J'ai décidé d’arrêter de me droguer... Ma vie sans haschisch...

[Colibria]

Bonjour à tous,

Vous en avez déjà beaucoup parlé sur ce forum, mais voilà que je suis rendue à cette étape. L'étape où je devrai me libérer définitivement de ma dépendance au H. Comme la bataille sera longue et pénible, je viens ici pour témoigner de mes progrès et pour échanger avec des gens qui sont passés par là ou qui entreprennent le même combat.

J'ai une personnalité très dépendante. Je prends de l'alcool et des drogues depuis l'âge de 13 ans et j'en ai maintenant 32. Comme bien d'autres, je consomme depuis longtemps pour atténuer un sentiment de mal-être et pour diminuer l'anxiété. Après m'être caché la tête dans le sable pendant des années, après avoir vécu plusieurs épisodes dépressifs et moments d'anxiété intense, j'ai finalement été consultée, il y a quelques mois, et les diagnostics sont tombés : syndrome anxio-dépressif, trouble du comportement, trouble de l'humeur, trouble anxieux généralisé, anxiété sociale, problèmes de toxicomanie et de dépendance.

La prise de haschisch a donc été ma solution pour calmer mon angoisse pendant toutes ces années. Solution qui devient à long terme un problème.

Je ne m'étais jamais vraiment rendu compte que j'avais des problèmes de dépression ou de santé mentale. J'avais mes difficultés, je ne comprenais pas toujours mes réactions excessives, mais que peut-on faire? On vit dans notre réalité et on accepte nos pensées comme étant normales. En fait, je me suis toujours pensée cool et au-dessus de mon affaire. Je me suis donnée le droit de juger, de critiquer, de contrôler. C'est difficile de se regarder vraiment en face quand on pense toujours que ce sont les autres qui ont un problème. Ils se plient à mes exigences : c'est super! Ils ne sont pas d'accord avec ma façon de voir : ce sont justes des cons.

Si je peux écrire aujourd'hui, c'est parce que j'ai réussi à remonter quelque peu la pente depuis mes 29 ans. Je viens d'avoir 32. Tout n'est pas parfait dans le meilleur des mondes, mais j'apprends tranquillement à me connaître et à me faire face. J'essaie de voir et d'adapter les comportements et attitudes néfastes qui me collent à la peau depuis ma tendre enfance.

Ce que je me demande souvent c'est pourquoi ça m'a pris tant de temps avant de me rendre compte de tous mes problèmes. Comme quoi il est vraiment facile pour l'humain de se cacher la tête dans le sable. Mais les gens autour de moi, ils jouaient à l'autruche eux aussi?

«Colibria, elle a tout un caractère!». J'entendais ça souvent dans mon adolescence. Tu parles...

Disons-le tout de suite, je n'ai pris aucun médicament prescrit par un médecin. Je ne me suis jamais fait diagnostiquer une dépression ou autres problèmes et je n'ai pas été consulté un psy non plus. J'ai passé plus d'un an chez moi à pleurer sur mon sort et à ruminer mes pensées. J'ai lu un nombre incroyable de livres et de sites Internet sur le sujet. Je voulais vraiment mettre le doigt sur le bobo, mais j'ai bien peur qu'il n'y a pas seulement un bobo.

[claudine]

Bonsoir Colibria,

Avoir pris conscience que tu devais te libérer de cette dépendance est déjà une première victoire

Nous serons, si tu le souhaites, à tes côtés pour ce combat que tu comptes mener

[Colibria]

Merci Claudine pour ton mot.

En effet, la première étape est franchie. Les autres seront plus difficiles!
J'ai arrêté pendant quelques mois, il y a 2 ans, et les angoisses étaient tellement fortes que j'ai fini par reprendre. Je ne dormais plus, j'avais l'impression d'être vraiment déconnectée du monde, j'avais de la misère à parler, à m'exprimer... l'enfer. C'est vraiment quand on est sobre qu'on voit notre vrai «soi» et mon «moi» me faisait peur.

Alors, maintenant que je suis prête à travailler davantage sur ma personnalité, je refais le saut. La plus grande difficulté, par contre, est que je suis en couple avec un gars qui consomme encore plus que moi. Et pour lui, ce n'est JAMAIS un problème. Il a une bonne santé physique et mentale, il travaille, a des amis, fait du sport, dort bien, etc. Tout ça, en fumant plus de 10 joints par jour depuis 15 ans. Incroyable, en effet! De mon côté, je ressens tous les effets pervers du cannabis à long terme. J'ai une santé mentale plus fragile que lui, c'est certain!

Ce qui me décourage le plus, c'est que même s'il est au courant de mes difficultés, de mes épisodes dépressifs et de mon angoisse, il n'est pas capable d'admettre que je veux arrêter, que je DOIS arrêter. Il n'accepte pas mes troubles et il essaie de me convaincre que les psys sont des charlatans. Ça m'a pris tellement de temps avant d'avoir le courage d'aller en voir un et maintenant que je lui fais part des recommandations du psy concernant la drogue, il ne prend pas son raisonnement au sérieux. La situation est frustrante, car j'aime beaucoup mon conjoint et j'aimerais tellement qu'il arrête avec moi, mais ça reste un beau rêve qui ne se réalisera probablement pas.

Ça prend donc une force inouïe pour arrêter. Comme les joints font partie de notre vie depuis si longtemps, il me faudra changer ma routine assez radicalement pour pouvoir m'en sortir. Le psy allait jusqu'à penser que je serais mieux sans mon chum, mais je ne veux pas aller dans cette direction. Il n'est pas un mauvais gars pourtant... Je ne sais pas pourquoi il veut continuer cette dépendance qui nous gruge le portefeuille et la santé.

J'ai réussi à trouver un médecin génial qui comprend très bien ma situation et veut me supporter durant cette période. Il m'a prescrit des médicaments pour l'anxiété (un antidépresseur et un tranquillisant) qui m'aideront également à me sevrer du cannabis. Je n'aime pas vraiment l'idée de prendre ces pilules, ça me fait peur.

Colibria

[claudine]

Bonjour Colibria,

Tu as encore plus de mérite d'entreprendre ce combat, en n'étant pas du tout soutenue par ton compagnon

Mais, je te sens déterminée et je suis certaine que tu vas y arriver car tu y crois !

Je t'embrasse