Bonjour [mention]Alain73[/mention]
LOL le sédatif PC !!!
J’ai lu comme toi au sujet des dépressions : tu en fais une, ça passe. Tu en fais deux aïe, c’est limite. Tu en fais une troisième et ça y est tu es un dépressif chronique…
J’ai fait ma première dépression en 2012. J’ai pensé qu’après plus de deux ans d’arrêt maladie et les AD j’étais repartie pour une belle deuxième moitié de vie. Sauf que j’ai rencontré des difficultés professionnelles coup sur coup jusqu’à craquer à nouveau l’été dernier. Le plus dur passé (4 mois en clinique puis des mois complètement amorphe) je me suis mise à envisager les moyens que ça ne m’arrive pas une troisième fois
D’où le refus total de retourner chez mon employeur
En ce moment, après plus d’un an, je vais bien mieux mais c’est pas encore ça.
J’ai entamé des démarches contre mon employeur à qui j’en veux pour m’avoir fait replonger, mais surtout je me débats dans mes propres filets pour essayer de me fixer une ligne de vie, surtout par rapport au travail, mais je ne sais pas ce que je veux (ou peux !!!) :
- ne plus jamais travailler ? Comme toi je m’inquiète de la reconnaissance sociale… Je me rappelle il y a longtemps un repas avec des collègues de mon mari, chacun demandait tu fais quoi ? Et quand l’épouse de l’un a dit « rien » il y a eu un blanc. D’ailleurs je me demande encore à quoi elle passait ses journées, et ça faisait tache… Que vont penser les gens de moi ? Que je suis une dépressive ? Une paresseuse ? Une profiteuse comme tous les bénéficiaires du RSA ?
- reconversion ? Je me suis inscrite à plusieurs formations où je me régale à apprendre, comme toujours. Mais quand il faudra se lancer pour de vrai il n’y aura plus personne : je n’ai pas confiance en moi, je ne me sens pas capable
Je sais : il me faut attendre
Le temps qui passe soigne ma dépression, j’en ressortirai soit assez forte pour ouvrir mon auto-entreprise, soit pour affirmer posément que je vis de mes rentes, de mes revenus immobiliers (je veux finir la rénovation de ma grange pour en faire un gîte), et de mes ventes d’art (là je n’ai pas commencé mais LOOOOOOOL quand on voit ce qu’a fait Picasso ça va je me sens capable !!!)
__________________
Je ne t’ai pas dit mais je suis hyper réactive à presque tout, hyper sensible en fait. Le bruit, les odeurs, les ambiances, etc et donc aussi les médicaments. Certains se plaignent qu’un somnifère administré à doses de cheval ne leur fait rien, moi une goutte me fait dormir 24h. 3 gorgées de vin me soulent. Je dois me boucher les oreilles quand je croise une ambulance (jusque là ça va je les ai toutes croisées en ligne droite !!!). C’est une autres des raisons pour lesquelles je refuse tout traitement.
Ai-je plus de volonté que la moyenne ? Les Bretons ont la réputation d’être têtus !!!
Je ne me crois pas plus têtue qu’une autre, mais je sais que quand je veux je peux. Mon super exemple c’est pour courir. Je m’y suis mise à plus de 40ans, motivée simplement par l’idée de faire un peu de sport entre midi et 2 car sinon je ne faisais aucun sport, et une fois de retour chez moi je n’avais pas envie de sortir. J’ai tenté de faire comme les collègues. Pfff ça arrache les poumons, les jambes refusent et iraient presque en arrière pour t’embêter, et dans ta tête tu entends à quoi ça rime de courir déjà marcher ça ne sert à rien en plus tu ne vas nulle part etc etc. Et tu as envie de t’arrêter au bout de 50m. Heureusement un copain m’avait dit si tu cours tu ne t’arrêtes pas tu vas jusqu’au bout après on en parle. J’ai tenu c’était horrible affreux je l’ai maudit j’ai pensé on ne m’y reprendra pas c’était la première et la dernière fois. Quand j’ai quitté l’enfer pour faire les étirements avec les autres, puis prendre une bonne douche, puis manger tous ensemble, j’ai vu la vie en rose
J’ai vu d’autres depuis se lancer comme moi mais ils ont marché au lieu de courir.
J’ai tenu parce que je voulais réussir
Je voulais être capable de dire objectivement ce que ça faisait il ne fallait pas tricher. J’ai vu que c’était dur mais qu’après on se sent bien. J’ai vu que je suis capable
Pareil pour les AD. Je ne suis pas sûre de tenir, c’est très dur
Je n’ai lu nulle part que les AD soignent la dépression, guérissent de la dépression
Pour les médecins et pour le monde entier si tu prends des AD tu es un dépressif
Une sorte de pauvre petit addict gentil et obéissant, une version inoffensive d’addict qu’on ne peut pas emprisonner car il est dans les clous : pas d’alcool ni de drogue
Ca fait marcher le marché des médicaments
l'idée défendue par certains qu'un traitement prophylactique au long cours empêcherait cette évolution délétère.
Par certains comme tu dis, donc pas une réalité
Normalement les effets de passage à l'acte dans le premier mois de traitement (le fameux "black box warning" de la FDA) concernent surtout les jeunes.
Ah ? Ce n'était pas écrit sur ma notice de séroplex
"plus de 2ans avec AD avant d'être capable de reprendre mon activité professionnelle"
Vu de l'extérieur, ça paraît proprement surréaliste
Tu veux dire pour les gens en général ?
Pour "nous" les dépressifs, et pour le corps médical, je crois que ce n'est pas une surprise...
J'ai décompensé en janvier 2019, des suites d'une séparation puis d'un divorce en 2015. Les deux premières années, c'était un soulagement, une liberté retrouvée. Et puis progressivement la solitude et l'isolement remplacent la liberté et l'insouciance. En 2018 du coup j'ai commencé à faire un peu n'importe quoi, je ne rentre pas dans les détails, je pense que c'était un épisode hypomaniaque, mais sans euphorie comme ta cousine, uniquement de l'agitation, du stress, des "défis" improbables sur lesquels je mettais un tel enjeu que je n'en dormais plus... Quand j'ai décompensé, je suis allé voir mon médecin traitant, il m'a prescrit un AD, je pensais qu'en un mois ce serait réglé. L'AD m'a catapulté dans une spirale d'anxiété et d'insomnie encore pire qu'avant (tout comme lors des épisodes précédents, la bipolarité n'ayant jamais été diagnostiquée ; elle ne l'a été que cette année, en avril).
J’ai lu et vu (ma cousine, une amie, toi…) en effet combien il est courant d’administrer des AD pour des symptômes dépressifs, sans se poser la question de la bipolarité. J’espère que vu le nombre d’erreurs de diagnostic, les médecins, généralistes et spécialistes, vont mettre ou ont mis en place un protocole pour les éviter… Si l’idée ne leur est pas encore venue, peut-être que le législateur saura créer une proposition qu’ils ne sauront refuser… C’est quand même la vie des gens qu’ils ont entre leurs pattes
Je reconnais dans ton fonctionnement celui de ma cousine : en hyper vous vous adaptez, c’est troublant pour l’entourage, mais vous vous sentez puissants. C’est en hypo que rien ne va plus, que tu es allé voir ton médecin, que ma cousine s’est cachée sous la couette en pleurant. Ce fonctionnement des bipolaires je le connais aussi personnellement puisqu’un psychiatre a envisagé que je sois cyclothymique. La bipolarité on la connaît tous mais à moindre échelle. Tout le monde a des périodes de moral en hausse ou en berne, juste les limites sont plus étendues pour certains que pour d’autres, et bien-sûr les plus extrémistes sont considérés comme anormaux, malades… Ca me débecte. On te dit malade alors que ce dont tu as besoin c’est qu’on t’accepte avec ta particularité, qu’on t’accompagne pour que tu te sentes moins seul. Minirve minirve.
L'idée de ne plus travailler ne me terrorise ni par peur de l'ennui ou de la perte de revenus, mais uniquement en raison de l'image sociale de "parasite" qu'elle véhiculerait chez les collègues et l'entourage. Sachant que c'est probablement déjà le cas maintenant, avec un CLM. Mes 18 mois d'arrêts ont été horribles, entre les nuits cauchemardesques, les crises d'angoisse, les matins épouvantables où il faut se battre dans la salle de bain pour aligner le rasage, le brossage de dents et la douche (et lutter pour arriver à choisir par quoi commencer), les alternances de traitements (on commence : effets secondaires ; ça ne fonctionne pas, on arrête : symptômes de sevrage)... Je ne considère vraiment pas ça comme des vacances. Mais ça, la "vue de l'intérieur", personne d'autre que soi ne l'a. D'autant moins que quand on croise quelqu'un ou qu'on discute avec quelqu'un au téléphone, on fait bonne figure, même si on essaye de leur expliquer. Mais pour eux, "je ne me sens pas bien le matin", c'est un petit résidu de cuite ou d'indigestion. Ils ne comprennent pas l'horreur absolue de l’intérieur.
Encore une raison pour laquelle je refuse les AD : plus de deux ans d’AD en 2012…
Eh bien figure-toi que je n’ai aucun souvenir de ces deux ans
Rien nada que tchi. En gros on m’a volé deux ans de ma vie.
En plus quand je suis revenue au bureau, personne ne m’a posé de questions (c’est plutôt cool, ainsi je n’ai pas été gênée, pas eu à mentir ou avouer honteusement) j’ai donc enchaîné comme si de rien n’était mais tout le monde devait me regarder bizarrement
Je veux vivre vraiment ma vie, même si elle est difficile. Déjà une chose elle l’est moins que celle de tous ceux qui meurent sur des champs de bataille ou de faim. Donc on relativise et on cesse de se plaindre.
En plus ok il y a des moments durs, mais il y en a aussi de merveilleux. Et d’ailleurs, ces moments si merveilleux, le seraient-ils autant si à côté et en comparaison j’avais une vie plate insipide d’une triste banalité ?!!!
Cette souffrance, cette horreur absolue de l’intérieur dont tu parles, on est pas mal à les connaître ici sur ce forum. Je compatis. On compatit tous les uns avec les autres. Il y a des affinités entre certains membres, et de grandes différences entre beaucoup d’autres, mais sur la douleur, l’incompréhension de l’entourage, on se serre les coudes
En prévision de la fin de ton arrêt maladie en janvier 2022, de ton éventuelle reprise avant, ou de ta mise en invalidité, tu peux essayer de profiter du demi-verre plein, et te projeter le plus positivement possible dans chacune des situations : le rêve, quelle merveilleuse particularité de l’homme
Belle fin de semaine à Toi