Bonjour à tous,
c'est bien un forum sur la syllogomanie, ça range nos idées et états d'âme dans le même placard
On se reconnaît en chacun. Et pourtant on est bien seuls. Mais la vertu d'un tel forum où on confronte sa propre problématique à celle des autres est indéniable, pour moi en tout cas.
Nous sommes les hikikomoris occidentaux(
https://www.france24.com/fr/20190117-re ... t-solitude).
J'ai déménagé. Je suis passée d'une maison saturée, 2 étages, un grenier, un garage, à un T2 , j'ai loué un garage en plus.. Mais déjà, grande prouesse! que je n'aurais jamais réussi à accomplir seule. 2 amies s'y sont collées. Une plutôt Pitbull, qui s'est largement servi sans me demander mon avis parfois, (mais à la guerre comme à la guerre, elle s'est payée à sa façon et je n'avais pas trop le choix puisque , comme Rick, je ne pouvais pas supporter et je me suis souvent soustraite à l'épuration) l'autre plus libellule, heureusement qu'elle était là, à elle je donnais avec plaisir. La plupart de mes livres sont aujourd'hui dans sa bibliothèque, ou je les ai donnés pour une poignée de figue à un bouquiniste que je trouvais courageux, à vendre sur les marchés. Ces dons là, je m'en suis réjouie.
Mais, j'ai dû le dire déjà, ça a été une terrible épreuve de 4 mois à m'amputer de mes objets dont je connaissais toute l'histoire, des "photos de pensée" de ma vie anéantis, une vraie guerre avec les tas d'innocents qui ne demandaient qu'à vivre et ont fini à la décharge, et au meilleur des cas,vendus en vide grenier ou donnés. Nos objets sont vivants et tous ceux là sont morts. Mais c'est comme une rupture amoureuse, heureusement la douleur des amputations s'estompe avec le temps.
Mais c'est loin d'être fini. ça repart..l'accumulation..les achats.
Profondément, viscéralement, j'aspire au vide:"où fuir dans la révolte inutile et perverse? Je suis hanté, l'azur, l'azur, l'azur"..Sauf que c'est vraiment pas ma réalité...
Ce qui est clair c'est que seule, je n'y arrive pas. Le cercle vicieux entassement/honte/isolement/solitude se reproduit.
Alors j'ai décidé de me faire mettre sous curatelle. C'est horriblement humiliant. Déjà, sans fric, ça limite la casse. Enfin c'est ce que je pensais. Mais non, la manie des soldeurs, des friperies a continué. J'ai toujours en tête une chanson qui se déclenche dès que je repars chez le soldeur : "Chercher un peu de rêve dans un bal du faubourg...pourtant ses jambes tristes, l'emmènent au bouibouis, où ya un autre artiste qui joue toute la nuit.." des bribes de l'accordéoniste reviennent, qui sont comme un avertisseur.
J'essaie de ne pas céder, parfois j'y arrive. Mais dès que j'ai un coup de stress, mes jambes tristes m'y reconduisent, et je ne regarde même pas la piste.
Pour ma part, j'ai été diagnostiquée bipolaire de type 2 depuis 2011. Enfin j'ai consenti à ce qu'on me labellise ainsi, j'ai accepté de reconnaître que je souffre de "maladie mentale", que l'intelligence est un facteur agravant.... Phases de dépression majeure/hypomanie. Pas d'épisode délirant. mais avec des comorbidités associées, dépenses et accessoirement syllogomanie. Pour l'instant, cette pathologie est un peu un électron libre, ils l'annexent aléatoirement à une pathologie psychiatrique identifiée dans le DSM, schizophrénie,TOC, etc...
Alors, puisque la mise sous curatelle ne m'est pas d'un grand secours sur le terrain de la syllogomanie, ni mon psychiatre, en tout cas directement, je suis allée au CMPI, j'ai parlé de ce trouble invasif et exponentiel.
Et là, coup de bol, depuis 2 mois, une infirmière psy vient à mon domicile. Une fois par semaine. Cette visite me contraint. Et avec elle,je range. Avant son passage, je range, elle arrive le lundi vers 11h, je me lève à 7h pour que ce soit rangé. J'ai pu faire le ménage. Je suis plutôt perfectionniste dans le style. Elle m'a même dit maniaque. C'est pour ça que seule, je ne peux pas, ça me fatigue intensément. Qui peut comprendre ça dans le commun des mortels? ça s'appelle de la paresse normalement. Je vois bien qu'il y a une corrélation flagrante avec des TDA, troubles de l'attention. La surcharge cognitive que représente le rangement pour moi, s'allège. Je ne peux pas fuir vers autre chose, elle me remet le nez dedans. Elle fait un travail sacerdotal à chaque vêtement, à chaque objet où je résiste.. Et là, nous sommes venues à bout de ma salle à manger. Mais c'est comme le disait Die'O'gêne, je ne sais pas combien de temps va durer cette accalmie. Je sais qu'elle tient à ce fil ténu qui me relie à cette infirmière et sa venue, pour l'instant hebdomadaire.
Mais ma salle rangée, c'est un miracle:

La nuit quand je me lève, je passe par ma salle pour voir cette paix...Maintenant, il reste le reste. je suis hantée, les fringues, les livres, les choses en tout genre. C'est pas fini...ça n'arrêtera même jamais. J'aspire à entrer dans une communauté religieuse où tout n'est qu'ordre et beauté, mais je ne connais pas cette place.
Bon, je croise les doigts. Pourvou qué ça doure
Portez vous au mieux!
