Bonjour à tous,
Je suis consciente d'être en train de faire la plus grosse erreur du jour en écrivant ici, après avoir passé un mois environ à vous lire tout au long de la journée, mais je craque.
Cela va faire un an que je suis avec ma copine. Oui, je suis lesbienne, mais pour ceux et celles qui ont le TOC homo, n'ayez crainte, c'est un truc qu'on sait depuis toujours et qui ne nous effraie pas.
Notre relation a débuté sur ce qu'on pourrait appeler un coup de foudre. Dès le départ, je savais qu'elle était "la bonne", contrairement aux autres avec qui j'ai pu vivre une histoire. J'avais certes toujours cette crainte omniprésente qu'elle finisse par me faire du mal, par me tromper ou autre, comme les précédentes, mais elle m'a appris à surmonter mes peurs, m'expliquant que oui les choses avaient une fin, mais que ce n'était pas une fatalité et que ce qu'il y avait à vivre avant cette fin en valait la peine.
Je me suis donc lancée pour de bon et j'étais la plus heureuse. Notre relation et sa personne relevaient de la perfection à mes yeux, je me sentais enfin "moi", j'apprenais à avoir confiance en moi et j'étais heureuse.
Je ne vous cache pas que je gardais quand même toujours cette crainte d'être trompée, quand ça arrive deux fois dans sa vie, la confiance en soi en prend un coup et il est difficile d'accorder sa confiance par la suite. Je suis donc malheureusement tombée dans le piège de vérification des SMS. Je n'y ai rien découvert, au contraire. Elle est parfaite, je vous dis.
En janvier, ma grand-mère est décédée. Ce fut une histoire douloureuse et on savait que ses jours étaient comptés, mais cet épisode m'a traumatisée. J'étais très proche d'elle et encore aujourd'hui, elle me manque cruellement. Après son enterrement, pour lequel j'ai dû rentrer dans mon pays natal, nous avons emménagé, ma copine et moi, ensemble. Tout était parfait, j'avais enfin la relation que j'espérais un jour avoir ; j'avais même plus que ce que j'avais jamais espéré.
Je travaille de chez moi, sur un projet qui m'a donné du fil à retordre certains jours, ce qui correspond à un moment où ma confiance en moi a commencé à baisser à nouveau.
En avril, mon grand-père a rejoint ma grand-mère et c'est là que la descente aux enfers a commencé. De retour de son enterrement, j'ai commencé à avoir des douleurs improbables un peu partout. J'étais persuadée que j'allais mourir d'un AVC, que j'avais une tumeur au cerveau, ou aux poumons. C'était tellement obsessionnel que je me suis refermée sur moi-même, je ne parlais presque plus, je passais mon temps à lire sur des forums des témoignages de gens qui présentaient les mêmes symptômes que moi, histoire de me rassurer.
Mais la réassurance ne dure qu'un temps et, même lorsque je parlais, j'avais toujours mes pensées focalisées sur mes maux en arrière-plan.
Un jour, ma copine, n'en pouvant plus de me voir comme ça, m'a avoué que mon état dépressif déteignait sur elle et qu'il était temps que je fasse quelque chose sinon... Et là, grosse panique. J'étais persuadée qu'elle était sur le point de me quitter. En vérité, tout ce qu'elle me disait, c'était que si je n'agissais pas, on allait sombrer toutes les deux ; mais moi je l'ai interprété comme une alerte de rupture. Alors je me suis bougée, lui ai promis d'arranger les choses. J'ai donc pris la décision de prendre un rendez-vous chez le psy, malheureusement il n'était pas disponible avant deux semaines. J'ai donc attendu, continuant de bosser chez moi et m'efforçant de faire taire ces pensées qui me murmuraient "si, regarde, tu as mal au cœur et au bras gauche, tu vas y passer...". Je lisais un tas d'articles sur le net concernant l'angoisse, étant sujette aux crises de panique. C'est, je pense, ma première énorme erreur. En effet, j'ai été amenée à lire des choses comme "L'angoisse est là pour vous faire comprendre que quelque chose ne va pas dans votre vie, il est peut-être temps de changer."
À la lecture de ce genre d'articles, je préférais fermer la page internet plutôt que de continuer à lire. Seulement voilà, un jour, comme ça, sortie de nulle part, une petite voix dans ma tête : "Mais, es-tu toujours bien avec ta copine ? L'aimes-tu vraiment ?". Là, je crois avoir fait ma plus grosse crise d'angoisse, qui s'est terminée en pleurs interminables. Je me sentais désemparée, dévastée et vraiment perdue.
Une fois ma copine rentrée, j'ai eu très peur de ce qu'il allait se passer. J'étais ultra angoissée et je l'ai interprété comme "Tu vois, tu angoisses, elle t'angoisse, tu ne l'aimes plus, c'est elle le problème." Après, j'ai tout fait pour qu'on passe une soirée normale, mais quoi qu'on fasse, la voix intérieure me disait "ben non regarde, tu t'ennuies, elle est pas drôle, c'est pas ça que tu veux faire" et j'en passe. Tout était négatif alors que jusque là, j'aimais notre quotidien.
Et depuis ce jour, cela fait maintenant environ deux mois, je n'ai pas passé une journée complète sans ces ruminations, sans ces doutes éternels "ai-je réellement un TOC ?". Les (beaucoup trop) rares moments où je parviens à ne penser à rien (je vous avoue que je ne sais toujours pas comment je fais), je suis tellement bien avec elle, que j'en ai presque envie de pleurer de bonheur. Je vis un enfer, comme vous.
Concernant mes séances chez le psy, j'en suis à ma troisième. Il m'a directement parlé d'une rupture affective réveillée par le deuil, du fait que mes doutes sur mon couple était un moyen de protection créé par mon organisme en réponse à toutes ces agressions, que mon angoisse s'était déplacée, et que oui, il était possible de se convaincre de choses qui n'étaient pas réelles.
Comme tout, ça m'a rassurée, mais pas longtemps. Aujourd'hui, j'en suis à ne plus voir ma copine de la même façon et j'en suis très attristée. J'ai l'impression d'être un monstre avec tout ce qu'il se passe dans ma tête, elle est parfaite, adorable et c'est limite si mon cerveau ne l'insulte pas.
Je n'en peux plus de toutes ces questions, de ce cerveau qui tourne en boucle (le psy m'a expliqué que mon cerveau avait une partie bloquée à cause de mon angoisse et de l'état dépressif qui en découle et qu'il était donc normal de tourner en boucle sur le même sujet), tout ce que je veux c'est retrouver ma vie d'avant, cette sérénité qui me permettait de savourer chaque instant. Je ne me reconnais même plus dans le miroir, j'ai l'impression de tout voir différemment.
J'en suis à avoir peur de ses marques d'affection (alors que je suis aussi en demande), de ses attentions (alors qu'elles me font sourire, mais inévitablement j'ai cette voix qui me demande "souris-tu pour de vrai ou bien fais-tu semblant ?"), je culpabilise énormément de toutes ces pensées qui ne me ressemblent pas. Parfois je lance moi-même des idées de projets pour le futur, mais dès qu'elle y répond j'ai l'impression d'avoir peur du futur. Je ne comprends rien à ce qui m'arrive.
Je regrette déjà d'avoir franchi le pas d'écrire, me demandant inévitablement si, comme vous j'ai un TOC, ou si mon couple ne me convient plus, mais j'avais besoin de parler. Je me sens lasse et je donnerais cher pour retrouver ce que j'avais.
Je nous souhaite à toutes et tous d'un jour revoir la lumière
