D'habitude lorsque je viens ici, c'est pour parler de soucis lié à un traumatisme d'enfance ou à une dépression, mais pourtant ce soir je ressens l'envie de parler d'autre chose. Je me sens complètement mal ce soir, et ça a été le cas pratiquement toute la journée. Je m'explique : depuis des années, je suis incapable de suivre une scolarité ou un travail, de façon constante et normale, j'arrête toujours tout ce que j'entreprends, et ce, très rapidement. Parce que chaque matin est un calvaire pour sortir du lit.
Et pourtant, demain, ça fera exactement un mois que j'ai un travail que j'adore, qui me permet de me lever le matin et de me tirer du lit. J'aime ce que je fais, c'est en relation avec un domaine que j'aime, je suis toujours trop heureuse d'y être, ce qui est l'opposé de ce qu'à toujours été ma Vie d'étudiante et professionnelle. Et au début, dans les premiers jours voire deux/trois premières semaines, j'étais réellement toujours heureuse, ça me faisait même tenir le coup pour tous les autres soucis.
Et puis, depuis le début de la semaine là, je ne me sens pas bien. C'est un travail tout nouveau, quelque chose que je n'ai jamais fait auparavant, donc je suis en plein apprentissage. Et depuis 3 jours, à la moindre erreur que je fais, je me retrouve 10 pieds sous terre. Je me sens envahie d'une tristesse énorme, d'une deception de moi même insurmontable, et je suis toujours persuadée que tout le monde m'en veut, qu'ils se disent tous que je suis nulle, que je ne sais rien faire. De plus, je vis en Angleterre, donc je travaille en anglais. Mon anglais est très bon, et c'est ce qu'ils me répètent même tous les jours, mais rien à y faire, je me sens complètement exclue du fait d'avoir une barrière de langue. J'ai l'impression de les embêter sans arrêt à être "celle qui ne comprend pas toujours tout du premier coup" , et si je me trompe pour une seule chose, je m'en veux jusqu'à la fin de la journée, au point de vouloir m'excuser mille fois pour la même chose et auprès de chacun de mes collègues. Et chaque fois que je les vois parler en eux, je me dis "ca y est, ils parlent de l'erreur que j'ai faite ce matin". Et ça me prend toute mon énergie et ma joie de vivre... J'ai passé la journée à vouloir pleurer de déception de moi même pour une erreur de RIEN du tout que j'ai faite ce matin. J'ai passé mon temps à penser qu'ils en riaient tous, ou qu'ils m'en voulaient tous.
Et ce soir, ça allait un peu mieux. Et pour faire rire mes collègues et me sentir un peu plus "dans le groupe", j'ai envoyé un message (dans une conversation groupé que nous avons tous ensemble) un message un peu rigolo, en clin d'oeil à quelque chose entre nous il y a quelques jours. Et l'une d'elle a répondu "C'est très mignon, mais pourrions-nous garder cette conversation de groupe pour le travail s'il vous plait ?"
Et voilà que le moral est retombé à zéro. Je me sens complètement exclue, pointée du doigt, j'ai l'impression que là, dans leur tête, ils sont tous en train de se dire "la nouvelle, elle fait n'importe quoi, elle n'est pas professionnelle !!!!" Et que demain, lorsque je vais arriver, ce sera le même scénario. J'ai presque envie d'appeler demain matin pour dire que je suis malade, parce que les affronter me fait trop peur. Je n'ose jamais réellement leur parler tant que eux ne me parlent pas, ou alors si je me décide à le faire, je me sens réellement trop mal, timide, gênée, pas à ma place.
Et ça m'énerve, parce que j'aime vraiment ce que je fais, et que j'aime vraiment les gens avec qui je travaille. Mais je finis toujours tous les soirs en me disant "celui là/celle là, il/elle ne m'aime plus du tout" juste parce que tel jour, untel ne m'a pas sourit, ou m'a parlé avec moins d'enthousiasme que la veille, ou m'a dit que j'avais fait une erreur, ou a envoyé tel message dans la conversation groupée.
J'en ai réellement assez, j'ai l'impression que je sais qu'au fond, je vaux quelque chose, mais qu'une fois en groupe, je me dévalorise complètement. Je passe mes journées au travail depuis quelque jours, à me sentir "comme une m****". Je peux faire 100 bonnes actions, si j'en fait 1 de travers, c'est fini, je vais m'en vouloir toute la journée/soirée/nuit/semaine, et j'aurais l'impression que c'est le cas de leur côté.
Dernier point, juste en exemple : il y a quelques jours, j'ai pris ma pause 30 minutes plus tôt que l'heure à laquelle je devais normalement la prendre, mais par erreur de compréhension avec ma manager. En revenant de ma pause, je m'en suis rendue compte, et je m'en voulais au plus au point, et j'étais persuadée qu'elle aussi. Elle ne me parlait pas autant que d'habitude, elle souriait moins, elle était dix fois moins enthousiaste. J'ai passé 4h de travail à avoir envie de pleurer, de m'excuser mille fois, de rentrer chez moi pour me morfondre sur mon manque de professionnalisme et sur mon erreur. Je me sentais tellement mal... Et puis, avant de partir en fin de journée, en disant au revoir à ma manager, je me suis excusée de mon erreur. Et que m'a-t-elle répondu ? "Oh ? Tu t'étais trompée ? Je n'avais pas vraiment remarqué, ce n'est pas grave du tout ne t'inquiète pas, ça arrive !"
Et là, grosse bouffée d'air. Mais du coup, grosse déception parce que j'avais passé 4h à m'en vouloir pour en fait apparemment, et bien... Pas grand chose.
Et donc ce soir, je ne vais pas réussir à dormir à cause de cette histoire de message. Et je sais que ça n'en vaut pas la peine, mais c'est plus fort que moi. Je me sens totalement dépassée, je me dis "demain, je vais arrivée, ils vont me renvoyer à cause de ça" ou encore "Ils vont me refaire la remarque et me dire que c'était n'importe quoi et que je suis insupportable". Et ça me BOUFFE mon énergie...
Ca ne parait pas être un énorme soucis comme ça et je m'excuse si le sujet est mal placé, pourtant c'est juste épuisant à longueur de journée et même semaine... Je dis tous les jours à ma manager "J'ai l'impression de tout faire de travers !" Et elle a beau me répéter "tu est géniale, tu es bien plus performante que tu ne le penses !" , ça rentre, et puis ça ressort à la prochaine erreur.
Je n'ai pas envie de perdre le seul travail que j'arrive à tenir aussi longtemps (et ça ne fait qu'un mois, donc imaginez les précédents...) juste parce que "je pense que" on ne m'apprécie pas. C'est insupportable. Au moindre regard moins enthousiaste, à la moindre remarque (qui n'est là que pour me faire apprendre), je me dévalorise au point de ne plus vouloir y aller, par honte, par malaise, par gêne, et par manque de confiance, probablement.
Je m'excuse de ce long message, je ne suis même pas sûre d'avoir de répondre en réalité... Merci à ceux qui auront lu

Skyscaaper.