Amour, amitié, y croyez-vous depuis votre dépression ?

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Détachement

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Message par Détachement »

@Sheol Il y a plusieurs formes d’autisme, plusieurs degrés d’autisme mais aussi plusieurs vécus mais il y a aussi des similarités que seuls les cliniciens semblent conscientiser quand pour les « civils » (moi y compris), la « bizarrerie » (quel vilain mot !) sera très souvent pointée du doigt. Les chercheurs se sont aperçus que des personnes autistes chevauchaient deux formes d’autisme et les prototypes seraient plus « poreux » qu’on le croyait d’où le fait que toutes les formes soient regroupées dans la dénomination « Troubles du Spectre Autistique ». C’est étrange que tu me dises cela car je connais des gens qui disent avoir des amis autistes diagnostiqués ou en connaître mais tu sais, moi, à part mon frère, je n’avais jamais connu un seul autiste de toute ma vie avant de fréquenter une assoc où je lis et rencontre personne pour le moment. Car déni, mais qui commence à se tasser.
Effectivement, « sans déficience intellectuelle » ne veut pas non plus dire qu’il n’y a pas de difficultés cognitives ou exécutives. Il serait heureux d’apprendre plus tard que des autistes « légers » ne rentreraient plus dans les catégories du DSM car cela pourrait vouloir dire qu’ils seraient intégrés (… ou livrés à eux-mêmes :sad: ). Mais, n’oublions pas les personnes autistes qui n’ont pas la chance de pouvoir s’exprimer avec autant de « facilités » et qui ont déjà un suivi lamentable.
Je n’ai aucune idée de mon intelligence, je pense qu’elle est dans les normes. Je maîtrise aujourd’hui beaucoup mieux les codes sociaux et je suis à peu prêt « typique », c’est-à-dire, comme les autres : c’est juste qu’il arrive quasiment toujours qu’on présage des choses erronées à mon égard ou qu’on se fasse des mauvaises idées sur moi parce que je m’exprime pas toujours de la façon attendue ou que je ne comprenne pas toujours ce qu’on attend de moi ou que je ne sache pas toujours comment me dépêtrer avec ce que je ressens.

Je ne te « snobe » pas du tout. J’aime bien te lire, je le fais d’ailleurs toujours, mais je ne sais pas toujours comment faire. J’ai un jour lu que tu étais parfois inconfortable avec les marques d’attention ou d’affection alors j’ai « imprimé ». Tu ne m’es redevable de rien du tout, je ne m’ennuie pas de toi ou je ne suis pas intolérante vis-à-vis de toi.
Comme pour de nombreuses personnes sur le forum, je ne sais juste pas trop comment aborder, ni si ma présence est bienvenue, surtout que je me demande toujours si tu es inactif avec tes « hibernations ». Je n’avais pas imaginé que tu pouvais ressentir cela.
Merci de m’avoir posé la question plutôt que d’avoir statué que j’étais « glaciale » ou « froide » ou autre chose fausse sur moi. Ma dépression s’est aggravée donc j’ai plus de mal en ce moment avec la patience et les marques d’attention et ça accentue peut-être cette apparence.
Merci de ta patience et merci de ne jamais avoir essayé d’être méchant avec moi. J’apprécie vraiment ton honnêteté et le fait de me poser des questions parce que je souffre beaucoup des suppositions erronées.
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Sheol
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Message par Sheol »

Détachement a écrit : jeudi 03 février 2022 13:38
Je ne te « snobe » pas du tout. J’aime bien te lire, je le fais d’ailleurs toujours, mais je ne sais pas toujours comment faire. J’ai un jour lu que tu étais parfois inconfortable avec les marques d’attention ou d’affection alors j’ai « imprimé ». Tu ne m’es redevable de rien du tout, je ne m’ennuie pas de toi ou je ne suis pas intolérante vis-à-vis de toi.
Hé bien c'est cool :wink2:
Je sais que ce n'était pas très factuel, juste une sensation, mais autant ne pas rester avec ça (trop négatif) :smile:

Je n'ai aucun ami autiste. J'ai juste une vague "connaissance" qui a été diagnostiqué comme tel.
Par contre j'ai été hospitalisé 1 an dans ma jeunesse dans un pavillon réservé aux autistes (à la Salpêtrière) parce que j'en présentais quelques signes (et notamment une incommunicabilité assez radicale).
Puis plus tard j'ai fait pas mal de bénévolat dans des structures d'accueil spécialisées.

Pour revenir à l'amitié, je ne sais pas comment vous la définissez, mais pour ma part, il y a 4 axes :
=> Pouvoir compter sur l'autre de manière inconditionnelle
=> Etre bienveillant l'un envers l'autre
=> Avoir entièrement confiance
=> Avoir des affinités (activités communes, intérêts communs, valeurs communes ...)

Et je pense que l'amitié est un bon antidote à la dépression.
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Message par Détachement »

@Sheol Oui, oui, c’est cool ! :wink2: . Et c’est mieux de ne pas rester avec des sensations négatives. C’est pas du tout une question d’être factuel. Moi je m’étais dit « Sheol ne m’écrit pas sur le forum car il m’a oubliée » ou alors « je n’appartiens pas à sa classe d’âge et on a plus d’affinités avec les personnes qui appartiennent à notre classe d’âge ».

Je voulais rebondir sur la schizoïdie. Il y a des personnes autistes qui ont été diagnostiquées schizoïdes juste avant. Moi aussi j’étais persuadée que j’étais schizoïde. Mon compagnon n’y croyait pas du tout. Selon les psys, « je ne ressemble pas à un schizoïde » et « je ne suis pas schizoïde » donc je n’ai jamais reçu le diagnostic. Les deux troubles se ressembleraient superficiellement mais ne sont pas les mêmes. Pour être franche, j’ai l’impression que j’étais autiste jusqu’à l’âge de 19 ans et que je ne le suis plus (je sais qu’on ne peut pas ne plus l’être, mais c’est mon ressenti :newblush: ) et que, je suis juste cassée par la vie et que c’est ça l’essentiel. Je me définis comme « une personne cassée qui a reçu un diagnostic d’autisme ». J’ai essayé de faire une contre expertise de ce diagnostic au début, en vain et je ne crois pas encore que je me « définisse » (pour reprendre tes termes) vraiment comme une personne autiste.
Il y a peu, deux agentes de la MDPH sont venues chez moi. C’était pour mon compagnon et elles ont soudainement abordé mon diagnostic d’autisme. Je leur ai dit que « j’étais pas autiste ou alors très très léger et que j’étais sûrement une schizoïde atypique » et elles m’avaient répondu « ah, si, si, vous êtes autiste » et « non, vous n’êtes pas schizoïde, rien à voir ». J’ai trouvé que ça manquait de tact. Elles m’ont adressée à des structures pour les personnes autistes. Va falloir que je m’y fasse. Pourtant je ne trouve pas que je ressemble à une personne autiste. J’ai l’impression de ressembler … à rien de particulier. Mais au moins, je sais maintenant que je ne suis pas schizoïde.

C’est super d’avoir fait du bénévolat. Est-ce que ça t’a plu ou pas ?
Qui t’avait envoyé à la Salpêtrière ?
Est-ce que tu te poses des questions sur le fait que tu pourrais être autiste ?
Est-ce que tu penses avoir rencontré une personne qui corresponde aux critères que tu as avancés ? Moi, pas trop. Mais un peu.
Je pense effectivement qu’un ami ou une vie sociale est la clé.
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Sheol
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Message par Sheol »

Je ne pense pas que la schizoïdie n'a "rien à voir" avec l'autisme. Il y a évidemment des points communs, et on pourrait superficiellement confondre l'une avec l'autre. Et également avec d'autres troubles ...
La catégorisation est de toute façon un peu empirique, et mettre les gens dans de petites cases peut contenter l'esprit, mais ne répond pas forcément à une réalité.
Dans la réalité, on est ceci ou cela à des degrés divers, et aussi ceci et cela en même temps, et suivant le contexte et l'environnement c'est plus ou moins "pathologique", anormal, ou problématique.

Et puis c'est une question de sémantique. puisqu'on cause de sujets qui ne sont pas fréquemment abordés, il faut bien mettre des mots dessus, dans l'espoir de parler à peu prés de la même chose, avec des représentations communes. Ou du moins on va essayer de s'approcher d'une compréhension commune. Mais là aussi ce sont des approximations ...

Pour répondre à tes questions :

Est-ce que le bénévolat m'a plu ?
Le bénévolat social a répondu a un besoin à l'époque. ca m'a plu au point de m'y consacrer plus de 50 heures par mois durant 4 ans, puis le besoin s'est estompé et je suis passé à autre chose.
En gros, ça m'a permis de développer un peu mon empathie (assez faible chez moi), et de m'intéresser aux autres (c'est pas un scoop : s'intéresser aux problèmes des autres nous aide à relativiser les nôtres).

Est-ce que tu te poses des questions sur le fait que tu pourrais être autiste ?
Pas vraiment. Vers l'adolescence, on m'a diagnostiqué schizoïde, puis autiste, puis finalement non :rire2:
Mais même si j'ai réussi extérieurement mon intégration à la société, et c'était beaucoup de boulot, je sais qu'au fond de moi je suis un peu "différent".
Mes premières copines se plaignaient de ma froideur et de mon manque d'empathie. Il y en a même une qui m'avait surnommé "frigo" :god:
Et puis depuis les gens me considèrent comme un genre d'ours mal peigné (mon dernier surnom en cours c'est "ursus hirsutis"), un peu asocial parfois, plutôt taiseux, souvent sur la réserve, mais plutôt sympa quand même.
Bref ça passe ... :mrvert:

Est-ce que je pense avoir rencontré une personne qui corresponde à mes critères ?
Bah, c'est un peu un idéal inatteignable ce que j'ai listé comme critères. Parfois j'ai connu ce genre d'amitiés, mais dans cette vie tout passe, c'est l'impermanence, on continue d'évoluer chacun, et si nos trajectoires se sont croisées un jour, elles ne tardent pas à se séparer à nouveau, et on finit par s'éloigner.
Pour autant, j'ai quand même quelques amis sur lesquels je sais pouvoir compter. Que des hommes ! Avec les femmes ça semble plus difficile.
J'ai d'ailleurs essayé de rester amis aves certaines de mes ex, mais ce fut fort décevant :mrvert:
Avec ma femme c'est un peu différent. On est plutôt complémentaires que fusionnels. Chacun apporte à l'autre quelque chose. C'est comme une association avec une charte et des règles. Ma femme n'est pas une amie, mais plutôt un partenaire. Ca fonctionne bien mais c'est plus proche de l'amour que de l'amitié, même si certains critères se recouvrent un peu (comme la confiance ou l'assistance réciproque).

L'amitié, c'est important pour notre équilibre mental, c'est indéniable. Alors pourquoi est-on parfois un peu réticent à l'idée de créer de nouvelles amitiés ? Qu'est ce qu'on a peur de perdre ou d'abandonner ? Tout gain entraine une perte, c'est bien connu ....
Il parait qu'en vieillissant on a moins besoin d'amitiés. D'ailleurs certains pensent que passé un certain âge on n'est plus capable de se faire de véritables amis (je ne serais pas aussi affirmatif).
Je ne pense pas non plus que la dépression empêche de se faire des amis. La dépression a tendance à tout chambouler, et nos amis et connaissance actuels en font souvent les frais. Mais en même temps on aspire à se faire d'autres amis, d'autres sortes d'amis, plus en phase avec ce que nous ressentons, même si c'est mélancolique ou négatif.
Et puis il ne faut pas s'encombrer de trop de pensées limitantes. L'amitié peut naitre entre gens de sexe, de milieu social, d'âge différents.
J'ai même eu des amis qui ont fait des choix de vie radicalement différents des miens. Mais au fond on a des choses en commun, et j'aurai pu emprunter la même route qu'eux dans une autre dimension, et je les observe avec intérêt.
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Message par Détachement »

Bonjour / bonsoir Sheol.

En effet, je suis d’accord avec toi concernant le fait que les choses sont plus contextualisées et compliquées.
Cependant, je me dois tout de même de reconnaître que les mots « dépression », « bipolarité », « autisme », « schizoïdie », etc n’ont certainement pas la même signification pour moi (vécu avec émotivités et interprétativités) que pour des médecins (nosographie), mais aussi que pour les autres (l’apparence ou-et la qualité de la relation). Normal que ça cafouille en fait. Dans le contexte d’un diagnostic « permanent ET rétroactif », à mon âge, c’est difficile de rajouter une donnée et se réapproprier l’historique. On peut décider d’en avoir rien à faire mais c’est impossible quand on a besoin d’une prise en charge où c’est constamment rappelé alors je prends ce qu’il faut prendre et j’essaie de ne donner pas plus de sens à cela.

Je ne crois pas que ça aide de croire en ce que les gens disent de nous car je trouve que c’est souvent faux et trop basé sur la qualité de la relation. C’est pas beaucoup mieux que les cases des médecins si n’est parfois pire car on n’est pas que des troubles psys mais en plus ça touche à l’intimité, l’ affect et donc, à la vie personnelle, son identité ; et ça, ça peut alimenter des croyances limitantes pouvant parfois conduire à des prophéties (auto)réalisatrices. Je dis ça dans un but de se définir comme tel, et ce, indépendamment du fait qu’on trouve ça triste ou drôle.

Merci d’avoir répondu à mes questions.
Je me disais bien que je trouvais ces critères restrictifs et c’est pour ça que je me demandais si tu avais trouvé parce que je me demandais un temps (oui, plusieurs jours même, ça m’a hantée comme question) si c’est moi qui étais trop mal entourée ou « pas assez exigeante » car pas assez entourée.
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