C'est la douleur qui régit mes journées et mes nuits .
Lorsque j'ai évoqué l'après-cancer , en réunion , tout le monde était unanime.
A la "rémission" , le jour-même , on te largue complètement. Or , ça risque de vous surprendre , de vous choquer mais l'annonce de la rémission sidère .
Dans mon cas , il m'a fallu une quinzaine de jours pour réaliser , pour admettre que le combat était pratiquement terminé. Pendant des mois , ce fut une lutte acharnée contre la mort et du jour au lendemain , on t'annonce que tu es en liberté conditionnelle. Conditionnelle mais pas vraiment surveillée , hélas ; et surtout , pas accompagnée. Alors , comme moi , la plupart s'effondre.
On m'a administré de la morphine pendant 18 mois , je finissais même par la gérer moi-même. C'est moi qui ai demandé à l'arrêter.
Mais , après mon coma , avec mes 3 maladies , des douleurs plus importantes surviennent. J'en parle aux médecins...
* la cancérologue : ce n'est plus mon rayon
* les gastros : Allez voir votre médecin
*le médecin : Adressez-vous à votre cancérologue...
Pour eux ,
je ne suis qu'une anorexique ... Donc RIEN.
Le chirurgien m'a balancé que j'étais un être inexcusable , impardonnable. Lui , il mange , alors pourquoi pas moi ? !!
Il mange , oui , ça se voit !
Mes filles , même très jeunes , ont toujours compris mon anorexie . Plus que les médecins !
Mes amies , mon psy la comprennent , savent qu'elle est "justifiée" , explicable , on ne peut plus logique , vu mon passé.
Mes douleurs sont niées , mon impossibilité à me nourrir condamnée. On refuse même de me remplir le moindre dossier .On ne me remettra pas la sonde que j'ai portée pendant 3 ans et que je perdais tous les quatre matins. Or , n'importe qui ne peut remettre une jéjunostomie. J'ai même vu des médecins en avoir peur !
Depuis fin août , je n'ai plus aucune alimentation ; vertiges , chutes , évanouissements importants , état second , confusion ..
Des douleurs invalidantes dont certaines m'empêcheraient de mâcher même si je le voulais..
Pour eux , tout est psychologique ; même les symptômes qui auraient dû leur faire penser au cancer étaient "dans ma tête" avant qu'ils ne découvrent..Moi je pensais à une gastrite mais pour eux , je n'avais rien. Un an de perdu.
Je ne mérite pas d'être soignée ?