Comment faire face à la douleur de l'abandon

[lucie LACROIX]

J'en suis à mon cinquième épisode dépressif
1989 Mon époux m'abandonne alors que notre fils n'a pas trois mois
2002 Ma maman décède et je me retrouve seule face à son cercueil, je ne souhaite cela à personne
2009 Gros accident de voiture et perte d'une de mes amies dans le crash RIO PARIS
2014 Grosse bataille contre la banque pour ne pas perdre la maison
2019 Mon époux rencontre une jeune femme et il part en vrille, jusqu'à ce qu'il quitte le domicile et s'installe dans son appartement en février 2020

Ces dépressions à répétitions dues à mon incapacité à gérer les abandons, les décès, l'adultère, m'ont totalement détruite moralement et physiquement, je suis suivie par un psychiatre, j'ai fait une psychothérapie, j'ai surtout essayé de survivre pour élever mes enfants, mais la dépression si elle est douloureuse pour celui qui la vit et destructrice pour l'entourage.
Mes enfants et mes petits enfants ont fini par ne plus vouloir de moi, ma fille m'a écrit une lettre en mars 2023 m'accusant de choses terribles et me mettant face à mes manquements. Elle me demandait de demander pardon à mes fils et à elle même pour tout le mal que je leur avait fait. Dans un premier temps j'ai envoyé une lettre pour demander pardon. Et puis un jour, j'ai envoyé un courrier à chacun avec mes reproches vis à vis d'eux.
Aujourd'hui j'ai surtout honte, je culpabilise d'avoir faire souffrir autant ceux que j'aime plus que tout.
Quant à mon époux, Il a fini par revenir non par amour, mais parce que financièrement cela n'était plus tenable pour lui et moi j'ai cru que je serais capable de gérer la situation. Mais depuis son retour nous vivons l'enfer lui et moi. Évidemment le plus simple serait de se séparer, mais hélas nous avons encore un crédit très important sur la maison et à mon âge c'est difficile d'accepter de tout perdre, surtout lorsqu'on a personne pour vous soutenir.
Ma dernière petite fille est née en juin 2023, évidemment je ne l'ai jamais vu, mon fils a même refusé que je parle au téléphone avec la maman.
En novembre dernier, j'étais au plus bas et le psychiatre augmentaient mes doses de médicaments, il m'a proposé l'hospitalisation pour essayer de réguler mon traitement, j'ai refusé. Mais je me sentais de plus en plus mal, alors comme je ne voyais aucune amélioration et de plus en plus d'effets secondaires, j'ai décidé d'arrêter les antidépresseurs d'un seul coup SURTOUT NE FAITES PAS CETTE ERREUR, JAMAIS. C'EST PIRE QUE TOUT. J'ai décompensé et là j'ai vraiment perdu la tête. J'allais tellement mal que j'ai même cherché une solution d'euthanasie pour raison psychiatrique.
Aujourd'hui, il n'y a pas un jour ou je ne pleure pas, pas un jour sans cette douleur qui est devenue physique induite par le regret du mal fait à mes enfants, de leur perte, de l'angoisse de vivre auprès d'un homme qui m'a avoué que tous mes dérapages verbaux de colère et de rage l'ont usé et qu'il n'attend plus que la mort.
Je voudrais cesser de faire du mal autour de moi. Pour mes enfants, pour être certaine de ne pas les contacter et les importuner, j'ai effacé tous leurs numéros, pour mon conjoint, j'essaie d'être le moins présente possible dans la maison pour qu'il puisse se sentir plus libre.
Chaque jour est un calvaire, j'attends la nuit avec impatience, même si mes rêves sont souvent des cauchemars.
Mon seul réconfort, c'est que malgré tout mes enfants sont heureux aujourd'hui, ils ont tous les trois une bonne situation, des enfants qui réussissent bien.
J'essaie de m'accrocher aux souvenirs heureux que j'ai avec mes enfants et mes petits enfants et même avec mon époux, mais il y a toujours ce doute en moi et si ils faisaient juste semblant.

[Amalya]

Bonjour Lucie,

Tu as un parcours de vie pas facile
Apparemment tu as eu plusieurs dépressions reactionnelles à des événements de ta vie.
Pour ton mari peux tu discuter avec lui pour éclaircir la situation ?
Il a pu réaliser que sa relation avec sa jeune maîtresse était une erreur et ne répondait pas à ses vraies besoins.
Difficile de te conseiller pour tes enfants est ce qu'ils parlent avec leur père ?
Cette situation doit effectivement être très douloureuse pour toi.
Est ce que tu as l'impression que ton traitement t'aide quand même ?
Je pense que c'est possible de trouver l'apaisement à tout âge.

[lucie LACROIX]

Merci pour ta réponse Amalya, pour mes enfants, là aussi c'est compliqué ma fille a perdu son père, il y a 8 ans, elle est très proche de sa belle mère qui est vraiment quelqu'un de bien et de ses frères et soeurs. Pour mes fils c'est plus difficile et douloureux, leur père mon second époux les a laissé tomber, pour l'anecdote il a été jusqu'à les oublier sur le quai de la gare de Lyon l'aîné avait 13 ans et le second 10 ans, après les garçons n'ont plus voulu avoir de contact avec lui, mais avec le temps, ils ont fini par renouer d'autant qu'ils ont un frère et une soeur et qu'ils ont des cousins et cousines dont ils étaient très proches. Aujourd'hui, je ne sais pas.
Quant à mon époux, et bien on fait avec ou plutôt sans, notre couple n'existe plus depuis longtemps, nous avons essayé de discuter à plusieurs reprises, mais c'est sans solution, il ne me supporte plus, ma dernière dépression, mes reproches et mon langage ont eu raison du peu d'estime qu'il me conservait. On s'évite dans la maison, c'est glauque comme ambiance et pesant, mais il vient de changer de travail et j'espère pour lui que cela sera une ouverture vers un départ pour avoir une vie plus sereine.
Concernant mon traitement, j'ai arrêté les antidépresseurs que le psychiatre me prescrivaient, j'en prenais deux à des doses de plus en plus forte. J'ai également arrêter le somnifère, déjà que j'ai du mal à me bouger mais avec cette chape de béton c'était vraiment devenu impossible. Je continue à prendre uniquement le soir les deux anxiolytiques.
Quant à l'apaisement, bien j'espère que je vais pouvoir un jour faire la paix avec moi même. Mais surtout par dessus tout ce que je souhaite c'est que tout le mal qu'à engendré mes épisodes dépressifs puissent disparaître dans la vie de ceux que j'ai affecté par mon état.
Merci encore pour ta réponse