J'ai passé mon permis 5 fois mais que des échecs, je vis avec la honte.

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Meli-Melo
Messages : 1
Enregistré le : lundi 13 mai 2024 17:38

J'ai passé mon permis 5 fois mais que des échecs, je vis avec la honte.

Message par Meli-Melo »

Bonjour,

J'ai 35 ans et depuis de très longues années, je me sens extrêmement déprimée, avançant dans ma vie sans confiance en moi, ni en l'avenir.
J'ai un passé douloureux, et une enfance marquée par un environnement familial instable (mère pervers narcissique, manipulatrice et très centrée sur elle-même + père soumis et distant), et j'ai du affronter un traumatisme à l'âge de 8 ans (j'ai été maltraitée physiquement & psychologiquement par mon instit' de l'époque, cachant cela à mon entourage pendant 1 an avant de tout "déballer" suite à une "crise nerveuse").
Mes parents m'ont crû mais en ont fait un tabou, un "secret de famille" pour je cite : "plus vite tu oublieras, plus vite tu te remettras de tout ça".

J'ai pris du poids vers l'âge de 11 ans (suite à un suicide dans ma famille, qui a fait ressurgir d'autres "secrets de famille" lourds à porter), mon père part en dépression car il se sent coupable, et me rejette totalement.
Je serai en obésité jusqu'à l'âge de 28 ans, vivant une adolescence chaotique, très complexée et victime de moqueries au lycée.
Je n'ai aucune confiance en moi, ni en mon avenir et ne sait absolument pas quoi faire de ma vie.
Je cherche à m'éloigner de ma famille, étant en colère que personne ne se préoccupe de moi, de ma "déchéance", et surtout, j'en veux à mes parents de ne pas m'avoir soutenu (en m'accompagnant chez un psy par exemple) pour m'aider à me relever de mon trauma.
J'ai beaucoup de difficultés lors des apprentissages, je suis donc une élève moyenne, qui doit se battre 2x plus que les autres pour apprendre et comprendre les cours.
Je ne fais pas de vagues et avance difficilement, nourrie de honte et de colère, trouvant du réconfort dans la nourriture et dans les histoires d'amour toxiques.

A vingt ans, je commence à travailler après une formation professionnelle, et entreprend de passer mon permis.
Comme tout examen, je suis extrêmement angoissée à l'idée d'échouer.
Les cours de conduite se passent bien, et arrive le moment de l'examen.
Je passe l'épreuve avec un examinateur rabaissant, qui s'est ouvertement moqué de moi, de mon physique, et m'a fait perdre tous mes moyens.
J'échoue donc, et pleure pendant 2 jours de cette humiliation.
Je comprends vite que cet incident fait ressurgir des traumas enfouis, vu la réaction disproportionnée que cela provoque en moi.
Je me décide donc à travailler sur moi avant de me relancer pour un second passage au permis.
S'en suit des années de thérapie : psy, sophrologue, hypnose, EMDR, kinésiologue...
J'ai passé mon permis 5 fois, mais que des échecs.
Je me suis épuisée, et c'est devenu ma bête noire. Une honte dont je ne pouvais me défaire, un échec que je n'assumais pas face au reste du monde. Alors, à la naissance de ma fille ainée, j'ai décidé d'abandonner le combat et je me suis fais une raison : je n'aurais jamais mon permis.

Ma fille a 8 ans et entre ma dernière tentative et aujourd'hui, j'ai connu une séparation, refais ma vie et j'ai eu un autre enfant.
Je n'ai pas eu d'autres choix que de suivre mon nouveau compagnon à la campagne, où je vis actuellement.
La honte avec un grand H refait surface depuis quelques mois, je vois bien qu'au quotidien, mes déplacements sont limités et je me sens isolée.
J'ai donc décidé en début d'année, de retenter l'expérience.
J'ai recommencé à prendre des cours de conduite et je suis donc lancée dans une nouvelle tentative au permis.
Non sans angoisse et c'est bien là l'objet de ce (long) témoignage.
Je ne vis plus, j'ai mal au ventre constamment, gère très mal mon alimentation, me sent déprimée, et j'ai peur de ne pas savoir gérer mes émotions que ce soit au volant, ou au sein de ma vie personnelle. Je me sens extrêmement vulnérable et fragile.

Je n'ai plus envie de me tourner vers un psy, je pense que ce n'est plus ce qui me correspond aujourd'hui.
Mais pour autant, je me sens dans une impasse, étouffée par tant de peurs, de stress... comme si ma vie dépendait de cet examen.
J'en perds toute rationalité... et ne sais plus vers qui me tourner.

Merci à ceux qui auront eu le courage de me lire, et l'envie de me répondre.

Belle soirée à tous,
Cosmostar
Messages : 89
Enregistré le : samedi 11 mai 2024 0:48

J'ai passé mon permis 5 fois mais que des échecs, je vis avec la honte.

Message par Cosmostar »

Ce que je peux ressentir de ton écrit, c'est que pour commencer, tu as été victime d'une conduite malveillante de la part de l'examinateur, et que c'est ça qui t'as fait échouer, je doute que ce soit une attitude normale. Un examinateur a le droit de te déstabiliser par ex pour moi il a utilisé un truc comme "eh ben alors pourquoi vous roulez pas plus vite?" pour voir si en t'énervant un peu tu vas garder tes moyens au volant etc par ex, par contre s'attaquer au physique, utiliser des techniques d'intimidation, d'humiliation, c'est totalement illégal... L'examinateur n'est pas là pour se défouler sur la personne mais pour éprouver ses compétences de condutrice, pas la basher sur son physique!! Être encouragé augmente grandement les chances de réussite, être découragé les diminue grandement, c'est au final assez logique, mais on a vite fait de s'imputer un échec qui ne nous est pas du!
Les gens qui réussissent le montrent souvent avec grand fierté mais en oubliant les remerciements souvent aussi, car quand on réussit quelque chose, c'est rarement seul.e! Ceux qui réussissent le mieux sont ceux qui ont été le plus encouragé et ont reçu de l'aide en amont (aider à réviser, aide financière, support psychologique, encouragements, se réjouir pour toi, être attendu.e après l'examen/le concours etc etc...).

Si tu as subi des traumatismes ça joue aussi énormément sur la mémoire et la concentration, ça peut se récupérer avec l'aide adéquate, ceci dit vu ce que tu dis sur la psychologie il semble que tu n'aies pas encore trouvé une aide appropriée... C'est vrai que parfois parler parler et parler ne fais que raviver les traumatismes ce qui peut-être dangereux, si aucune solution n'est proposée derrière. As tu essayé d'éplucher doctolib pour voir si tu pouvais trouver un.e psychiatre spécialisé.e dans le psychotrauma? ça pourrait grandement améliorer ton suivi je pense... Avec la visio tu peux en trouver dans toute la France si tu ne trouves pas chaussure à ton pied dans ta ville.

Et tu sais, avoir ton permis ou non ne détermine pas si tu es un être humain valable ou pas... Je connais beaucoup de gens qui n'ont jamais passé leur permis (soit pas réussi, soit pas essayé, parce que pas les moyens de se l'offrir...) et ce sont des personnes tout à fait saines et agréables à fréquenter, certains sont plus responsables ils préfèrent les transports en commun par sens de l'écologie etc...
Ton défi je pense pour le moment ça va être de faire la différence entre ton besoin de passer le permis parce que c'est toi qui le veux pour ton avenir et ton bohneur, de l'entourage/la société qui te fait peser le fait que ton permis soit une sorte "d'examen" dans l'examen à leurs yeux, et le fait qu'ils te jugent là dessus en tant que personne (ou bien que tu aies été habituée à te juger toi-même là dessus parce que tu reproduis la façon dont ils ont jugé chaque tentative de vie que tu as faite).

Si tu as associé le fait d'échouer à un danger du rejet (et donc à un danger de mourrir), c'est pas étonnant que tu vives cet examen comme une question de vie ou de mort... Je pense que parfois on lutte malgré nous car échouer à quelque chose, c'est en un sens réussir à s'affranchir du regard malveillant de ceux qui auraient du nous aimer. Notre subconscient est intelligent et il va au plus vital, survivre psychologiquement est plus important que réussir à passer un examen qui ne sera utile que dans le futur, ou pas indispensable.

Si ce n'est pas ton permis que tu passes mais le leur au final, tu peux dire merci à tes échecs, à la partie de toi qui t'aide à te rebeller... Car c'est ce qui sauve d'un entourage maltraitant!
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