Comment faire taire et enterrer le passé?

[Maxine]

Sans cesse je revis les souvenirs du passé. Je suis ramenée dans ces moments détestables, lourds de souffrance dont les conséquences sont des blessures qui saignent encore aujourd’hui.
La petite fille que j’étais ainsi que l’adolescente qu’elle est devenue ne cessent de me hanter, de me poursuivre.
Durant toutes ces années d’enfance et d’adolescence je survivais grâce à un monde imaginaire que je m’étais créé de toutes pièces mais aussi et surtout grâce à des rêves, des espoirs auxquels je m’accrochais et qui me donnaient la certitude de me réaliser, plus tard, pleinement.
Aujourd’hui il ne me reste plus que cet horrible passé fait de déceptions, de rejets, de jugements, de douleurs. Les rêves et les espoirs qui m’étaient chers se sont tous écroulés les uns après les autres. Ces promesses de réalisation de moi même m’ont quitté et me laissent telle une ombre.
Il me reste donc cette enfant malheureuse que j’étais et cette adolescente encore perdue, blessée, qui a succédé à la petite fille déjà bien cassée.
Ni l’une ni l’autre ne se taisent, ne me laissent en paix.
Mes sentiments sont tournés en grande partie vers ce passé dont la porte n’est pas fermée.
Mon présent est, en permanence, entaché par ces séquelles, ses souvenirs, ses blessures qui interviennent dans ma vie, dans mes choix, dans mes réactions. Je ne parviens pas à les faire taire, à m’en défaire.
Parfois j’en arrive à recréer certaines situations du passé et à souffrir de nouveau, comme si telles étaient les seules choses que je pouvais connaître, vivre.
La petite fille et l’adolescente pleurent, très souvent, et luttent pour être enfin en paix mais je ne parviens pas à leur donner ce qu’elles veulent par-dessus tout. Tant de questions demeurent pour elles comme pour moi. Adulte aujourd’hui, je n’accepte, ni ne pardonne, je ne comprends ni arrive à faire avec.

[Envol_toi]

Je pense avoir bien compris le sens de ton message, et je suis plus qu'étonnée : j'aurais pu l'écrire, à quelques diffférences pres.
Pour résumer, on va dire que ma vie s'est mise en stand bye quand j'avais 11 ans. A cette époque, mon père était devenu handicapé à la suite d'un accident de voiture.
Je n'ai pas eû d'enfance, encore moins d'adolescence, car, toi qui t'inventais un monde imaginaire, j'en faisais autant. mais en passant par toutes sortes de drogues, y compris l'héroïne.
Je me suis perdue. Puis perdue encore.
Ma vie s'est écoulée, parfois écroulée.
Aujourd'hui j'ai perdu mes parents....et j'ai 11 ans.
Et ça fait mal.
Car cette petite fille de 11 ans a tout à vivre.
Tu l'auras compris, comme toi, je vis dans le passé. Les psy me disent que je me refuse le droit d'être heureuse, que je pense ne pas y voir droit.........
Voilà.
Désolée de n'avoir parlé que de moi, tu qui attends des réponses, mais nos histoires sont tellement similaires............

[claudine]

Bonjour Maxine,
Je vais te faire la même réponse qu'Envol toi. J'aurais pû écrire tes lignes. Elles résument toutes ma vie. La différence c'est que je n'ai plus votre âge à toutes les deux et que la petite fille pleure toujours en moi. Je n'ai jamais grandi et je ne sais pas non plus comment en finir avec ce passé qui m'obsède.
Je ne peux pas t'aider beaucoup mais je peux très bien comprendre ta souffrance et aussi celle d'Envol toi.

[Aragatz]

C'est un peu ce que je vis, même si je n'ai pas de passé "honteux" à proprement parler. Je vis sur le passé et j'ai peur du futur sans savoir profiter du présent

[Valanice]

Pour ça, je suis allée voir un "psychiatre psychothérapeute". Ca a marché. Il a reconnu ce que j'ai vécu, a mis des mots dessus. Je n'étais plus seule avec mes questionnements.

[Diana]

Bonjour,
je partage beaucoup de ce que tu ressens, même si j'ai eu la chance de tomber sur une bonne psy qui m'a aidée à surmonter une part de tout cela.

Courage, la vie te permettra d'y arriver, il faut du courage et de la patience, pour regarder de l'avant et croire que la paix va arriver en travaillant sur soi..

Je me relis, je te relis et je voulais juste ajouter que si ton passé parle encore en toi, c'est qu'il en a le besoin.
Quand je vais en thérapie, j'ai trouvé l'image pour mon enfance (j'ai fait une dépression post partum suite à la naissance de mon enfant): mon enfance, l'enfance en général est pour moi comme une "chambre" qu'on doit aménager, ranger, des livres à mettre sur les étagères, tant de choses à classer. Il est important que cette chambre existe, qu'elle reste là, elle fait partie de la maison. Mais cette chambre a une porte et je sais que je peux ouvrir la porte si je l'estime nécessaire et quand je le veux.
Maintenant, depuis et lors de ma dépression, mon enfance était plutôt devenue un "couloir": tout le monde, moi comprise, allait et venait. Mon enfant, le bébé que je venais d'avoir, mes parents, moi même, mon compagnon, mon travail, tout se mélangeait dans le même couloir....un vrai désordre! Et avec ça, je ne pouvais plus faire avec, ce n'était plus la chambre "paisible" qui me permettait de m'y réfugier en cas de besoin, mais un vrai cirque qui mélangeait tout et qui me faisait mal...

Depuis, j'ai commencé à ranger ma chambre et mes étagères...il n'est pas question de "tourner la page" et d'oublier mon passer, mais simplement de le 'classer' pour qu'il puisse être derrière une porte que je choisisse d'ouvrir ou de fermer.

Bisous