Ma femme en dépression désire quitter la maison

[Estrien]

Bonne journée à tous,

Je vais tenter d'être bref.

Nous sommes mariés depuis 30 ans. Ma femme est en dépression depuis bientôt 6 mois. Elle prends des A.D. depuis 5 semaines. Nous faisons chambre à part depuis 2 mois. Elle a cessé de voir sa psy depuis qu'elle a débuté ses traitements.

Elle m'a mentionné qu'elle ne m'aime plus, même si elle me dit qu'elle n'a rien à me reprocher. Elle n'accepte pas que je la touche. Elle n'aime plus notre maison, elle ne s'y sent plus à l'aise. Les enfants ne la reconnaissent plus. Elle est soudainement devenue beaucoup plus matérialiste (sa voiture, son job), c'est comme si son échelle de priorité était complètement chavirée.

Elle est cependant moins morose depuis qu'elle a commencé son traitement et elle a repris son travail. Il y a eu une belle progression dans les 2 premières semaines de son traitement. Par contre, dans les 3 dernières semaines, il n'y a pas eu de progrès avec des bonnes et moins bonne journées.

Elle désire quitter la maison, elle dit qu'elle ne comprends pas comment je fais pour endurer tout ça. Elle dit également qu'elle ne veux plus me faire perdre mon temps. Pourtant, je lui mentionne que c'est mon choix et que si j'agis ainsi c'est parce que je l'aime. Elle dit également que tout serait plus facile si je ne l'aimais pas. Tente-t-elle de me protéger en agissant ainsi ?

Fait paradoxal, elle mentionne que si elle n'est pas partie avant c'est qu'elle n'avait pas les moyens financiers de le faire, ce qui est faux. C'est comme si inconsciemment quelque chose la retenait.

À la maison, je tente de trouver le juste milieu en étant présent de temps en temps auprès d'elle tout en respectant son besoin d'intimité, d'être seule. Je dois avouer que ce n'est pas toujours évident.

J'ai beaucoup appris sur la dépression en m'informant auprès d'un copain psy, en consultant ce forum et sur l'internet. Je sais qu'elle n'est pas encore tout à fait revenue elle-même. Je comprends aussi qu'elle souffre beaucoup.

Tout ce que je désire c'est l'aider et la supporter du mieux que je peux car je l'aime. Certains de mes amis me conseillent de fuir le plus loin possible. Est-ce que ce sont vraiment des amis ? Je ne crois pas qu'ils comprennent vraiment cette maladie.

Dois-je tenter de la convaincre de rester à la maison en continuant d'être compatissant et patient jusqu'à ce qu'elle soit mieux ? J'ai toujours cru qu'avec de la patience et de l'amour, on pouvait tout vaincre.

Que dois-je faire ? Continuer à prôner la patience ou la laisser vivre ce qu'elle a à vivre et me résigner à passer à d'autres choses ?

Désolé pour la longueur de ce post.

[vget]

Bonjour,

Je suis mariée depuis 10 ans et en dépression depuis 1 mois et demi. Et je t'avoue que j'ai du mal à supporter mon mari et ma maison avec lui depuis que je suis dans cet état. Pourquoi ?

Difficile à expliquer mais c'est comme si je voyais un jugement dans ses yeux à chaque fois qu'il est là :

- Il fait à manger car je n'ai pas la pêche ? = il a pitié de moi.
- Il est parti consulter Internet ce soir pendant que je regarde la télé ? = il en a marre de me voir et de moi.

Bref. Je sais que c'est faux et je n'arrive pas à me décoller ces idées de la tête. J'ai du mal à rentrer à la maison et j'évite de le rencontrer. J'évite de dormir en même temps que lui car je ne veux pas lui dire que je n'ai pas envie qu'il me touche.

Je crois que c'est cette maladie qui nous rend comme ça. Parce qu'elle me semble incompréhensible aux autres, ceux qui ne sont pas malades ou qui ne l'ont pas été. Je ne dis pas que j'ai raison mais ce sont mes sentiments de tous les jours.

[Estrien]

Merci vget pour ta réponse.

Comment aimerais-tu qu'il se comporte avec toi afin de t'aider le plus possible ?

En bref, comment aimerais-tu être traitée par ton entourage ?

merci.

[Erdaah]

Je pense que tu dois discuter le plus possible avec elle, lui faire comprendre que tu respectes ses choix (et donc éventuellement celui de quitter la maison) mais que tu crains peut-être que ce soit un choix dicté par sa maladie.
Je pense aussi que c'est bizarre d'arrêter le suivi psy en commencant un traitement AD. Les deux vont de pairs.

Montre-lui ton soutien mais ne l'étouffe pas. Montre lui que tu es solide et que si elle t'aime encore, tu es prêt à endurer cette épreuve avec elle (si tu t'en sens la force)

et prends du temps pour toi, cette maladie est dure pour les proches aussi!

courage!

Amandine

[vget]

C'est très difficile comme question.

En fait, il y a des moments où je me sens terriblement mal d'être seule alors je vais lui parler. Disons que pendant ces moments, j'aimerais qu'il soit à mon écoute (ne pas répondre au téléphone, arrêter son activité, me poser des questions, etc.).

A d'autres moments, je me sens si mal que je n'ai pas envie du tout de le voir. A ces moments, je suis souvent irritée, colérique, nerveuse. Ou je réponds par monosyllabe (oui, non, bof). A ces moments-là, j'aimerais qu'il comprenne qu'il ne faut rien me demander et surtout pas : c'est de ma faute, j'ai fait quelque chose de mal ? Car, là, je culpabilise et je deviens, paradoxalement, encore plus mauvaise. J'en veux à l'autre de me faire culpabiliser.

Mais attention, peut-être que votre épouse a d'autres choses en tête. Nous n'avons pas tous le même schéma de fonctionnement.

[Estrien]

Merci Erdaah (Amandine),

Ce que tu as écris confirme pas mal ce que je pense.

Un des problèmes, c'est que lorsque je l'approche et mentionne que sa vision des choses est quelque peu altérée pas la dépression (maladie), elle se referme comme une huître, elle ne croit absolument pas que c'est la dépression qui est la cause du changement de son comportement.

Elle a encore beaucoup de difficultés à accepter cette foutue maladie.

vget a écrit:
Ou je réponds par monosyllabe (oui, non, bof). A ces moments-là, j'aimerais qu'il comprenne qu'il ne faut rien me demander et surtout pas : c'est de ma faute, j'ai fait quelque chose de mal ?

Je dois avouer que je reconnais son comportement et malheureusement le mien aussi parfois dans tes écrits.

Merci pour ton aide.