Anamnèse. J'avance dans les couloirs de mon bunker

[Mélina]

Le texte qui suit est un mélange de souvenirs personnels et de description d'une "scène intérieure". J'ai eu envie de le mettre là, plutôt que dans ma galerie, parce qu'il évoque des images auxquelles je ne suis pas encore parvenue à donner de sens dans mon histoire personnelle. J'en perçois la symbolique, mais je ne le rattache pas encore à des sentiments, des émotions, je ne le rattache pas encore à un vécu. C'est un souvenir en cours d'élaboration. C'est pourquoi j'ai choisi d'appeler ça "Avant les mots", ça exprime quelque chose avant que j'arrive à dire les mots pour parler de ce "quelque chose".
Je préfère le mettre ici que dans ma galerie aussi parce que l'évocation de ces images est violente et douloureuse pour moi. Mettre ce texte ici lui donne un statut plus fictionnel que réel. Ca le rattache moins à mon histoire personnelle. Et j'ai besoin de cette distance aujourd'hui.

Anamnèse. J'avance dans les couloirs de mon bunker, j'avance dans mes soubassements.
Mon bunker est échoué sur une plage du Sud Ouest de la France. Le vent, le sable, le temps, les marées le font pencher sur la dune et ses couloirs semblent plonger sous la terre. J'avance dans cette trouée rectangulaire, percée dans d'épais murs de béton. Une fois à l'intérieur, dans l'étroit couloir, on perd la notion du dessus, du dessous, de l'horizontalité. Mon corps négocie son équilibre à chaque pas, attiré vers le bas, où menacent des barres de fer rouillés qui sortent du béton. Ma respiration se fait courte entre les murs oppressants. Le vent siffle à mon oreille. Le reste est silence.
J'approche de mes cadavres pourrissants.

Anamnèse. Ma madeleine, c'est une brique de lait au chocolat. Du lait périmé.

[Diana]

J'ai trouvé surtout "violente" la fin. Le reste est encore très imagé, on le perçoit en effet, mais difficile de dire ce qu'il y a derrière