La vache...
J'ai eu une panne de taille ! La même que sur le 737 MAX...
Par moments le nez s'inclinait à 40 degrés vers le haut alors que je poussais le manche au maximum pour le faire descendre !
J'ai réussi à sauver l'appareil et les 181 passagers.
Je vous raconterai plus en détail demain, je suis fatiguée car j'ai lutté sur 160 miles nautiques...
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L'aileron de compensation de profondeur permet de stabiliser verticalement l'avion et donc de sans avoir à corriger constamment l'inclinaison du nez. C'est cette composante qui a eu une défaillance hier soir. J'avais beau la couper du système électronique et électriquement, rien ne permettait de repositionner correctement la roulette qui la contrôle dans le cockpit. Passait de full up à full down !
Nous volions tranquillement en altitude de croisière de 35 000 pieds, appréciant le spectacle grandiose des nuages au coucher du soleil, quand l'avion s'est mis à s'incliner vers le haut dangereusement, toujours de plus en plus jusqu'à atteindre 40 degrés ! Alerte "Stab out of trim", je regarde et elle est réglée full nose up. Nous perdions notre vitesse si vite que je n'avais seulement quelques secondes pour réagir. L'autopilot s'était coupé tout seul à cause du problème, mais les moteurs étaient toujours gérées par l'avion. Je l'ai tout de suite coupé pour réduire les gaz au minimum, puis poussé à fond sur le manche, tout en coupant le système électronique et électrique de l'aileron de compensation de profondeur (stab trim). La corriger manuellement était impossible, elle ne répondait à aucune manipulation. En fait la roue le bougeait plus l'aileron était peut-être livré à lui-même au gré des vents ! Nous sommes progressivement redescendus à un niveau d'inclinaison acceptable, avec de nouveaux problèmes à gérer. Nous ne sommes maintenant à une altitude inquiétante qui me fait craindre pour la pressurisation de la cabine si nous remontions encore et la vitesse de l'avion est si basse que nous sommes à la limite du décrochage ! Je profite de ce moment ou nous sommes à l'horizontale pour activer les voyant attachez vos ceintures et communiquer (virtuellement) à la tour notre problème, à savoir que nous perdons le contrôle de l'avion. Mayday mayday mayday !
Il faut savoir que la poussée des moteurs participerait à relever le nez, c'est pourquoi il faut absolument mettre la manette des gaz au minimum si on veut avoir une chance de garder le nez baissé. Comme je suis à l'horizontale presque normale, malgré ma difficulté à garder une altitude stable, je commence à le redescendre lentement pour regagner de la vitesse, tout en remettant un peu de gaz sans trop y aller fort. Ca marche ! Mais le truc incroyable, c'est que l'aileron de compensation vient maintenant sur sa position full down ! Je compense maintenant dans le sens inverse mais nous plongeons ! Aerofreins sortis et moteurs à fond en tirant le manche au maximum. Nous nous rapprochons de la vitesse maximale que l'avion peut endurer mais nous commençons à reprendre une position horizontale normale. Cette fois-ci j'en profite pour (virtuellement) avertir les passagers et les hôtesses du problème et que j'ai confiance en mes capacités de nous ramener tous en sûreté en un seul morceau. Ce sera effrayant, intense, mais nous y arriveront !
Il m'a fallu gérer la descente en luttant durant plus d'une demi-heure sur 160 miles nautiques pour arriver à l'altitude de 10 000 pieds non loin d'un aéroport. Par chance c'était Porto, notre destination. Oui, j'ai plus ou moins suivi le plan de vol en gérant l'interminable descente en montagnes russes.
Nous étions enfin à 10 000 pieds, bientôt sur l'approche de l'aéroport et à une vitesse convenable ! J'ai tout de suite sorti les trains pour nous freiner et commencé à sortir les volets (Extensions d'ailes servant à donner plus de portance à l'aile. Ca sert à pouvoir voler moins vite et freine aussi l'avion à certains vitesses). Bingo ! Nous descendons... ah non !!! Nous nous inclinons à 40 degrés vers le haut, l'avion commence à décrocher, je récupère in extremis et nous reprenons la descente. Nous voilà maintenant alignés plus ou moins avec la piste. Les vents sont presque de face, c'est parfait. La descente finale se passe bien, très instable mais rien d'extrême. Nous voila à la piste, j'arrondis avant de toucher le sol et là l'avion se remet à lever le nez, mais les roues arrière vont toucher le sol ! Le fuselage à l'arrière peut salement morfler ! L'inversion de la poussée des moteurs fait revenir le nez un peu violemment vers le bas et nous atterrissons brutalement mais en sécurité ! Freinage maximum, l'avion s'arrête, nous sommes sauvés.
Regardez ça, incliné à 40 degrés on dirait une fusée !
J'ai filmé l'atterrissage
