux vue de l’intérieur.

Maintenant, ce n'était plus qu'une de ces créatures adipeuses et transpirantes, tout comme ceux qui peuplaient cette réplique grotesque de purgatoire. Sa..... Comment avait elle pu m'arracher a elle ? Comment pouvait-elle me jeter a la face du monde comme une vulgaire poupée de chiffon ?

Je venais d'être expulsé d'une grosse vulve ensanglantée, couvert de divers liquides gluants, a poil, et piaillant dans les mains d'un moustachu vicelard. Pas terrible comme entrée en matière.
Mr. Mojo Risin'

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Message par Mr. Mojo Risin' »

Tu te sous-estimes. T'as un bon potentiel pour l'écriture, sache-le.

Le plus important, c'est que ça permette de te vider ;)
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Moonchild
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Message par Moonchild »

Merci :newblush:
Mais ouais, de toute façon j'utilise toujours l'écriture de manière cathartique, jamais par plaisir. J'ai pas le talent pour ça.
Mais ça libère un peu, c'est vrai.
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Moonchild
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Message par Moonchild »

Blood On The Wall

Hurler.
C'est la première chose que fait n'importe quel nouvel arrivant dans ce monde.
Moi je n'ai jamais arrêté. Pourtant, j'ai vite appris à fermer ma gueule.
A fermer les yeux aussi. Et à rêver.
Mais mon cœur, lui, n'a cessé de hurler, de toute sa déraison.
Parfois de simples sanglots d'enfants, parfois les cris d'un supplicié.
Alors, j'ai construit ma propre prison, pour me protéger et protéger les autres.
Pendant un temps, j'ai presque cru que ça fonctionnerait pas si mal comme ça.
Mais des soirs, lorsque la nuit s'étend et ralentit le temps autour de moi, je n'entend plus que ça.
Comme un acouphène insane, me perçant les oreilles de ses lubies atroces.
Comme si la greffe de mon âme était en perpétuelle rejet.
Premier choc.
Mes phalanges marquent leur empreinte dans le plâtre. Je ne sens rien et il ne cesse de crier.
Deuxième choc.
Le peau commence à se décoller.
Puis plus rien.
Je me retrouve seul et en larme.
Mais la douleur s'est atténué.
Et il y a du sang sur le mur.
Détachement

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Message par Détachement »

Du potentiel Moonie :newblush:
S'ils ne sont réduits qu'à un exutoire, et bien ce catharsis est beau. :love1:
Arwenn

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Message par Arwenn »

que talent ! j'aime beaucoup
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Moonchild
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Message par Moonchild »

Merci beaucoup vous deux :offre:

Vous me faîtes rougir :newblush: C'est pas si bon que ça je trouve :pense:
Détachement

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Message par Détachement »

Le mec il croit qu'on aime de la m.erde !

:rire2:

Non, c'est sûr, tu as des facilités d'expression.
Ce qui est bénifique, c'est que c'est "expectorant" (pardon du mot glauque).
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Moonchild
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Message par Moonchild »

J'avoue, j'écris avec mes glaviots, ça fait plus dark.


:cache:
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Zillah
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Message par Zillah »

J'aime j'aime j'aime j'aime =)!
(histoire de te faire utiliser encore plus de " :newblush: " si c'est possible :wink2: ).
Tu as d'autres textes que tu comptes poster ?
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Moonchild
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Message par Moonchild »

Pas pour l'instant, quand j'écris je poste, mais faut que les étoiles soient alignées pour que j'en ressente le besoin :rire2:

Et allez, :newblush: :newblush: :newblush: :newblush: :newblush:
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Moonchild
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Message par Moonchild »

J'ai beau essayer, j'arrive rien à écrire aujourd'hui. Çà veut pas sortir :limite:
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chak
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Message par chak »

les étoiles ne sont peut-être pas tout à fait bien alignées ? :wink2:
ça viendra moon, ça ne se commande pas l'inspiration, ça vient, comme ça… puis ça part…
plein de bisous :bisouss: :bisouss: :bisouss:
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Aglaë
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Message par Aglaë »

Juste un mot. J'adore. Surtout le dernier. :smile:
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« Je suis devenu fou avec de longues et horribles périodes de raison. » Edgar Allan Poe
« Aucun homme ne choisit le mal pour le mal, il le confond seulement avec le bonheur, le bien qu'il recherche. » Mary Shelley
« Tu tombes, tu te relèves, jusqu'au jour où tu crèves, tout ça pour tomber dans l'oubli. C'est fini, Cowboy, fini, mais rassure-toi, on peut pas tomber plus bas. »
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Moonchild
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Message par Moonchild »

Merci Aglaë :newblush:

Shithole

Parfois je me demande par quel hasard j'ai pu arriver au monde dans un tel endroit.
Un endroit que tout le monde serait infoutu de situer et dont la seule existence tient de l'incident pervers.
A première vue tout y parait à peu près normal, et c'est dans cette distorsion de la normalité que se trouve sa beauté monstrueuse. Même si le mot beauté ne parait pas approprié à première vue, un oeil habitué sera y déceler les failles comme autant de petite craquelure sur un mur solide et grisâtre.
Répugnante de contemporanéité tentaculaire greffée à l’agrafeuse sur le corps encore sanglant d'une ville sentant le formol. Dire qu'elle est à la fois la Belle et la Bête serait une sottise (et qui plus est d'un style éculé). Elle est la Bête et et la face encore plus sombre de la Bête.
Le paradis est bien loin, l'enfer bien trop classe, bienvenue sur le trottoir pluvieux du purgatoire, déballant son freak show à la fois hallucinant et tristement ordinaire. Peut-être que quelqu'un de passage trouvera juste les gens d'une excentricité étrange et charmante, mais c'est bien la poisse collante qui caractérise le mieux l'endroit.
Je crois que je n'ai pas connu une seule personne dans cette ville qui n'ait pas la Marque. Pas besoin de code barre ou de tatouage pour savoir qu'ils viennent de là, c'est écrit dessus (et surtout dedans) si l'on prends le temps de lire.
A croire que seul les fous parviennent à s'adapter suffisamment longtemps, à moins que les gens ne deviennent fous à cause d'elle et engendrent à chaque génération suivante, leur lot de dégénérés.
Je ne voudrait pas vivre ailleurs pourtant et chaque fois que j'ai voulu fuir, je suis revenu au bercail la queue entre les jambes, demandant le pardon à cette régulière trahie. On y revient toujours (encore une aberration, l'industrie locale fabriquant des moyens de fuite), ou alors on parvient à devenir quelqu'un d'autre et à l'oublier. Mais on ne l'oublie pas, on voit son visage dans le notre chaque matin dans la glace, comme autant de piqûres de rappel, on peut juste essayer de le cacher. Difficile de vivre en couleur après avoir été dans un film en noir et blanc.
Quand à moi, malgré la haine que je peux lui vouer parfois, je sais que je mourrais dans la douceur de ses bras rapiécés et suturés.
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Zillah
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Message par Zillah »

J'aime toujours autant :smile: :bisouss:
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Moonchild
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Message par Moonchild »

Merci... :newblush: :bisouss:
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Moonchild
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Scribouillages sous la lune

Message par Moonchild »

8h31

Il est 8h31.
Le jour commence à poindre. Le ciel encre se fend d'un bleu plus timide.
Il est 8h32.
J'ouvre ma fenêtre et respire l'air frais. Je n'ai pas vraiment sommeil. Je fixe intensément le bleu naissant d'un ciel infini. Il m'irradie de toute son insolence. Le froid mords ma chair mais c'est agréable.
Il est 8h34.
La grâce de la grande bleutée m'exalte et je repense à des conversations récentes et d'autres plus anciennes.
Il est 8h35.
La voix d'une prêcheuse bluesy résonne de mes enceintes, légèrement remixée avec des nappes de synthés. Elle répète comme une mantra mystique " I Got A New World In My View". Je le murmure aussi.
Il est 8h36.
La douceur de l'aube, un flot de mots écrits et le phrasé halluciné de la chanson ne font plus qu'un. Me brûlant insolemment de leur lumière. Cette lumière m'ouvre les yeux. Je veux espérer. Espérer avoir moi aussi un nouveau monde devant les yeux. Ou au moins une nouvelle façon de le voir.
Il est 8h40 et je me sens changé... En bien, je l'espère, la suite du film le dira...
Il est 8h41 et je n'ai plus mal.
Détachement

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Message par Détachement »

L'heure Bleue
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