Un club d'expression écrite libre

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boîte
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Message par boîte »

:bye: :newblush:

Pour ouvrir les voies du possible, la colère ne suffit plus ;
j'avance lentement, avec la peur de perdre pied, agrippé à tout ce qui peut me servir de bouée.
Suivant le parfum entêtant d'une rose, mes pas se sont égarés ; sur mon chemin incertain, rencontrant le regard impavide d'une vache, le vide de cette existence m'a soudain frappé
et je me suis fait un aveu :
je n'ai pas la force de balayer toutes ces chimères qui me servent de refuge.
Entrée
Salon

Galerie 15/02/24

« Je me sens comme un fantôme[...]. Comme si j'avais été enterrée vivante. À l'échelle de ma vie, je suis né le jour où j'ai commencé à passer. Je n'ai pas de passé, pas de proches, pas de souvenirs, pas de moi. Personne ne me voit ni ne me parle ni ne me touche vraiment. » Stone Butch Blues, Leslie Feinberg.
"Est-ce qu'on peut avoir le droit au désespoir, le droit de s'arrêter un moment." Louis Aragon
"To love myself is way too hard" Alan Walker
Un esprit bof dans un corps pas ouf
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doloplus
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Message par doloplus »

Hommage à ceux contraints de fuir...

-"Mais non, je te dis que ce n'est pas possible!"
-"Inutile de te mettre en colère. C'est dur, je sais mais il faut que tu l'acceptes. Elle ont disparues."
Lentement, l'homme reprit son calme. Il semblait pétrifié, comme absent de son propre corps. Ce qu'il venait d'entendre lui était incompréhensible. Il les revoyait encore et toujours, saisissant la bouée qu'il leurs avait lancée par dessus bord alors que le canot bondé chavirait.
Il n'arrivait pas à concevoir qu'il ne pourrait plus jamais revoir ses joues roses sur son visage poupon, qu'il n'entendrait plus son rire cristallin...
Il était comme perdu au milieu de cette foule désespérée. Il voulait juste pouvoir vivre simplement, travailler et choyer les siens. Mais son peuple s'était égaré sur les vaines promesses de quelques prêcheurs fanatisés par la haine de l'autre. Lui n'avait jamais cru que son pays sortirait de ces années de vaches maigres grâce à ce prosélytisme terroriste.
Il avait tant souffert de devoir se résoudre à quitter cette terre, celle de ses ancêtres. Mais l'avenir des siens en passait par cet exode forcé. De l'aveu de sa femme, il s'était juré d'y revenir.
Mais aujourd'hui, tout ses espoirs avaient été balayés. Plus rien ne comptait. Peu lui importait désormais de trouver un quelconque refuge. Il était dévasté par le chagrin.
Sa fille et sa femme avaient disparues en mer.

Doloplus.

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doloplus
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Message par doloplus »

Personne n'a de vrai trésor? :intero:
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ouille
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Message par ouille »

doloplus a écrit :
Personne n'a de vrai trésor? :intero:
si j'en ai un mais j'arrive pas à mettre les mots...
ça va venir :wink2:
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Cara
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Message par Cara »

alors oui, j'ai un trésor, un vrai, un beau :oui:
En fait, je l'ai découvert il y a un peu plus de trente ans. Au départ, j'étais vraiment trop mal pour y faire vraiment attention.
Faut dire que j'étais perfusée, des aiguilles dans le creux des deux bras et honnêtement, j'étais trop centrée sur mon nombril pour prêter attention à ce petit truc tout remuant couleur orange (oui, oui, vous avez bien lu, quand j'ai découvert mon trésor il était orange).
Et puis, au fil des mois, je me suis aperçue que ce trésor avait besoin de moi comme j'avais besoin de lui.
Il m'a appris l'amour inconditionnel, celui dont on n'attend rien, celui que l'on donne parce que ça vient du fond du cœur, et c'est viscéral.
Au début, mon trésor était tout brut. Puis il s'est poli avec l'âge pour arriver à son éclat actuel.
Le plus merveilleux, c'est que mon trésor est unique, comme je suis unique pour lui.
Il est ma réussite au milieu de mes nombreux échecs...
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Sélix
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Message par Sélix »

Bonjour à tous,

je me lance, c'est le soir, c'est le temps des histoires.


Il était une fois (oui j'aime comment commencent toutes les histoires) une petite souris qui ne croyait pas au bonheur.

Tant d'années à pleurer, comment serait il possible* de retrouver le sourir, cette joie chaude au fond du coeur?
Elle était même en colère*, pourquoi Dieu la privait ainsi de sa joie, de ses espoirs?
Et puis lentement* son petit coeur de souris s'est apaisé.

La petite souris a rencontré un mulot; il est vrai que les mulots ne vont pas toujours bien avec les souris, et cette rencontre était un peu la bouée* de sauvetage dans une tempête de tristesse et de solitude.

Et c'est là que le miracle s'est produit.

Une mini souris est apparu, avec ses yeux grands ouverts et ses joues roses* (biensur que si les bebes souris ont des joues roses!)
Elle ne quittait pas du regard la petite souris émerveillée, et celle ci se perdait dans ses beaux yeux noirs.
Des yeux noirs comme la nuit, mais des yeux dans lesquels on ne peut s'égarer*.
De grands yeux plein d'amour qui font la promesse d'aimer pour toujours.

Petite souris n'était plus fâché contre Dieu (Dieu aime les petites souris je vous assure).
Alors la petite souris a fermé les yeux, imaginant le futur, une mini souris aux yeux noirs courant dans un pré de coquelicot, les papillons tournoyant autour des fleurs, les vaches* couchées paisiblement sous des arbres en fleur.
Et la douce chaleur du soleil qui pénétre dans le Coeur.

Je dois vous faire un aveu*.
Ce trésor que Dieu a offert, ces grands yeux noirs plein d'amour, la petite souris a songé à ne pas le garder.
La peur. Une trop grande peur vite balayé* par l'image d'un petit être blottis au fond du ventre chaud.
C'était le trésor de Dieu qui y avait trouvé refuge*.
Ce trésor aux yeux noirs qui aimeraient pour toujours.
Mon tout petit salon où il y a toujours un peu de thé et de biscuit, foi de souris ^^
L'histoire d'une petite souris dans la petite galerie.
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doloplus
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Message par doloplus »

:tour: Merci Cara et Sélix :zenzen:
Ça me fait tellement plaisir de vous lire! Vos textes sont très beaux :parfait:
:fleurblanc:
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AnnaKarenine
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Message par AnnaKarenine »

Mon petit bébé grandit au creux de moi en ce moment.
C'est vrai, il était déjà en gestation dans ma tête depuis si longtemps... Mais je m'empêchais de réaliser ce rêve, je n'étais pas soutenue ni encouragée à le réaliser, et j'allais sans doute trop mal pour risquer de mettre un bébé au monde.
C'est l'amour de mon chéri qui a donné naissance à ma petite. Il a porté cet enfant dans sa tête, et mes craintes, d'abord, puis quelques aléas médicaux, ont retardé son arrivée dans mon ventre. Alors à présent elle est bien là, elle bouge, elle vit en moi et c'est une sensation nouvelle, tellement gratifiante, même si parfois j'ai peur.
Mais cette petite fille, elle a d'abord grandi dans le cœur d'un homme.
L'amour qu'il me porte, celui dont il entoure déjà notre petite, c'est le vrai trésor.
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Serge Gainsbourg
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doloplus
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Message par doloplus »

J'ai tout d'abord cru que ça n'existait pas un vrai trésor, ou bien uniquement dans mes contes d'enfance. Ces montagnes d'or dissimulées dans les cavernes d'Ali Baba, ces joyaux scintillants de milles feux dans un coffre de bois vermoulu, tout cela ne pouvait être que le trésor fictif de ceux qui, comme moi, n'avait rien.

Puis, j'ai découvert qu'au delà du monde dans lequel je vivais, existait un autre univers. Celui des riches et des puissants. Un monde fait de gloire et de biens éblouissants. Ceux qui y vivent sont respectés pour ce qu'ils représentent. Les enfants du monde entier rêvent de leur ressembler : les petites filles s'imaginent en princesses vêtues de leurs splendides tenues et les petits garçons au volant de leurs bolides luxueux. Ce trésor là m'était tout bonnement à jamais inaccessible, moi la petite fille sans filiation prestigieuse.
Il me fallait me rendre à l'évidence. Aucun trésor ne m'était destiné...

Alors, je me suis contenté de vivre et de grandir. De rire et lire. D'observer et de réfléchir. Les années ont passées, avec leur lots d'épreuves et de doutes.
J'ai connu le chagrin, le vrai, celui qui anéanti. J'ai connu la douleur, celle qui étreint jour et nuit sans relâche. J'ai connu la peur qui oppresse et tétanise.
Puis un jour, j'ai réalisé que j'avais toujours gardé en moi quelque chose de bien plus précieux que tout autre chose. Un bien inestimable qui ne m'avait jamais fait défaut durant tout ce temps. Moi, la petite fille sans richesse ni prestige, je possédais le plus fabuleux des trésors : l'espoir.

Doloplus.


:zenzen: Annak pour ces très jolis mots que tu as posés sur la formidable aventure que tu vis avec ton compagnon et que tu nous fait partager. :fleurblanc:

Comme il n'y a plus grand monde qui poste des textes, je pense que les thèmes ne vous inspirent plus. Je vous propose donc d'en changer. Si vous avez des idées pour les textes à venir, elles sont les bienvenues. :mercipoli:
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Sélix
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Message par Sélix »

Doloplus,

C'est beau ce que tu dis de l'espoir. On oubli trop souvent qu'on a tous ce trésor.
Je te remercie pour l'idée de ce sujet, ça fait du bien d'écrire, et d'y être encouragé.

Anna, tu as beaucoup de chance de vivre cet amour là. Felicitation pour le petit fruit d'amour qui pousse en toi :love1:
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AnnaKarenine
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Message par AnnaKarenine »

Merci Sélix, merci Dolo pour votre lecture de mon texte, ce que vous dites me touche beaucoup. L'écrire m'a fait du bien, car je traverse des moments de doute et d'interrogations douloureux, ma grossesse n'étant pas un long fleuve tranquille...

Chaque fois, Doloplus, je suis enchantée de te lire, et impressionnée de voir à quel point tu t'appropries le thème proposé avec une inspiration qui me fait défaut, je l'avoue.

Une solution serait d'avoir des thèmes plus précis, pourquoi pas quelques phrases de début de récit à continuer, par exemple ? Ou une phrase de chute, et il faudrait écrire le récit qui précède. Je suis certaine que tu pourras nous trouver des phrases idoines qui nous inspireront.. :wink2:

Bises :bisouss:
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herr
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Message par herr »

Tiens? Un club d'écriture. Que vois-je?! Inactif depuis fin Septembre? Qu'est ce que c'est que ça?! Je propose sa ré-ouverture et, au pire, je pourrais en prendre moi-même la responsabilité si plus personne n'en veut.
Le train de tes injures roule sur le rail de mon indifference

ma galerie>>> viewtopic.php?t=31406
mon salon>>>>viewtopic.php?t=31413
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kiara
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Message par kiara »

C'est très beau ce que tu as écris sur l'espoir doloplus ! j'aime beaucoup ton style :console:
poussière

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Message par poussière »

C'est vrai, tu écris bien doloplus. Je m'en rappel, il y a quelque temps j'avais participer à ce topic et tu m’impressionnais.
herr a écrit :
Tiens? Un club d'écriture. Que vois-je?! Inactif depuis fin Septembre? Qu'est ce que c'est que ça?! Je propose sa ré-ouverture et, au pire, je pourrais en prendre moi-même la responsabilité si plus personne n'en veut.
Je propose aussi sa réouverture.

Avant il y avait 7 thèmes proposer et on en choisissait 2 en votant, on avait 2 semaines pour écrire le texte puis les thématiques changeaient. Le point positif c'est que ça pouvait donner de l'inspiration, le point négatif c'est que des fois les sujets qui nous plaisaient pouvez nous passaient sous le nez, faute de vote.
Du coup, pour l'instant, laissons le libre choix du type de texte et si vous préférez que l'on fasse des thématiques, on en fera (par contre, je préférerais que si nous en faisons nous ne votions pas entre elles et donc que nous en gardions 7) . Donc voilà. Si vous avez des textes à poser, peu importe la forme, allez y !
Si vous voulez participer, votre avis est le bienvenue, notamment pour savoir si nous faisons des thématiques ou pas.
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Kayros Zein
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Message par Kayros Zein »

Bonjour,

J'ignore si quelqu'un lira ce texte, mais j'aimerais exhiber une nouvelle que j'ai écrit moi-même. Donc... Voici la troisième nouvelle de mon recueil, Aemidrat :

VII : Neige

Froid.

Le monde autour de lui est froid, plongé dans un hiver qui, il en est sûr désormais, ne finira plus. Il a longtemps espéré, a souhaité dans son sommeil que la neige disparaisse, s’est arrêté régulièrement pour bivouaquer et faire fondre la neige, a extrait suffisamment d’eau à partir de la neige pour abreuver Londres entier pendant 15 ans, a pris exactement les mêmes voies de passages pour piétiner la neige, a attendu une quelconque pluie diluvienne qui abîmerait la neige, a voulu un tsunami qui emporterait la neige dans ses flots, a fantasmé une ogive nucléaire atomisant la neige, a supplié Rhan-Tegoth de changer la neige en basalte, a rêvé un trou noir qui aspirerait tout, y compris la neige. Mais rien n’a changé.

Alors il a renoncé, alors il s’est habitué, oui, il s’est habitué à cette masse blanche informe, qui ne grimpe plus mais ne descend plus.

Il s’est habitué à cette masse blanche informe, qui a fait mourir ses cellules devenues inutiles et a rendu sa peau aussi pâle que son cauchemar.

Il s’est habitué à garder ses lunettes anti-aveuglement en toutes circonstances, car le soleil cantonne toujours la masse blanche informe au sol, et celle-ci lui rend bien et reflète des rayons aveuglants en toutes directions.

Il s’est habitué à ce blizzard constant qui a détruit ses tympans. Il s’est habitué à ce craquement infâme faisant gong à chacun de ses pas.

Il s’est habitué aux odeurs désormais imperceptibles, puisqu’elles sont gelées et que ses parois nasales sont couvertes de glace.

Il s’est habitué à cet autre craquement, cette fois juste horrible, qui fait terreur lorsqu’il marche sur le squelette de jadis un semblable.

Oui, cette tueuse blanchâtre a eu raison de ses amis, de ses géniteurs, de son amour, pire encore, de son art. L’encre s’est éclaircie, le papier s’est affiné, les plumes se sont durcies. Si seulement il pouvait coucher ses pensées, paraphraser son malheur fou, si seulement il pouvait s’accorder la chance d’être lu, de voir sa souffrance divisée par le nombre de lecteurs potentiels donc infinis, mais c’est désormais impossible. Alors il a voulu parler, mais le blizzard a éventé ses tristes dires, puis le froid a engourdis ses lèvres. Alors il a voulu marcher, montrer aux autres rien que la mort qui découle de cette existence, mais tout avait été enfoui sous la neige.
Alors il a voulu lire, minimiser sa vie faîte horreur face à celle d’au moins un autre, mais les livres étaient désormais briques de glaces.

Alors il a voulu écouter, entendre le récit d’une vie insoutenable gravé dans un vinyle, mais la neige avait rayée les rainures des disques. Et puisqu’il n’y avait plus rien à dire et à entendre, il a oublié le sens des mots et a associé n’importe-quelle rumeur à un marasme glacé.

Et voici, le surgelé est dans les larmes, et personne qui le console. Il est en butte au froid infâme de sa vie éteinte, et personne qui le console. Ce n’est pas ainsi qu’il se souvient de la sentence, mais il a oublié l’original, donc il garde la sienne.

Cette douleur irrépressible, la ressent-il vraiment après tout ce temps ?

Pas sûr, il se souvient juste que sa pondeuse personnelle lui arguait de ne pas la ressentir, mais il n’a pas choisi de la ressentir et elle est quand-même venue, alors comment décider ?

Partout, partout, partout c’est la même chose, la masse blanche informe a tout envahit, et pas sûr qu’elle ait envahi en fait, elle a peut-être toujours été là, et ça ne serait que lorsqu’il s’est rendu compte qu’il la voit qu’il l’a vue.

Rendre sentence de ses pensées ? Tout a disparu sous l’épais manteau blanc fragmenté, et personne n’aurait été à même de comprendre ses pensées, sa volonté qui était de tout faire ployer sous une masse de lave. Il aurait voulu le dire au moins une fois à un autre, lui montrer ce à quel point il était heureux, car la neige les tuait tous, un par un, mais elle le vengeait au moins, et il lui en était reconnaissant, mais il n’était pas encore suffisamment seul, alors il ne pouvait pas méditer des phrases aussi sages, donc il fallait qu’ils meurent un peu plus, et ainsi soit-il la neige l’avait entendu, et elle en a tué de plus en plus, et lui n’était toujours pas apte à réfléchir, alors elle a continué, et ce jusqu’à ce qu’il n’y ait rien d’autre que lui et elle, ce après quoi il a enfin pu se questionner, et il a eu ses réponses, mais il voulait mourir parce qu’il les connaissait, et ainsi soit-il la neige l’avait entendu, et elle s’est évertuée à le tuer un peu plus chaque jour.

Et voici, le surgelé est dans les larmes, et personne qui le console. Il est en butte au froid infâme de sa vie éteinte, et personne qui le console.

Maintenant, il a froid.

Léviathan ne pourrait le réchauffer, il a d’ailleurs oublié la chaleur. Il y a pensé, à ouvrir la dépouille de jadis un semblable, pour s’asperger de sang et sentir les derniers feux de vie auxquels il consacrerait sa vie éteinte avant d’être à court et de mourir de manque, mais il ne l’a pas fait, il n’a pas les moyens, et il est sûr qu’il sera déçu désormais. Oui, il en est sûr désormais, l’hiver ne finira plus.

Il n’a plus de solution, la neige est immuable, Eric Zahn ne peut la repousser, Shiva n’a pas répondu à ses appels non-plus, les forces universelles l’ont abandonné.

Il n’a qu’une seule chose à faire, et il sait que ce sera la dernière : l’ultime renouveau de cristal, l’endroit merveilleux qui se profile par-delà la mer. La mer gelée est presque jolie, en fait il en est persuadé, puisque la glace salée l’aurait aveuglé s’il avait osé vérifier.

Maintenant, il marche la peur au ventre, les yeux rendus inutiles à cause des rayons solaires reflétés par la mer. Il sent des craquements sous ses pas, mais ceux-ci ne font pas terreur, ils ne sont pas juste horribles d’ailleurs.

Ces craquements-là, ils sont nouveaux, et ils sont absolument hideux. C’est le dernier son qui se démarque, le nouveau, celui qui vient tout mettre sens-dessus-dessous, celui auquel il ne survivra pas, car le son prévient ce qu’il est venu chercher par-delà la mer.

Quoi, ça aussi, il n’arrive plus à le formuler ? Oui, ça aussi, il a oublié, ça aussi, c’est un marasme glacé, ça aussi, il ne comprend pas. Pourquoi se trouve-t-il ici, aveugle, sourd, muet, sans goût, les mains paralysées par le froid ? Pourquoi fait-il plus froid ici qu’ailleurs ?

Mais un changement dans le marasme glacé retient son attention : le craquement absolument hideux est devenu plus long, et le sol bouge, il le croit.

Non, il ne croit en rien, et il est sûr de ce qu’il se passe. Il continue, et il fait toujours plus froid, ça par contre il ne le comprend toujours pas, et le craquement absolument hideux devient toujours plus long, toujours moins grave.

Et alors que le sol bouge de plus en plus, il comprend pourquoi il a froid. Mais c’est trop tard, il n’a pas le temps de redéfinir le marasme glacé qu’il se trouve dans le suc de son cauchemar, dans une grandeur digne d’une étoile. Et soudain, alors qu’il sent un froid toujours plus fort atténué par une sensation nouvelle, il sait ce qu’il est venu chercher.

Et pendant qu’il en prend doucement conscience, la neige se fait eau, et l’eau se tasse sur lui. Cela se déroule lors d’un jour ou d’une nuit, il ne sait plus, mais il sait que où il va, il sera entre le jour et la nuit, incertain. Et alors qu’il pense à une chose à laquelle il n’a jamais pensé, les anciens flocons de neige persistent et s’empilent sur lui, et il sent qu’il s’enfonce dans la grandeur digne d’une étoile. Mais finalement, quand il y pense, c’est déjà fait, il n’a plus à lutter. Et il continue sa descente vers une destination qui clôturerait son récit personnel.

Jusqu’au bout.

Jusqu’au salut.

Jusqu’à la folie.

Jusqu’à la fin.

Car c’est la dernière chose qu’aurait souhaitée pour lui son bourreau, son cauchemar, la mort de son âme : la neige.

En espérant que ce texte vous a plus,

K. Zein
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Love<3
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Message par Love<3 »

J'ai beaucoup aimé ton ptit réci

J'aime bien voyager dans les "mondes" des autres

jai bien aimé pck jadore la neige et pour moi je n'aurai jamais pensé que quelqun aurait eu une vision negative de la neige...

bravo à toi!
Hier, j'existais. Aujourd'hui, je suis encore là.
Demain, je ne pense pas.


"si D. dit que le suicide est un péché, alors qu'il dise comment je pars, sans lui faire de tort."
LoiC NotteT


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Tetsuya
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Message par Tetsuya »

Oh zut alors...je ne pensais pas tombé sur un topic à l'abandon, l'idée d'un club d'expression écrite libre me faisait bien envie.... ...... :sad:
" L'habitude du désespoir est pire que le désespoir lui-même. "
Albert Camus

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Tetsuya
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Message par Tetsuya »

Hey, y'a t'il parmis vous des amateurs pour un nouveau rallye ? Ça me tenterait bien...si on est quelques motivés ? @poussière @doloplus :bye: :zenzen: :ange:
" L'habitude du désespoir est pire que le désespoir lui-même. "
Albert Camus

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Message par joyeux »

Mon texte : dites moi ce que vous en pensez
J’ai mal, mais je souris, mes larmes coulent sans un bruit
J’ai peur de me lever j’ai peur de tout gâcher
Je suis désolée, d’avoir a respiré, et que, tu es à me regarder
Je baisse les yeux, et puis mes bras
Je suis malheureux et personne ne m’aidera
Seul à tout supporter seul à m’écouté
J’ai honte de moi et j’ai honte d’être là
Tu sais, je m’en veux d’exister, je m’en veux même de penser
Mais je n’ai pas pu m’empêcher (malheureusement)de t’aimer
Tu étais si parfaite et moi j’avais besoins de toi
Besoin de te voir et d’entendre ta voix
Te regarder de loin me suffisait mille fois
Tu brillais tel un soleil depuis le pays des merveilles
Et je voulais pouvoir te réconforter
Quand des larmes se mettaient à couler
Connaitre ton histoire et tes coups d’un soir
Mais tous ses espoirs que je nourrissais
Ne sont que des rêves partis à jamais
Mais ce n’est rien demain matin
Tout ira bien car même si je souris
Mes larmes coulent sans un bruit
Alors laisser moi me plaindre juste cette nuit
Plus envie de me battre car quand je tombe
Personnes ne me rattrape et je creuse ma tombe
Et dans ce froid
Je penserais à ton chaud sourire
Et ce soir à tes beaux fous rire
Et quand j’y pense abandonner est si facile et je suis si fragile
J’aimerais qu’on me sauve
De cette existence morose
Qu’on vienne me sortir de cette nuit sans fin
Et qu’on me change ce pu.... de destin
clopinette

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Message par clopinette »

@joyeux dommage que tu n'as vu mon post pour ceux qui aiment écrire ? Si ça te dit ?

viewtopic.php?t=38807

A te lire peut-être ? 😉
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